{"id":1188,"date":"2016-07-01T16:55:25","date_gmt":"2016-07-01T16:55:25","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=1188"},"modified":"2022-11-11T16:55:37","modified_gmt":"2022-11-11T16:55:37","slug":"juillet-2016-espace-sonore-recherche-creation-et-fusion-conceptuelle-approche-constructive-de-lespace-sonore","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/juillet-2016-espace-sonore-recherche-creation-et-fusion-conceptuelle-approche-constructive-de-lespace-sonore\/","title":{"rendered":"Juillet 2016 – Espace sonore, recherche-cr\u00e9ation et fusion conceptuelle – Approche constructive de l’espace sonore"},"content":{"rendered":"\n

Le son est un champ d\u2019\u00e9tude parcouru par un tr\u00e8s grand nombre de pratiques, de techniques, de concepts et m\u00eame de th\u00e9ories. Du mixeur \u00e0 l\u2019acousticien, de l\u2019instrumentiste au bruiteur en passant par les \u00e9tudes anthropologiques par le son et l\u2019arch\u00e9ologie sonore : le son est un objet complexe et vastement \u00e9tudi\u00e9. Et donc, logiquement, lorsque j\u2019ai commenc\u00e9 ma recherche-cr\u00e9ation sur le concept d\u2019espace sonore, je pensais trouver un champ d\u2019\u00e9tude unifi\u00e9 et coh\u00e9rent tant ce concept habite profond\u00e9ment nos habitudes d\u2019\u00e9coute et structure la quasi-totalit\u00e9 des pratiques sonores. Cependant nous sommes contraints d\u2019admettre que le concept est morcel\u00e9, fa\u00e7onn\u00e9 au fil du temps par des a priori et qu\u2019il n\u2019existe que tr\u00e8s peu de r\u00e9flexions globales sur le sujet. Ma recherche m\u2019a donc amen\u00e9 \u00e0 forger des concepts sp\u00e9cifiques \u00e0 la spatialisation du son ainsi qu\u2019\u00e0 poser les bases d\u2019une m\u00e9thodologie globale, utilisable par tous, de la compr\u00e9hension de l\u2019espace sonore. <\/p>\n\n\n\n

Tout d\u2019abord, il est essentiel de savoir que le concept d\u2019espace sonore n\u2019est nulle part clairement d\u00e9fini et suivant le cadre d\u2019utilisation il devient le centre d\u2019une organisation disciplinaire ou conceptuelle. Par le terme d\u2019espace sonore, on d\u00e9signe le plus souvent les rapports particuliers qu\u2019entretient un son, un groupe de son ou une composition sonore avec l\u2019id\u00e9e d\u2019espace.  Indice g\u00e9ographique, r\u00e9f\u00e9rence culturelle ou anthropologique, acoustique, sensation d\u2019\u00e9loignement, articulation prox\u00e9mique, etc. ces rapports peuvent prendre de tr\u00e8s nombreuses formes et se combinent les unes aux autres dans le cadre d\u2019une composition ou d\u2019une analyse sonore.<\/p>\n\n\n\n

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Figure 1\u00a0:\u00a0Sch\u00e9matisation analytique des sons constituants le m\u00e9tro de Montr\u00e9al<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Prenons un exemple simple, celui du m\u00e9tro de Montr\u00e9al,\u00a0et sch\u00e9matisons-le comme il est courant de le faire\u00a01<\/sup><\/a>. Cette repr\u00e9sentation est certes pratique mais sectionne arbitrairement les diff\u00e9rents aspects sonores et ne met pas clairement en \u00e9vidence les liens entre eux. \u00c0 force de lectures et d\u2019analyses spatiales sur des objets diff\u00e9rents un sch\u00e9ma g\u00e9n\u00e9ral du concept de spatialisation s\u2019est d\u00e9gag\u00e9\u00a02<\/sup><\/a>.<\/p>\n\n\n\n

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Figure 2\u00a0:\u00a0Organisation intuitive des champs disciplinaires de l\u2019espace sonore<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

On voit donc rapidement que cette sch\u00e9matisation ne refl\u00e8te pas vraiment notre exp\u00e9rience de l\u2019espace sonore\u00a0: elle impose une distinction artificielle des moments de l\u2019analyse, contraint \u00e0 une duplication des champs disciplinaires ou conceptuels qui ni une approche efficace ni un reflet de la nature complexe et dynamique des objets spatiaux. Fort de ce constat, je me suis donc attel\u00e9 \u00e0 forger des concepts qui permettraient, \u00e0 partir de la pratique sonore, de traverser les champs n\u00e9cessaires \u00e0 l\u2019utilisation et \u00e0 la compr\u00e9hension de l\u2019espace sonore. C\u2019est donc, tr\u00e8s fortement inspir\u00e9 par l\u2019\u00e9pist\u00e9mologie constructiviste, que j\u2019ai cherch\u00e9 une solution g\u00e9n\u00e9rale\u2026<\/p>\n\n\n\n

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Figure 3\u00a0:\u00a0Sch\u00e9matisation g\u00e9n\u00e9rale des aspects de la spatialisation, Le Moigne, 1995, p.45<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

L\u2019\u00e9pist\u00e9mologie positiviste est une \u00e9pist\u00e9mologie de la v\u00e9rification [\u2026] : elle vise \u00e0 inventer, construire, concevoir et cr\u00e9er une connaissance projective, une repr\u00e9sentation des ph\u00e9nom\u00e8nes : cr\u00e9er du sens, concevoir de l\u2019intelligible en r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 un projet. Les logiques conjonctives, on le verra, permettant ces exercices auto-po\u00ef\u00e9tique, interdit aux logiques disjonctives qui ne peuvent que v\u00e9rifier la qualit\u00e9 formelle d\u2019une d\u00e9monstration, tr\u00e9buchant sans cesse sur les paradoxes qu\u2019elles engendrent elles m\u00eame depuis qu\u2019un certain Cr\u00e9tois, nomm\u00e9 Epim\u00e9nide, assura que tous les Cr\u00e9tois \u00e9taient des menteurs (Le Moigne, 2001, p. 139).<\/p>\n\n\n\n

Trois concepts tr\u00e8s intriqu\u00e9s et fondamentaux \u00e0 la spatialisation se sont organis\u00e9s apr\u00e8s plusieurs ann\u00e9es de travail et de cr\u00e9ation. Forg\u00e9s au contact du metteur en sc\u00e8ne (Denis Marleau, Florent Siaud), du r\u00e9alisateur (Philipe Gr\u00e9goire) et de multiples \u0153uvres ainsi que durant ma ma\u00eetrise, cette approche conceptuelle a \u00e9t\u00e9 \u00e9prouv\u00e9e comme \u00e9tant \u00e0 la fois un guide pour la cr\u00e9ation mais aussi un vocabulaire commun, accessible \u00e0 tous.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019espace induit 3<\/sup><\/a><\/em> qui organise les signifiants et les signifi\u00e9s culturels, g\u00e9ographiques et dynamiques ainsi que la culture de l\u2019auditeur et la capacit\u00e9 d\u2019\u00e9vocation g\u00e9n\u00e9rale d\u2019un son ou d\u2019un groupement de son. La topologie sonore 4<\/sup><\/a> <\/em>qui articule les caract\u00e9ristiques physiques d\u2019un son avec notre capacit\u00e9 \u00e0 qualifier l\u2019espace sonore et sa valeur narrative. Et enfin la dynamique spatiale 5<\/sup><\/a><\/em> qui rattache la valeur esth\u00e9tique et narrative des mouvements des sons dans l\u2019espace aux sensations de d\u00e9placement et aux capacit\u00e9s des sons \u00e0 g\u00e9n\u00e9rer du mouvement.<\/p>\n\n\n\n

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Figure 4\u00a0:\u00a0Nouvelle organisation des sons constituants le m\u00e9tro de Montr\u00e9al<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Ces trois concepts sont entrem\u00eal\u00e9s et s\u2019instancient les uns les autres au courant de la cr\u00e9ation ou de l\u2019analyse. On obtient donc une approche qui permet \u00e0 la fois d\u2019analyser l\u2019espace sonore sans en perdre la notion dynamique et de guider la cr\u00e9ation en gardant le cr\u00e9ateur au centre du processus. La r\u00e9partition sch\u00e9matique des sons du m\u00e9tro de Montr\u00e9al devient donc\u00a0dynamique, \u00e9limine les fronti\u00e8res inutiles et permet de lier les \u00e9l\u00e9ments les uns aux autres au sein d\u2019une approche de la r\u00e9ception. De fa\u00e7on g\u00e9n\u00e9rale ces trois concepts permettent de rendre compte des aspects tr\u00e8s pr\u00e9cis de la spatialisation en tant que geste esth\u00e9tique volontaire et charg\u00e9 de sens. De cette nouvelle fa\u00e7on de concevoir l\u2019analyse spatiale il a \u00e9t\u00e9 possible de g\u00e9n\u00e9raliser l\u2019id\u00e9e pour organiser les disciplines et les concepts n\u00e9cessaires \u00e0 l\u2019analyse, la cr\u00e9ation et la r\u00e9ception de l\u2019espace sonore. Cela est, il me semble, une des grandes possibilit\u00e9s de la recherche-cr\u00e9ation\u00a0: elle concr\u00e9tise l\u2019approche constructiviste d\u2019une \u00e9pist\u00e9mologie dynamique et projective, issue de la pratique et qui permet de saisir \u00e0 bras le corps des organisations complexes au sein de cadres pluridisciplinaires.<\/p>\n\n\n\n

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Figure 5\u00a0:\u00a0Nouvelle organisation des sons constituants le m\u00e9tro de Montr\u00e9al<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Bibliographie<\/h2>\n\n\n\n

\u2013 Chion, Michel, La toile trou\u00e9e ou la parole au cin\u00e9ma<\/em>, Paris, Cahier du Cin\u00e9ma, 1988, 192 p.
\u2013 Deshays, Daniel, Pour une \u00e9criture du son<\/em>, Paris, Klinchsiek, 2006, 192 p.
\u2013 Greimas, Algirdas Julien, S\u00e9mantique structurale<\/em>, Paris, Larousse, 1966, 262 p.
\u2013 Klinkenberg, Jean-Marie, Pr\u00e9cis de s\u00e9miologie g\u00e9n\u00e9rale<\/em>, Paris, Le Point Essai, 1996, 512 p.
\u2013 Le Moigne, Jean-Louis, Le constructivisme. Tome 2, Les \u00e9pist\u00e9mologies<\/em>, Paris, L’Harmattan, 1995, 264 p.
\u2013 Mac\u00e9, Pierre-Yves, \u00abEspaces appareill\u00e9s\u00bb, dans Laurent Pottier, La spatialisation des musiques \u00e9lectroacoustiques<\/em>, Saint \u00c9tienne, Publications de l\u2019Universit\u00e9 de Saint-\u00c9tienne, 2012, p. 27-38.
\u2013 Mc Adams, Stephens, Penser les sons<\/em>, Paris, Presses Universitaires de France, 1994.
\u2013 Morin, Edgar, La Nature de la nature\u00a0(t. 1), <\/em>Paris, Le Seuil, coll.\u00ab Points\u00bb, 1977, 416 p.
\u2013 Morin, Edgar, Introduction \u00e0 la pens\u00e9e complexe, <\/em>Paris, Le Seuil, 1990, 160 p.
\u2013 Pierce, John,\u00a0\u00abHearing in time and space\u00bb, Dans Perry R. Cook, Music, Cognition and Computerized Sound<\/em>, Cambridge, MIT Press, 1999, p. 89-103.
\u2013 Pinker, Steven, Comment fonctionne l\u2019esprit<\/em>, Paris, Odile Jacob, 2000, 680. <\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Le son est un champ d\u2019\u00e9tude parcouru par un tr\u00e8s grand nombre de pratiques, de techniques, de concepts et m\u00eame de th\u00e9ories. Du mixeur \u00e0 l\u2019acousticien, de l\u2019instrumentiste au bruiteur en passant par les \u00e9tudes anthropologiques par le son et l\u2019arch\u00e9ologie sonore : le son est un objet complexe et vastement \u00e9tudi\u00e9. Et donc, logiquement, lorsque … Continued<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[1],"tags":[79],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1188"}],"collection":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=1188"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1188\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":1195,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1188\/revisions\/1195"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=1188"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=1188"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=1188"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}