Des prix et de l’argent
Le Festival Ars Electronica 1999 divulguait en juin dernier ses prix de distinction dont les Nicas d’or et les mentions honorables accordées aux participants de l’événement annuel qui a lieu à Linz, en Autriche, du 4 septembre au 9 septembre 1999. Depuis ses débuts en 1979, le festival (qui en est donc à sa vingtième édition), est devenu un témoin important du développement de l’art des médias numériques. Les Prix Ars Electronica sont décernés depuis 1987 par l’Austrian Broadcast Corporation. Un jury international accorde quinze prix en argent pour chacune des cinq catégories couvrant le vaste champ de la production artistique assistée par ordinateur. L’ensemble des prix totalise 116,379 $US, gracieuseté de généreux commanditaires. Cette année le jury a reçu 2119 propositions, en provenance de 60 pays, pour les catégories « art interactif », « musique digitale », l’art dédié au Web (la catégorie « .net »), l' »animation par ordinateur/effets visuels », et la « Cybergeneration – u19 freestyle computing », consacrée aux cyberartistes autrichiens de moins de 19 ans.
Nous nous intéresserons ici plus particulièrement à la catégorie « .net », intégrée en 1995, et à la polémique soulevée par le choix des oeuvres, une sélection qui pose effectivement certains problèmes.
Le premier prix de la catégorie « .net » (cliquer sur « winners ’99 » dans la fenêtre de gauche), le Nica d’or (8,620 $US), est accordé au Finlandais Linus Torvalds, l’initiateur en 1991 du système d’exploitation Linux. Ce projet inédit est le fruit de la collaboration de nombreux programmeurs à travers le monde puisque le code source du programme est ouvert, gratuit et accessible à quiconque veut y proposer ses propres lignes de codes. Linux, une adaptation du système Unix, se construit selon une approche diamétralement opposée aux visées lucratives et monopolisatrices du système d’exploitation Windows par exemple. Microsoft suit d’ailleurs avec inquiétude le développement fulgurant de ce projet amorcé par Torvalds, alors étudiant de l’Université d’Helsinki en Finlande.
Viennent ensuite deux second prix de distinction (4,310 $US chacun), accordés au projet Res Rocket, un logiciel permettant aux musiciens d’improviser ou de composer en temps réel et de manière collaborative dans un réseau comparable à celui du chat. Dans cette même logique participative, le deuxième prix de distinction va au site KEO, du français Jean-Marc Phillipe, grâce auquel on envoie des messages personnels aux habitants de ce qu’il restera de la Terre dans 50,000 mille ans! Les messages, gravés sur cédérom, sont par la suite placés dans un satellite qui ne sera de retour dans 50 millénaires (bien que 5 siècles auraient été suffisants pour frapper les esprits).