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Cyberculture

ISEA 2000_Revelation...?

ISEA est une opportunité pour la communauté des arts électroniques de se retrouver, d’échanger et de présenter les travaux entrepris dans les différents endroits de la planète. Après le Brésil l’an passé, la dixième édition d’ISEA intitulée Revelation s’est déroulée durant la première semaine du mois de décembre1 à Paris et a été l’occasion de nombreuses manifestations off sur le thème des nouveaux médias de l’art. C’est ainsi que la Bibliothèque Nationale de France, l’École Nationale des Arts Décoratifs et la Sorbonne ont pu conjointement accueillir des journées thématiques tandis que l’École Nationale Supérieure des Beaux-arts avec Beyond the Screen, l’espace Landowski, le Centre national de la Danse, l’Ircam et bien d’autres lieux encore, accueillaient des expositions, des concerts et divers événements satellites. L’occasion de faire le point, au moment où les spécificités «électroniques» ou «technologiques» semblent se dissoudre de plus en plus dans la vie quotidienne et l’art en général…

Bibliothèque Nationale de France_Mardi 5 décembre

Le mardi 5 décembre 2000, la Bibliothèque Nationale de France proposait autour du thème: Témoigner des arts électroniques, trois tables rondes axées sur les nouveaux médias de l’art et plus particulièrement le cédérom. Pour réagir, artistes, universitaires et professionnels de la culture2 étaient donc conviés à présenter des oeuvres, à témoigner de la médiation de cette production et à s’interroger aussi sur les diverses stratégies institutionnelles jusqu’alors entreprises.

Avec un mode de diffusion appartenant surtout au régime de l’édition, les cédéroms artistiques sont plutôt destinés à une perception domestique qui s’inscrit dans le courant d’individualisation des médias initié tout au long du XXe siècle3. Celui-ci entraîne une redéfinition de l’espace public et provoque, de fait, un état de crise de l’institution culturelle qui peine alors à trouver ses marques devant une production tendant au contraire à s’en émanciper.

Dans le contexte de la numérisation, certaines modalités de conservation et de diffusion de l’art se déplacent. Outre le fait que la B.N.F. se soit engagée depuis peu dans la constitution d’une collection de cédéroms artistiques, la majorité des institutions culturelles semble rencontrer non seulement quelques difficultés à localiser les nouveaux canaux de l’art, mais buter aussi sur les questions de logistiques comme, par exemple, l’incessante variation des standards informatiques.

Bien que l’absorption des spécificités «électroniques» et «numériques» dans la sphère plus large de l’art ait été évoquée en matinée par Anne-Marie Duguet, certains intervenants n’auront pu que constater, et à regret, le manque d’intérêt manifeste de la presse et du monde de l’art vis-à-vis des réalisations impliquant les nouveaux médias. Pour notre part, nous n’aurons pu que regretter l’absence d’un débat, pourtant essentiel, sur l’accès des oeuvres cédéroms à l’édition.

Constituer une collection de cédéroms d’artistes est une chose mais participer aujourd’hui à la libre circulation des flux de l’art en est une autre. Le cédérom étant un support de masse, il serait intéressant qu’en constituant leur collection, les institutions s’attèlent à créer des labels ou des «collections» tout comme les industries du disque ou du livre4. Il ne s’agirait donc plus de se positionner uniquement sur une politique d’acquisition, mais bien plutôt sur une politique d’édition avec la volonté de diffuser des objets d’art dans un esprit autrement différent de celui, traditionnel, du marché de l’art.