{"id":1560,"date":"2015-10-01T18:50:55","date_gmt":"2015-10-01T18:50:55","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=1560"},"modified":"2022-11-19T18:53:17","modified_gmt":"2022-11-19T18:53:17","slug":"methodologie-et-partage-du-savoir-six-entrevues-video-3","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/methodologie-et-partage-du-savoir-six-entrevues-video-3\/","title":{"rendered":"Octobre 2015 – M\u00e9thodologie et partage du savoir: six entrevues-vid\u00e9o (3)"},"content":{"rendered":"\n
Nous voici arriv\u00e9s au troisi\u00e8me et dernier article, sous forme d’entrevues vid\u00e9o, de cette s\u00e9rie th\u00e9matique autour des m\u00e9thodologies de recherche-cr\u00e9ation en art. Rappelons que ces entrevues ont \u00e9t\u00e9 faites \u00e0 l’occasion de rencontres intitul\u00e9es : La Recherche-cr\u00e9ation : territoire d’innovation m\u00e9thodologique<\/em>. Christof Migone, Daniel Canty et Patrick Beaulieu, Marie-Claude Bouthillier, Pierre Gosselin et Sylvie Fortin, Samuel Bianchini et enfin Louis-Claude Paquin se sont, \u00e0 leur tour, pli\u00e9s \u00e0 l’exercice : r\u00e9pondre de fa\u00e7on synth\u00e9tique \u00e0 des questions qui pr\u00e9occupent actuellement les chercheurs en pratiques des arts sur les m\u00e9thodes et m\u00e9thodologies de recherche. <\/p>\n\n\n\n Si de nouvelles disciplines, comme par exemple l’arch\u00e9ologie des m\u00e9dias, questionnent par une approche m\u00e9diologique et par un travail de conservation, la transmission des connaissances que produisent les \u0153uvres m\u00e9diatiques, cette s\u00e9rie d’articles a, quant \u00e0 elle, abord\u00e9 la question du point de vue de l’action du chercheur : comment la pratique en art et en acte peut-elle produire des connaissances transmissibles autrement que par les \u0153uvres elles-m\u00eames ? Cette question, est pour le moins complexe, si l’on consid\u00e8re que les \u0153uvres sont le m\u00e9dium de transmission de l’art lui-m\u00eame. Pourtant elle appara\u00eet n\u00e9cessaire \u00e0 bon nombre d’acteurs de la communaut\u00e9 artistique, principalement engag\u00e9s dans des pratiques artistiques m\u00e9diatiques, mais pas seulement. D’o\u00f9 vient la n\u00e9cessit\u00e9 de cette question ? Pour l’arch\u00e9ologie des m\u00e9dias, c’est d’abord l’obsolescence des technologies m\u00e9diatiques qui rend n\u00e9cessaire le d\u00e9veloppement de sa discipline. Pour les artistes, les chercheurs, les p\u00e9dagogues la motivation essentielle reste la transmission de connaissances d\u00e9ploy\u00e9es dans la pratique artistique. En arts m\u00e9diatiques l’obsolescence des technologies a pour effet d’interroger sans cesse non seulement leurs outils mais les concepts et les id\u00e9es li\u00e9s \u00e0 une acc\u00e9l\u00e9ration de leur renouvellement incessant. Dans ce contexte, la recherche en art a pour objectif de r\u00e9server du temps \u00e0 la r\u00e9flexion, de marquer une pause dans le processus de production, pour penser l’appareillage indissociablement technique et conceptuel des praticiens en art. <\/p>\n\n\n\n Chaque individu interrog\u00e9 dans cette s\u00e9rie d’articles-vid\u00e9o propose un angle d’approche singulier qui refl\u00e8tent la multiplicit\u00e9 des points de vue des acteurs qui forment ensemble la constellation de la recherche en art : artistes, artiste-chercheurs, artiste-p\u00e9dagogues, enseignant-chercheurs. Ils portent souvent ces multiples casquettes simultan\u00e9ment. La notion de m\u00e9thodologie est soulev\u00e9e dans un contexte de transmission des connaissances d\u00e9velopp\u00e9es lors de la pratique en art. Le premier article mettait en garde contre la tentation de confondre les probl\u00e9matiques que rencontrent les artistes ind\u00e9pendants et les centre d’artistes1<\/sup> avec celles que rencontrent les artistes, les chercheurs et les p\u00e9dagogues en art engag\u00e9s dans un parcours universitaire. Cette distinction reste importante car si le r\u00f4le de centres d’artistes et ceux des institutions universitaires sont compl\u00e9mentaires, ils ne sont pas interchangeables. Et si la notion de m\u00e9thode concerne l’ensemble de cette communaut\u00e9 h\u00e9t\u00e9rog\u00e8ne, celle de m\u00e9thodologie d\u00e9signe l’approche r\u00e9flexive du chercheur en art principalement au sein de centres de recherches universitaires, dont l’une des responsabilit\u00e9s est la transmission du savoir qu’il produit et qui s’adresse \u00e0 l’ensemble de la communaut\u00e9. Ainsi ce troisi\u00e8me article met en lumi\u00e8re, \u00e0 travers ces six derni\u00e8res entrevues, la multiplicit\u00e9 des points de vues qui correspondent aux multiples casquettes que chacun d’entre eux rev\u00eat et dont le point commun est d’\u00eatre r\u00e9unis ici autour d’une question : comment les connaissances produites lors de la pratique artistique peuvent-elles \u00eatre transmises?<\/p>\n\n\n\n Christof Migone, <\/strong>tout d’abord, interroge le sens m\u00eame de certains mots clefs de ces entrevues parmi lesquels les termes d’artiste et de recherche-cr\u00e9ation. Quand il s’agit de se pr\u00e9senter, il h\u00e9site \u00e0 s’auto-qualifier d’artiste dont la d\u00e9finition m\u00eame, tout comme celle de l’art, lui appara\u00eet incertaine et multiple. Cependant c’est bien cette exp\u00e9rience qui le guide dans son r\u00f4le de p\u00e9dagogue aupr\u00e8s des \u00e9tudiants qu’il encadre. Ses incertitudes et ses questionnements d’artistes fondent sa p\u00e9dagogie et sa recherche au sein d’une approche heuristique. C’est d’ailleurs le terme de \u00ab\u00a0recherche\u00a0\u00bb qui d\u00e9finit le mieux selon lui sa d\u00e9marche d’artiste car la notion de cr\u00e9ation s’inscrit dans une perspective jud\u00e9o-chr\u00e9tienne qui sous-tendrait une pratique ex-nihilo alors, qu’au contraire, elle se d\u00e9ploie dans une continuit\u00e9. Continuit\u00e9 qui peut cependant \u00eatre ponctu\u00e9e de \u00ab\u00a0moments morts, de paresse, de divagations, de ruptures\u2026\u00a0\u00bb qui \u00e9chappent \u00e0 la m\u00e9thodologie. En \u00e9cho, Daniel Canty<\/strong> d\u00e9crit la m\u00e9thode comme un cheminement indisciplinaire au cours duquel le travail de l’artiste se cristallise, parfois. Il collabore avec Patrick Beaulieu<\/strong>, pour lequel, ce cheminement est fondamentalement concret, puisqu’il met en \u0153uvre de longues travers\u00e9es g\u00e9o-po\u00e9tiques dans diff\u00e9rentes r\u00e9gions du monde (voir biographie) comme pr\u00e9alable et comme origine de sa production artistique. Ces \u00ab\u00a0trajectoires performatives\u00a0\u00bb, ainsi qu’il les nomme, constituent le cadre au sein duquel se d\u00e9ploie sa pratique et dont la cristallisation, \u00e0 travers de nombreux m\u00e9diums, donne finalement lieu \u00e0 des expositions. C’est depuis ce contexte artistique et \u00e0 partir du projet collaboratif Une trilogie d’odyss\u00e9es transfronti\u00e8res<\/em> que Patrick Beaulieu<\/strong> et Daniel Canty<\/strong> r\u00e9pondent aux questions, \u00e9voquant \u00e0 leur tour une d\u00e9marche heuristique mais aussi une m\u00e9thode hasardeuse comme processus de recherche-cr\u00e9ation. Cartographie, biologie, m\u00e9t\u00e9orologie, stochastique, cartomancie\u2026 nourrissent leurs recherches crois\u00e9es et respectives, dans le champs des arts plastiques et m\u00e9diatiques pour le premier, au sein de l’\u00e9criture pour le second. Marie-Claude Bouthillier<\/strong> occupe une place singuli\u00e8re dans ces entrevues. Le terme de recherche-cr\u00e9ation tout comme celui de m\u00e9thodologie ne semblent pas op\u00e9rants dans sa pens\u00e9e artistique. Le fruit de ses recherches est condens\u00e9 dans son \u0153uvre qui s’expose et se performe. Il n’en reste pas moins que l’\u0153uvre \u00e0 partir de laquelle elle articule sa pens\u00e9e quant \u00e0 la notion de recherche-cr\u00e9ation qu’elle aborde avec int\u00e9r\u00eat, interroge justement la capacit\u00e9 r\u00e9flexive de l’artiste. En voulant d\u00e9construire la figure romantique d\u00e9miurgique et d\u00e9sarticul\u00e9e de l’artiste, elle fabrique un jeu de carte, \u00e9laborant \u00e0 partir de celui-ci un art de la cartomancie po\u00e9tique et humoristique. Le cinqui\u00e8me invit\u00e9 de cette s\u00e9rie, Samuel Bianchini<\/strong>, se d\u00e9finit comme artiste, enseignant-chercheur et pilote d’un programme de recherche. Il aborde dans cette entrevue l’articulation entre ces trois facettes. Il puise sa m\u00e9thode, tant comme p\u00e9dagogue que comme artiste, \u00e0 partir de sa pratique qui implique la plupart du temps un travail collectif o\u00f9 artistes, scientifiques et ing\u00e9nieurs collaborent. Si la m\u00e9thode est le chemin emprunt\u00e9, la m\u00e9thodologie, gr\u00e2ce \u00e0 une exp\u00e9rience th\u00e9oris\u00e9e, lui permet de dessiner les cartes qui \u00e9viteront les \u00e9cueils de ces projets artistiques de longue haleine. Il d\u00e9veloppe un exemple issue de son exp\u00e9rience : le phasage comme m\u00e9thode. En effet, les longs projets interdisciplinaires en arts m\u00e9diatiques, exigent d’\u00eatre pens\u00e9s par \u00e9tape : non seulement en terme de conception mais en terme de monstration. Si le phasage peut sembler \u00e9vident pour l’industrie par exemple, pour l’artiste qui aspire \u00e0 une \u0153uvre totale et sans concession, il peut sembler aller \u00e0 contre-courant de sa dynamique \u00ab\u00a0naturelle\u00a0\u00bb. Cette dynamique de l’artiste, Louis-Claude Paquin<\/strong>, l’envisage comme le c\u0153ur de la recherche-cr\u00e9ation. Il parle ici \u00e0 titre de p\u00e9dagogue qui encadre des artistes-chercheurs dans le contexte universitaire. Constatant au cours des ann\u00e9es la dichotomie existante, entre les m\u00e9thodologies universitaires connues et les proc\u00e9dures des artistes, conduisant \u00e0 des exp\u00e9riences douloureuses et contre-productives pour l’artiste-chercheur, il a d\u00e9cid\u00e9 comme enseignant-chercheurs de mettre en place une m\u00e9thode heuristique, o\u00f9 production et th\u00e9orisation s’alternent, construisant un cycle o\u00f9 r\u00e9flexion et pratique respirent et produisent ensemble des connaissances dont l’origine sont les proc\u00e9d\u00e9s, les proc\u00e9dures et les processus artistiques. Sylvie Fortin<\/strong> et Pierre Gosselin<\/strong>rejoignent ce point de vue avec quelques nuances. Dans cette entrevue ils parlent ensemble en tant que professeurs et chercheurs qui accompagnent des artistes engag\u00e9s dans un parcours doctoral. Ils ont aussi en commun un pass\u00e9 d’artiste qui hante leur approche p\u00e9dagogique. Pour Gosselin<\/strong>, l’enjeu de la recherche dans ce contexte, est d’ancrer celle-ci dans la pratique de l’artiste afin que la th\u00e9orisation s’exprime avec les outils conceptuels de l’artiste et non avec ceux des th\u00e9oriciens ou des historiens de l’art. \u00c0 l’instar de Louis-Claude Paquin<\/strong>, l’heuristique leur semble \u00e0 tous deux, aujourd’hui, l’approche la plus appropri\u00e9e comme m\u00e9thode pour les artistes-chercheurs. Il est cependant tr\u00e8s int\u00e9ressant de noter que si l’un et l’autre s’accordent sur ce point, ils se positionnent tr\u00e8s diff\u00e9remment quant \u00e0 leur propre pratique d’enseignant-chercheurs : tandis que Pierre Gosselin<\/strong> a adopt\u00e9 la syst\u00e9mique, Sylvie Fortin<\/strong> \u00e9chappent sciemment aux cat\u00e9gories m\u00e9thodologiques.<\/p>\n\n\n\n