Qu’est-ce que le corps ? Que peut le corps?
Plutôt que d’avancer des données prospectives tentant de dessiner les contours de ce que sera notre futur, sa substance et sa saveur sous l’égide de la cybernétique, la tâche que je m’assigne est celle de décrire et d’analyser le nouvel espace mental que la cybernétique a déjà, et absolument, installé au cœur de nos vies.
Ces modifications concernent notre intimité la plus profonde en ce qu’elles touchent directement le corps. Un lieu commun circulant dans le camp adverse de la cyberculture ( pour ceux qui veulent y voir une guerre ; alors que le changement est déjà là et qu’il s’agit précisément d’en délimiter les contours afin qu’apparaissent nettement les bons et les mauvais côtés) ce lieu commun consiste donc à proclamer que l’usage de l’ordinateur, des jeux vidéo, du Net, bref du virtuel, aboutit à une négation du corps, une néantisation du corps. Au sujet de la pseudo-dématérialisation soi-disant provoquée par le virtuel, Pierre Lévy est exact en mettant bien l’accent sur le fait qu’il s’agit d’une désubstantialisation et non d’une dématérialisation car le virtuel, dit-il au contraire, est le prolongement de nos pensées et de nos actions.1