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Cyberculture

Noeuds et r(h)umeurs

Réflexions éditoriales sur l’influence commerciale dans le cyberespace

Les récents événements, jumelés à un marché périclitant, transforment l’espoir en une banale réalité.

Le cyberespace, devenu gouffre commercial, entrave la poursuite du rêve éveillé.

L’argent confirme encore une fois son plein pouvoir, celui de piloter les rêves.

C’est l’extrême intrusion dans la fibre sociale, vous n’êtes plus maître de vos perceptions, la matrice, désormais, existe.

Les récits de science-fiction de Philip K. Dick, dans lesquels le virtuel et le réel s’entrelacent indistinctement, prennent vie sous nos yeux, et nous rendent amnésiques des relations qui se jouent entre les deux.

Être hors de soi sans reconnaître qu’on a aussi abandonné dans ce processus le contrôle de son corps, agir en totale dépendance avec la fin prévue d’un scénario. Se battre contre l’esprit dans notre esprit, la temporalité virtualisée. Oublier l’outil pour mieux conduire la réalisation. Anesthésier la main, pour mieux diriger le geste.

Engouffrer les pixels dans la manne idéologique, animer et pixéliser la vente, ouvrir à vanne ouverte le courriel, perpétrer des actions numériques en bourse.

Oublier les définitions, éjecter l’individu de ses appartenances concrètes, prendre le parti du captage à la volée (le prendre dans ses ondes virtuelles). Lancer le filet dans l’électromonde, draguer des poissons.

Sémantiser l’interaction, interfacer (inter-effacer) le sens initial du message, établir des particularités éphémères, événementielles, charger le visiteur d’informations à multiple sens, le rendre responsable de la vitalité du produit, au bon moment_lors sa session en ligne_le transpercer_d’une vérité absolue_celle de la contrainte minimum_pour le profit maximum.

Monnayer les adresses électroniques, proposer des filtres contre les intrusifs, ignorer les demandes de désabonnement, recommencer sous un autre nom, éviter de répondre. 

L’anti_Web existe.

Cet anti_Web est actuellement et paradoxalement synonyme de la vigueur du Web. L’Internet est à l’abandon. La faille du monde cyber aura été son plus grand avantage, croire à la communautique. Ailleurs, l’eucharistie demeure sous le plein contrôle des géants de l’industrie musicale, le langage du dieu sonore – s’honore de sa popularité. Entendez ma voie. 

L’anti_Web est un transfuge dans le cybersystème qui prétend mener le monde à sa meilleure économie. Pas étonnant qu’un philosophe comme Pierre Lévy prône le contraire et se dise engagé dans une réflexion sur la pensée religieuse.

Toutefois d’avoir à recourir au prophète pour maintenir en vie un espoir commun s’avère malheureux. Pierre Lévy sera-t-il à 60 ans l’émule de Thimoty Leary, le vagabond éclairé d’une cybercité recluse, un petit réseau alternatif, parallèle, marginal, voué à la curiosité intellectuelle?

Outre les débats stupides sur la valeur positive ou négative de l’Internet qui ne servent qu’aux médias traditionnels, il faut bien admettre qu’une certaine fange de la société a su tirer profit de la mondialisation via l’Internet.

L’intelligence du gain sans la contrainte de l’individu historié et humain, vaut pour un commerce virtuel mais ne vaut rien pour la vie.

Le cyberart et les réseaux sont vitaux, la cohérence communautaire est incontournable.