Au XXIe siècle, le cyberespace s’est installé comme un acteur incontournable de la vie quotidienne. Personne, à l’heure actuelle, n’échappe aux conséquences des nouvelles technologies de la communication. Délocalisations industrielles, mutations du livre, jeux interactifs, télévision numérique, multimédias, SMS1, sont quelques-unes des retombées quotidiennes de leur implantation. Un nouveau vocabulaire et de nouvelles logiques sont nés avec « l’hypercortex » mondial incarné par le cyberespace. Le monde virtuel a, de plus, considérablement modifié les perspectives de création, de lecture, de perception, de communication et donc généralement l’accès à toute connaissance.
Cependant, la compréhension de cette nouvelle culture implique de considérer la double dimension, symbolique et scientifique, des particularités de son accès. La disparition présumée des rites de passage et des gardiens du seuil s’oppose en effet aux « tunnel de conversion », aux points d’entrée et de sortie des pages d’accueil et aux processus de persuasion analysés par exemple par le marketing collaboratif2. L’accent mis sur la simplicité et la fonctionnalité des systèmes ainsi que le schématisme scrupuleux des icônes utilisées contribuent à la dilution de toute dimension symbolique au profit d’un marquage scientifique et mathématique. Pourtant, parmi les modalités d’accès au Web, les valeurs résiduelles du rituel persistent comme en suspension dans l’imaginaire qu’il sollicite. Est-il alors possible que quelques gardiens de ce seuil Web à franchir éclairent l’ambiguïté d’un discours réducteur, coincé entre émancipation et addiction ; est-il possible que nous devions nous soumettre sans nous en douter à des rites de passage, à des mises à l’épreuve, à une élévation symbolique, afin d’acquérir une connaissance pleine et entière ou même intuitive du domaine convoité. Quels sont alors ces rites et qui sont les gardiens?