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Lignes introductives - Archée, 20 ans déjà

Mot de Christine Palmieri

Chers lecteurs, lectrices, auteur(e)s et artistes,

Nous avons le plaisir de célébrer avec vous le 20ème anniversaire d’Archée. Crée à l’automne 1997, la revue Archée est fière de continuer à promouvoir les arts médiatiques avec un même enthousiasme et cela grâce à vous, à votre fidélité, votre esprit d’analyse et votre productivité toujours renouvelés.

En effet, les expériences et les explorations artistiques utilisant les technologies que les avancées scientifiques apportent se sont démultipliées en renouvelant les langages et les formes visuelles de façon exponentielle, en transformant le paysage habituel de l’art, le dématérialisant ou encore l’invitant au centre même de la matière pour en augmenter les réalités sur un plan ontologique et métaphysique au sein d’un monde toujours en quête d’explorations infinies.

Archée se veut le témoin de ces pratiques artistiques audacieuses qui bouleversent nos sens, d’un point de vue cognitif, affectif et sensoriel, pour en transmettre les connaissances, les enjeux et la portée aux communautés intéressées mais aussi pour les faire connaître de tous dans un enrichissement mutuel. Observer leur évolution c’est observer celle des sciences et des esprits sinon de l’intelligence humaine mise au service de l’intelligence artificielle, qui ne peut que mieux nous seconder dans notre condition humaine, avec ses limites et ses contraintes.

Ces œuvres d’art, dont le fonctionnement fait appel aux nouvelles technologies, se rattachent à diverses catégories comme l’art vidéo, cinétique, informatique, numérique, immersif, électronique, interactif, multimédia, biotech, robotique, sonore, spatial, du cyberespace, des réseaux, etc., elles questionnent la science en lui empruntant ses pouvoirs quasi magiques qui donnent naissance à des œuvres surprenantes, à la limite de la science-fiction.

Elles nous font prendre conscience de l’espace physique dans lequel nous baignons, avec ses ondes et ses rayons gammas, pour nous ramener au plus près de la matière virtuelle grâce à laquelle nous communiquons.

Si l’art contemporain vit depuis quelques décennies une brisure, c’est parce qu’on est passé de l’expérimentation des matériaux artistiques traditionnels ou usuels à l’expérimentation de la matière virtuelle, luminescente, sonore, magnétique ou biologique pour donner au contenu symbolique une portée plus charnelle qu’intellectuelle dans une démarche kinestésique où la perception, la sensibilité et la mémoire en mouvement renforcent le plaisir ou le déplaisir, communiquent au mieux les doutes face à l’inconnu et aux découvertes toujours plus fascinantes et inquiétantes.

C’est pour cela qu’Archée n’a cessé de voir son lectorat augmenter d’année en année mais aussi d’accueillir plus d’auteurs de partout dans le monde venant d’horizons différents, analysant ou commentant avec passion ces œuvres que les artistes nous offrent non plus dans l’idée de déconstruire le monde et l’art mais au contraire de les augmenter d’un surcroît de possible, donnant à voir le spectacle des manipulations des matières du monde visibles et invisibles, pour réenchanter la vision de l’avenir devant ce qui semble être une décadence des valeurs et des croyances. De ce fait l’artiste déploie son imaginaire avec les outils de la science tout comme il le faisait avant avec les moyens traditionnels pour chercher à surprendre et à atteindre le spectateur autant par les affects que l’intellect.

Au confluent des disciplines et des genres, Archée dresse une cartographie élargie des productions actuelles, qui élaborent des concepts et des langages nouveaux en écho à l’énergie du milieu où l’art semble toujours être en devenir comme en témoignent nos ententes et partenariats avec des groupes de recherche universitaires et des centres médiatiques internationaux qui ont contribué de façon remarquable à établir des échanges fructueux à travers plus de 120 pays. Archée offre ainsi une plateforme discursive riche et actuelle où de nombreux aspects des arts médiatiques sont abordés à travers de multiples disciplines.

Archée remercie ses lecteurs, lectrices, et tous les intervenants, autant les auteur(e)s, les artistes, les membre du CA et du comité de lecture, les webmestres ainsi que les subventionneurs qui ont contribué à réaliser ces 20 années de publications d’œuvres et de textes qui enrichissent la culture et font avancer les connaissances.

Le diaporama qui suit offre un échantillon d’une quarantaine d’œuvres retenues arbitrairement parmi les milliers de productions présentées depuis 1997, année de la fondation d’Archée par Pierre Robert qui l’a dirigée jusqu’en 2006, où Christine Palmiéri, qui le secondait depuis deux ans, a commencé à en assurer la direction.

Pour avoir permis la naissance et la longevité d’Archée, je remercie particulièrement :
Pierre Robert qui nous fait part ici des débuts de cette aventure qu’il a menée courageusement au moment où le web commençait à étendre ses mailles dans une société virtuelle en balbutiement et où les arts des nouveaux média prenaient timidement leur place sur la scène artistique.

Louise Poissant et Joanne Lalonde, pour leur encouragement, implication et soutien, qui soulignent ici ces 20 ans d’Archée qu’elles accompagnent fidèlement avec confiance.

André Éric Létourneau, pour son intérêt et soutien, qui présente l’œuvre Créatures hermétiques dans mon char bb des otages inaperçus d’Alexandre Saint-Onge, performance de 24h, que l’artiste réalisera à l’Agora des Sciences (Hexagram/ UQAM), du 2 et 3 décembre 2017 et la suite du dossier Hexa Sonde I : La réalité redéployée qu’il a mené avec Cynthia Noury en interviewant François Joseph Lapointe et Jean Dubois.

Louise Boisclair pour l’assiduité de ses nombreuses et judicieuses collaborations qui s’entretient ici avec Philippe Boissonnet dans le cadre du dossier Affect ou émotion en art immersif et interactif.

Benoît Ducharme pour ce travail rigoureux de mise en ligne qu’il accomplit depuis un an et qui nous permet d’accéder à ces univers créatifs et à ces réflexions enrichissantes qu’Archée offre depuis 20 ans.

Afin de souligner ces deux décennies de collaboration et d’amitié, nous vous invitons au lancement de ce numéro qui aura lieu à l’Agora des Sciences (Hexagram/ UQAM), le 4 décembre 2017, de 17h à 19h qui sera suivi de plusieurs autres activités.


Mot de Pierre Robert

Récapitulatif

Voilà maintenant 20 ans que le périodique électronique ARCHÉE existe, afin de souligner cette longévité toute à l’honneur de la continuité et de la rigueur éditoriale du périodique, je vous propose un regard rétrospectif et un témoignage partiellement rivés à ses dix premières années d’existence, à l’aube explosive du web.

Le tremplin initial

Le 12 mars 1989, le web nait; son accessibilité grand public est rendue possible le 30 avril 1993, grâce à l’introduction du navigateur gratuit Mosaic; quatre ans plus tard, en 1997, le périodique Archée diffuse ses premiers textes et s’engage dans l’arcane binaire de l’univers numérique; l’année suivante (1998), le moteur de recherche Google fait son apparition; aujourd’hui (2017), le web a 28 ans.

L’internationalisation des liens sociaux numériques a rapidement fait du web un médium de communication hyper massif. L’ampleur sociale, politique, psychologique et économique que prennent les communications en réseaux, les va-et-vient viraux de l’intérêt public, la capitalisation commerciale des méta données, le Dark web, le web n’en finit plus d’étonner et de reconduire des réflexions sérieuses sur nos sociétés et nos habitudes de vie.

L’arrivée d’Archée dans ce réseau est étroitement liée à la possibilité d’intégrer au web des informations visuelles et interactives. Avant ce moment charnière, seul le texte avait pignon sur le web. Les binettes et une panoplie de créations sur la base des lettres et symboles du clavier ont émergé. Désormais enrichi d’éléments graphiques, le réseau des réseaux attire un nombre croissant d’utilisateurs, dont de jeunes artistes, des créatifs, des intellectuels de la communication, des pirates et des pionniers de l’électronique en réseau. La planète virtuelle se met alors à élaborer une créativité online.

Les domaines de l’art (moderne et contemporain) ne sont pas seulement déterritorialisés, elles s’effacent et se perdent les unes après les autres, sous l’inaudible clapotis des claviers activés par d’innombrables internautes, de Saint-Pétersbourg à Seattle, de Montréal à Dubai, etc. Dès lors, l’Internet devient une plateforme d’échange d’informations et de recherche digne des meilleurs romans de science-fiction. C’est incroyable. Neuromancien de William Gibson, publié en 1984, est le livre à lire, le héros, un hacker d’univers virtuels de haut niveau, plonge dans l’irréalité totale. En 1997, plusieurs s’aventurent concrètement dans cet univers ubiquitaire des communications numériques, l’hacktivisme prend forme. Mais le web ne se résumera pas à l’infiltration et aux stratagèmes de détournement et d’acquisition d’informations. De nouveaux artistes y sont et ils triturent les codes et les interfaces à leur façon.

Majoritairement nord-américains et européens (zones premières de l’expansion de l’Internet), les artistes du web en font un territoire d’expérimentations, en disséquant systématiquement, entre autres, ce nouveau mode de communication. On veut savoir ce qu’Internet a dans le ventre, en connaitre la structure et la fiabilité. Ces artistes pionniers proviennent de divers horizons. Les protocoles régissant l’Internet et le web reposent sur un savoir partagé et donc accessible, on les manipulera librement et sauvagement, tout comme, à une autre époque, Nam June Paik le faisait avec les téléviseurs. On brouille le signal. En effet, en quelques clics, on copie des portions de codes pour les utiliser à d’autres fins. À ce titre, Mike Napier en 1998, avec son Shredder 1.0, est exemplaire. Le Shredder 1.0 déchiquète les pages web et vous les restitue dans une désorganisation anarchique des codes associés à la mise en page. La figurabilité du web est mise à mal, la surface lisible est dissoute dans son support informatique. Le spectre de Monsieur Smith en perd son latin.

Dès le début, l’art web se distingue par son caractère critique et divergent. Il frappe au cœur du dispensaire numérique pour en décrypter les forces et les faiblesses, tous azimuts. Une forme d’art intégrée plus largement, et peut-être de façon trop précipitée, à «l’art et les nouvelles technologies». Ce processus de délayage dénote une certaine faiblesse du discours à saisir les enjeux de cet art sans passé, sans spéculation marchande, sans territoire d’appartenance, sans nationalité et dont la valeur sur les réseaux s’avère fondamentalement fluctuante. Entre l’utopie intrinsèque à ce nouveau médium de communication et la liberté qu’elle autorise, l’art et le web naviguent dans un bienheureux chaos. Les façades normatives du web, simulant la culture visuelle médiatique traditionnelle, sont rapidement mises à mal par des interventions associées à une des formes de l’hacktivisme (l’artivisme ?), ces actions s’accompagnent d’une recherche formelle numérique.

Qui plus est, par sa structure ouverte, le web en arrive à embrouiller les canaux habituels de la légitimation esthétique dans le domaine de l’art. Le statut de ces nouveaux créateurs et artistes demeure ambigu, la diffusion internationale, implicite au média lui-même, engage des problématiques inédites auprès des institutions matérielles dédiées aux arts visuels. Le fait d’intégrer des ordinateurs branchés dans les salles d’exposition ne comblera que trop peu un souci légitime de reconnaissance. Le web, intrinsèquement, oppose une fin de non-recevoir à l’exclusivité. Dans un autre ordre d’idée, le caractère immatériel et ubiquitaire de la communication, indispose une critique fondée sur les aprioris intellectuels de l’histoire de l’art occidental, et pour lequel les beaux-arts occupent une place relativement considérable.

La main, symbole insurpassé de la créativité humaine, perd drastiquement son empreinte identitaire, au profit de liens virtuels engendrés par un réseau construit sur la base d’une participation individuelle volontaire. La gratuité numérique ne convient pas au système de l’art, tout comme la performance dans les années 1970, mais, cette fois-ci, à une échelle inédite. En cumulant ces caractéristiques, le web et l’art réussissent un hors-norme parfait.

Entre l’enthousiasme et l’excitation que ce terrain vierge soulève, tant par son potentiel que son absence indiscutée dans le milieu de l’art contemporain, se creuse une béance quasi insurmontable. L’art contemporain, engagé dans le marché de l’art à égalité avec l’art moderne, s’est accompli, les années 1960 tracent une ligne historique. Toutefois, l’art contemporain, dans les années 1990, doit gérer une crise issue d’un tiraillement éthique entre la valeur de l’art (son esthétique), celle de l’objet d’art (comme valeur marchande) et la valeur financière de l’artiste (comme forme de reconnaissance). Cette crise aura pour effet de porter davantage ombrage à l’art des nouvelles technologies, car le radar de l’art contemporain ne peut en détecter la présence et encore moins le développement. L’art contemporain ne parle, en somme, que de lui-même. Cela a pour effet de singulariser à l’extrême les productions artistiques sur le web et de faire émerger, par défaut, un réseau (de réseaux) excentré. Toutefois, ce réseau n’est pas homogène, en cela représentatif de la diversité des intérêts, des communautés d’idées, de genres, de cultures et d’expérimentations.

C’est cette béance culturelle que la revue électronique Archée a voulu aborder en 1997. Par, entre autres, une veille avisée des productions artistiques sur le web et un regard analytique en lien avec l’univers numérique et électronique, ses langages, ses procédés, ses intentions, ses penseurs, son émergence et sa culture propre (la cyberculture).

DDans un récent article intitulé «La fin de l’Internet est-elle pour bientôt?» (Ex-Situ, 2 février 2017), Juliette Marzano rappelle à juste titre la composition initiale de l’Internet, soit une suite de plateformes publiques, démocratiques, éducatives «et donc incompatibles avec le commercialisme». Un ordre initial grugé par des dérèglementations successives qui ont fait de l’Internet un système désormais largement privé. Ce constat m’amène à poser la question suivante : les artistes ont-ils, dans la même foulée, abandonné le terrain virtuel?

À propos de l’artiste Frédérique Laliberté, Marzano affirme que l’objectif de son œuvre serait de détruire «les logiques mercantiles des algorithmes gouvernant l’Internet». Cette œuvre, dit-elle, «génère des compositions aléatoires et chaotiques d’information en ligne». Relire les articles du périodique Archée permettrait de mettre en perspective les interventions actuelles. Les intentions et les visions des artistes pionniers du web et de l’Internet ont effectivement contribué à briser, secouer ou détourner les règles et l’éthique de l’Internet. À ce titre MaChair&MonSang de Mouchette, ce jeune personnage féminin énigmatique, créé en 1998, demeure exemplaire d’une création ancrée à l’essence même du paysage numérique des communications.

Rien n’est totalement joué pour ce type d’art, malgré les développements fulgurants menés par les oligarques de l’Internet. On note un regain d’intérêt, Tamara Lai a récemment créé un groupe Facebook (Comment cela se passait-il avant le web 2.0?) qui remet en circulation les œuvres et les moments effervescents des pionniers. Archée en fait partie.

Mot de la fin

J’aimerais remercier tous ceux et celles qui ont participé de près ou de loin au périodique Archée depuis sa création, et ce, à tous les niveaux. Un remerciement particulier à Richard Barbeau sans qui la plateforme numérique d’Archée n’aurait pu voir le jour. Il a construit et élaboré la logique des codes qui nous a permis d’exister sur le web à la hauteur de nos attentes. Je remercie également Christine Palmieri et l’équipe actuelle pour avoir mené Archée de brillante façon depuis déjà plusieurs années.


Mot de Louise Poissant

Archée a 20 ans. Quand on pense à tout ce qu’elle a vu passer et à ses multiples étapes de croissance, il faut souligner cet exploit et célébrer cette exceptionnelle réussite.

On craint parfois que le numérique et l’intelligence artificielle avec l’apprentissage profond (deep learning, machine learning) et l’Internet des objets (Internet of Things) envahissent le monde du travail et laissent les humains désoeuvrés voire grabataires. L’apparition de centaines de nouvelles formes d’art reposant sur le numérique nous permet d’entrevoir et d’espérer le contraire. Allant du bioart à la robosculpture, de l’imagerie 3D à l’art web, de la vidéo aux medias façades, de l’électrofacture (notamment Deepdream) à l’art télématique, des installations interactives aux vêtements communiquants, des jeux vidéo aux applications ludiques, de l’infochorégraphie aux personnages virtuels, des prothèses à la réalité augmentée, de la musique électronique à la musique Djay, c’est toute une gamme de nouvelles formes d’art qui est apparue. Une prolifération pour ne pas dire une explosion de dispositifs et de façons de faire différentes qui s’accompagne d’une expansion de notre sensibilité et de notre vision du monde. L’art numérique nous transporte de l’infiniment petit à l’infiniment grand en passant par l’infiniment moyen comme le disait Godard du cinéma.

Et c’est de tout cela dont témoigne Archée depuis maintenant 20 ans. Relevant les innombrables défis et s’adaptant aux transformations technologiques qui ont marqué les 20 dernières années, la revue s’est elle-même métamorphosée au rythme des possibilités qui lui étaient offertes et des contenus dont elle traitait.

Ce qui est le plus singulier d’Archée, c’est sa durée. Dans le monde de l’instantanéité où tout change si vite, les technologies comme les formes d’art, il est étonnant qu’Archée ait survécu. D’autant qu’il y a 20 ans, son format numérique et son évanescence la rendaient atypique et soulevaient plusieurs problèmes : il a fallu régulièrement réinventer ses modes de production et de diffusion, faire appel à des compétences variées en informatique et en conception web, trouver un hébergement constant, inventer un plan d’affaire pouvant assurer sa survie toujours fragile comme c’est le cas de toutes les revues numériques, et gagner un public amoureux des livres d’art, devant se convertir peu à peu à la consultation passant par un outil de travail.

Et il est vrai que ses diverses métamorphoses l’ont rendue toujours mieux adaptée aux contenus qu’elle présentait. En adoptant un format numérique, Archée a bénéficié de la qualité luminescente des écrans qu’aucun imprimé ne peut restituer lorsqu’il s’agit de reproduire des images elles-mêmes réalisées sur un écran. En introduisant de la vidéo, c’est tout l’univers du cinétisme et des œuvres qui se déploient dans le temps qu’Archée pouvait présenter en respectant leur caractère mouvant et leur durée. Sans parler que son appartenance au Web a permis à Archée de créer des liens directs avec des œuvres conçues pour le Web ou avec des références aux galeries et archives numériques des artistes qu’elle documente. En ce sens, Archée a créé une communauté d’artistes, d’esthéticiens et d’amateurs d’art ouverte sur un monde littéralement illimité et en continuelle transformation, celui des arts médiatiques.

Mais cette magnifique aventure qui a maintenant 20 ans ne s’est pas déployée toute seule. La technologie ne le permet pas encore. Derrière cette improbable réalisation, il y a beaucoup d’imagination, de détermination et de persévérance. Une vision d’abord, celle de Pierre Robert qui a créé la revue et l’a tenue à bout de bras pendant plus d’une décennie. Puis le relais inventif et courageux de Christine Palmiéri qui arrive à tenir la cadence, à élargir les collaborations tant des artistes que des auteurs et à maintenir la grande qualité de la revue appelée sans cesse à se renouveler. Si Archée célèbre ses 20 ans, c’est d’abord grâce à eux et je les salue ici de même que toutes celles et ceux qui ont apporté leur contribution à la revue et qui en ont fait ce qu’elle est : la plus ancienne et la plus grande revue d’art numérique encore active en français sur le web.


Mot de Joanne Lalonde

Fêter les 20 ans d’un périodique culturel n’est jamais une petite victoire… surtout dans le monde de la diffusion Web par essence très volatile.

La fin de la décennie 90 a été, rappelons-le, une période très fertile pour le développement des arts médiatiques et numériques au Québec. Archée démarre ses publications en 1997 la même année où est créée la Fondation Daniel Langlois pour l’art, la science et la technologie. En 1996, débutent les activités du Studio XX et dans les années qui suivent un volet dédié à la création Web sera mis sur pied à La Chambre Blanche de Québec. Ces initiatives pionnières seront suivies par de nombreuses autres, contribuant ainsi au leadership québécois dans ce domaine.

Si j’insiste sur la place du Québec dans le rayonnement des arts médiatiques et numériques, c’est que je suis persuadée qu’Archée y a joué un rôle central. Premier périodique en ligne à offrir une plate-forme de discussion intellectuelle sur la création Web, il donne accès gratuitement à un répertoire impressionnant de publications spécialisées dans le domaine. La persistance et la régularité du magazine ont grandement contribué à la constitution d’un réseau de théoriciens, artistes, historiens, critiques animés d’un intérêt pour la cyberculture.

Fêter ses 20 ans est aussi l’occasion de remercier toutes celles et ceux qui ont contribué à la vitalité du périodique, rédacteur et rédactrice en chef, Webmestres, auteurs, artistes et bien entendu lecteurs.trices à qui notre travail est destiné. Je les remercie sincèrement en nous souhaitant que cette vitalité se maintienne encore de nombreuses années.