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Critiques

Log-esthesis

J’apprenais dernièrement que la terre, notre terre astrale, crépite. Pas moins de 100 éclairs par seconde se produisent en tous points du globe. Générés par l’énergie électromagnétique propre à notre planète, cette activité énergétique produit sur un plan auditif l’image sensorielle d’une friture. Fort de cette transposition sonore, les observateurs de l’univers possèdent maintenant un outil supplémentaire pour interpréter les ondes électromagnétiques en provenance d’autres lieux célestes, en portant simplement l’oreille à la «sonorité» des masses lointaines. L’onde sonore ne peut voyager sur des distances sidérales, en transposant la captation d’ondes électromagnétiques dans une zone humainement perceptible, l’écoute de l’univers devient ainsi plus tangible. Connaître à l’aide des sensations par le prolongement des sens voilà certainement un apport majeur de la technologie, même si, à la base, ces technologies reposent sur de hautes abstractions scientifiques.

Les logiciels disposent aussi d’un potentiel sensitif. Avec les uns, les images se métamorphoseront, avec les autres, les sons se répercuteront dans des infinis granulaires et, avec d’autres encore, les mouvements produiront de subtils enchaînements en boucle, et plus encore. Les logiciels de productions créatives ont une matière numérique et algorithmique spécifique permettant des associations avec d’autre logiciels, ils ont des qualités propres et une capacité d’échange ou de permutation. En effet, dans la sphère du multimédia numérique, les logiciels sont de moins en moins solitaires et repliés sur eux-mêmes, mais de plus en plus solidaires et perméables. Souvent, la compatibilité règne sur le sort commercial des produits. Les créateurs doivent converser avec les adaptations potentielles de jeux sensoriels numériquement maniables.

Les artistes oeuvrant dans l’infosphère logicielle occupent une place particulière sur le scène Web. Ils se distinguent des cyberartistes parce que les œuvres produites sont souvent des performances logicielles et non des sublimations de l’interactivité humaine en réseau. Ils élèvent le substrat logiciel à des hauteurs d’esthétisation surprenantes et, de ce fait, ils méritent qu’on s’y attarde. En somme, ils se comparent à de talentueux graveurs ou illustrateurs écraniques. Les «images» enjôleuses à l’écran s’agrippent à notre chair culturelle comme des flambeaux de rêve sous la main experte des designers numériques.

Nous n’en ferons pas ici une analyse pointue, nous présentons simplement quelques aspects des nouveaux imaginaires logiciels et techonologiques. Les aboutissements esthétiques impressionnent et innovent.