{"id":1167,"date":"2016-07-01T16:24:15","date_gmt":"2016-07-01T16:24:15","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=1167"},"modified":"2022-11-11T16:36:35","modified_gmt":"2022-11-11T16:36:35","slug":"juillet-2016-texte","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/juillet-2016-texte\/","title":{"rendered":"Juillet 2016 – make-A-move <\/i> de Pat Badani – Texte"},"content":{"rendered":"\n

On repr\u00e9sente la plupart du temps la surveillance par une sorte d\u2019anthropomorphisme : c\u2019est l\u2019humain qui surveille l\u2019autre humain par le truchement d\u2019un dispositif. Or, dans leur article \u00ab Invisible Surveillance in Visual Arts<\/em>1<\/sup> \u00bb (2012), Katherine et David Barnard-Wills d\u00e9montrent que nous vivons dans une \u00e8re de la dataveillance. <\/em>Celle-ci est d\u00e9finie comme l\u2019\u00ab utilisation syst\u00e9matique de nos syst\u00e8mes de donn\u00e9es personnelles dans le but de surveiller ou de contr\u00f4ler les actions d\u2019une ou plusieurs personnes2<\/sup> \u00bb. Si les auteurs de ce brillant article voient une opposition entre la surveillance du corps et celle des donn\u00e9es, l\u2019\u0153uvre make-A-move <\/em>de Pat Badani r\u00e9concilie ces deux aspects et aborde, par l\u00e0, la complexit\u00e9 des enjeux li\u00e9s \u00e0 la surveillance. <\/p>\n\n\n\n

Deux visages sur des \u00e9crans encastr\u00e9s dans un mur rouge r\u00e9agissent au passage des visiteurs et travailleurs de l\u2019immeuble du P\u00f4le de Gasp\u00e9. La vitrine n\u2019est plus cet espace con\u00e7u afin de rendre visible, depuis la voie publique, ce qui se d\u00e9roule \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur d\u2019un commerce ou d\u2019une galerie. Opaque, elle sculpte d\u00e9sormais l\u2019espace public lui-m\u00eame avec les regards curieux, apeur\u00e9s ou discrets des visages qui occupent sa surface. Ce sont alors les visiteurs qui se retrouvent dans le grand aquarium que repr\u00e9sente l\u2019espace public sous l\u2019\u00e9gide de la surveillance. Les senseurs captent notre pr\u00e9sence et nos mouvements ; ils r\u00e9agissent plus fortement \u00e0 certaines couleurs de v\u00eatement. Le captage de nos donn\u00e9es, par sa dimension cach\u00e9e, entraine ce que Georgio Agamben appelle la d\u00e9subjectivation3<\/sup>. Il vise \u00e0 contr\u00f4ler l\u2019\u00eatre humain plut\u00f4t qu\u2019\u00e0 cr\u00e9er de nouvelles subjectivit\u00e9s. Seulement, ici, l\u2019animation des portraits photographiques, par son caract\u00e8re saccad\u00e9 et r\u00e9p\u00e9titif, ne leurre pas : nous savons qu\u2019il y a l\u00e0 un processus technologique, voire algorithmique. Le dispositif rendu en partie visible permet de nous amuser avec celui-ci en nous approchant ou en nous \u00e9loignant de lui. On peut lui \u00e9chapper, aussi. Bref, il nous permet de tester ses limites. Ainsi, nous d\u00e9couvrons que les regards ne peuvent traquer qu\u2019une personne \u00e0 la fois et qu\u2019ils privil\u00e9gient la proximit\u00e9. Nous devinons que le reflet de la vitre parasite le bon fonctionnement du dispositif. Ce sont pr\u00e9cis\u00e9ment ces \u00ab failles \u00bb qui incitent \u00e0 la participation ; cette participation qui, pour paraphraser le critique am\u00e9ricain Howard Rheingold, est un v\u00e9ritable antidote au contr\u00f4le et \u00e0 la surveillance4<\/sup>.<\/p>\n\n\n\n

Avec make-A-move, <\/em>c\u2019est le potentiel cr\u00e9atif et ludique de la surveillance qui est mis en sc\u00e8ne. La possibilit\u00e9 d\u2019une subjectivit\u00e9 au sein de ce processus est, quant \u00e0 elle, raviv\u00e9e par les portraits en gros plan et la distance intime qu\u2019ils imposent. Par cette \u0153uvre participative, Pat Badani nous convie \u00e0 penser la surveillance comme quelque chose qui peut \u00eatre r\u00e9appropri\u00e9 afin de fa\u00e7onner un espace public \u00e0 l\u2019avantage de ses multiples singularit\u00e9s.<\/p>\n\n\n\n

Notes<\/h2>\n\n\n\n

[1] Katherine et David Barnard-Wills (2012). \u00ab Invisible Surveillance in Visual Art \u00bb, Surveillance & Society, <\/em>UK, n\u00b0 10, pp.204-214.<\/p>\n\n\n\n

[2] Traduction de l\u2019auteure. Ibid., <\/em>p.206.<\/p>\n\n\n\n

[3] Traduction de l\u2019auteure. Ibid., <\/em>p.206.<\/p>\n\n\n\n

[4] Roland Piquepaille. (2006). \u00ab Howard Rheingold About Our Mobile World \u00bb, ZDNet, http:\/\/www.zdnet.com\/article\/howard-rheingold-about-our-mobile-world\/<\/a>, consult\u00e9 le 11 novembre 2015.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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