Ce texte a fait l’objet d’une communication lors du colloque « Rhétorique des nouvelles écritures », 13 et 14 avril 2000, Centre Pierre-Péladeau, Montréal.
Ce qui motive une telle convergence entre le gribouillis, le cyberart et l’archétype, relève du caractère organique de l’univers médiatique contemporain. Par ailleurs, cette convergence met en branle une pensée esthétique qui se démarque des habitudes intellectuelles élaborées depuis le modernisme. Un modernisme estéthique comportant parfois des contradictions insoutenables. Par exemple, les aspects subconscients de l’expressionnisme abstrait conjugués à une théorisation formaliste plutôt stricte apparaissent totalement contradictoires. Ce qu’il y a de formel dans les effluves de l’inconscient ne rencontre pas des notions de forme, mais repose plutôt sur des constructions archétypales.
Certes au sens figuré l’archétype est une forme, mais celle-ci n’est pas visible, la forme archétypale ressemble plus à un moule énergétique. Sans énergie et sans affect, l’archétype ne vit pas. Selon Carl Gustav Jung, l’archétype correspond en fait à un motif, en ce sens où les informations de l’environnement, dans leur relation avec les informations en provenance de soi, conduisent la psyché à les englober toutes deux dans une gestalt ou un motif unificateur. Ce motif possède, dès lors, des qualités indépendantes de la somme des informations considérées.
La notion d’archétype chez Jung rejoint aussi l’essence de l’expressivité. Un archétype est une préforme, c’est-à-dire que dans certaines circonstances tout est en place pour faire émerger un archétype qui, en lui-même, « échappe à la représentation » (Jung, 1973, p. 453).
En tant qu’observateur de l’activité artistique dans le cyberespace depuis 1996, j’ai constaté l’émergence d’un type d’expression multiforme que j’ai initialement appelé le mouvement gribouillis. Ce phénomène est l’expression d’un archétype, de la résurgence d’un archétype des plus fondamentaux, le gribouillis. Un archétype que l’environnement du cyberespace fait ressurgir. Le cyberespace est ainsi perçu sur la base de contraintes fondamentales, propres à l’être humain.