{"id":1200,"date":"2016-07-01T20:38:00","date_gmt":"2016-07-01T20:38:00","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=1200"},"modified":"2022-11-16T20:39:38","modified_gmt":"2022-11-16T20:39:38","slug":"juillet-2016-entendre-la-guerre-eprouver-le-temps-lexperience-sonore-dans-starry-night-2006-de-mazen-kerbaj","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/juillet-2016-entendre-la-guerre-eprouver-le-temps-lexperience-sonore-dans-starry-night-2006-de-mazen-kerbaj\/","title":{"rendered":"Juillet 2016 &#8211; Entendre la guerre, \u00e9prouver le temps\u00a0: l\u2019exp\u00e9rience sonore dans <i> Starry Night <\/i>\u00a0(2006) de Mazen Kerbaj"},"content":{"rendered":"\n<figure class=\"wp-block-image aligncenter size-full is-resized\"><img loading=\"lazy\" decoding=\"async\" src=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/mirna-1.jpeg\" alt=\"\" class=\"wp-image-1197\" width=\"336\" height=\"536\" srcset=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/mirna-1.jpeg 502w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/mirna-1-188x300.jpeg 188w\" sizes=\"(max-width: 336px) 100vw, 336px\" \/><figcaption class=\"wp-element-caption\">Mazen Kerbaj<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n<p>Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2006 \u00e0 Beyrouth, Mazen Kerbaj enregistre une improvisation \u00e0 la trompette d\u2019une dur\u00e9e de quarante minutes sur la terrasse de son appartement lors de bombardements. Trois jours plus t\u00f4t, soit le 12 juillet 2006, le Hezbollah libanais, mouvement politique chiite fond\u00e9 en 1982, enl\u00e8ve deux militaires isra\u00e9liens dans la zone frontali\u00e8re qui s\u00e9pare le Liban d\u2019Isra\u00ebl en \u00e9change de prisonniers palestiniens. Le jour m\u00eame, l\u2019arm\u00e9e isra\u00e9lienne attaque plusieurs cibles dans tout le pays. Il s\u2019ensuit une guerre de trente-trois jours causant la mort de milliers de personnes. Ce conflit \u00e9branle un peuple d\u00e9j\u00e0 fragilis\u00e9 par les quinze ann\u00e9es de guerres civiles de 1975 \u00e0 1991, et aux prises avec une situation politique tendue, notamment avec l\u2019assassinat du pr\u00e9sident Rafic Hariri un an plus t\u00f4t et le retrait des forces syriennes la m\u00eame ann\u00e9e. In\u00e9vitablement, le traumatisme pass\u00e9 resurgit et insuffle un climat d&rsquo;incertitude et de peur sur le Liban.<\/p>\n\n\n\n<figure class=\"wp-block-embed aligncenter is-type-video is-provider-youtube wp-block-embed-youtube wp-embed-aspect-16-9 wp-has-aspect-ratio\"><div class=\"wp-block-embed__wrapper\">\n<iframe loading=\"lazy\" title=\"Mazen Kerbaj - Starry Night (excerpt)\" width=\"500\" height=\"281\" src=\"https:\/\/www.youtube.com\/embed\/LIo4dh884hE?feature=oembed\" frameborder=\"0\" allow=\"accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture\" allowfullscreen><\/iframe>\n<\/div><\/figure>\n\n\n\n<p>La pi\u00e8ce de Kerbaj est perform\u00e9e sur le vif, in situ. Pour rendre compte de cette situation singuli\u00e8re, il convient de parler, \u00e0 la suite de Paul Ardenne, d\u2019un art contextuel. L\u2019historien de l\u2019art fait usage de cette expression pour d\u00e9finir des pratiques qui entretiennent un rapport direct avec le r\u00e9el, sans interm\u00e9diaire. Il s\u2019agit d\u2019un art intimement li\u00e9 \u00e0 son contexte d\u2019\u00e9mergence sp\u00e9cifique. La d\u00e9marche de l\u2019artiste contextuel fait de lui un \u00eatre de proximit\u00e9. Comme l\u2019\u00e9crit Ardenne&nbsp;: \u00ab&nbsp;consubstantielle \u00e0 celle de contexte, la notion de \u00ab\u00a0proximit\u00e9\u00a0\u00bb sous-tend celle de \u00ab\u00a0rapport\u00a0\u00bb [\u2026] autant que celle de \u00ab\u00a0d\u00e9placement\u00a0\u00bb. Cessant de se retrancher, l&rsquo;artiste se projette \u00e0 pr\u00e9sent au c\u0153ur du monde et des siens&nbsp;\u00bb&nbsp;(Ardenne). Soulignons que d\u00e8s le 14 juillet, Kerbaj initie un&nbsp;blogue, o\u00f9, au jour le jour, il publie ses dessins ainsi que ses r\u00e9flexions sur la guerre en cours. C\u2019est dans cette entreprise esth\u00e9tique et politique que s\u2019inscrit&nbsp;<em>Starry Night<\/em>, marquant de toute \u00e9vidence le lien inextricable entre son art et la vie.<\/p>\n\n\n\n<p>Plusieurs auteurs \u00e0 travers l\u2019histoire de la pens\u00e9e occidentale ont insist\u00e9 sur la puissance sensible du son, son effet d\u2019imm\u00e9diatet\u00e9 sur le corps comme sur l\u2019esprit. Foucault lisant Plutarque et les Anciens rappelle par exemple que \u00ab&nbsp;l\u2019ou\u00efe est plus capable que n\u2019importe quel autre sens d\u2019ensorceler l\u2019\u00e2me&nbsp;\u00bb (Foucault, 2001, p. 318). Plus pr\u00e8s de nous, les travaux de&nbsp;Steve Goodman&nbsp;et de&nbsp;Juliette Volcler&nbsp;soulignent eux aussi l\u2019imm\u00e9diatet\u00e9 sensible du ph\u00e9nom\u00e8ne sonore. Travaillant tous deux sur les effets physiques et psychologiques du son utilis\u00e9 comme arme, c\u2019est-\u00e0-dire des usages militaires et politiciens du son. Ils partent du principe selon lequel \u00ab&nbsp;entendre, c\u2019est toucher \u00e0 distance&nbsp;\u00bb. La dimension haptique du son est fondamentale pour traiter de l\u2019\u0153uvre de Kerbaj. Au-del\u00e0 de l\u2019<em>entendre<\/em>&nbsp;\u00e0 proprement parler, je pense que la proximit\u00e9 induite par son improvisation musicale implique aussi une dimension d\u2019<em>\u00e9coute<\/em>, au sens fort que lui conf\u00e8re Jean-Luc Nancy dans son essai&nbsp;<em>\u00c0 l\u2019\u00e9coute<\/em>. \u00ab&nbsp;Si \u00ab\u00a0entendre\u00a0\u00bb, c\u2019est comprendre le sens (soit au sens dit figur\u00e9, soit au sens propre&nbsp;: entendre une sir\u00e8ne, un oiseau ou un tambour, c\u2019est chaque fois d\u00e9j\u00e0 comprendre au moins l\u2019\u00e9bauche d\u2019une situation, un contexte sinon un texte), \u00e9couter, c\u2019est \u00eatre tendu vers un sens possible, et par cons\u00e9quent non imm\u00e9diatement accessible&nbsp;\u00bb&nbsp;(Nancy, 2002, p. 19). Ce sens possible est indiscernable de l\u2019exp\u00e9rience esth\u00e9tique. Et de lui d\u00e9coule aussi, comme j\u2019essaierai de le montrer, un geste de r\u00e9sistance qui en appelle \u00e0 la vie.<\/p>\n\n\n\n<figure class=\"wp-block-image aligncenter size-full\"><img loading=\"lazy\" decoding=\"async\" width=\"667\" height=\"500\" src=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/mirna-2.jpeg\" alt=\"\" class=\"wp-image-1198\" srcset=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/mirna-2.jpeg 667w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/mirna-2-300x225.jpeg 300w\" sizes=\"(max-width: 667px) 100vw, 667px\" \/><figcaption class=\"wp-element-caption\">Mazen Kerbaj en solo&nbsp;<br><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n<figure class=\"wp-block-image aligncenter size-full\"><img loading=\"lazy\" decoding=\"async\" width=\"450\" height=\"600\" src=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/mirna-3.jpeg\" alt=\"\" class=\"wp-image-1199\" srcset=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/mirna-3.jpeg 450w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/mirna-3-225x300.jpeg 225w\" sizes=\"(max-width: 450px) 100vw, 450px\" \/><figcaption class=\"wp-element-caption\">Mazen Kerbaj en solo&nbsp;<br><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n<p>En 2006, Mazen Kerbaj est connu sur la sc\u00e8ne musicale underground de Beyrouth pour sa pratique exp\u00e9rimentale et les nombreuses modifications qu\u2019il op\u00e8re sur son instrument: il ajoute des extensions \u00e0 l\u2019embouchure et n\u2019h\u00e9site pas \u00e0 faire intervenir divers objets au pavillon. Ce qui s\u2019impose d\u00e8s les premiers instants de&nbsp;<em>Starry Night,<\/em>&nbsp;c\u2019est l\u2019imperceptibilit\u00e9 du son que l\u2019on attribue d&rsquo;ordinaire \u00e0 la trompette. Pour discerner les sonorit\u00e9s particuli\u00e8res cr\u00e9\u00e9es par l\u2019artiste, on doit conna\u00eetre sa pratique<sup>1<\/sup>. Autrement, les effets de distorsion engendrent une ind\u00e9termination entre la performance musicale et le climat acoustique de la guerre: sa musique \u00e9voquant elle-m\u00eame les sons de la guerre. C\u2019est d\u2019ailleurs ce que remarquent l\u2019ethnomusicologue&nbsp;Thomas Burkhalter (Burkhalter, p. 73)&nbsp;de m\u00eame que le trompettiste autrichien&nbsp;Franz Hautzinger, qui, suite \u00e0 la sortie du premier disque solo de l\u2019artiste&nbsp;<em>brt vrt zrt krt t<\/em>&nbsp;(2005), confie \u00e0 Kerbaj que sa musique lui rappelle le son des h\u00e9licopt\u00e8res et des armes (Burkhalter, p. 70).<\/p>\n\n\n\n<p>Les sons qu\u2019il cr\u00e9e s\u2019apparentent \u00e0 ceux entendus durant son enfance travers\u00e9e par la guerre. Inconsciemment ou consciemment, son souffle et sa musique, \u00e0 peu pr\u00e8s inidentifiables, du fait de leur correspondance \u00e0 l\u2019environnement, emportent la guerre. Cette pr\u00e9gnance mn\u00e9monique des sons n\u2019est pas un ph\u00e9nom\u00e8ne isol\u00e9 comme le remarque Burkhalter qui r\u00e9f\u00e8re \u00e0 d\u2019autres musiciens libanais de la m\u00eame g\u00e9n\u00e9ration. On pourrait ici parler d\u2019effets d\u2019anamn\u00e8se et de phonomn\u00e8se&nbsp;: dans le premier cas, il y a la r\u00e9miniscence d\u2019un souvenir sonore et dans le deuxi\u00e8me, l\u2019anticipation d\u2019un son par une \u00e9coute int\u00e9rieure. Ces effets, souvent compl\u00e9mentaires, impliquent la coexistence d\u2019un pass\u00e9 et d\u2019un futur \u00e0 m\u00eame le pr\u00e9sent&nbsp;(Goodman, 2010, p. 151).&nbsp;<\/p>\n\n\n\n<p>L\u2019improvisation libre \u00e0 laquelle s\u2019adonne Kerbaj constitue un processus qui tend vers l\u2019inattendu, qui le r\u00e9clame m\u00eame.&nbsp;Matthieu Saladin, auteur d\u2019un ouvrage r\u00e9cent intitul\u00e9&nbsp;<em>Esth\u00e9tique de l\u2019improvisation libre<\/em>&nbsp;\u2013&nbsp;<em>Exp\u00e9rimentation musicale et politique<\/em>, soutient que, en raison du caract\u00e8re \u00e9ph\u00e9m\u00e8re de sa cr\u00e9ation, \u00ab&nbsp;l\u2019improvisateur entretient d\u00e9finitivement un autre rapport au temps, un rapport sans doute au premier abord effrayant, car le jeu qui les lie est un jeu effrayant, c\u2019est un jeu qui le renvoie \u00e0 sa propre mort&nbsp;\u00bb&nbsp;(Saladin, 2002). Mais aussi, l\u2019improvisation exige du musicien une pr\u00e9sence au pr\u00e9sent, qui est le lieu de l\u2019\u00e9coute, car Kerbaj n&rsquo;improvise pas seul, mais avec et contre les sons ambiants de la guerre. Une rencontre s\u2019instaure entre le corps&nbsp;<em>affect\u00e9<\/em>&nbsp;du musicien et l\u2019hostilit\u00e9 du lieu dans lequel il se situe. Dans l\u2019attente impos\u00e9e par la guerre, face \u00e0 l\u2019inaction qu\u2019elle convoque<sup>2<\/sup>, la musique de Kerbaj se d\u00e9ploie comme un acte de r\u00e9sistance. Survivre au sentiment de d\u00e9possession et \u00e0 l\u2019anesth\u00e9sie du temps en invoquant l\u2019inattendu et sa potentialit\u00e9. L\u2019action de l\u2019artiste, bien que toujours singuli\u00e8re \u2013 singularit\u00e9 d\u2019autant plus marqu\u00e9e par le choix d\u2019improviser, de se poser dans l\u2019instant pour y distendre l\u2019impr\u00e9visible \u2013 n\u2019est plus confin\u00e9e \u00e0 l\u2019individualit\u00e9, mais tient \u00e0 la relation avec le monde. Ainsi donc, c\u2019est l\u2019ensemble qui fait violence, la coexistence qui perturbe pour nous donner \u00e0 ressentir les tensions de la vie et de la mort. Ce faisant, Kerbaj r\u00e9siste \u00e0 une \u00ab&nbsp;culture de la mort&nbsp;\u00bb, dont l\u2019un des signes est une anesth\u00e9sie temporelle.&nbsp;<\/p>\n\n\n\n<p>\u00c0 la diff\u00e9rence du simple entendre, l\u2019\u00e9coute ouvre une dimension de potentialit\u00e9&nbsp;; elle est tendue vers un sens possible, comme disait&nbsp;Nancy. &nbsp;Ce sens du possible, et du possible en temps de guerre, mais pas seulement, implique une dimension collective, une dimension de r\u00e9sistance en commun. Pour rendre compte de ce rapport intrins\u00e8que entre potentialit\u00e9 et collectivit\u00e9 (ou \u00ab&nbsp;peuple \u00e0 venir&nbsp;\u00bb, comme le disait Deleuze)&nbsp;: j\u2019introduirais de mani\u00e8re prospective le terme de r\u00e9sonance. L\u2019\u00e9coute ouvre un espace de r\u00e9sonance, lequel renvoie \u00e0 une capacit\u00e9 d\u2019affecter et d\u2019\u00eatre affect\u00e9. L\u2019improvisation se constitue comme acte de r\u00e9sistance qui se nourrit \u00e0 m\u00eame la fragilit\u00e9 potentielle de l\u2019\u00e9coute. C\u2019est une force de r\u00e9sistance transindividuelle, ouverte \u00e0 toutes les fluctuations g\u00e9n\u00e9r\u00e9es par l\u2019environnement et le contexte dans lequel elle advient.&nbsp; L\u2019improvisation se charge et recharge le pr\u00e9sent vivant. Elle combat ainsi l\u2019impuissance produite par la suspension temporelle. Et ainsi, \u00ab&nbsp;dans cette pr\u00e9sence ouverte et surtout ouvrante, dans l\u2019\u00e9cartement et dans l\u2019expansion acoustiques, l\u2019\u00e9coute se confond \u00e0 l\u2019\u00e9v\u00e9nement sonore&nbsp;\u00bb&nbsp;(Nancy, 2002, p. 34)&nbsp;pour en d\u00e9gager une potentialit\u00e9 in\u00e9dite, un appel \u00e0 tous ceux qui sont dispos\u00e9s \u00e0 \u00e9prouver la guerre, l\u00e0 o\u00f9 ils sont. L\u2019artiste nous fait ici entrer en r\u00e9sonance avec un champ de guerre.<\/p>\n\n\n\n<h2 class=\"has-medium-font-size wp-block-heading\">Notes<\/h2>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">[1] C\u2019est moins la nature des sons que l\u2019effet de proximit\u00e9 acoustique qui permet de deviner la musique de Kerbaj. Toutefois, lorsque la pi\u00e8ce est pr\u00e9sent\u00e9e en galerie sans \u00e9couteurs, telle que je l\u2019ai entendu la premi\u00e8re fois, l\u2019effet de proximit\u00e9 tend \u00e0 se perdre.<\/p>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">[2] Je renvoie le lecteur au dessin r\u00e9alis\u00e9 par Kerbaj en date du 20 juillet 2006 et qui, \u00e0 mon sens, repr\u00e9sente le poids de l\u2019attente li\u00e9 \u00e0 la guerre. En ligne.&nbsp;<br>&lt;http:\/\/mazenkerblog.blogspot.ca\/2006_07_01_archive.html&gt;<\/p>\n\n\n\n<h2 class=\"has-medium-font-size wp-block-heading\">Bibliographie<\/h2>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">\u2013 Ardenne, Paul, \u00ab\u00a0Art et politique: ce que change l\u2019art \u00ab\u00a0contextuel\u00a0\u00bb\u00bb,\u00a0<em>L\u2019art m\u00eame<\/em>, n<sup>o\u00a0<\/sup>14, en ligne,\u00a0&lt;http:\/\/www2.cfwb.be\/lartmeme\/no014\/pages\/page1.htm>.<\/p>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">\u2013 Burkhalter, Thomas, \u00ab\u00a0Between Art for Art\u2019s Sake and Musical Protest: How Musicians from Beirut React to War and Violence\u00a0\u00bb,\u00a0<em>Popular Music and Society<\/em>, vol. 34, n<sup>o\u00a0<\/sup>1. <\/p>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">\u2013 Foucault, Michel, \u00ab\u00a0Cours du 3 mars 1982\u00a0\u00bb, dans\u00a0<em>Herm\u00e9neutique du sujet<\/em>, Paris, Gallimard, 2001, 540 p. <\/p>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">\u2013 Goodman,\u00a0Steve, <em>Sonic Warfare. Sound, Affect, and the Ecology of Fear<\/em>, Cambridge, MIT Press, 2010, 296 p. <\/p>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">\u2013 Nancy,\u00a0Jean-Luc, <em>\u00c0 l\u2019\u00e9coute<\/em>, Paris, \u00c9ditions Galil\u00e9e, 2002, 96 p. <\/p>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">\u2013 Saladin, Matthieu, \u00ab\u00a0Processus de cr\u00e9ation dans l\u2019improvisation\u00a0\u00bb,\u00a0<em>Volume!,<\/em>\u00a0vol.1, n<sup>o\u00a0<\/sup>1, 2002, en ligne,\u00a0&lt;https:\/\/volume.revues.org\/2486>.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"<p>Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2006 \u00e0 Beyrouth, Mazen Kerbaj enregistre une improvisation \u00e0 la trompette d\u2019une dur\u00e9e de quarante minutes sur la terrasse de son appartement lors de bombardements. 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