L’adaptation numérique d’œuvres cinématographiques ou littéraires entraîne l’insertion de nouvelles possibilités d’interaction au sein des récits. Cette arrivée d’une interaction accrue à l’intérieur des structures narratives s’élabore autour de l’ajout d’une capacité supplémentaire du spectateur ou du lecteur à manipuler le récit. Les œuvres Internet 1=1: A Tribute to David Lynch, de Gregory Chatonsky1 et Scénario de Michael Sellam2 sont des adaptations numériques d’œuvres cinématographiques qui introduisent une nouvelle forme de manipulation au sein des films d’origine. Les deux créations sont entièrement construites sur la base d’extraits de films. Dans 1=1, Chatonsky restitue, par exemple, plusieurs séquences de Lost Highway de David Lynch, alors que dans Scénario Sellam mélange des extraits tirés de neuf films différents, dont Lost Highway, Blowup de Michelangelo Antonioni, Blade Runner de Ridley Scott, 2001 : A Space Odyssey de Stanley Kubrick et The Pillow Book de Peter Greenaway. L’adaptation sur Internet de ces films développe une nouvelle modalité de réception pour le spectateur. La progression au sein des œuvres, assurée par la souris3, accorde à l’internaute des possibilités de manipulation que ne lui offre pas le cinéma traditionnel. Devant l’accroissement apparent de la manipulation de certains noyaux narratifs des films choisis, l’impossibilité du saisissement effectif de l’œuvre devient pourtant de plus en plus importante. Dès lors que le spectateur croit se trouver au plus près de l’œuvre, la distance entre le site Internet et lui s’accroît davantage.
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