Créatures hermétiques dans mon char bb des otages inaperçus est une perspective émétique aninstitutionelle portant sur l’altération du corps performatif à travers ses médiations sonores et textuelles. Dans cette performance sonore de 24h, un dispositif informatique établit un lien direct entre la captation des actions performatives par un système de capture de mouvement et l’enregistrement, la modification, la diffusion et la spatialisation en multicanal du matériau sonore transformé et produit par ces mêmes actions. Si a priori le contenu de cette performance sonore est déterminé par les possibilités acoustiques pouvant émerger de la simple relation entre le corps performatif et l’espace dans lequel la pièce se déploie, celui-ci se complexifie continuellement à travers les métamorphoses que lui fait subir le dispositif technique. L’œuvre est organisée en trois mouvements répétés 32 fois basés également sur une recherche textuelle précise. Le premier mouvement est basé sur un détournement du livre Otages de Claude Poirier, le deuxième sur une réappropriation de nombreux plans de cours universitaires et le troisième sur les descriptions textuelles réorganisées par ordinateur de nombreuses images prises à l’École des médias ainsi qu’à l’UQAM. Il y a une progression du premier mouvement au troisième entre une critique institutionnelle fictionnelle absurde (les otages universitaires) vers l’institution comme lieu en tant que tel en passant par certaines entités qui l’habitent comme les plans de cours qui incarnent des interfaces relationnelles entre les étudiants et les professeurs. Cette performance sonore est basée sur des tactiques d’approche pragmatique de l’insaisissable qui sont conçues pour accueillir en toute hospitalité certaines entités hermétiques qui émergent du processus de création. L’insaisissable renvoie ici à ce qui résiste à la pensée conceptuelle et au logos comme l’imprévisibilité du devenir qui saisit avant d’être compris ou encore l’inaccessibilité de certains objets réels ou fictifs. En effet, certains objets sont indépendants de la subjectivité humaine et peuvent demeurer insaisissables pour celle-ci. La réalité autonome de ces objets reste insaisissable, mais il est possible d’établir une relation avec l’insaisissabilité de cette réalité par le biais de dispositifs langagiers, techniques, artistiques ou autres susceptibles de traduire l’hermétisme de cette réalité tout en créant un nouvel objet autonome et inaccessible. Tout doit être anéanti.