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Cyberculture

Olia Lialina et la prétendue mort de l'art Web

Je vérifie mon courrier, jette un coup d’œil à mon carnet bancaire, je me regarde dans le miroir – et je ne sais toujours pas ce que vous voulez dire par «échecs et morts»?

Première partie

Selon les dires de certains critiques et chercheurs, l’art Web a échoué parce qu’il n’a pas su remplacer les institutions comme prévu. Les commissaires, les musées et les revues n’ont pas disparu (désolé). Mais ne vous rendez vous pas compte que les cyberartistes et l’art Web ont transformé le paysage de l’art contemporain? Maintenant, les institutions artistiques doivent apprendre à agir de façon nodale (et non en tant que centre). Et ils le font. Ceux qui sont vraiment ouverts deviennent partenaires de projets en réseaux complexes. Ceux qui ne peuvent se détacher des critères traditionnels de beauté et d’interactivité, divertissent leur public en créant des hyperliens vers des pages Web amusantes.

Et Art.Teleportacia – ma misérable, petite et frêle galerie Art.Teleportacia – a fait du bon boulot en ce sens. Cela a incité les conservateurs de grands musées à ouvrir les yeux et à poursuivre leur travail à un autre niveau; avec une compréhension et un respect pour les travaux qui ne sont pas des objets, des travaux qui ne sont pas des produits finis.

Les institutions rectifient leurs positions, accumulant les politiques et les pratiques d’exposition. Je dirais qu’il s’agit d’une victoire. Et d’un drôle de processus. C’est amusant d’y participer. Agréable à observer. Et plaisant de l’ignorer complètement.

Deuxième partie

En septembre dernier, j’ai écrit un article, assez long, à propos de mes expériences avec «La Première Véritable Galerie d’art Web» et «Le Dernier Vrai Musée d’art Web». À propos de cyberartistes célèbres, des vrais artistes du Web, de Conférences, Objets et ZOOs. Mais c’est écrit en russe <http://www.russ.ru/netcult/20001114_olialia.html> et en allemand <http://art.teleportacia.org/du.html>. Je serais heureuse et reconnaissante si quelqu’un voulait bien le traduire en anglais.

Titre : «Un hyperlien suffit»

Troisième partie

«Un hyperlien suffit» a été publié en novembre dernier dans la magazine DU. Sur la page suivante, il y avait un autre essai sur l’art Web, écrit par Boris Groys. Il rendait compte de sa vision. Il est brillant. Ses idées et ses comparaisons sont rafraîchissantes et inattendues, mais quelques paragraphes plus loin on s’aperçoit qu’il n’a aucune compréhension de l’art Web et des réseaux. Il a découvert l’art Web à ZKM à l’automne 1999 et il en a conclu que l’art Web se résumait à un ensemble d’ordinateurs interconnectés, d’écrans clignotants et de projections.

Je conserve cette petite citation avec moi

J’imagine volontiers qu’il y a nombre de bons auteurs, influents, qui pensent encore de cette façon. 

C’est dommage.

Et c’est aussi dommage que les critiques de l’art Web travaillant dans ce domaine depuis les jours héroïques aient réduit leurs activités à des entrevues. Ou, on rivalise à savoir qui sera le premier à annoncer la mort et la défaite. ASCII Paparazzi. En passant, affirmer que l’art Web ne fait que commencer revient presque à dire qu’il est mort.

Quatrième partie

Mes étudiants sont revenus de la Transmediale de Berlin et m’ont raconté qu’un certain conférencier, Mark America, annonçait la mort de l’art Web. Du c.v. de Mark America : «Amerika a été récemment nommé au département des beaux-arts de l’Université Boulder au Colorado où il compte développer un programme innovateur en art numérique»

Je peux déjà en prévoir le développement, l’innovation et le résultat. On aboutira à une bande d’experts du Colorado qui écriront des nécrologies.

Les discussions autour de la terminologie peuvent paraître inutiles et sans fin. Mais je les apprécie et je considère qu’elles créent des ouvertures; comme un outil – un verre grossissant – permettant de jeter un regard sur le présent et le passé récent. Dernièrement, pendant WRO KULTURA, j’ai prévu m’attaquer à une problématique terminologique : analyser le développement des termes art Web, Net art, net.art. Mais j’ai abandonné, car les propos des conférenciers précédents m’ont amené à changer de sujet. Ces croquis resteront les seuls témoins :

Amicalement vôtre,

Olia

À qui profite la rumeur à l’effet que l’art Web est mort?

http://art.teleportacia.org/

Votre «W» sera le même «W» que l’original

Will-n-Testament (Dernières volontés)

http://www.totalmuseum.org/webproject8/w/w.html

On tente de téléporter les gens

http://teleportacia.org

Mais sans succès

http://www.teleportacia.org/report.html

Le Dernier Vrai Musée d’art Web

http://myboyfriendcamebackfromth.ewar.ru

Conservez-vous mes photos sur votre serveur?

http://art.teleportacia.org/olia.html

Notes

Texte initialement publié en anglais sur les listes Rhizome.org et Nettime.org.

Traduit par Pierre Robert et Kathleen Goggin avec l’aimable autorisation d’Olia Lialina.