{"id":1079,"date":"2016-12-01T14:55:57","date_gmt":"2016-12-01T14:55:57","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=1079"},"modified":"2022-11-10T14:57:33","modified_gmt":"2022-11-10T14:57:33","slug":"decembre-2016-les-reseaux-sociaux-et-lexposition-de-soi","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/decembre-2016-les-reseaux-sociaux-et-lexposition-de-soi\/","title":{"rendered":"D\u00e9cembre 2016 – Les r\u00e9seaux sociaux et l’Exposition de Soi"},"content":{"rendered":"\n

Raconter notre vie para\u00eet une des choses les plus ordinaires qui soient. Une expression de l\u2019unique, dans le fait o\u00f9 chacun r\u00e9v\u00e8le son intime \u00e0 sa mani\u00e8re. Par-del\u00e0 nos diff\u00e9rentes mani\u00e8res de travailler, nous consid\u00e9rons tous (peut-\u00eatre \u00e0 tort) que notre r\u00f4le se limite fondamentalement \u00e0 d\u00e9voiler, recueillir et enregistrer des traces suppos\u00e9es \u00eatre autant de bribes visibles d\u2019une v\u00e9rit\u00e9 cach\u00e9e ou inaccessible de nos r\u00e9els. Les circonstances de la r\u00e9alisation de ces figures de r\u00e9v\u00e9lation varient d\u2019un spectateur \u00e0 l\u2019autre, d\u2019un moment \u00e0 un autre. Ces travaux personnels accompagnent les moments de crises de l\u2019adolescence, ou encore des \u00e9v\u00e8nements m\u00e9morables. Cette pratique est ambivalente tant elle est une mani\u00e8re de confession ou d\u2019exhibition, questionnement de Soi par Soi, dans une vis\u00e9e morale et th\u00e9rapeutique.<\/p>\n\n\n\n

Essayer de comprendre et rassembler la vie. Exprimer une col\u00e8re, une faiblesse, une passion. Cela peut aussi \u00eatre une intention de t\u00e9moignage du quotidien. Comme objet d\u2019\u00e9tude, l\u2019intime int\u00e9resse autant le sociologue, le psychologue, l\u2019historien en litt\u00e9rature que celui des coutumes, et derni\u00e8rement beaucoup d\u2019artistes, en raison de cet int\u00e9r\u00eat croissant pour la recherche \u00e0 forme historique sur la vie quotidienne et ses repr\u00e9sentations. Plusieurs formes existent au d\u00e9voilement de l\u2019intime. Or, dans tous les aspects, la\u00a0photographie-document\u00a0n\u2019enregistre jamais sans que les photographes ne construisent par une suite de choix, conscient ou non, cette r\u00e9alit\u00e9 et cette v\u00e9rit\u00e9 qu\u2019ils croient devoir seulement capter. J\u2019en reviens \u00e0\u00a0Martin Parr\u00a0qui, en tant que photographe, n\u2019enregistre ni le r\u00e9el ni sa v\u00e9rit\u00e9 mais la construction qu\u2019il en a esth\u00e9tiquement, faite avec ses propres moyens photographiques : le cadrage, la distance, le point de vue, l\u2019instant de la saisie, la vitesse. Photographie documentaliste. Si la photographie est une vraie machine \u00e0 enregistrer, le clich\u00e9 ne prend jamais que des constructions des fictions du r\u00e9el.<\/p>\n\n\n\n

\"\"
Martin Parr, autoportrait<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
\"\"
Martin Parr, autoportrait<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
\"\"
Martin Parr, autoportrait<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
\"\"
Martin Parr, autoportrait<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

D\u2019abord, sous la forme d\u2019un journal intime, l\u2019\u00e9criture se fait au fil du temps. Ce n\u2019est rien d\u2019autre qu\u2019un cahier de quelques pages, renouvel\u00e9es si besoin est, instruisant l\u2019\u0153uvre de toute une vie. \u0152uvre de toute une vie ; un brouillon ou encore une man\u0153uvre ordonn\u00e9e suivie par une \u00e9criture cherchant la perfection. Les appellations peuvent changer selon les contenus. Nous pouvons parler de journal de voyage, de journal de bord, de spiritualit\u00e9 et de journal \u00e9non\u00e7ant les gratitudes quotidiennes. L\u2019expression fran\u00e7aise \u00ab journal intime \u00bb est arriv\u00e9e pour ne pas \u00eatre confondue avec journal quotidien, celui de la presse quotidienne : \u00ab L\u2019intimit\u00e9 n\u2019est venue au journal que tard dans son histoire, elle n\u2019est qu\u2019une modalit\u00e9 secondaire\u2026\u00bb (Lejeune et Bogaert, 2006, p. 23) Les journaux intimes comportent des sujets diff\u00e9rents m\u00eame si les auteurs diaristes sont uniques, proposant \u00e0 chaque journal des intentions distinctes. Les causes d\u2019\u00e9criture peuvent \u00eatre consacr\u00e9es \u00e0 la vie amoureuse, aux fantasmes et aux r\u00eaves, d\u2019autres servent \u00e0 raconter le quotidien, le mal-\u00eatre ou la parole qui manque et qui ne saurait \u00eatre dite \u00e0 l\u2019entourage, \u00e0 l\u2019aim\u00e9e, \u00e0 l\u2019ami. Forme de gu\u00e9rison et employant des tournures distinctes d\u2019un auteur \u00e0 l\u2019autre, d\u2019une personne \u00e0 l\u2019autre, artifice chez les uns, r\u00e9alit\u00e9s concr\u00e8tes chez d\u2019autres, catalogue de possibilit\u00e9s infinies. La r\u00e9daction du contenu d\u00e9pend toujours de celui qui se r\u00e9pand avec son \u00e9criture dans sa banalit\u00e9, avantage avanc\u00e9, simplicit\u00e9 ne risquant pas d\u2019ennuyer certains lecteurs. Un \u00e9l\u00e9ment primordial appara\u00eet en la transcription isol\u00e9e de la date, formant ainsi l\u2019image imm\u00e9diate du journal intime. Sans ce pr\u00e9cepte, il s\u2019agira d\u2019un carnet de notes.<\/p>\n\n\n\n

Bref historique<\/h2>\n\n\n\n

Les premiers journaux intimes nous font remonter \u00e0 la fin du 10\u00e8me, d\u00e9but du 11\u00e8me si\u00e8cle et viennent du Japon. A cette \u00e9poque, les courtisanes japonaises notaient dans de petits carnets, livres de chevet d\u2019o\u00f9 le nom de \u00ab Pillows Books1<\/sup>\u00a0\u00bb :<\/p>\n\n\n\n

Les\u00a0Notes de chevet<\/em>\u00a0se composent de nombreuses notes, impressions sur le vif de l’auteur, abordant tour \u00e0 tour les choses qu’il aime ou d\u00e9teste voir, \u00e9couter, manger et boire, ainsi que d’historiettes au sein de la cour imp\u00e9riale, des po\u00e9sies et quelques avis sur ses contemporains. Alors que c’est surtout un travail personnel, l’\u00e9criture et les comp\u00e9tences po\u00e9tiques de\u00a0Sh\u014dnagon\u00a0le rendent int\u00e9ressant comme \u0153uvre litt\u00e9raire, et il s’agit d’un pr\u00e9cieux document historique. Une partie a \u00e9t\u00e9 r\u00e9v\u00e9l\u00e9e \u00e0 la Cour, par accident, du vivant de\u00a0Sh\u014dnagon2<\/sup>. Ces carnets sont plus pr\u00e9cis qu\u2019un simple enregistrement d\u2019\u00e9v\u00e8nements, les premi\u00e8res diaristes ajoutaient des parcelles de sentiments, des parcelles de fiction au journal, des r\u00eaveries, des \u00e9motions\u2026. Les r\u00e9dacteurs de journaux intimes sont le plus souvent des \u00eatres qui ont des probl\u00e8mes psychologiques, des notions de rapport aux autres diff\u00e9rentes et des moments intenses de timidit\u00e9 pour ne pas pouvoir exposer verbalement, quelque soit le sujet.<\/p>\n\n\n\n

Ces personnes peuvent aussi \u00eatre dans un mal-\u00eatre constant vis-\u00e0-vis de leur entourage, de la soci\u00e9t\u00e9, d\u2019une fa\u00e7on invent\u00e9e ou r\u00e9elle, d\u2019une mani\u00e8re de penser fictive ou abordant le fantasme. Leur appartenance \u00e0 toutes les couches sociales ne peut nous aider \u00e0 d\u00e9terminer\u00a0des status<\/em>\u00a0de chacun des auteurs. La majorit\u00e9 f\u00e9minine se d\u00e9finit historiquement par les contrats sociaux de chaque \u00e9poque, montrant des femmes mises \u00e0 l\u2019\u00e9cart de la vie sociale publique, pourvoyant chaque femme de la libert\u00e9 d\u2019action \u00e0 \u00e9crire sa vie dans cet espace qu\u2019elle avait le \u00ab loisir \u00bb de se cr\u00e9er. Certains des journaux intimes \u00e9crits par des femmes ou des jeunes filles sont devenus c\u00e9l\u00e8bres, comme ceux de\u00a0Marie Bashkirtseff,\u00a0Catherine Bogaert,\u00a0Ana\u00efs Nin,\u00a0Virginia Woolf… Tenir un journal, pour ces femmes, est devenu une mani\u00e8re de vivre (libre), d\u2019accompagner leur vie, moyen excellent afin de garder en m\u00e9moire les instants de leur vie, les moments, image sans image, d\u2019un pass\u00e9 revenu \u00e0 la surface de la lecture, d\u2019avoir une certaine id\u00e9e de SOI : \u00ab Une fois qu\u2019on s\u2019est projet\u00e9 sur le papier, on peut prendre le recul du regard\u2026 \u00bb (Lejeune et Bogaert, 2006, p. 29)<\/p>\n\n\n\n

Depuis une vingtaine d\u2019ann\u00e9es, le mode \u00ab journal intime \u00bb a pris un essor important dans la librairie et chez les \u00e9diteurs. Les textes d\u2019inspiration autobiographique ont largement contribu\u00e9 \u00e0 ce d\u00e9veloppement des r\u00e9seaux sociaux faisant changer les statuts : la pratique est sortie de sa clandestinit\u00e9 pour devenir un objet, non seulement d\u2019\u00e9tudes mais en compl\u00e9ment des rencontres, colloques, chroniques, ou simplement des amateurs.\u00a0Philippe Lejeune\u00a0est un auteur qui enqu\u00eate sur les journaux personnels et intimes voire tr\u00e8s intimes lus sur les ordinateurs, y compris les espaces sociaux o\u00f9 sont invent\u00e9es de nouvelles\u00a0intimit\u00e9s conviviales<\/em>\u00a0(deux mots qui ne devraient pas cohabiter) au fil des \u00e9changes entre diffuseurs plus ou moins anonymes. L\u2019intimit\u00e9 cesse d\u2019\u00eatre une image du retrait pour devenir un terrain de partages et d\u2019\u00e9changes. La pratique du cyberjournal sur Internet s\u2019est d\u00e9velopp\u00e9e depuis le milieu des ann\u00e9es 1990, quand cet espace de vie est entre jeunes et adultes, tenus sous des pseudonymes et cette fa\u00e7on de se cacher permet des \u00e9critures comme dans les cahiers ou les carnets cadenass\u00e9s. Le commentaire comprend que la s\u00e9curit\u00e9 virtuelle de ces cahiers intimes est aussi la repr\u00e9sentation du cadenas auquel est adjoint un mot de passe, sophistication du mod\u00e8le. L\u2019internet<\/em>\u00a0permet d\u2019\u00e9loigner la solitude ressentie en \u00e9crivant un cahier. La destination pour soi devient la destination pour quelqu\u2019un d\u2019autre ou quelques autres. : \u00ab C\u2019est un milieu o\u00f9 on peut se faire des amis. \u00bb (Lejeune et Bogaert, 2006, p. 226)<\/p>\n\n\n\n

Ce mode d\u2019\u00e9criture et de r\u00e9ception des fantasmes ou des r\u00e9alit\u00e9s, tenu sur le Web, est une pratique devenue difficile \u00e0 entretenir car contraignante et\u00a0addictive<\/em>. Cette fa\u00e7on demande une r\u00e9gularit\u00e9 dans la forme d\u2019\u00e9criture, dans la mise \u00e0 jour r\u00e9guli\u00e8re du texte quand il faut plaire, savoir attirer les lecteurs, conserver l\u2019esprit \u00e0 fournir aux lecteurs. Mais, nous pouvons dire que l\u2019\u00e9criture sur\u00a0internet<\/em>\u00a0appartient \u00e0 des gens ayant le besoin de se pr\u00e9senter aux autres, profitant de l\u2019anonymat, pour ex\u00e9cuter un d\u00e9voilement, pratique anim\u00e9e du d\u00e9sir de vivre \u00ab cach\u00e9-montr\u00e9 \u00bb, jeu de regard, jeu de double personnalit\u00e9. On peut penser que \u00ab parler \u00bb, \u00e9crire sur l\u2019espace virtuel, m\u00eame cr\u00e9er, c\u2019est, en premier, parler de soi comme le font pratiquement tous les auteurs et artistes dans leurs premiers opus ; \u00ab bloc note \u00bb, \u00ab blog note \u00bb, formule id\u00e9ale dans chaque cerveau permettant de s\u2019exprimer, d\u2019\u00eatre lu potentiellement par des internautes du monde entier, pr\u00e9sence de lecteurs imm\u00e9diats, r\u00e9actions souvent abruptes et non-r\u00e9visables puisque aussit\u00f4t n\u00e9es aussit\u00f4t disparues. Installation d\u2019une forme de d\u00e9pendance aux autres malgr\u00e9 le sentiment d\u2019intimit\u00e9 poursuivi dans ce qui est \u00e9crit3<\/sup>. J\u2019en d\u00e9duis que la communication g\u00eane et modifie tr\u00e8s certainement l\u2019authenticit\u00e9 du verbe et de l\u2019expression par l\u2019appartenance aux r\u00e9seaux sociaux.<\/p>\n\n\n\n

Internet ne fait que particulariser ce qui devrait rester personnel. Public et intimit\u00e9 sont contradictoires et pourtant ne sont compris que dans ce sens du m\u00e9lange des genres. La majorit\u00e9 des cyber-diaristes \u00e9crivent pour se concevoir eux-m\u00eames et entre eux dans une forme \u00e9l\u00e9mentaire. Ils veulent t\u00e9moigner, proposer \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur quelque chose de personnel en vue de se confondre avec l\u2019int\u00e9riorit\u00e9 d\u2019autrui. Mais, cette apparente simplicit\u00e9 se heurte \u00e0 la capacit\u00e9 \u00e0 supporter le regard de celui qui va lire. Il faut bien reconna\u00eetre qu\u2019\u00e9crire en ou pour du public, est une mise en danger, fa\u00e7on d\u2019aider \u00e0 comprendre des points de faiblesse. \u00ab Cependant, le diariste a conscience que la divulgation de carnets implique une certaine prudence : il ne s\u2019agit pas de devenir \u00ab incolore \u00bb ou \u00ab inodore \u00bb mais il faut apprendre \u00e0 \u00ab travestir \u00bb. Le site est r\u00e9guli\u00e8rement visit\u00e9 : s\u2019amorcent des correspondances avec des lecteurs, parfois un peu plus\u2026\u00bb (Simonet-Tenant, 2004, p. 170) Cette auto-analyse s\u2019apparente \u00e0 de l\u2019autofiction<\/em>publique et fait partie int\u00e9grante d\u2019une th\u00e9rapie qui peut obliger \u00e0 la pr\u00e9sence de \u00ab tiers \u00e9coutant \u00bb. Cette exposition de l\u2019intimit\u00e9, cette mise \u00e0 nu fragilise ou rend son auteur plus fort L\u2019affrontement des \u00e9v\u00e8nements, des r\u00e9alit\u00e9s per\u00e7ues, rend la personne moins vuln\u00e9rable.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019intimit\u00e9 et l\u2019intime deviennent de moins en moins intimes, repr\u00e9sentation du MOI dans la sph\u00e8re publique. Nous pouvons examiner les diverses modalit\u00e9s de la fictionnalisation de SOI dans les variantes de l\u2019autofiction<\/em>\u00a0pour un but peut-\u00eatre th\u00e9rapeutique, dans un roman autobiographique ou\u00a0photo biographique<\/em>. Ainsi le\u00a0Journal-th\u00e9rapie<\/em>4<\/sup>, diff\u00e9rent du journal intime traditionnel quand on se contente d\u2019\u00e9crire sa vie, les \u00e9v\u00e8nements qui la composent, lucidit\u00e9 de SOI, m\u00eame non apparente.<\/p>\n\n\n\n

En somme, le journal intime a bien chang\u00e9 depuis quelques ann\u00e9es. Au fil des ans, il est maintenant publi\u00e9, lu et relu, tenu par une vari\u00e9t\u00e9 croissante de diaristes d\u2019un peu partout. Nous lui reconnaissons des vertus th\u00e9rapeutiques, il est \u00e9tudi\u00e9 dans les cours de litt\u00e9rature, il est un outil p\u00e9dagogique et les internautes se font plaisir dans leurs publications en ligne. Initialement et exclusivement \u00e9crit sur papier, aujourd\u2019hui le support ne s\u2019arr\u00eate plus \u00e0 cela. L\u2019\u00e9vasion du monde du papier par les diaristes apporte des solutions, telle la photographie (reportage du quotidien ou journal intime), c\u2019est le compte-rendu du quotidien, r\u00e9sidu du processus cr\u00e9ateur, pr\u00e9texte \u00e0 l\u2019exploration des limites.<\/p>\n\n\n\n

Tout dire, tout.<\/h2>\n\n\n\n

Tout est une reconstruction : \u00e9crit personnel, devenant journal sans m\u00eame que je puisse m\u2019en rendre compte sur le champ. Des ann\u00e9es de correspondances conserv\u00e9es sans jamais \u00eatre communiqu\u00e9es aux principaux int\u00e9ress\u00e9s, piles d\u2019albums photos dont certains sont annot\u00e9s sur leur arri\u00e8re, des citations favorites \u00e9crites au fil des jours dans les agendas, des nota, des mots par-ci par-l\u00e0 sur des morceaux de calendrier, des bouteilles, des billets. Le journal intime prend dor\u00e9navant tant de formes \u00e0 l\u2019image de notre temps, de notre propre personnalit\u00e9. C\u2019est sous la forme de bo\u00eetes contenant des feuillets cartonn\u00e9s sur lesquels sont coll\u00e9s des dessins qu\u2019Ilya Kabakov5<\/sup>\u00a0pr\u00e9sente ses tableaux. En feuilletant ses planches, ce geste est ici compris comme celui du temps et dans cet agencement, un texte vient s\u2019inscrire en marge ou \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur des dessins6<\/sup>. Des dessins de personnages, des caract\u00e8res avec leurs affections, leurs obsessions, th\u00e9\u00e2tre intime, ils nous invitent \u00e0 regarder notre propre th\u00e9\u00e2tre intime. Le rapport de l\u2019artiste au journal intime est un rapport critique, il nous montre que \u00ab l\u2019exposition de soi, ce jeu de \u00ab je \u00bb ne peut g\u00e9n\u00e9rer que l\u2019ennui \u00bb (Simonet-Tenant, 2004, p. 34). <\/p>\n\n\n\n

Ces artistes cit\u00e9s, leurs \u0153uvres sont plac\u00e9es sous le signe d\u2019une \u00e9criture du temps et de son analyse puisqu\u2019il s\u2019agit d\u2019une mani\u00e8re de d\u00e9voilement du v\u00e9cu, de soi, de moi, de l\u2019autre dans le regard de soi, d\u00e9voilement dans la dur\u00e9e par del\u00e0 le temps. Il s\u2019agit pour ces auteurs des m\u00eames travaux que le diariste puisse effectuer ces recherches \u00ab qui tissent temps, dessin et existence en un seul fil\u2026\u00bb (Simonet-Tenant, 2004, p. 28) La sp\u00e9cificit\u00e9 du journal tient essentiellement \u00e0 sa dimension temporelle. Il n\u2019est pas question d\u2019atteindre une construction d\u2019un MOI possible, seulement pour une synth\u00e8se du temps. C\u2019est donc une \u00e9criture au jour le jour se faisant et devenant une reconstitution du \u00ab JE \u00bb sur le mode de la fragmentation, de l\u2019\u00e9parpillement. Les \u00e9v\u00e8nements de la vie sont d\u00e9pos\u00e9s sans une logique n\u00e9cessaire, mais sur l\u2019\u00e9coulement du temps\u00a0bergsonien, par les jours qui se succ\u00e8dent. Le journal devient alors l\u2019emplacement du temps de l\u2019\u00e9criture et celui des \u00e9v\u00e8nements, lieu du temps de l\u2019\u00e9criture de ce qui n\u2019est plus, cessant d\u2019\u00eatre.<\/p>\n\n\n\n

La forme d\u2019intimit\u00e9, de nos jours, ne se pose plus en configuration close, changement de statut : sortant de son cercle habituel \u00ab forme propre de l\u2019intime\u00a0\u00bb (Simonet-Tenant, 2004, p. 56) s\u2019ouvrant \u00e0 la communication, aux multitudes interf\u00e9rences publiques. J\u2019ai \u00e0 consid\u00e9rer l\u2019intimit\u00e9 comme une interface d\u2019interactions avec l\u2019apparition des r\u00e9seaux \u00e9lectroniques, num\u00e9riques, infiltration de l\u2019internet, des t\u00e9l\u00e9phones cellulaires sophistiqu\u00e9s, la t\u00e9l\u00e9vision et les talk-shows\u2026. La communication actuelle trouve son terrain sur les r\u00e9seaux num\u00e9riques, dans la distribution des informations ; tous les journaux intimes, forme de blog num\u00e9rique, existent, se mettent en place et ne cessent de se multiplier. J\u2019ai aper\u00e7u pendant cette recherche qu\u2019un d\u00e9veloppement allait perturber les diaristes et les \u00ab secouer \u00bb en tant que cyber-diaristes : il s\u2019agit du dispositif appel\u00e9 \u00ab Webcam \u00bb. Avec cet \u00e9trange dispositif, ayant agit\u00e9 et modifi\u00e9 les conduites de chacun, les images vues ne sont plus fixes comme des graffitis ou dessins, mais, sont des \u00ab images vivantes \u00bb aussit\u00f4t captur\u00e9es aussit\u00f4t diffus\u00e9es, voyages incontr\u00f4lables et autonomes ; prises de vue du quotidien se mettant en interface avec l\u2019image principale, captation au jour le jour et sous l\u2019emprise du r\u00e9seau \u00e0 des heures d\u00e9termin\u00e9es, empruntant les chemins virtuels sur lesquels nos propres ordinateurs sont reli\u00e9s en oubliant notre responsabilit\u00e9 quant au fait que le branchement existe. Nous n\u2019avons aucun effort esth\u00e9tique \u00e0 produire, la r\u00e9alit\u00e9 des choses sert \u00e0 la mise en place de l\u2019image directe. La seule image ayant un contr\u00f4le \u00e9volutif revient \u00e0 la page d\u2019accueil d\u2019ouverture sur le web, page d\u2019appel qui se veut et se doit d\u2019\u00eatre attractive pour offrir l\u2019envie d\u2019ouvrir le site.<\/p>\n\n\n\n

La premi\u00e8re personne \u00e0 saisir les possibilit\u00e9s offertes par la Webcam est cette jeune am\u00e9ricaine,\u00a0Jennifer Ringley, devenue mod\u00e8le \u00e0 suivre pour les futurs \u00ab webcam\u00e9s \u00bb. Sa vie peut y \u00eatre consult\u00e9e quotidiennement. Le couple Ricket et Corrie et le couple Ashley et Chris dont le site\u00a0Cute Couples\u00a0montre, \u00e9tale, expose toute leur vie. Shannon cr\u00e9e son site\u00a0Shancam\u00a0o\u00f9 elle est pr\u00e9sente et se fait voir 24 heures sur 24 dans ses espaces comprenant chambre \u00e0 coucher, salle de bain, cuisine et salon. Elle \u00e9crit : \u00ab j\u2019ai deux m\u00e9tiers, ing\u00e9nieur domestique et propri\u00e9taire\/g\u00e9rante d\u2019une aventure sur internet. \u00bb Toutes ces cr\u00e9atrices de sites racontent leurs journ\u00e9es, leurs joies et leurs d\u00e9sarrois en continu, alors que l\u2019espace temps du regardeur est bien diff\u00e9rent dans la mesure o\u00f9 celui-ci est dans l\u2019obligation de mettre des temps d\u2019arr\u00eat variables dans ses occupations et prendre la position de voyeur. La solution que nous apercevons l\u00e0, qui vaut pour toutes les solutions de journaux intimes, qu\u2019elles soient par le virtuel ou le r\u00e9el, est un sauvetage de la personnalit\u00e9 de cette personne (blogeuse) qui s\u2019enfuie en demeurant devant des tierces personnes et en illustrant une certaine difficult\u00e9 \u00e0 s\u2019exprimer clairement.<\/p>\n\n\n\n

\"\"
Jennycam, Jennifer Ringley<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Une autre am\u00e9ricaine JEN a lanc\u00e9 son site en 2000 sous un nom de code Jen\u2019Ex retransmet son univers quotidien, expliquant que le site pr\u00e9sente sa page de mani\u00e8re anonyme, afin de montrer \u00e0 quoi les ressources de cette technologie peuvent \u00eatre utilis\u00e9es. Le site ne fait pas l\u2019inventaire de sa vie telle qu\u2019il y para\u00eet, seules quelques cam\u00e9ras sont r\u00e9ellement point\u00e9es sur elle et uniquement dans des lieux choisis. Ces cam\u00e9ras ne diffusent pas la vid\u00e9o et le son en temps r\u00e9el, les images sont captur\u00e9es selon un planning pr\u00e9\u00e9tabli. Quand on regarde avec la webcam, on ne peut percevoir le mouvement puisque les images diffus\u00e9es se \u00ab rafra\u00eechissent \u00bb toutes les quinze secondes : ce qui veut dire que toutes les 15 secondes une nouvelle image se pr\u00e9sente. L\u2019internaute ne per\u00e7oit de cette fa\u00e7on que le changement, pourtant la prise de vue est continue. Ce qui conf\u00e8re au regardeur, l\u2019internaute, une attente d\u2019image \u00ab int\u00e9ressante \u00bb et le plonge dans cette expectative en permanence. Quand je dis \u00ab image int\u00e9ressante \u00bb, il est question d\u2019une image o\u00f9 le sentiment de lassitude, \u00e9puisement qui se produit apr\u00e8s avoir contempl\u00e9 une ou deux images successives et semblables et dont l\u2019action est placide, s\u2019interrompt. L\u2019absence de personne physiquement pr\u00e9sente dans le clich\u00e9 provoque une attente compl\u00e9mentaire de l\u2019action \u00e0 venir qui subsiste jusqu\u2019au moment de l\u2019arriv\u00e9e de la personne film\u00e9e ou du d\u00e9part de l\u2019internaute. \u00ab La Webcam se pr\u00e9sente comme une machine \u00e0 photographier qui en livre parfois de belles (photographies) mais \u00e9galement beaucoup d\u2019inint\u00e9ressantes. \u00bb (Thely, 2002, p. 33)<\/p>\n\n\n\n

La\u00a0Webcam<\/em>\u00a0est une machine \u00e0 images, des images, une infinit\u00e9 d\u2019images. On ne peut pas s\u2019arr\u00eater de regarder avec le mode\u00a0webcam<\/em>\u00a0parce qu\u2019elle diffuse continuellement de nouvelles repr\u00e9sentations. La projection de la vie de personnes film\u00e9es ne s\u2019arr\u00eate pas, sauf dans des cas extr\u00eame d\u2019une catastrophe ou d\u2019un renoncement \u00e0 cette aventure, ce qui est rare. Par contre, la pr\u00e9sence d\u2019une image, fixe pendant un bon moment, accompagn\u00e9e d\u2019un petit texte inscrit dans des endroits pr\u00e9cis de l\u2019\u00e9cran, annonce l\u2019absence de la personne. Pour l\u2019internaute, aucun int\u00e9r\u00eat \u00e0 attendre pour ce genre de photographie un retour qui peut durer une ou deux heures et parfois plus… De temps \u00e0 autres, la pr\u00e9sence d\u2019une image fixe fausse la compr\u00e9hension de l\u2019internaute puisqu\u2019elle est pr\u00e9sente comme un \u00ab d\u00e9doublement de la r\u00e9alit\u00e9. On ne voit que ce que l\u2019on veut nous montrer. Ici, dans ce contexte, cette image op\u00e8re comme une image \u00e9cran\u00a0\u00bb (Thely, 2002, p. 39). En comparaison, Corrie, contrairement \u00e0 ShanCam et au Cute Couples, montre toujours ce qu\u2019elle veut montrer. Gr\u00e2ce \u00e0 son petit \u00e9cran LCD et \u00e0 sa cam\u00e9ra vid\u00e9o, elle a un retour de ce qu\u2019elle filme, ne pr\u00e9sentant jamais une proposition quelconque. L\u2019image de la\u00a0Webcam<\/em>\u00a0est une image silencieuse, comme une photographie. Le spectateur qui est devant une image muette ne peut savoir ce qui se dit \u00e0 ce moment-l\u00e0 et doit juste deviner. N\u00e9cessairement deviner.<\/p>\n\n\n\n

Le journal intime appartient \u00e0 la cat\u00e9gorie des \u00e9crits personnels (au m\u00eame titre que l\u2019autobiographie ou que les m\u00e9moires), mais qu\u2019il ne s\u2019adresse qu\u2019\u00e0 l\u2019auteur lui-m\u00eame, il est exempt de tout souci de repr\u00e9sentation. Le diariste, l\u2019auteur du journal intime, se d\u00e9voile dans la plus grande sinc\u00e9rit\u00e9. L\u2019\u00e9criture n\u2019est plus un masque mais un r\u00e9v\u00e9lateur. Dans l\u2019intimit\u00e9 de la r\u00e9daction quotidienne de son journal, l\u2019\u00e9crivain ne cherche ni \u00e0 se mentir, ni \u00e0 mentir aux autres : toute forme de fiction tend \u00e0 \u00eatre abolie. Il existe, toutefois, de \u00ab faux diariste \u00bb : c’est-\u00e0-dire des \u00e9crivains qui publient leurs journaux, les retouchent et font dispara\u00eetre cette spontan\u00e9it\u00e9, si touchante par exemple, dans le journal d\u2019Anne Franck7<\/sup>. \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Dire et \u00e9crire en son carnet, son journal ou son blog devient cette facilit\u00e9 r\u00e9paratrice, salvatrice. Il existe des cas de suicide o\u00f9 les cons\u00e9quences du b\u00e9gaiement (devant une personne, devant la page blanche ou devant son \u00e9cran) sont un facteur av\u00e9r\u00e9, reconnu comme un handicap alors que la solution reste dans le pouvoir des mots. Certaines personnes concern\u00e9es, refusant au contraire les termes de maladie ou de handicap, vont \u00ab se trouver des portes de sortie \u00bb en se reconstruisant sur des allers et retours, au sens trajectif<\/em>, d\u00e9j\u00e0 \u00e9voqu\u00e9s, pour changer leurs positions psychiques ou psychologiques ; la \u00ab solitude \u00bb devant l\u2019\u00e9cran leur sera un bienfait tant que la pr\u00e9sence de lecteurs assidus sera ressentie.<\/p>\n\n\n\n

Notes<\/h2>\n\n\n\n

[1] Pillow Book japonais :\u00a0Les Notes de chevet\u00a0(\u6795\u8349\u5b50, Makura no s\u014dshi) est une \u0153uvre majeure de la litt\u00e9rature japonaise du xie si\u00e8cle, attribu\u00e9e \u00e0 Sei Sh\u014dnagon dame de compagnie de l’imp\u00e9ratrice consort Teishi (\u5b9a\u5b50) durant les ann\u00e9es 990 et au d\u00e9but du xie si\u00e8cle de l’ \u00e9poque de Heian. Le livre est achev\u00e9 en 1002.<\/p>\n\n\n\n

[2] Pillow Book japonais :\u00a0Les Notes de chevet<\/p>\n\n\n\n

[3] Les blogueurs les plus fr\u00e9quemment cit\u00e9s en tant qu\u2019auteurs de journaux ayant l\u2019aspect de l\u2019intime nous trouvons : Pierre Assouline, Fran\u00e7pois Bon, Alain Mabankou, Chlo\u00eb Delaume\u2026<\/p>\n\n\n\n

[4] Jean Louis MONESTES, M. VILLATTE, G. LOAS,\u00a0Introduction \u00e0 la th\u00e9rapie d\u2019acceptation et d\u2019engagement (ACT), Journal de th\u00e9rapie comportementale et cognitive (2009)<\/p>\n\n\n\n

[5] Ilya IOSSIFOVITCH KABAKOV (en russe : \u0418\u043b\u044c\u044f \u0418\u043e\u0441\u0438\u0444\u043e\u0432\u0438\u0447 \u041a\u0430\u0431\u0430\u043a\u043e\u0432), n\u00e9 le 30 septembre 1933 \u00e0 Dnipropetrovsk (RSS d’Ukraine) est un artiste conceptuel russe. Il a travaill\u00e9 pendant trente ans \u00e0 Moscou, des ann\u00e9es 1950 jusqu’\u00e0 la fin des ann\u00e9es 1980. Il vit et travaille maintenant \u00e0 Long Island. Il a \u00e9t\u00e9 class\u00e9 par Art News comme un des \u00ab dix plus grands artistes vivants \u00bb en 2000. Tout au long de ses quarante ann\u00e9es de carri\u00e8re, Kabakov a produit un grand nombre de peintures, de dessins, d’installations, et de textes th\u00e9oriques. Ces derni\u00e8res ann\u00e9es, il a cr\u00e9\u00e9 des installations qui \u00e9voquent la culture de l’Union sovi\u00e9tique, bien que ce th\u00e8me n’ait jamais \u00e9t\u00e9 le seul int\u00e9r\u00eat de son travail. \u00c0 la diff\u00e9rence d’artistes sovi\u00e9tiques dissidents, Kabakov se rapproche de l’Union des artistes sovi\u00e9tiques, en 1959, et en devient membre en 1965. C’est une position prestigieuse en URSS et cela lui apporte des avantages mat\u00e9riels substantiels. Kabakov illustre tous les ans, pendant 3-6 mois, des livres pour enfants et passe le reste de son temps sur ses propres projets. Source :Wikipedia<\/p>\n\n\n\n

[6] Dans le m\u00eame registre, il faut citer pour l\u2019\u00e9criture\u00a0ALECHINSKY\u00a0qui a \u00e9crit sur tous les supports du plus petits aux plus grands et pour les alignements ou amoncellements Boltanski qui a aussi, dans son \u0153uvre, install\u00e9 des cartes ou des lettres ou des marques \u00e9crites.<\/p>\n\n\n\n

[7] Hugo39437,\u00a0Journal intime, https:\/\/www.devoir-de-philosophie.com\/dictionnaire\/journal-intime-2<\/p>\n\n\n\n

Bibliographie<\/h2>\n\n\n\n

\u2013 Lejeune, Philippe, Catherine Bogaert, Le Journal intime histoire et anthologie<\/em>, Paris, Edition textuelles, 2006, 512 p. <\/p>\n\n\n\n

\u2013 Simonet-Tenant, Fran\u00e7oise, Le Journal intime, genre litt\u00e9raire et \u00e9criture ordinaire<\/em>, Paris, Edition T\u00e9tra\u00e8dre, 2004, 191 p. <\/p>\n\n\n\n

\u2013 Thely, Nicolas, Vu \u00e0 la webcam (essai sur la web intimit\u00e9)<\/em>, Paris, Edition Les presses du r\u00e9el, 2002. <\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Raconter notre vie para\u00eet une des choses les plus ordinaires qui soient. Une expression de l\u2019unique, dans le fait o\u00f9 chacun r\u00e9v\u00e8le son intime \u00e0 sa mani\u00e8re. Par-del\u00e0 nos diff\u00e9rentes mani\u00e8res de travailler, nous consid\u00e9rons tous (peut-\u00eatre \u00e0 tort) que notre r\u00f4le se limite fondamentalement \u00e0 d\u00e9voiler, recueillir et enregistrer des traces suppos\u00e9es \u00eatre autant … Continued<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[1],"tags":[72],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1079"}],"collection":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=1079"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1079\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":1086,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1079\/revisions\/1086"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=1079"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=1079"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=1079"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}