{"id":1059,"date":"2017-02-01T23:15:22","date_gmt":"2017-02-01T23:15:22","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=1059"},"modified":"2022-11-09T23:15:35","modified_gmt":"2022-11-09T23:15:35","slug":"fevrier-2017-art-et-sciences-cognitives-nouvelles-perspectives-partie-1-ce-que-les-sciences-cognitives-apportent-a-lesthetique-letat-de-lart","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/fevrier-2017-art-et-sciences-cognitives-nouvelles-perspectives-partie-1-ce-que-les-sciences-cognitives-apportent-a-lesthetique-letat-de-lart\/","title":{"rendered":"F\u00e9vrier 2017 – Art et sciences cognitives – nouvelles perspectives (partie 1) Ce que les sciences cognitives apportent \u00e0 l’esth\u00e9tique: l’\u00e9tat de l’art"},"content":{"rendered":"\n

Pour les fondateurs de l\u2019esth\u00e9tique cognitive, les comportements esth\u00e9tiques ont r\u00e9v\u00e9l\u00e9 d\u00e8s le d\u00e9part la r\u00e9union savante des sciences cognitives et des connaissances en mati\u00e8re d\u2019art.\u00a0Gibson1 <\/sup>a associ\u00e9 les pratiques de l\u2019art \u00e0 la perception et \u00e0 la repr\u00e9sentation mentale de l\u2019espace environnemental,\u00a0Arnheim2<\/sup>\u00a0les a rattach\u00e9es aux fonctions sup\u00e9rieures de la production du sens de l\u2019objet culturel et de la construction de son axiologie. Le but partag\u00e9 de ces deux d\u00e9marches a \u00e9t\u00e9 de sortir les \u00e9tudes de l\u2019art de la scientificit\u00e9 \u00ab\u00a0molle\u00a0\u00bb et de leur donner des assises solides, sans tomber dans les travers du scientisme positiviste. L\u2019apparition des sciences cognitives au d\u00e9but des ann\u00e9es 1960 a donn\u00e9 l\u2019occasion de r\u00e9aliser l\u2019ancien projet de\u00a0Wolfline3<\/sup>\u00a0et de\u00a0Riegl4<\/sup>\u00a0d\u2019accomplir ce p\u00e9rilleux exploit \u00e9pist\u00e9mologique\u00a0: la sph\u00e8re la plus subjective et individuelle de tous les comportements humains a pu \u00eatre appr\u00e9hend\u00e9e dans la m\u00eame vis\u00e9e que l\u2019inscription \u00e9cologique du sujet humain en g\u00e9n\u00e9ral.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

Depuis les travaux inspir\u00e9s par l\u2018\u00e9cole dite \u00ab\u00a0sciences de l\u2019art\u00a0\u00bb de\u00a0Franc\u00e8s5<\/sup>, les recherches en esth\u00e9tique cognitive explorent, en th\u00e9orie et de fa\u00e7on empirique, deux positions compl\u00e9mentaires\u00a0: soit on recherche un hypoth\u00e9tique mode de perception sp\u00e9cifiquement esth\u00e9tique, \u2013 position centr\u00e9e sur le sujet perceptif et sur ses capacit\u00e9s, soit on postule l\u2019existence d\u2019un \u00ab\u00a0cerveau esth\u00e9tique\u00a0\u00bb, d\u2019un centre \u00ab\u00a0r\u00e9sonateur\u00a0\u00bb pouvant r\u00e9agir aux stimuli sensoriels provenant du contact avec les \u0153uvres d\u2019art et capable de traiter cette information afin d\u2019en extraire le sens particulier et propre \u00e0 tous les artefacts culturels, \u2013 position centr\u00e9e sur l\u2019objet esth\u00e9tique et sur ses attraits.<\/p>\n\n\n\n

Plusieurs neurophysiologistes et plusieurs esth\u00e9ticiens dot\u00e9s d\u2019outils des sciences cognitives ont abord\u00e9 l\u2019acuit\u00e9 sensorielle de certains artistes, ou parfois m\u00eame les carences physiologiques retrouv\u00e9es chez certains ma\u00eetres historiques qui en ont fait le cachet de leur unicit\u00e96<\/sup>. D\u2019autres ont mis l\u2019accent sur les habilet\u00e9s c\u00e9r\u00e9brales, notamment en analysant le processus de discrimination des intervalles musicaux chez les musiciens professionnels7<\/sup>. Enfin, une longue tradition objectaliste s\u2019est install\u00e9e ind\u00e9pendamment des autres avec le but de mettre en \u00e9vidence le statut unique des \u0153uvres recelant les caract\u00e9ristiques ph\u00e9nom\u00e9nologiques remarquables, telles \u00ab\u00a0harmonies\u00a0\u00bb, \u00ab\u00a0proportions\u00a0\u00bb, \u00ab\u00a0topologies\u00a0\u00bb, tant\u00f4t \u00ab\u00a0riches\u00a0\u00bb tant\u00f4t \u00ab\u00a0sobres\u00a0\u00bb etc.<\/p>\n\n\n\n

Ces r\u00e9sultats on fait l\u2019objet d\u2019une pol\u00e9mique dans les ann\u00e9es 1990 sur la question de la \u00ab\u00a0g\u00e9n\u00e9ricit\u00e9\u00a0\u00bb des activit\u00e9s esth\u00e9tiques. Evidemment, \u00e0 d\u00e9faut de disposer d\u2019un organe c\u00e9r\u00e9bral sp\u00e9cialis\u00e9 et assimilable \u00e0 une souche de cellules poss\u00e9dant les caract\u00e9ristiques communes, les cogniticiens s\u2019ing\u00e9nient \u00e0 trouver les r\u00e9seaux fonctionnels impliquant plusieurs circonvolutions c\u00e9r\u00e9brales collaborant ensemble dans certaines circonstances. Les pistes int\u00e9ressantes sont aussi ouvertes par diff\u00e9rentes polyvalences fonctionnelles ou par certaines cat\u00e9gories de neurones diss\u00e9min\u00e9es dans plusieurs sous-organes et pouvant jouer un r\u00f4le sp\u00e9cifique. Les neurones \u00ab\u00a0miroirs\u00a0\u00bb sont de ceux-l\u00e0. Responsables de l\u2019imitation et de la synchronisation kinesth\u00e9sique, ils participent \u00e9galement dans les processus de l\u2019empathie entrainant une chaine de r\u00e9actions \u00e9motionnelles dont certains auteurs revendiquent le r\u00f4le dans la r\u00e9ception des couches narratives et argumentatives de l\u2019\u0153uvre d\u2019art8<\/sup>.<\/p>\n\n\n\n

Parall\u00e8lement, le behavioriste canadien\u00a0Berlyne9<\/sup>\u00a0initie les recherches sur les \u00e9tats de l\u2019\u00e9veil sensoriel (arousal<\/em>) qui, coupl\u00e9s \u00e0 la curiosit\u00e9 primale (curiosity<\/em>) accompagneraient syst\u00e9matiquement tous les comportements esth\u00e9tiques. Cette position pencherait \u00e9videmment vers la g\u00e9n\u00e9ricit\u00e9 voire l\u2019inn\u00e9it\u00e9 du facteur esth\u00e9tique chez l\u2019Humain.<\/p>\n\n\n\n

Il y a 5 ans, les recherches et les pol\u00e9miques en esth\u00e9tique cognitive ont atteint le stade du d\u00e9bat, notamment sur le terrain francophone, de synth\u00e8ses d\u2019approches10<\/sup>\u00a0et de monographies des controverses11<\/sup>, qui sont \u00e9labor\u00e9es par les philosophes et les th\u00e9oriciens de l\u2019art ayant pour d\u00e9nominateur commun l\u2019\u00e9pist\u00e9mologie de la\u00a0naturalisation\u00a0<\/em>de l\u2019art et de sa science.<\/em><\/p>\n\n\n\n

Culture : l\u2019hypoth\u00e8se \u00ab m\u00e9diale \u00bb, les donn\u00e9es exp\u00e9rimentales r\u00e9centes et la r\u00e9-analogisation12<\/sup><\/h2>\n\n\n\n

La prise en compte de quelques \u00e9l\u00e9ments factuels apparus dans le cadre plus large des \u00e9tudes de la culture, r\u00e9oriente l\u2019esth\u00e9tique cognitive vers les perspectives qui ne r\u00e9pondent plus aux exigences de l\u2019objectivation cognitiviste du subjectif. Ni la sp\u00e9cificit\u00e9 ni la g\u00e9n\u00e9ricit\u00e9 de l\u2019art ne sont non plus \u00e0 prouver \u00e0 l\u2019aune des mutations \u00e9pist\u00e9mologiques que ces r\u00e9sultats ont provoqu\u00e9   :<\/p>\n\n\n\n

– L\u2019hypoth\u00e8se de la pr\u00e9sence \u00ab m\u00e9diale \u00bb de l\u2019Humain dans sa niche \u00e9cologique a permis d\u2019assimiler l\u2019art au domaine des m\u00e9dias, \u2013 les m\u00e9dias multi-sensoriels pr\u00e9-langagiers, le m\u00e9dia langagier et les techniques m\u00e9diales post-langagi\u00e8res \u00e0 dominante sensorielle (visuocentr\u00e9s, audiocentr\u00e9s et somatocentr\u00e9s). L\u2019art, pour exercer son minist\u00e8re, au lieu de se servir de diff\u00e9rents m\u00e9dias, est m\u00e9dia lui-m\u00eame, ou plut\u00f4t une sorte d\u2019exp\u00e9rimentation m\u00e9diale ayant pour but le prototypage cr\u00e9atif de nouveaux effets c\u00e9r\u00e9braux de m\u00e9dias.<\/p>\n\n\n\n

– Les r\u00e9centes \u00e9tudes de la culture humaine sur le fond de l\u2019hypoth\u00e9tique (plus pour longtemps) culture animale13 <\/sup>ont permis aux neurosciences la r\u00e9-investiture de la vision darwinienne.<\/p>\n\n\n\n

– Les avanc\u00e9es de l\u2019arch\u00e9ologie des aires langagi\u00e8res permettent la formulation des hypoth\u00e8ses \u00e0 la fois sur l\u2019anciennet\u00e9 du langage et sur la nature de la communication pr\u00e9-langagi\u00e8re14<\/sup>.<\/p>\n\n\n\n

– La d\u00e9couverte des caract\u00e9ristiques du substrat neuronal impl\u00e9mentant les techniques scripturales a permis d\u2019amorcer la ma\u00eetrise des m\u00e9canismes physiologiques propres aux m\u00e9dias post-langagiers15<\/sup>.<\/p>\n\n\n\n

– L\u2019hypoth\u00e8se de l\u2019externalisation du cerveau par la cr\u00e9ativit\u00e9 culturelle a permis de comprendre le r\u00f4le stabilisant et enrichissant de la culture en tant que pression symbolique exerc\u00e9e sur la niche \u00e9cologique16<\/sup>.<\/p>\n\n\n\n

– Les hypoth\u00e8ses concernant la propagation sociale et la transmission trans-g\u00e9n\u00e9rationnelle \u00e9pig\u00e9n\u00e9tique de la culture ont permis de s\u00e9lectionner les nouveaux types de substrats neuronaux candidats \u00e0 l\u2019impl\u00e9mentation des fonctions m\u00e9diales17<\/sup>.<\/p>\n\n\n\n

– Les technologies des m\u00e9dias informatis\u00e9s depuis la fin des ann\u00e9es 1990 (la quasi-totalit\u00e9 des m\u00e9dias) accusent actuellement le tournant de la r\u00e9-analogisation de leur versant p\u00e9riph\u00e9rique (capteurs et interfaces) qui correspond \u00e0 la diversification naturelle des influx nerveux abreuvant les organes sensoriels et les centres de la cognition sup\u00e9rieure impliqu\u00e9s dans les op\u00e9rations portant sur les symboles et les ontologies relationnelles18<\/sup>.<\/p>\n\n\n\n

Ce que l\u2019esth\u00e9tique apportera aux sciences cognitives \u2013 l\u2019\u00e9tat de l\u2019artefact<\/h2>\n\n\n\n

Le probl\u00e8me \u00e0 r\u00e9soudre par les cogniticiens face \u00e0 l\u2019art n\u2019est plus de comprendre comment les fonctions esth\u00e9tiques sont incarn\u00e9es dans les m\u00e9canismes neurophysiologiques. Les m\u00e9dias avec leur fer de lance artistique sont le moyen de contact avec le milieu. Ce contact s\u2019exerce circulairement, au moyen du biofeedback d\u2019une nature particuli\u00e8re. Le cerveau \u00e9tant \u00e0 l\u2019origine des artefacts continue \u00e0 les enrichir. La dynamique des artefacts stabilisant temporellement la repr\u00e9sentation de l\u2019environnement travaille de concours avec les \u00e9tats du cerveau et participe pleinement \u00e0 l\u2019\u00e9difice de tous les objets mentaux qui y prennent naissance. Les circuits c\u00e9r\u00e9braux n\u2019impl\u00e9mentent pas les \u00ab contenus \u00bb de la pens\u00e9e culturelle, ce sont toutes les connexions synaptiques et leurs trains de d\u00e9charge qui sont les contenus.<\/p>\n\n\n\n

Ce constat jette une lumi\u00e8re int\u00e9ressante sur la question de la \u00ab\u00a0nouveaut\u00e9\u00a0\u00bb. Si la perception de l\u2019environnement naturel est assur\u00e9e par les routines neurales \u00ab\u00a0ouvertes\u00a0\u00bb sur l\u2019\u00e9v\u00e9nementialit\u00e9, la perception de l\u2019environnement satur\u00e9 en artefacts demeure non seulement \u00ab\u00a0ouverte\u00a0\u00bb mais elle est de surcro\u00eet \u00ab\u00a0pro-ouverte\u00a0\u00bb, c\u2019est-\u00e0-dire les connexions synaptiques d\u00e9l\u00e9gu\u00e9es \u00e0 la fonction de l\u2019accueil des objets culturels sont des \u00ab\u00a0montages ad-hoc19<\/sup>\u00a0\u00bb. Si on peut postuler l\u2019existence d\u2019un auto-monitoring des \u00e9tats c\u00e9r\u00e9braux, le \u00ab\u00a0sentiment\u00a0\u00bb issu de la pratique active et passive de la cr\u00e9ativit\u00e9 culturelle ressemblerait \u00e0 la perception interne de l\u2019exp\u00e9rience de la construction du monde mental chez l\u2019Humain \u00e0 la sortie de la p\u00e9riode p\u00e9rinatale.<\/p>\n\n\n\n

Les artefacts produits par l\u2019effort du cerveau sont, dans leur temporalit\u00e9 et dans leur topologie perceptive et symbolique, bijectivement li\u00e9s, diraient les math\u00e9maticiens, \u00e0 la dynamique et \u00e0 la topologie propres aux objets mentaux. La difficult\u00e9 de raisonner dans le cadre de cette vision vient du fait que cette corr\u00e9lation ne met pas face \u00e0 face deux objets, \u2013 elle s\u2019engage \u00e0 mettre en miroir deux complexit\u00e9s… D\u2019un c\u00f4t\u00e9 se dresse l\u2019infinie richesse du monde, d\u2019un autre c\u00f4t\u00e9 la redoutable complexit\u00e9 c\u00e9r\u00e9brale, parachev\u00e9e par le processus de l\u2019hominisation, \u00e9tant toujours \u00e9volutive.<\/p>\n\n\n\n

Du point de vue strictement physiologique, les influx nerveux, pour prendre en charge le milieu environnant \u00e0 partir des donn\u00e9es sensorielles, se divisent en deux grosses cat\u00e9gories\u00a0: ceux qui, prolongeant les p\u00e9riph\u00e9ries du SNC, observent un hom\u00e9omorphisme entre le champ sensoriel dont ils d\u00e9pendent et l\u2019aire corticale correspondante20<\/sup>, et ceux, proches du n\u00e9ocortex, qui fonctionnent par rapport au monde monitor\u00e9, externe et interne, sur le mode de d\u00e9notation et de connotation symboliques. Si jusqu\u2019\u00e0 pr\u00e9sent la logique modale, pr\u00e9valant dans la science occidentale, s\u2019employait \u00e0 comprendre les relations directes entre la sph\u00e8re symbolique et le r\u00e9el, le vrai probl\u00e8me de la neurophysiologie actuelle est plut\u00f4t de comprendre quelles sont les relations entre les deux classes d\u2019influx nerveux, a-topiques et topiques. Le \u00ab\u00a0r\u00e9alisme cognitif\u00a0\u00bb \u00ab\u00a0squeeze\u00a0\u00bb en quelques sorte le tr\u00e9sor de la dialectique conceptuelle remontant \u00e0 l\u2019Antiquit\u00e9 grecque et d\u00e9centre le d\u00e9bat de la r\u00e9alit\u00e9 du r\u00e9el de l\u2019axe \u00ab\u00a0cerveau \/ r\u00e9el\u00a0\u00bb vers le terrain des m\u00e9canismes construits \u00ab\u00a0\u00e9cologiquement\u00a0\u00bb au cours de l\u2019Evolution sur l\u2019axe \u00ab\u00a0les organes de la perception \/ le cortex\u00a0\u00bb. Cette nouvelle dialectique \u00e9cologique dit en substance que l\u2019extension artefactuelle du cerveau s\u2019acquiert \u00e0 force de la r\u00e9-investiture esth\u00e9tique, au sens baumgartenien de\u00a0science de la sensorialit\u00e9, du cerveau.<\/p>\n\n\n\n

La th\u00e9orie du traitement c\u00e9r\u00e9bral \u00ab\u00a0biofeedbackal\u00a0\u00bb des aff\u00e9rences sensorielles, d\u00e9velopp\u00e9e par\u00a0Zeki21<\/sup>, donne un aper\u00e7u pertinent des processus neuro-culturels. Mais elle est peu convaincante au regard de la neuro-esth\u00e9tique que ce chercheur, proche dans sa m\u00e9thode de\u00a0Changeux, pr\u00e9tend de fonder dans les ann\u00e9es 1990. A notre connaissance, seules les analyses des variations picturales de Bacon sur le pape Innocent X par Vel\u00e1zquez, entreprises par\u00a0Lestocart22<\/sup>\u00a0proposent les consid\u00e9rations cognitives d\u00e9bouchant sur la compr\u00e9hension des processus du feedback bio-artefactuel. Le choix des variations sur une \u0153uvre pr\u00e9existante n\u2019est pas un hasard, au contraire \u2013 c\u2019est la seule voie permettant de savoir comment Bacon en s\u2019appuyant sur un artefact a pu livrer l\u2019exp\u00e9rience de l\u2019\u00e9mergence instable du sens symbolique \u00e0 partir de l\u2019encha\u00eenement neuronal r\u00e9tinotopique.<\/p>\n\n\n\n

Pour comprendre la circularit\u00e9 qui s\u2019engage entre le cerveau, les organes sensoriels et les artefacts culturels, il ne suffit pas de connaitre la mani\u00e8re dont cette circularit\u00e9 serait prise en charge par le cerveau. Au contraire, il faut comprendre la nature du substrat neuro-environnemental de l\u2019art et des m\u00e9dias lui-m\u00eame, sachant que l\u2019environnement est caract\u00e9ris\u00e9 par un certain coefficient de saturation en artefacts. Cette \u00ab\u00a0nature de l\u2019artefact\u00a0\u00bb est d\u00e9sormais le challenge \u00e9pist\u00e9mologique de l\u2019esth\u00e9tique cognitive et constitue l\u2019amorce de l\u2019apport d\u00e9cisif que des \u00e9tudes de l\u2019art et des m\u00e9dias apporteront aux sciences cognitives, un apport tellement sp\u00e9cifique qu\u2019aucun autre type d\u2019\u00e9tudes cognitives ne saura s\u2019y substituer.<\/p>\n\n\n\n

Notes<\/h2>\n\n\n\n

[1] Gibson, James J., \u00abThe ecological approach to the visual perception of pictures\u00bb, Leonardo<\/em>, vol. 11, 1978, pp. 227-235,<\/p>\n\n\n\n

[2] Arnheim, Rudolph, Art and Visual Perception: A Psychology of the Creative Eye<\/em>, Berkeley, University of California Press, 1974, 518 p. <\/p>\n\n\n\n

[3] W\u00f6lfflin, Heinrich, Prolegomena su einer Psychologie der Architektur<\/em>, Berlin, 1886. <\/p>\n\n\n\n

[4] Riegl, Alois, Die Entstehung der Barockkunst in Rom<\/em>, Vienna, Anton Schroll, 1908.<\/p>\n\n\n\n

[5] Franc\u00e8s, Robert, Psychologie de l’esth\u00e9tique<\/em>, Paris, Presses Universitaires de France, 1968. <\/p>\n\n\n\n

[6] Changeux, Jean-Pierre, La beaut\u00e9 dans le cerveau<\/em>, Paris, Odile Jacob, 2016. <\/p>\n\n\n\n

[7] Lemarquis, Pierre, Portrait du cerveau en artiste<\/em>, Paris, Odile Jacob, 2012. <\/p>\n\n\n\n

[8] Freedberg, David et Vittorio Gallese, \u00abMotion, emotion and empathy in esthetic experience\u00bb, Trends in Cognitive Sciences<\/em>, vol. 11, 2007, p. 197\u2013203.<\/p>\n\n\n\n

[9] Berlyne, Daniel Ellis, et<\/em> al<\/em>., Conflict, Arousal and Curiosity<\/em>, New York, Martino Fine Books, 1974,<\/p>\n\n\n\n

[10] Couchot, Edmond, Nature de l’art\u00a0: ce que les sciences cognitives nous r\u00e9v\u00e8lent sur le plaisir esth\u00e9tique<\/em>, Paris, Hermann, 2012. <\/p>\n\n\n\n

[11] Morizot, Jacques (dir.), Naturaliser l\u2019esth\u00e9tique\u00a0?<\/em>, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014. <\/p>\n\n\n\n

[12] Ce chapitre r\u00e9sume la partie centrale de notre dernier ouvrage Sobieszczanski, Marcin, 2015, Les m\u00e9dias immersifs informatis\u00e9s. Raisons cognitives de la r\u00e9-analogisation, Bern, Peter Lang.<\/p>\n\n\n\n

[13] Bukovac, Zoe, Dorin, Alan, Finke, Valerie, & al., \u00abAssessing the ecological signi\ufb01cance of bee visual detection and colour discrimination on the evolution of \ufb02ower colours\u00bb, Evolutionary Ecology<\/em>, ao\u00fbt 2016, <\/p>\n\n\n\n

[14] De Beaune, Sophie A., \u00abL\u2019\u00e9mergence des capacit\u00e9s cognitives chez l\u2019homme. : 1, Les premiers hominid\u00e9s. 2, Les N\u00e9andertaliens, 3, Le processus de l\u2019invention : approche cognitive\u00bb, dans Ren\u00e9 Treuil, L\u2019arch\u00e9ologie cognitive<\/em>, Maison des Sciences de l\u2019Homme, 2011, p.33-90.<\/p>\n\n\n\n

[15] Roux, F.-E., Dufor, O., Giussani, C., & al. \u00abGraphemic\/Motor Frontal Area: Exner\u2019s Area Revisited\u00bb, Annals of Neurology<\/em>, July 2009.<\/p>\n\n\n\n

[16] Sobieszczanski, Marcin, op. cit<\/em>.<\/p>\n\n\n\n

[17] Jablonka, Eva, Marion Lamb, Epigenetic Inheritance and Evolution: The Lamarckian Dimension<\/em>, Oxford, Oxford University Press, 1995. <\/p>\n\n\n\n

Jablonka, Eva, Marion Lamb, Evolution in Four Dimensions – Genetic, Epigenetic, Behavioral, and Symbolic Variation in the History of Life<\/em>, Cambridge, MIT Press, 2005. <\/p>\n\n\n\n

[18] Sobieszczanski, Marcin,\u00a0op. cit.<\/em><\/p>\n\n\n\n

[19] Dokic, J\u00e9r\u00f4me, \u00abSituated representations and ad hoc concepts\u00bb, in Mar\u00eda Jos\u00e9 Fr\u00e1polli (dir.), Saying, Meaning and Referring: Essays on Fran\u00e7ois Recanati’s Philosophy of Language<\/em>, Londres, Palgrave-Macmillan, 2007. <\/p>\n\n\n\n

[20] Hoffart, Louis, J. Conrath, Fr\u00e9d\u00e9ric Matonti, et al<\/em>., \u00ab\u00c9tude en IRM fonctionnelle 3T de l\u2019organisation r\u00e9tinotopique du cortex visuel\u00bb, Journal Fran\u00e7ais d’Ophtalmologie<\/em>, vol. 30, n\u00b0 8, octobre 2007. <\/p>\n\n\n\n

[21] Ishizu, Tomohiro, Semir Zeki, \u00abA neurobiological enquiry into the origins of our experience of the sublime and beautiful\u00bb, Frontiers in Human Neuroscience<\/em>, 11 novembre 2014.<\/p>\n\n\n\n

[22] Lestocart, Louis-Jos\u00e9, L\u2019exp\u00e9rience dynamique, Complexit\u00e9, neurodynamique et esth\u00e9tique<\/em>, Paris, L\u2019Harmattan, 2012. <\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Pour les fondateurs de l\u2019esth\u00e9tique cognitive, les comportements esth\u00e9tiques ont r\u00e9v\u00e9l\u00e9 d\u00e8s le d\u00e9part la r\u00e9union savante des sciences cognitives et des connaissances en mati\u00e8re d\u2019art.\u00a0Gibson1 a associ\u00e9 les pratiques de l\u2019art \u00e0 la perception et \u00e0 la repr\u00e9sentation mentale de l\u2019espace environnemental,\u00a0Arnheim2\u00a0les a rattach\u00e9es aux fonctions sup\u00e9rieures de la production du sens de l\u2019objet … Continued<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[1],"tags":[32],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1059"}],"collection":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=1059"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1059\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":1061,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1059\/revisions\/1061"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=1059"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=1059"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=1059"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}