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Entretiens

Grégory Chatonsky, artiste des nouveaux médias

Depuis 1989, Grégory Chantonsky a produit de nombreuses vidéos d’art et des installations vidéographiques. Il est l’un des membres fondateurs de la plate-forme expérimentale «Incident», dédiée au Web et basée à Paris. Entre 1995 et 1998, on retient la création d’un cédérom intitulé «Mémoires de la déportation», récipiendaire du Grand Prix Mobius 1999 et «Sous terre», une oeuvre commissionnée par le RATP à l’occasion du centenaire du métro de Paris et coïncidant avec la présentation du nouveau site du Centre Georges Pompidou et le site Villa Medici. Lors du premier festival urbain de Belfort, il présentait «Frontières dépaysées», à la fois installation interactive et site Web. Il travaille actuellement à une fiction interactive sur New York sur le mode de la réalité virtuelle.

«Revenances», créée en collaboration avec Reynald Drouhin, était tout récemment présentée dans le cadre du volet électronique de la Biennale de Montréal 2000 dont le thème portait sur «L’autre monde / The Other World».

Note: les questions ont été formulées en anglais, Grégory Chatonsky y répond en français.

Do you both, Gregory Chatonsky & Reynald Drouhin, come from a video background? Could you discuss how your initiation in video shaped your net.art production?

Grégory Chatonsky – La vidéo art a représenté un moment important de mon parcours : un lieu de passage, de frontière entre les arts classiques dont je provenais (la peinture en particulier) et les arts technologiques. Il y a une continuité entre la vidéo art, les installations et l’art numérique, comme si les problématiques spécifiques à chacun de ces médiums se répondaient et s’intensifiaient. Des vidéastes comme Gary Hill, Chris Marker, Dan Graham, Irit Basry, Bruce Nauman, Tony Oursler, les Vasulka ou encore Bill Viola constituent pour moi des repères importants d’un point de vue structurel et esthétique.

La vidéo art continue à influencer ma production actuelle de plusieurs manières : une attention accordée aux questions de la corporalité, du temps réel et du temps différé, de la passivité et de la temporalité et enfin, c’est peut-être le plus important, de la narration. Comment raconter des histoires impossibles ? En ce sens le travail de David Blair, «Wax the TV among the Bees», m’a signalé un no man’s land entre la fiction vidéo et la fiction interactive en réseau. Ce travail a été comme un déclencheur pour moi, après l’avoir vu je me suis dit que c’était tout simplement possible,
que c’était par cet endroit qu’il fallait passer, non pas du côté technologique, mais par le biais de l’écriture et de l’imagination. Une manière de penser dans un nouveau contexte les problématiques de l’écriture contemporaine.

Et puis il y a eu des travaux entre le cinéma et la vidéo, une filiation plus complexe et sans aucun doute plus fantasmatique, comme Les Histoires du Cinéma de Jean-Luc Godard, cette manière de coller et de décoller le montage, de fragmenter les plans, de juxtaposer des hétérogènes pour laisser ouverte des lacunes dans lesquelles le spectateur peut trouver sa place.