{"id":1327,"date":"2016-04-01T19:26:55","date_gmt":"2016-04-01T19:26:55","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=1327"},"modified":"2022-11-17T19:27:10","modified_gmt":"2022-11-17T19:27:10","slug":"avril-2016-bioart-acte-ecosophique-acte-bleu","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/avril-2016-bioart-acte-ecosophique-acte-bleu\/","title":{"rendered":"Avril 2016 – Bioart : acte \u00e9cosophique, acte bleu"},"content":{"rendered":"\n

Depuis longtemps certains artistes pr\u00e9occup\u00e9s par les questions \u00e9cologiques ont d\u00e9nonc\u00e9s dans leur art l\u2019irresponsabilit\u00e9 de l\u2019industrialisation sauvage (ou \u00e9conomie rouge) qui m\u00e8ne le monde \u00e0 sa perte, comme par exemple, l\u2019\u0153uvre de\u00a0Thomas Hirschhorn\u00a0constitu\u00e9e d\u2019une centaine de globes terrestres bleus affubl\u00e9s de protub\u00e9rances pans\u00e9es par du ruban adh\u00e9sif beige en guise de pansements. Cette installation \u00e9tait accompagn\u00e9e de photos t\u00e9moignant de l\u2019\u00e9tat de d\u00e9clin de la plan\u00e8te\u00a0<\/strong>du point de vue politique, \u00e9conomique et \u00e9cologique.<\/p>\n\n\n\n

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Thomas Hirschhorn,\u00a0Outhgrow<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Thomas Hirschhorn,\u00a0Outhgrow<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Si on remonte plus loin dans le temps, l\u2019utilisation de ready-made par\u00a0Marcel Duchamp\u00a0serait un geste \u00e9cologique dit Pierre Restany, car\u00ab\u00a0il fait basculer, d\u2019un seul coup, l\u2019art, de l\u2019esth\u00e9tique \u00e0 l\u2019\u00e9thique\u00a0\u00bb. Pr\u00e9conisant de la sorte un art d\u2019attitude, soit de faire de son emploi du temps un art, il dit\u00a0: \u00ab\u00a0J’esp\u00e8re qu’un jour, on arrivera \u00e0 vivre sans \u00eatre oblig\u00e9 de travailler\u00a0\u00bb. Il s\u2019oppose \u00e0 la soumission au temps et au travail de la soci\u00e9t\u00e9 industrielle, \u00e0 la m\u00e9canisation des individus. Avec lui l’artiste devient un mod\u00e8le de comportement\u00a0: une \u00e9thique de la r\u00e9sistance.<\/p>\n\n\n\n

Joseph Beuys, quant \u00e0 lui, cr\u00e9e le concept d’une sculpture sociale\u00a0; pour lui \u00ab\u00a0le seul acte plastique v\u00e9ritable, consiste dans le d\u00e9veloppement de la conscience humaine\u00a0\u00bb. Pour Beuys l’art c’est la vie. L’acte, l’art en action est plus important que l’oeuvre d’art. Il s\u2019impliquera dans la fondation du parti vert en Allemagne et son projet de plantation de\u00a07000 ch\u00eanes<\/em>, commenc\u00e9 en 1982, se poursuit, m\u00eame apr\u00e8s sa mort survenue en 1986.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

Son intention \u00e9tait de \u00ab sonner l’alarme contre toutes les forces qui d\u00e9truisent la nature et la vie et de montrer la transformation de toute la vie, de toute la soci\u00e9t\u00e9, de tout l’espace \u00e9cologique \u00bb<\/em>.<\/p>\n\n\n\n

Par ailleurs,\u00a0Yves Klein\u00a0avec ses monochromes et sculptures en \u00e9ponge pigment\u00e9s de bleu dit\u00a0: \u00ab\u00a0Le ciel bleu est ma premi\u00e8re \u0153uvre d’art\u00a0\u00bb. Il \u00e9largit ainsi le concept du ready-made pour en faire un acte de pr\u00e9sence au monde, \u00e0 la plan\u00e8te tout enti\u00e8re dans une une conscience cosmique, englobant l’univers\u00a0\u00bb \u00e9crit\u00a0Stephan Barron. (Barron, 2003)<\/p>\n\n\n\n

Bill Vazan, tente lui aussi d\u2019englober l\u2019espace g\u00e9ographique du monde avec\u00a0\u00ab\u00a0Soundings\u00a0\u00bb de la plan\u00e8te bleue<\/em>, il dit que ses \u0153uvres, compos\u00e9es d\u2019\u00e9l\u00e9ments naturels, int\u00e8grent non seulement la terre, mais aussi l\u2019eau, agent utilis\u00e9 dans son travail comme \u00e9l\u00e9ment g\u00e9n\u00e9rateur\u00a0\u00bb.<\/p>\n\n\n\n

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Bill Vazan,\u00a0Soundings<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

C\u00e9cile Massart, toujours dans ce souci de tenir en \u00e9veil les consciences a pour objectif de rendre lisible par des\u00a0marqueurs<\/em>\u00a0des lieux enterr\u00e9s de d\u00e9chets nucl\u00e9aires hautement radioactifs par des\u00a0archisculptures\u00a0<\/em>en mat\u00e9riaux durables.<\/p>\n\n\n\n

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C\u00e9cile Massart,\u00a0Sites d\u2019Archives<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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C\u00e9cile Massart,\u00a0Sites d\u2019Archives<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Gregory Chatonsky\u00a0<\/em>avec\u00a0T\u00e9lofossils<\/em>\u00a0\u0153uvre multi-media, tente d\u2019archiver le futur qu\u2019il anticipe en imaginant ce que les civilisations actuelles, qui tendent vers une d\u00e9mat\u00e9rialisation, sinon une disparition \u00e0 force de surproduction, suraccumulation et surconsommation, pourraient laisser comme traces. Entre technologies de pointe (vid\u00e9os, bande son, num\u00e9risations 3D, dispositif interactif neuro-robotique) et traditionnelles (sculpture, plaques d\u2019objets techniques fossilis\u00e9s\u2026), il compose, une v\u00e9ritable arch\u00e9ologie du futur en lui donnant une dimension plus sensible.<\/p>\n\n\n\n

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Gregory Chatonsky,\u00a0T\u00e9lofossils<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Gregory Chatonsky,\u00a0T\u00e9lofossils<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Gregory Chatonsky,\u00a0T\u00e9lofossils<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Le Bioart<\/h2>\n\n\n\n
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BIOART<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Les artistes qui touchent de plus pr\u00e8s \u00e0 la mati\u00e8re sont certainement les artistes du bioart, ils manipulent directement la mati\u00e8re vivante, veulent faire prendre conscience, faire r\u00e9fl\u00e9chir, provoquer des d\u00e9bats, certains croient en une port\u00e9e \u00e9thique de leurs gestes et pensent pouvoirs apporter des solutions en alimentant l\u2019imagination des scientifiques.<\/p>\n\n\n\n

Ainsi l\u2019art biotech, le Wet Art ou le On Life, sous toutes leurs formes, In vivo, In vitro, Semi-living ou Near-life, hybride sont n\u00e9s \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur et \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur des laboratoires de sciences g\u00e9n\u00e9tique, transg\u00e9nique, mol\u00e9culaire ou bact\u00e9riologiste. En effet, certains artistes, dans un travail de multiplication et de manipulation des cellules humaines, animales et v\u00e9g\u00e9tales, par des cultures de tissus vivants, des modifications g\u00e9n\u00e9tiques et morphologiques, des implantations de construction bio-m\u00e9caniques, redonnent une vie semi-organique \u00e0 l\u2019art. Ils inventent non plus de nouvelles fictions mais de possibles r\u00e9alit\u00e9s jusque-l\u00e0 fantasm\u00e9es, depuis que les avanc\u00e9es de la science ont donn\u00e9 lieu \u00e0 la cartographie de l\u2019ADN d\u2019organismes vivants, donnant \u00e0 l\u2019encodage du vivant une plasticit\u00e9 inconnue dans le pass\u00e9. Ils travaillent dans et par la mati\u00e8re elle-m\u00eame vivante, dans un souci de protection, d\u2019extension, d\u2019\u00e9largissement, d\u2019augmentation et d\u2019am\u00e9lioration des potentialit\u00e9s vitales, intellectuelles et sociales de l\u2019humain ainsi que des qualit\u00e9s de son environnement.<\/p>\n\n\n\n

Henri Atlan\u00a0ne dit-il pas\u00a0:<\/p>\n\n\n\n

\u00ab Il existe solidement enracin\u00e9 dans l\u2019\u00eatre le d\u00e9sir de dominer la nature y compris la nature humaine. On le retrouve sous une forme ou sous une autre, dans chaque civilisation. Il exprime, au fond, le d\u00e9sir universel de vouloir \u00e9chapper \u00e0 la mort1<\/sup> \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Ainsi\u00a0\u00a0Paul Perry, quant \u00e0 lui, n\u2019h\u00e9site pas \u00e0 greffer un de ses globules blancs sur une cellule canc\u00e9reuse de souris pour former une nouvelle cellule immortelle, telle un hybridome. En intervenant sur les m\u00e9canismes habituels de d\u00e9veloppement des papillons,\u00a0Marta de Menez\u00e8s\u00a0<\/em>modifie les motifs de leurs ailes, cr\u00e9ant ainsi une asym\u00e9trie jamais observ\u00e9e dans la nature.<\/p>\n\n\n\n

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Marta de Menez\u00e8s,\u00a0Butterfly<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Nathalie Jeremijenko, OneTree<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

\u00c0 l\u2019inverse, Nathalie Jeremijenko prouve par ses clonages d\u2019arbres qu\u2019il est impossible de recr\u00e9er de l\u2019identique. D\u00e9passer la nature pour mieux la restituer, c\u2019est ce que le projet Pang\u00e9a2<\/sup>\u00a0de Louis Bec exp\u00e9rimente avec ses recherches sur la cognition chez les animaux, notamment les poissons africains (gnathon\u00e9mus pelers\u00fc<\/em>) qui \u00e9mettent des d\u00e9charges \u00e9lectriques en mettant en place des dispositifs technozoos\u00e9miotiques , visant \u00e0 rendre possible la communication entre les mormyd\u00e9es africains et les gymnotid\u00e8s d\u2019Amazonie, \u00e9loign\u00e9s par le glissement de la techtonique des plaques. On observe que la communication demeure un point topique de la majorit\u00e9 de ces productions sur le vivant\u00a0; d\u00e9j\u00e0 Alba,\u00a0GFP bunny<\/em>, lapine augment\u00e9 transg\u00e9n\u00e9tiquement d\u2019une prot\u00e9ine verte fluorescente, que faisait d\u00e9couvrir Eduardo Kac <\u00a0www.ekac.org> en 2000 avait pour objet l\u2019observation de son int\u00e9gration sociale et le ph\u00e9nom\u00e8ne m\u00e9diatique l\u2019entourant ainsi que le d\u00e9bat sur l\u2019utilisation humaine des animaux.<\/p>\n\n\n\n

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Louis Bec,\u00a0Pangea<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Louis Bec,\u00a0Pangea<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

C\u2019est aussi l\u2019objet des exp\u00e9riences de\u00a0Symbiotica\u00a0et\u00a0TC & A\u00a0avec leurs cultures tissulaires r\u00e9alis\u00e9s au moyen de bio-r\u00e9acteurs qui produisent des steaks de grenouilles pour que cesse l\u2019abattage des animaux vou\u00e9s \u00e0 nos besoins de nutrition. En contre partie, les r\u00e9alisations du duo, qui comprennent aussi des sculptures semi-vivantes compos\u00e9es de polym\u00e8re biod\u00e9gradable et de cellules vivantes de tissus \u00e9pidermique, osseux et musculaire, les obligent \u00e0 assumer la responsabilit\u00e9 de leur dur\u00e9e de vie, soit en les alimentant ou en les laissant mourir.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

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Symbiotica et TC & A,\u00a0Flesh Experience<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Symbiotica et TC & A,\u00a0Flesh Experience<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

\u00c0 l\u2019inverse, c\u2019est par le biais d\u2019une fiction romanesque que le duo\u00a0Art Orient\u00e9 Objet\u00a0fait le r\u00e9cit de ses exp\u00e9riences en laboratoire en r\u00e9v\u00e9lant les actes de m\u00e9fiance des biologistes \u00e0 leur \u00e9gard. Il faut dire que Marion Laval-Jeantet a d\u00fb contourner les lois fran\u00e7aises pour r\u00e9aliser une performance in\u00e9dite qui s\u2019intitule \u00ab\u00a0Que le cheval vive en moi\u00a0\u00bb<\/em>.<\/p>\n\n\n\n

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Art Orient\u00e9 Objet,\u00a0Que le cheval vive en moi<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Art Orient\u00e9 Objet,\u00a0Que le cheval vive en moi<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Art Orient\u00e9 Objet,\u00a0Que le cheval vive en moi<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Devant le public, elle se fait transfuser du sang de cheval. Puis ce sang ainsi m\u00e9lang\u00e9 est pr\u00e9lev\u00e9 et lyophilis\u00e9, \u00e0 partir duquel une collection de huit reliquaires est r\u00e9alis\u00e9e. La rencontre du sang des deux esp\u00e8ces produit ce qu\u2019elle nomme le sang de centaure. Son corps, lieu de toutes les exp\u00e9rimentations, fait \u0153uvre. La barri\u00e8re entre les esp\u00e8ces est lev\u00e9e par l\u2019abolition des cat\u00e9gories de la nature.<\/p>\n\n\n\n

Une m\u00e9fiance r\u00e8gne devant ces productions qui a conduit\u00a0Steve Kurtz\u00a0devant les tribunaux suite \u00e0 des accusations d\u2019actions bio-terroristes, alors ses projets visaient \u00e0 d\u00e9noncer l\u2019utilisation d\u2019armes biochimiques en pr\u00e9sentant sous forme de labos de d\u00e9monstration des cultures d\u2019organismes innofensifs comme la bact\u00e9rie\u00a0serratia marescens<\/em>\u00a0dans des \u00e9v\u00e9nements artistiques.<\/p>\n\n\n\n

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Steve Kurtz,\u00a0Serratia marescens<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Steve Kurtz,\u00a0Serratia marescens<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Avec Kurtz, nous faisons face entre autres \u00e0 la fragile r\u00e9alit\u00e9 du corps humain devant des \u00e9ventuelles menaces biochimiques. Pour parer \u00e0 ces faiblesses, certains futurologues entrevoient la possibilit\u00e9 d\u2019utiliser les avanc\u00e9es des nanosciences dans une propension \u00e0 augmenter les capacit\u00e9s physiques et intellectuelles des \u00eatres humains. Dans un m\u00eame ordre d\u2019id\u00e9e le projet de\u00a0\u00a0SubRosa, interroge le concept de posthumain ou de cyborg tel que pr\u00e9sent\u00e9 par\u00a0Donna Harraway\u00a0mais en laissant entrevoir les motivations politiques sous-jacentes.<\/p>\n\n\n\n

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\u0152uvre de Sha Xin Way<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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\u0152uvre de Thecla Schiphorst<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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\u0152uvre de Suzan Kozel<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Ce d\u00e9sir d\u2019augmenter les potentialit\u00e9s du corps ont amen\u00e9 certains artistes a d\u00e9velopper une membrane artificielle, un v\u00eatement muni de r\u00e9seaux \u00e9lectroniques qui permet d\u2019outrepasser les limites de l\u2019agir corporel et communicationnel, c\u2019est le cas des \u0153uvres de\u00a0Sha Xin Way,\u00a0Thecla Schiphorst\u00a0et\u00a0\u00a0Suzan Kozel. Cette utilisation des potentialit\u00e9s du corps au service de la production de robots se retrouve dans\u00a0Le huiti\u00e8me jour<\/em>, \u0153uvre d\u2019Eduardo Kac\u00a0qui met en relation la biodiversit\u00e9 des esp\u00e8ces avec des\u00a0biobots<\/em> pour en observer les effets et r\u00e9actions comportementales. Eduardo Kac utilise dans une m\u00eame \u0153uvre des technologies de l\u2019ing\u00e9nierie g\u00e9n\u00e9tique et de l\u2019intelligence artificielle dans une dimension globalisante3<\/sup>, esth\u00e9tique et symbolique, sinon spirituelle, tout au moins po\u00e9tique4<\/sup>.<\/p>\n\n\n\n

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Eduardo Kac<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Eduardo Kac,\u00a0Le huiti\u00e8me jour<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

L\u2019inqui\u00e9tude que soul\u00e8ve de nombreux projets scientifiques c\u2019est le fait qu\u2019ils ne sont plus utopiques et c\u2019est justement ce que nous prouvent les productions bioart mais en m\u00eame temps elles d\u00e9montrent que l\u2019on peut agir sur la nature et peut-\u00eatre r\u00e9tablir des conditions propices \u00e0 la survivance et la r\u00e9g\u00e9n\u00e9ration. Notamment le travail de Nathalie Jeremijenko avec son clonage d\u2019arbre. En tant qu\u2019activiste et face au secret des labos priv\u00e9s, elle dit\u00a0:<\/p>\n\n\n\n

\u00ab Le bioart devrait assumer seul le devoir d\u2019\u00e9veiller le sens critique. La grosse diff\u00e9rence entre l\u2019art et la science, c\u2019est que les chercheurs ne sont jamais directement responsables devant le public, alors que les artistes sont beaucoup plus expos\u00e9s. \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Mais par ailleurs, elle entend mettre en perspective, en les complexifiant, les enjeux politiques et sociaux du r\u00e9chauffement climatique, des modifications de la qualit\u00e9 de l\u2019air et de l\u2019utilisation d\u2019organismes g\u00e9n\u00e9tiquement modifi\u00e9s en r\u00e9v\u00e9lant et en d\u00e9fiant les m\u00e9canismes de pouvoir de l\u2019information scientifique. <\/p>\n\n\n\n

Ainsi en \u00e9pousant la biotechnologie, les artistes en deviennent solidairement responsables et se doivent, dans leur pratique d\u2019amener des r\u00e9ponses aux questions \u00e9thiques qu\u2019ils soul\u00e8vent. D\u2019ailleurs les artistes du bioart gardent tous un contact par e-mail et fr\u00e9quentent les m\u00eames ateliers, notamment ceux de Kac ou de Symbiotica.\u00a0Joe Davis\u00a0compare la communaut\u00e9 des artistes bioart \u00e0 celle des biologistes mol\u00e9culaires il y voit la naissance d\u2019un mouvement mondial et multidisciplinaire. Mais cela ne semble pas se produire m\u00eame si les artistes continuent leur exp\u00e9rimentation.<\/p>\n\n\n\n

Ainsi s\u2019opposant \u00e0 la d\u00e9corporalisation de la mati\u00e8re, provoqu\u00e9es par les arts virtuels et les arts du web, \u00e0 cette m\u00eame \u00e9poque d\u2019exp\u00e9rimentation de nature plus scientifique, certains artistes privil\u00e9gient la manipulation des g\u00e8nes plut\u00f4t que des octets, dans l\u2019objectif de conscientiser le monde.<\/p>\n\n\n\n

Cependant certains artistes comme Patricia Piccinini s\u2019interrogeant sur notre avenir en tant qu\u2019humains r\u00e9alise des \u0153uvres sculpturales aux dimensions humaines.<\/p>\n\n\n\n

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Patricia Piccinini<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Patricia Piccinini<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Son travail nous rappelle \u00e0 quel point la vie \u00e9chappe de plus en plus aux contraintes de la nature gr\u00e2ce aux implants, \u00e0 la f\u00e9condation in vitro, au clonage, \u00e0 la biotechnologie, aux mutations\u2026 en somme, gr\u00e2ce au bricolage g\u00e9n\u00e9tique.<\/p>\n\n\n\n

Elle parodie la monstruosit\u00e9 et la monstration, qu\u2019elle pr\u00e9sente comme des antichambres de l\u2019apocalypse. <\/p>\n\n\n\n

Une autre vie<\/em> traduit la fascination et l\u2019horreur du monstrueux lorsque ce dernier s\u2019installe dans le quotidien, refl\u00e9tant ainsi l\u2019inqui\u00e9tante \u00e9tranget\u00e9 freudienne.<\/p>\n\n\n\n

Elle semble vouloir montrer \u00e0 quoi ressembleraient certains \u00eatres humains au naturel ou au contraire les dangers des nouvelles technologies.<\/p>\n\n\n\n

Regroupements <\/h2>\n\n\n\n

On observe aussi de nombreux regroupements se forment plus sp\u00e9cifiquement autour de questions \u00e9cologiques, li\u00e9s \u00e0 l\u2019environnement naturel. C\u2019est le cas de la coalition pour l\u2019art et le d\u00e9veloppement durable\u00a0COAL\u00a0<\/strong>mais aussi des groupes, centres et agences tels que\u00a0:<\/p>\n\n\n\n

RSA ARTS &ECOLOGY, The\u00a0Center for Art+Environment,\u00a0P3,\u00a0CC ANW, Centre pour l\u2019art contemporain et le monde naturel,\u00a0La Pommerie, la\u00a0\u00a0Verbeke Foundation,\u00a0D\u00e9dale,\u00a0Grizedale Art, La fondation\u00a0NMAC, Art contemporain dans la nature, Le Vent des For\u00eats, Le Domaine d\u00e9partemental de Chamarande,\u00a0Solar One, (NY)…<\/p>\n\n\n\n

Leur r\u00f4le \u00e9tant, entre autre, de regrouper, faire conna\u00eetre, publier, soutenir et encourager les artistes \u00e0 relever les d\u00e9fis environnementaux contemporains. Mais aussi soutenir l\u2019\u00e9tude, la sensibilisation et la mise en place d\u2019interactions cr\u00e9atrices entre les individus et leur environnement naturel, construit ou virtuel. Etc.<\/p>\n\n\n\n

On observe que si les arts biotechnologiques proposent une augmentation et une am\u00e9lioration des potentialit\u00e9s du corps humain, ils proposent aussi une hybridation entre le vivant et la machine (soit la technologie) mais aussi entre les esp\u00e8ces humaine-animale et v\u00e9g\u00e9tale dans une communion symbiotique des \u00e9l\u00e9ments d\u00e9montrant que l\u2019on fait partie d\u2019un tout \u00e9cologiquement et que l\u2019avenir peut s\u2019imaginer dans l\u2019imbrication de l\u2019organique et de l\u2019artificiel.<\/p>\n\n\n\n

\u00c9bauche d\u2019un projet utopique<\/h2>\n\n\n\n

La citation qui suit, de\u00a0Jean Gabriel Ganascia, permet de r\u00e9sumer l\u2019\u00e9bauche d\u2019une id\u00e9e de projet que j\u2019ai eu il y a quelques ann\u00e9es, provoqu\u00e9 par une banale vision qui m\u2019a inspir\u00e9e des r\u00e9flexions en rapport avec notre sujet.<\/p>\n\n\n\n

\u00ab\u00a0Il se pourrait qu\u2019un jour des automates biologiques fond\u00e9s sur l\u2019emploi de macromol\u00e9cules recombinantes ou sur la greffe de neurones animaux sur des supports de silicium, viennent supplanter les machines actuelles\u00a0; on parle aussi d\u2019ordinateurs quantiques et du d\u00e9veloppement des nanotechnologies qui bouleverseraient la conception des calculateurs. Dans toutes ces \u00e9ventualit\u00e9s, les principes mat\u00e9riels diff\u00e9reraient tant de ceux sur lesquels reposent les ordinateurs \u00e9lectroniques actuels que l\u2019on ne peut se prononcer. En effet, il se pourrait que la diminution de la consommation \u00e9nerg\u00e9tique et son changement de nature procurent une autonomie de fonctionnement totale aux nouvelles machines susceptibles, par exemple, de s\u2019alimenter d\u2019elles-m\u00eames en ing\u00e9rant des herbes ou des racines.<\/em>\u00a0\u00bb (Ganascia, 2007)<\/p>\n\n\n\n

Cette vision c\u2019est ce que l\u2019on voit ici une algue accroch\u00e9e \u00e0 un d\u00e9bris de b\u00e9ton. Le mouvement de ses longs filaments me fascine et m\u2019intrigue. J\u2019y vois une entit\u00e9 vivante ou encore un cerveau laissant voir ses dentrites en action.<\/p>\n\n\n\n

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Cladophora glomerata<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

J\u2019assistais, en fait, \u00e0 une hybridation naturelle entre une entit\u00e9 vivante organique et un r\u00e9sidu de construit humain. Chacune des deux parties devenant la proth\u00e8se de l\u2019autre. Le v\u00e9g\u00e9tal nomade enfin devenu s\u00e9dentaire pour s\u2019assurer une vie plus longue et la roche synth\u00e9tique devenant mobile dans une sorte de chaine de causalit\u00e9\u00a0intentionnelle<\/em>\u00a0naturelle.<\/p>\n\n\n\n

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Cladophora glomerata<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

L\u2019algue, la\u00a0Cladophora glomerata,<\/em>\u00a0est aussi un produit de l\u2019humain puisque modifi\u00e9e et amplifi\u00e9es par eutrophisation du milieu aquatique o\u00f9 se d\u00e9versent les nitrates et l\u2019azote provenant des engrais chimiques et le b\u00e9ton, composite de granulats agglom\u00e9r\u00e9s par un liant\u00a0: On a affaire ici \u00e0 une multiplicit\u00e9 combinatoire entre des intelligences naturelles et artificielles. N\u2019oublions pas que le terme intelligence vient du mot \u00ab\u00a0rassembler\u00a0\u00bb, \u00ab\u00a0lier ensemble\u00a0\u00bb.<\/p>\n\n\n\n

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Cladophora glomerata<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Dans les mouvements des filaments, \u00e0 l\u2019image des dentrites du cerveau, je vois la fulgurance du vivant, d\u2019un cerveau qui pense, dans une fureur comparable \u00e0 celle d\u2019Antunez Roca dans son accouplement avec la machine mais aussi ces micro-organismes ou ext\u00eamophiles qui bravent les conditions physico-chimiques pour vivre au c\u0153ur des roches des profondeurs.<\/p>\n\n\n\n

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Antunez Roca<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Micro-organisme, Icefishshuck<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Micro-organisme, Antartic scalp<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Je suis fascin\u00e9e par ce comportement de la nature comme s\u2019il y avait une intentionnalit\u00e9 flottante dans les ondes \u00e9lectromagn\u00e9tiques qui guident les \u00e9l\u00e9ments, comme si la nature se proth\u00e9s\u00e9ifier <\/em>elle-m\u00eame.<\/p>\n\n\n\n

Je n\u2019ai toujours pas r\u00e9alis\u00e9 ce projet mais d\u00e9j\u00e0 les artistes, Peter Cook et Gavin Robotham, r\u00e9alisent des sculpture semi-vivantes avec des algues.<\/p>\n\n\n\n

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Peter Cook et Gavin Robotham, sculpture semi-vivante avec algues<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

En conclusion deux questions \u00e9mergent devant la nature que nos technologies abusives meurtrissent de plus en plus allant jusqu\u2019\u00e0 un point de non-retour. C\u2019est le cas de certaines esp\u00e8ces animales et v\u00e9g\u00e9tales qui disparaissent chaque jour, ou des animaux marins, par exemple, qui avalent des pastilles de styrofoam et de polystyr\u00e8ne et deviennent trop fertiles ou souffrent de maladies \u00e9tranges. Est-ce que les actes artistiques comme vu pr\u00e9c\u00e9demment ont un pouvoir ou du moins un impact sur la soci\u00e9t\u00e9 et les politiques ? Devrait-on envisager l\u2019imbrication hybride entre la nature et les d\u00e9chets industriels ?<\/p>\n\n\n\n

Comme l\u2019explique Ranci\u00e8re,\u00a0\u00ab\u00a0le propre de l\u2019art est d\u2019op\u00e9rer un red\u00e9coupage de l\u2019espace mat\u00e9riel et symbolique. Et c\u2019est par l\u00e0 que l\u2019art touche \u00e0 la politique<\/em>.\u00a0\u00bb (Ranci\u00e8re, 2004) C\u2019est donc dans la \u00ab\u00a0re-disposition\u00a0\u00bb des objets communs, \u00ab\u00a0parfois \u00e0 peine d\u00e9cal\u00e9e de la vie ordinaire\u00a0\u00bb, dans la cr\u00e9ation de situations propres \u00e0 modifier nos regards, dans la mani\u00e8re d\u2019investir le temps que l\u2019art contemporain est politique. Et Ranci\u00e8re d\u2019ajouter\u00a0:\u00a0<\/p>\n\n\n\n

\u00ab\u00a0La politique, en effet, ce n\u2019est pas l\u2019exercice du pouvoir et la lutte pour le pouvoir. C\u2019est la configuration d\u2019un espace sp\u00e9cifique, le d\u00e9coupage d\u2019une sph\u00e8re particuli\u00e8re d\u2019exp\u00e9rience, d\u2019objets pos\u00e9s comme communs et relevant d\u2019une d\u00e9cision commune, de sujets reconnus capables de d\u00e9signer ces objets et d\u2019argumenter \u00e0 leur sujet\u00a0\u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Par ailleurs l\u2019\u00c9conomie Bleue s\u2019attache \u00e0 la r\u00e9g\u00e9n\u00e9ration<\/em>, au del\u00e0 donc de la pr\u00e9servation et de la conservation ; elle ne recycle pas, elle r\u00e9g\u00e9n\u00e8re.<\/p>\n\n\n\n

Elle consiste \u00e0 s\u2019assurer qu\u2019un \u00e9cosyst\u00e8me maintient ses r\u00e8gles \u00e9volutives afin que tous puissent b\u00e9n\u00e9ficier du flux infini de la Nature en mati\u00e8re de cr\u00e9ativit\u00e9, d\u2019adaptabilit\u00e9 et d\u2019abondance.<\/p>\n\n\n\n

Proche des id\u00e9es de\u00a0\u00a0Gunter Pauli,\u00a0Felix Guattari, \u00e0 la fin des ann\u00e9es 1980, fondait le concept d\u2019\u00a0\u00ab\u00a0\u00e9cosophie\u00a0\u00bb et s\u2019exprima ainsi\u00a0:<\/p>\n\n\n\n

\u00ab\u00a0Il n\u2019y aura de r\u00e9ponse v\u00e9ritable \u00e0 la crise \u00e9cologique qu\u2019\u00e0 l\u2019\u00e9chelle plan\u00e9taire et \u00e0 la condition que s\u2019op\u00e8re une authentique r\u00e9volution politique, sociale et culturelle r\u00e9orientant les objectifs de la production des biens mat\u00e9riels et immat\u00e9riels.\u00bb (Gattari, 1989)<\/p>\n\n\n\n

Aussi, remarque-t-il, \u00ab\u00a0la seule gestion des probl\u00e8mes de nuisances industrielles demeure largement insuffisante \u00e0 l\u2019\u00e9dification d\u2019une v\u00e9ritable culture de d\u00e9veloppement durable. Celle-ci d\u00e9pend non seulement de solutions techniques d\u2019assainissement de lieux contamin\u00e9s ou de programmes sectoriels de gestion, mais aussi d\u2019un remaniement profond de nos mani\u00e8res de vivre en soci\u00e9t\u00e9 touchant l\u2019\u00e9thique, la politique et la d\u00e9finition de la subjectivit\u00e9 humaine\u00a0\u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Son concept d\u2019\u00ab \u00e9cosophie \u00bb d\u00e9signe alors l\u2019articulation \u00e9thico-politique de trois registres de l\u2019\u00e9cologie, soit : l\u2019environnement, les rapports sociaux et la subjectivit\u00e9. <\/p>\n\n\n\n

Cependant, Edith-Anne Pageot dit \u00ab\u00a0qu\u2019il serait na\u00eff de postuler que les nouvelles technologies auraient la capacit\u00e9 de mener \u00e0 des changements existentiels allant dans le sens d\u2019une \u00e9cosophie telle que la revendique Guattari car ce nouveau \u00ab\u00a0syst\u00e8me des objets\u00a0\u00bb ne s\u2019inscrit pas en rupture avec le pass\u00e9 et r\u00e9pond toujours aux exigences du capitalisme et de l\u2019industrie m\u00eame s\u2019il s\u2019ajuste \u00e0 leurs formes les plus contemporaines<\/em>.\u00a0\u00bb (Pageot, 2010) Ainsi, la nature sera-t-elle vou\u00e9e \u00e0 apprivoiser les d\u00e9tritus industriels comme cette algue nomade devenue s\u00e9dentaire et \u00e0 devenir hybride\u00a0? C\u00f4toirons-nous des identit\u00e9s semi-vivantes comme les poup\u00e9es du souci de Symbiotica\u00a0? Si ce n\u2019est d\u00e9j\u00e0 fait\u2026<\/p>\n\n\n\n

Notes<\/h2>\n\n\n\n

[1] Henri Atlan, entrevue in\u00a0Actualit\u00e9 M\u00e9dicale<\/em>, 4 avril 2001.<\/p>\n\n\n\n

[2] Ce projet et bien d\u2019autres concernant les arts biotech peuvent \u00eatre vu sur le DVD Rom qui accompagne le livre\u00a0Art et Biotechnologie\u00a0<\/em>(sous la direction de Louise Poissant et Ernestine Daubner, 2005, Presses de l\u2019Universit\u00e9 du Qu\u00e9bec, Montr\u00e9al).<\/p>\n\n\n\n

[3] Il utilise la T\u00e9l\u00e9pr\u00e9sence qu\u2019il d\u00e9finit comme \u00e9tant la fusion entre la t\u00e9l\u00e9robotique et des m\u00e9dias de communication, la Biot\u00e9l\u00e9matique qui est pens\u00e9e comme un art faisant intervenir un processus biologique li\u00e9 de fa\u00e7on intrins\u00e8que \u00e0 des moyens de t\u00e9l\u00e9communications informatis\u00e9s et l\u2019Art transg\u00e9nique qui fait appel au g\u00e9nie g\u00e9n\u00e9tique pour transf\u00e9rer soit des g\u00e8nes synth\u00e9tiques \u00e0 un organisme, soit du mat\u00e9riel g\u00e9n\u00e9tique naturel entre esp\u00e8ces en vue de cr\u00e9er des hybrides vivants uniques.<\/p>\n\n\n\n

[4] Ainsi Kac cr\u00e9e en 1983 le concept \u00ab\u00a0d\u2019Holopo\u00e9sie\u00a0\u00bb pour d\u00e9crire ses textes flottants tridimensionnels marquant ainsi le d\u00e9but d\u2019une relation intense entre pratique artistique et technologie. On citera\u00a0Holo\/Olho<\/em>\u00a0(Holo\/Eye<\/em>) de 1983 et\u00a0Chaos<\/em>\u00a0de 1986.<\/p>\n\n\n\n

Bibliographie<\/h2>\n\n\n\n

\u2013 Barron,\u00a0St\u00e9phan, Technoromantisme,<\/em>\u00a0Paris, L’Harmattan, coll. \u00abEsth\u00e9tiques\u00bb, 2003, 253 p.<\/p>\n\n\n\n

\u2013 Ganascia, Jean-Gabriel,\u00a0Id\u00e9es re\u00e7ues sur l\u2019intelligence artificielle<\/em>, Paris, Le cavalier bleu, 2007, 128 p. <\/p>\n\n\n\n

\u2013 Gattari, F\u00e9lix,\u00a0Les trois \u00e9cologies<\/em>, Paris, Galil\u00e9e, 1989, 80 p. <\/p>\n\n\n\n

\u2013 Pageot, Edith-Anne,\u00a0Art et nouvelles technologies<\/em>\u00a0: Pour un recadrage de la subjectivit\u00e9 humaine par rapport \u00e0 l\u2019id\u00e9e de paysage<\/em>, dans RACAR, Revue d’art Canadienne | Canadian Art Review<\/em>, vol. 35, no<\/sup>\u00a01, 2010, p.\u00a042-53.<\/p>\n\n\n\n

\u2013 Ranci\u00e8re, Jacques,\u00a0Malaise dans l\u2019esth\u00e9tique<\/em>, Paris, Galil\u00e9e, 2004, 192 p. <\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Depuis longtemps certains artistes pr\u00e9occup\u00e9s par les questions \u00e9cologiques ont d\u00e9nonc\u00e9s dans leur art l\u2019irresponsabilit\u00e9 de l\u2019industrialisation sauvage (ou \u00e9conomie rouge) qui m\u00e8ne le monde \u00e0 sa perte, comme par exemple, l\u2019\u0153uvre de\u00a0Thomas Hirschhorn\u00a0constitu\u00e9e d\u2019une centaine de globes terrestres bleus affubl\u00e9s de protub\u00e9rances pans\u00e9es par du ruban adh\u00e9sif beige en guise de pansements. Cette installation … Continued<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[1],"tags":[8],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1327"}],"collection":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=1327"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1327\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":1363,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1327\/revisions\/1363"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=1327"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=1327"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=1327"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}