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Portfolio d'Isabelle Choinière

Depuis 1994 – le début de ma carrière en tant qu’artiste en recherche-création –, mon travail à évoluer à travers de nombreuses expériences. Dans les années 90, les technologies utilisées étaient apparentes comme on peut le voir dans ces séries d’œuvres :

À partir des années 2000, j’ai orienté mon travail afin de faire apparaître l’impalpable, de faire surgir la transformation de l’intériorité du corps et le donner à voir. J’avais envie de mettre en scène la fragilité/la transformation de soi, de trouver un moyen où la technologie permettrait d’enrichir mon expérience du monde sensible, en devenant moi-même un outil, pour permettre de faire apparaître une sensibilité qui serait à fleur de peau. À partir de 2005, les dispositifs technologiques ont été dissimulés et donc devenus invisibles pour laisser apercevoir et mettre en scène les changements apportés au corps performatif dans une dimension multisensorielle. Depuis le tout début de mes recherches, je cherche à développer une vision différente du corps performatif dans son contact avec les technologies Mon approche c’est de faire des expérimentations sous l’angle de la corporéité par une interprétation ontologique récente du corps performatif tel que Bernard le conçoit qui propose de comprendre le corps comme une ouverture, un carrefour de relations, une réalité mouvante faite de réseaux d’intensités (Merleau-Ponty, Deleuze/Guattari).

Mon approche artistique est phénoménologique et ma démarche artistique est à la fois transversale et intégrative. Ma démarche d’expérimentation – qui a débuté en 1994 – prend comme repères les sensations tactiles, kinesthésiques et proprioceptives (intérieures au corps) ancrées dans l’expérientiel : une forme perceptive en évolution, avec des reconfigurations sensori-perceptuelles continuelles comme on peut l’observer dans les vidéos.

Le « corps collectif physique » est un nouveau modèle performatif que je développe depuis 2005 par une série d’expérimentations qui procèdent par phase. Il est le point de départ des explorations en cours. Il est composé de cinq danseurs en contact permanent, dont les mouvements et les interrelations créent « un corps collectif sonore » qui génèrent une partition sonore spatialisée en temps réel.  Ces deux « corps » sont interdépendants et constamment interreliés. Ils évoluent telle une masse de « chair », expression en référence à Merleau-Ponty, en état d’auto-organisation. Dans cette forme collective, le corps s’organise par la sensation elle-même pour atteindre un état second qui permettra la création d’un espace corporel et psychologique en mouvance comme une forme d’intersubjectivité corporelle. Voyage poétique au sein de l’hyper-intimité, cette création est un hymne à la vie et à la féminité.

Le corps collectif est ainsi expérimenté comme une forme performative émergente créée par la physicalité des nouvelles technologies vécues comme environnement. Ce projet – comme l’ensemble de mon travail – approche le corps comme étant le terrain/la base pour la création, et pour l’expérimentation de l’effet que la technologie aura sur celui-ci. Dans ce processus, la technologie devient l’activateur d’un processus de reconfiguration sensori-perceptuel menant à une modification de la corporalité pour génèrer de la corporéité. Ces expérimentations cherchent à développer une conscience sensorielle/perceptuelle plus accrue pour investir la relation somatique (technique corporelle impliquant l’interrelation entre la prise de conscience, le corps en mouvement et l’environnement – soit les technologies utilisées) et technologique dans une dimension qui peut être celle d’une transformation de soi, du rapport à l’autre/au monde. Ceci m’amène à me pencher sur la notion d’embodied cognition qui fait écho à ce que le pionnier en art médiatique Roy Ascott écrit, soit que : « the act of changing becomes a vital part of the total aesthetic experience of the participant », ainsi que ce que Merleau-Ponty avance quand il écrit que les sensations parcourant la corporéité de l’individu est une re-création/ re-construction du monde à chaque moment.


Communion

Recherche-création. Communion 
(nom du work in progress : Le partage des peaux II) (1994-1999)

Dans ce premier spectacle, j’ai développé l’idée du passage ritualisé du corps réel vers le corps synthétique. Ce passage se faisait dans un processus de ritualisation de la peau réelle vers la peau électronique (scarification électronique). Ainsi, Communion se présente comme une sorte de prière, de mantra, d’invocation. C’est un adage de la fusion des chairs réelles et électroniques.


La démence des anges

Recherche-création. La démence des anges
(nom du work in progress : La mue de l’ange) (1999-2005)

Dans la Démence des Anges qui est ma seconde création, je me suis intéressée à l’altération, à la mutation du corps lorsqu’il est projeté dans les réseaux informatiques. Ce spectacle est un duo télématique qui englobe deux espaces qui peuvent être situés à des milliers de kilomètres l’un de l’autre. La notion de sacré dans cette œuvre enveloppe le concept de télématique, qui rejoint nos idées d’ouverture des limites corporelles et d’ouverture de l’espace-temps. La télématique amène aussi l’idée du démiurge, ainsi que celles de l’omniprésence et de l’ubiquité.


Exuvie

En collaboration avec l’artiste Stéphan Ballard, Canada (2002-2009)
Sculptures de corps numérisées / Série d’images 3D en mouvement utilisant la technologie d’Inspeck 3D.

Fruit d’une collaboration entre les artistes Isabelle Choinière et Stéphan Ballard, ce projet d’installation de sculptures de corps numérisés invite le public à la contemplation, à la méditation…à la rencontre d’un autre réel; celui de la révélation de d’autres couches de la perception. Véritable réflexion sur les procédés modernes de momification, cette installation est une invitation à un voyage poétique à travers le temps. Poussant les limites de la résolution de l’appareil, nous voulons pénétrer dans la matière du corps, permettant ainsi de scruter de façon optimale le potentiel révélateur de l’enveloppe corporelle, pour y découvrir un motif synthèse auquel serait ancrée l’intention originelle de l’expression du corps total.