{"id":1141,"date":"2016-11-01T15:38:28","date_gmt":"2016-11-01T15:38:28","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=1141"},"modified":"2022-11-11T16:06:52","modified_gmt":"2022-11-11T16:06:52","slug":"novembre-2016-nouvelles-technologies-dans-les-arts-vivants-et-la-somatique-pour-une-methodologie-de-la-transformation-au-croisement-de-la-somatique-et-de-la-technologie-pour-devenir-autre","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/novembre-2016-nouvelles-technologies-dans-les-arts-vivants-et-la-somatique-pour-une-methodologie-de-la-transformation-au-croisement-de-la-somatique-et-de-la-technologie-pour-devenir-autre\/","title":{"rendered":"Novembre 2016 – Nouvelles technologies dans les arts vivants et la somatique pour une m\u00e9thodologie de la transformation. Au croisement de la somatique et de la technologie: pour devenir autre…"},"content":{"rendered":"\n
La supr\u00e9matie du discours de l\u2019interface est le discours dominant de la sc\u00e8ne performative contemporaine : celle qui int\u00e8gre les technologies. Ce discours est bas\u00e9 sur la vision dualiste et mat\u00e9rialiste du monde occidental, sur une culture de l\u2019objet tel que l\u2019a identifi\u00e9 Christine Buci-Glucksmann1<\/sup> (2003). J\u2019expliquerai, dans la section sur la m\u00e9thodologie, comment le d\u00e9veloppement d\u2019une pens\u00e9e int\u00e9grative est n\u00e9cessaire pour sortir de ces pi\u00e8ges r\u00e9ductionnistes ainsi que pour investir les enjeux de la corpor\u00e9it\u00e9. L\u2019approche de l\u2019interface, telle que con\u00e7ue dans le domaine des arts visuels, a donc \u00e9t\u00e9 majoritairement import\u00e9e dans le milieu des arts vivants performatifs.<\/p>\n\n\n\n La conception traditionnelle de l\u2019interface qui se situe au croisement entre le technologique et l\u2019humain, formalise une pragmatique communicationnelle dont le but est de traduire et de transformer le corps-langage humain et le langage-calcul de l\u2019ordinateur \u00e9crit Emanuel Quinz2<\/sup>, qui fait son analyse d\u2019un point de vue des arts visuels et m\u00e9diatiques, m\u00eame si toute une \u00e9volution du concept d\u2019interface prend place par la suite, il reste que m\u00eame si le concept de l\u2019interface artificielle se raffine, il fonctionne encore sur des principes de s\u00e9lection et de r\u00e9duction, en contrepoint avec le corps qui est compar\u00e9 \u00e0 une interface physiologique hyper complexe3<\/sup>.<\/p>\n\n\n\n J\u2019en suis venue \u00e0 la r\u00e9flexion suivante : pour atteindre la complexit\u00e9 relationnelle dont j\u2019avais besoin, je ne pouvais plus utiliser les interfaces telles qu\u2019elles m\u2019\u00e9taient propos\u00e9es, mais devais plut\u00f4t me diriger vers des principes de l\u2019organique pour g\u00e9n\u00e9rer cette complexit\u00e94<\/sup>. Pour cela, je me suis int\u00e9ress\u00e9e \u00e0 r\u00e9investir la relation de la somatique et de la technologie.<\/p>\n\n\n\n Suivant ces hypoth\u00e8ses, mes derni\u00e8res exp\u00e9rimentations de cr\u00e9ation ont pris la forme d\u2019une cr\u00e9ation hybride en cours qui explore les relations entre le corps physique en mouvement et la technologie, et plus sp\u00e9cifiquement, les relations entre les principes de la somatique et la technologie.<\/p>\n\n\n\n Cette cr\u00e9ation se pr\u00e9sente comme une sculpture tridimensionnelle en mouvement mettant en sc\u00e8ne cinq danseuses presque compl\u00e8tement d\u00e9nud\u00e9es dans un contact quasi permanent entre elles cr\u00e9ant de la sorte un \u00ab corps collectif \u00bb qui se nourrit d\u2019un processus qui m\u2019est propre et qui prend comme rep\u00e8re des sensations tactiles et kinesth\u00e9siques5<\/sup> se d\u00e9place et prend forme par l\u2019application de tactiques qui ont une parent\u00e9 avec celle du \u00ab corps fluide \u00bb dit \u00ab transitoire \u00bb de Trisha Brown et d\u2019une radicalisation des principes du \u00ab corps tactile\u00bb de Steve Paxton. Un environnement sonore g\u00e9n\u00e9r\u00e9 en temps r\u00e9el est produit par les diverses dynamiques du mouvement. Ce son a aussi la particularit\u00e9 d\u2019\u00eatre cr\u00e9\u00e9 dans une dynamique collective, g\u00e9n\u00e9rant un \u00ab corps collectif sonore \u00bb. Il agira comme sixi\u00e8me danseur dans sa dynamique, sa temporalit\u00e9 et son rapport \u00e0 l\u2019espace.<\/p>\n\n\n\n Les danseuses sont munies de dispositifs technologiques qui se veulent invisibles. Ils sont compos\u00e9s d\u2019une part d\u2019un dispositif de transmission sans fil muni d\u2019un micro pour chaque danseuse et dissimul\u00e9 sous un turban noir et, d\u2019autre part, d\u2019un logiciel de spatialisation sonore. Donc ce \u00ab corps collectif physique \u00bb est \u00e9galement pourvu d\u2019une dimension sonore. Gr\u00e2ce \u00e0 ce dispositif technologique con\u00e7u pour la performance, les performeuses g\u00e9n\u00e8rent des sons m\u00e9diatis\u00e9s en temps r\u00e9el. Les expressions gestuelles et sonores de celles-ci sont capt\u00e9es par des micros sans fils puis transform\u00e9es en signaux audio qui sont aussit\u00f4t transmis en direct (trait\u00e9s et spatialis\u00e9s) dans l\u2019environnement de la performance. Ainsi, les sons et les gestes produits par chaque performeuse reviennent \u00e0 elle comme l\u2019\u00e9cho de sa propre manifestation corporelle m\u00e9diatis\u00e9e, puis s\u2019\u00e9tendent aux autres performeuses r\u00e9unissant les cinq corps en un m\u00eame \u00ab corps collectif sonore \u00bb. Dans la phase #3, les sources sonores \u00e9taient trait\u00e9es majoritairement collectivement. Dans une phase ult\u00e9rieure, nous pourrions isoler les sources et les spatialiser selon diff\u00e9rentes organisations spatio-temporelles pour complexifier les ph\u00e9nom\u00e8nes perceptifs et l\u2019organisation performative physique\/m\u00e9di\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n La sc\u00e9nographie se pr\u00e9sente comme trois espaces circulaires imbriqu\u00e9e les uns dans les autres, dont l\u2019espace de performance o\u00f9 les danseuses \u00e9voluent. Cet espace de six m\u00e8tres de diam\u00e8tre est dispos\u00e9 au centre. Le public plac\u00e9 autour tout autour est tr\u00e8s proche de l\u2019espace des danseuses. Autour de lui sont dispos\u00e9s les huit haut-parleurs du syst\u00e8me de spatialisation qui compose ainsi le dernier espace d\u00e9limitant l\u2019espace total de la performance. Le public, se situant entre les haut-parleurs et l\u2019ar\u00e8ne\/espace de performance des danseuses, participe alors \u00e0 une strat\u00e9gie de d\u00e9stabilisation sensorielle et perceptuelle dont je fais l\u2019exp\u00e9rimentation. Par cette hyper-proximit\u00e9, je cherche \u00e0 provoquer un effet hypnotique devant cette entit\u00e9 de forme complexe, devenue sonore : cette masse de chair qui chante, qui parle, qui g\u00e9mit.<\/p>\n\n\n\n2. Description sch\u00e9matique de la derni\u00e8re phase de la cr\u00e9ation en cours<\/h2>\n\n\n\n