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Cyberculture

L'an 1.qc.ca du Web intégré à l'art

La saison culturelle 1998 – 1999 devra être consacrée l’année Web

En effet, l’intégration du Web aux diverses manifestations et genres de l’expression artistique est frappante. Tout événement, toute galerie qui se respecte doit conjuguer avec le Web sous peine d’être abandonnée dans le vieux monde. Le Web, on le sait, a pour caractéristique d’être étonnant. Non seulement par son contenu mais aussi par sa fugacité et le surgissement inattendu de sites tous attirants, à première vue. Si le temps est un facteur déterminant dans l’intérêt que l’on porte à tel ou tel site, il n’est pas le seul juge puisque nombre de sites viennent simplement se greffer à un événement conçu à mille lieues du Web. Peu importe, le Web infuse une dynamique sans précédent dans le monde des arts visuels et des pratiques esthétiques.

Dans ces temps reculés, où la communication n’était pas un facteur essentiel à la création, chacun avait un rôle précis à jouer, chacun formait un maillon d’une chaîne privilégiée, étroitement dépendante de ses constituantes. Conséquemment, il ne faut pas s’y méprendre. Il existe présentement deux grandes tendances. L’une correspond aux structures établies par le système subventionnaire gouvernemental depuis trente ans, un système a priori sans Web. L’autre, moins importante en visibilité mais plus grande en termes de producteurs et de créations, appartient à ceux qui ont envahi le Web parce qu’il est d’abord multimédiatique, relativement économique et parce qu’il permet de regrouper en peu de temps des intérêts qui, dans un système traditionnel, seront graduellement scindés en de multiples factions adverses, et cela, sur une période d’environ trente ans (la boucle de l’épuisement). 

Morts et naissances des groupes d’intérêt n’auront pas désormais une aussi grande portée temporelle. Il y a même lieu de s’interroger sur un probable effet d’amalgame chaotique, proprement cybernétique, dans lequel il sera de plus en plus difficile de distinguer entre hier et demain. Toutefois les amalgames ne sont pas chose facile à décrypter et à comprendre, s’ils autorisent un certain arbitraire dans les choix, ils forment aussi une organisation globale complexe mais cohérente dont les effets ne sont pas toujours prévisibles.

Le Web suscite sans contredit une plus grande collaboration parce qu’il est d’abord un outil de communication, que ce soit par les hyperliens, en tant que véhicule de messages ou mode d’interactions. S’il satisfait ainsi ne nouveaux intérêts, il faut aussi le penser dans ses effets globaux, suivre son évolution et comprendre ce qui le caractérise. Les artistes l’expérimentent déjà de brillante façon, quelques théoriciens en argumentent l’intérêt et l’intelligence, plusieurs s’accrochent à son nom pour se maintenir à flot, bref… la saison 1998 – 1999 est, hors de tout doute, l’an 1 du Web dans le monde des pratiques esthétiques au Québec parce tous s’y adonnent pour diverses raisons.

Archée entend poursuivre sa conquête intellectuelle en misant encore plus spécifiquement sur le multimédia et le Web. Une année consacrée à l’éclaircissement des enjeux que représentent les nouvelles technologies de l’information et de la communication sur le monde des pratiques esthétiques. Tant du point de vue de la création, des sociétés qui l’organisent, des réflexions qui en découlent que des obligations qu’elles imposent.