Jodi
Jodi est une condensation de deux noms, Joan Heemskerk et Dirk Paemans. Jodi est très présent dans le cyberart, plusieurs s’y réfèrent pour marquer l’introduction de ce nouvel espace de création que représente l’interréseau, le Web et le langage HTML. Il existe par ailleurs certaines affinités entre Jodi et Vuk Cosic.
Deux oeuvres retiennent notre attention « 20% demo » et « CTRL-SPACE, C3, 1998/07/17, 50 kbps ». Cette dernière est une vidéo (en RealPlayer). Sur un fond sonore bruyant et brouillon, Jodi promène une caméra numérique dans ce qui semble être un vernissage. Un mouvement continu, des déplacements incessants, une mobilité centrée sur le mouvement plus que sur le contenu, un vrai vernissage quoi! Il faudra attendre environ 5 minutes (28,8) pour télécharger ce document.
Bruits ambiants, paroles, échanges furtifs, bips. Une salle dans laquelle sont placés des terminaux avec des personnes devant et très concentrées. Une projection sur un mur donne un aperçu géant sur qui se passe sur les écrans. Zoom in, zoom out. Abstractions, figurations. Ici, là. À gauche, à droite. Autour, dans les alentours, retours, re-zooms. Profils humains, ombres, passages fugaces. Fond sonore de type garage. Bips numériques. La caméra joue le rôle d’une mauvaise loupe dans un espace trop sombre qui provoque des contrastes aveuglants, mais comme l’image de visualisation est petite (RealPlayer), les effets sont picturaux plus que stroboscopiques. On perçoit des relents expérimentaux semblables à certaines productions cinématographiques marginales des années 60 et 70. Une convivialité cool. Il s’agit du gribouillis au quotidien, de la démabulation libre, de nulle part et de partout à la fois. Une vidéo de 16 minutes, 13 secondes et 5 centièmes. Ça se termine sur le plan macro d’un cendrier plein, suivi d’une image énigmatique en forme de demi-soleil.
On reconnaît là le style Jodi, celui du mouvement qui s’inverse, c’est-à-dire qui s’oppose à l’intention, qui fuit d’une façon certaine. C’est d’ailleurs exactement ce qu’on retrouve avec « 20% demo ». Sur un fond de codes alignés et sans signification aux couleurs vives et gaies, la promenade du curseur provoque des mouvements de l’image opposés à celui de la main. Ça descend quand on monte, va vers la gauche alors qu’on se dirige sur la droite, et plus le mouvement accentue une direction plus l’image défile rapidement dans le sens inverse.
Vous en aurez aussi plein la vue avec d’autres pages complètement folles sur http://www.jodi.org/. Le gribouillis se mêle, s’affole, se convulse, crépite, spasmes, syncopes, barres de défilement débiles, etc. La délinquance numérique à son meilleur dans un ordi qui s’emballe (le vôtre).