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Cyberthéorie

Les hypermédias cartographiques

Les premiers environnements non-linéaires, conçus au milieu des années soixante, ont très tôt tenté d’adapter certains procédés de repérage en vue de réguler la charge mentale mobilisée durant les opérations de traitement de l’information. Plus tard, d’autres techniques ont permis notamment d’identifier l’état des liens ou encore de positionner des marqueurs à plusieurs endroits stratégiques. Cependant, cela ne permit pas de résoudre efficacement certains problèmes persistants liés à ce qu’il convient d’appeler une désorientation cognitive. C’est pourquoi on voit apparaître de plus en plus massivement certains travaux de recherche s’intéressant aux représentations graphiques ou encore linguistiques qui calquent le réseau des liens d’informations, sous forme de hiérarchie, d’arbre ou encore d’association. Ces dispositifs d’orientation, de synthèse de l’information offrent de nouveaux modes d’exploration. Ils structurent l’information suivant un principe de positionnement grapho-spatial devant fournir une visualisation respectant les correspondances des données entre elles. Le terme « mapping », initié par G. Roman en 1993, définit alors « une transformation d’un programme en représentation graphique ». Plus tard Jerding et Stasko démontreront l’intérêt de l’animation dans la description visuelle des fonctions opératrices.

Ces expérimentations d’ordre formel et également fonctionnel laissent entrevoir à plus long terme d’importantes modifications du point de vue des processus de diffusion, de traitement et enfin de production de l’information spatialisée. Elles sollicitent activement l’ensemble des mécanismes régissant notre compréhension spatio-temporelle en faisant apparaître de nouveaux comportements navigationnels au travers de situations d’interactivité, de parcours totalement originales. Il est indéniable qu’elles constituent une alternative efficace notamment aux interfaces de manipulation trop complexes comme celles qui utilisent des techniques de représentations multi-vues basées sur la superposition dynamique d’images. Ces hypermédias qu’il convient d’appeler ici hypermédias cartographiques ont comme principal objectif de proposer des représentations interactives qui soient entièrement destinées à favoriser l’appropriation des savoirs par l’utilisateur. Ils interrogent les propriétés d’une éventuelle iconicité dynamique cognitive supposant une plus grande contribution de la mémoire visuelle iconique, spatiale et également celle de la mémoire du geste en vue d’inaugurer une nouvelle phénoménologie de l’image.