Orlan est cette artiste française multimédia qui, au milieu des années 1960, délaisse la peinture pour faire de son corps le site canaliseur de sa création artistique à venir :
Depuis, ses oeuvres proposent une réflexion sur la relation entre l’art, le corps et les technologies à différents niveaux : l’identité et l’altérité, la sensualité et le puritanisme, le passé et le futur, la contrainte et le choix, etc. Dans cette dialectique, il ne s’agit pas d’exclure l’un où l’autre, mais bien de jouer sur le fil ténu des sens, des images, qu’inspirent ces non-lieux, pour penser autrement la production et la reproduction de la société et de la vie humaine par le corps et les nouvelles technologies. En fin de compte, Orlan nous amène à réfléchir sur l’humain comme construction socio-historique. C’est ainsi qu’elle s’inscrit dans la question du posthumanisme et agit à titre de médiatrice technologique dans la mise en place d’imaginaires susceptibles de donner une suite sociale au posthumain, bien que ce corps « dépossédé » et « réapproprié » traduise l’expérience quotidienne de l’aliénation culturelle d’« être-au-monde » qui sied parfaitement au regard féministe-queerromantique et marxiste du « travail » artistique chez Orlan.
Je passe d’abord en revue les concepts de médiation technologique, de technoèsis, d’ex-centricité, de pouvoir-résistance et finalement de condition virtuelle afin d’étayer mon argumentation en lien avec certaines œuvres de l’artiste. Pour finir, je propose de réfléchir sur les implications sociales du posthumanisme tel qu’envisagé à partir d’une analyse du discours et des productions artistiques de « Sainte Orlan », cela, à la lumière des revendications du mouvement « intersex » et transsexuel. Il en ressort que, tout en affirmant l’importance de la corporalité et de l’autonomie corporelle, Orlan annonce une nouvelle « politique des genres ».