{"id":1034,"date":"2017-02-01T22:11:07","date_gmt":"2017-02-01T22:11:07","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=1034"},"modified":"2022-11-09T22:11:18","modified_gmt":"2022-11-09T22:11:18","slug":"fevrier-2017-entremeler-corps-et-technologies-des-vagues-perceptives-nouvelles","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/fevrier-2017-entremeler-corps-et-technologies-des-vagues-perceptives-nouvelles\/","title":{"rendered":"F\u00e9vrier 2017 – Entrem\u00ealer corps et technologies: des vagues perceptives nouvelles"},"content":{"rendered":"\n
Dans son ouvrage\u00a0Du mode d\u2019existence des objets techniques<\/em>\u00a0(1958),\u00a0Gilbert Simondon\u00a0\u00e9voque une m\u00e9connaissance g\u00e9n\u00e9rale des objets techniques. Selon lui, notre culture valorise les objets esth\u00e9tiques au d\u00e9triment des objets techniques car ces derniers sont incompris et donc rejet\u00e9s dans une sorte de x\u00e9nophobie. D\u00e8s lors, la culture stimule un double rapport de m\u00e9pris et de crainte\u00a0:<\/p>\n\n\n\n \u00ab\u00a0La culture comporte ainsi deux attitudes contradictoires envers les objets techniques\u00a0: d\u2019une part, elle les traite comme de purs assemblages de mati\u00e8re, d\u00e9pourvus de vraie signification, et pr\u00e9sentant seulement une utilit\u00e9. D\u2019autre part, elle suppose que ces objets sont aussi des robots et qu\u2019ils sont anim\u00e9s d\u2019intentions hostiles envers l\u2019homme, ou repr\u00e9sentent pour lui un permanent danger d\u2019agression, d\u2019insurrection. Jugeant bon de conserver le premier caract\u00e8re, elle veut emp\u00eacher la manifestation du second et parle de mettre les machines au service de l\u2019homme, croyant trouver dans la r\u00e9duction en esclavage un moyen s\u00fbr d\u2019emp\u00eacher toute r\u00e9bellion\u00a0\u00bb (Simondon, 2012, p. 11)<\/p>\n\n\n\n Il est bien question ici d\u2019un rapport d\u2019ali\u00e9nation, comme si, craignant de se soumettre aux machines, l\u2019\u00eatre humain d\u00e9ciderait de les mettre \u00e0 son service. Cette analyse soul\u00e8ve l\u2019un des probl\u00e8mes clefs de l\u2019\u00e8re des nouvelles technologies int\u00e9gr\u00e9es aux arts performatifs et permet de comprendre des d\u00e9marches radicales telles que celles de l\u2019artiste australien\u00a0Stelarc\u00a0qui s\u2019oriente vers un monde o\u00f9 le corps s\u2019efface devant la puissance des cyborgs et c\u00e8de \u00e0 la tentation de l\u2019hybridation homme-technologie. Nous pouvons malgr\u00e9 tout penser qu\u2019il existe des alternatives \u00e0 ce rapport binaire, \u00e0 cette confrontation permanente. Mais le probl\u00e8me d\u00e9passe celui de l\u2019ali\u00e9nation et nous pousse \u00e0 nous demander quels corps sont ceux de notre temps, quels corps nous d\u00e9sirons montrer. Les technologies parviennent-elles \u00e0 nous faire sentir, ou percevoir, des corps\u00a0sans les effacer, les d\u00e9former, les transformer ?\u00a0<\/p>\n\n\n\n C\u2019est l\u2019une des interrogations au c\u0153ur de la d\u00e9marche de la chercheuse transdisciplinaire, conceptrice m\u00e9diatique, danseuse et chor\u00e9graphe\u00a0Isabelle Choini\u00e8re\u00a0dans sa performance\u00a0Phase 5.\u00a0<\/em>Depuis 2005, elle a entam\u00e9 des recherches sur le corps collectif physique et sonore. Dans une d\u00e9marche tr\u00e8s ph\u00e9nom\u00e9nologique, elle d\u00e9sire trouver une harmonie dans le rapport entre corps performatif et technologies comme elle l\u2019explique dans le texte paru dans le num\u00e9ro d\u2019Arch\u00e9e<\/em>, en novembre 2016. Dans son travail, les technologies sont utilis\u00e9es en vue de faire \u00e9merger un espace immersif qui favorise la perception du corps. Nous ne sommes plus dans une logique d\u2019instrumentalisation ou d\u2019ali\u00e9nation\u00a0mais plut\u00f4t \u00e0 la rechercher d\u2019autres mani\u00e8res d\u2019exprimer le corps sous toutes ses formes \u2013 organiques et concr\u00e8tes ou bien mall\u00e9ables, \u00e9ph\u00e9m\u00e8res, insaisissables.<\/p>\n\n\n\n Nous verrons d\u2019abord que sensualit\u00e9 et sensorialit\u00e9 sont convoqu\u00e9es dans cette performance qui rassemble cinq danseuses aux corps emm\u00eal\u00e9s, enchev\u00eatr\u00e9s, qui forment un\u00a0organisme collectif mouvant<\/em>\u00a0et \u00e9mouvant\u00a0<\/em>selonLouise Boisclair dans le Inter (hiver 2008). Entre chair, entrailles et respirations,\u00a0Phase 5<\/em>\u00a0nous donne \u00e0 sentir l\u2019intimit\u00e9 et l\u2019int\u00e9riorit\u00e9 d\u2019un (ou des) corps.<\/p>\n\n\n\n Mais ce corps m\u00eame a quelque chose d\u2019\u00e9piphanique. Il appara\u00eet et s\u2019\u00e9teint, s\u2019\u00e9chappant sans cesse \u00e0 notre d\u00e9finition. Nous l\u2019apercevons clairement puis il s\u2019\u00e9vapore, flottant, imp\u00e9n\u00e9trable et inclassable.<\/p>\n\n\n\n