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Cyberthéorie

Naviguer au coeur de la poésie numérique

Zone est la première installation multimédia interactive de Françoise Lavoie-Pilote réalisée et produite en 19991. Son projet s’élabore sur une période de deux ans. Lavoie-Pilote réalise, écrit les textes et conçoit la version sonore et visuelle. En s’appropriant les outils disponibles en nouvelles technologies, l’artiste tente d’établir une nouvelle manière de raconter une histoire, un « récit ordiné ». 

Zone – extrait vidéo QuickTime.

Zone est le récit de trois femmes issues d’une même famille, et de trois générations successives. L’auteure traite de l’évolution des valeurs, telles que: la perte des traditions, l’influence des origines, l’importance de la nature et de ses traces sur notre comportement. Le récit en prose prédomine la trame sonore. C’est la voix d’Anka que l’on entend se dissoudre et s’intercaler entre une voix masculine, les bruits de la campagne et ceux de la ville. L’aspect visuel dévoile aussi une structure dense et stratifiée. C’est à l’aide des déplacements du curseur sur l’écran que le spectateur-interacteur naviguera et réalisera l’actualisation de Zone. Nous sommes en présence d’une scénarisation, d’une programmation très élaborée menant à des parcours de lectures différentes et simultanées.

Schéma de navigation de l’oeuvre interactive Zone par Françoise Lavoie-Pilote

Zone est riche comme objet d’analyse. Nous avons privilégié le niveau de l’expression, c’est-à-dire les transformations syntaxiques de surface des divers langages mis en oeuvre, puisque Zone réunit à la fois littérature, cinéma, vidéographie et musique.

Afin d’introduire quelques pistes de réflexions, nous avons utilisé deux approches convergentes et complémentaires; l’une relève de la sémiotique syncrétique, c’est-à-dire, que tout comme le cinéma, le théâtre, l’opéra et la performance, l’installation multimédia regroupe une pluralité de langages. L’on peut, d’ores et déjà, considérer Zone comme objet syncrétique. L’autre approche sera celle de la pragmatique, puisqu’il est question d’une installation interactive. C’est ainsi qu’au cours de la scénarisation et de la syncrétisation des divers langages, l’auteure a dû inclure une typologie actorielle du spectateur-interacteur. Si nous acceptons l’hypothèse que chaque langage possède un programme narratif, il va de soi d’intégrer le programme narratif de l’interacteur comme un langage distinct. En multimédia interactif, il ne suffit pas de parler, encore faut-il être deux.