{"id":1671,"date":"2015-05-01T18:32:59","date_gmt":"2015-05-01T18:32:59","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=1671"},"modified":"2022-11-25T18:37:37","modified_gmt":"2022-11-25T18:37:37","slug":"mai-2015-presentation-2","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/mai-2015-presentation-2\/","title":{"rendered":"Mai 2015 – M\u00e9thodologie et partage du savoir\u00a0: Six entrevues-vid\u00e9o (2)"},"content":{"rendered":"\n

Maria Lantin et Glen Lowry, Jean-Simon DesRochers, Carlos Sena Caires, Xavier Lambert, Emanuele Quinz, et Fran\u00e7ois Leblanc avec Aaron Sprecher, ont accept\u00e9 de r\u00e9pondre \u00e0 des questions formul\u00e9es sur la d\u00e9finition du terme de recherche-cr\u00e9ation, sur ce qui le distingue de celui de la cr\u00e9ation, sur la diff\u00e9rence entre m\u00e9thode et m\u00e9thodologie de recherche, sur la m\u00e9thodologie versus l’\u00e9pist\u00e9mologie de recherche, etc.\u2026 Chaque entretien dure environ une dizaine de minutes, approximativement les m\u00eames questions ont \u00e9t\u00e9 pos\u00e9es aux chercheurs exp\u00e9rimentant des pratiques tr\u00e8s diverses afin de pouvoir b\u00e9n\u00e9ficier de l’originalit\u00e9 de leurs points de vue. Ainsi six nouvelles entrevues sont publi\u00e9es dans cette parution, six autres para\u00eetront dans la prochaine \u00e9dition.<\/p>\n\n\n\n

Maria Lantin et Glen Lowry travaillent au sein d’\u00e9quipes pluri-disciplinaires \u00e0 L’Emily Carr University et interrogent, entre autre, les tensions qui existent entre les objectifs d\u00e9finis et les r\u00e9sultats attendus par les programmes de financement et les dynamiques des processus de travail au sein de la recherche-cr\u00e9ation. S’ils posent la question \u00e0 partir du cadre institutionnelle acad\u00e9mique, cette question est toutefois transf\u00e9rable aux centres d’artistes1<\/sup> qui doivent anticiper dans leurs demandes les processus heuristiques2<\/sup> des artistes qu’ils accueillent, qui, par d\u00e9finition, sont impr\u00e9dictibles. Comme un certain nombre de chercheurs interview\u00e9s, ils saisissent ici les contradictions inh\u00e9rentes au statut de l’artiste-chercheur dans le contexte de la recherche-cr\u00e9ation au sein de l’institution : la m\u00e9thodologie qui permet la transmission des connaissances ne doit pas ficeler les processus de travail. \u00ab Il faut d’abord laisser la place aux objets de la recherche-cr\u00e9ation qui sont souvent difficiles \u00e0 reconna\u00eetre, nous dit Glen Lowry, et c’est ce qui en fait des objets passionnants. \u00bb Cependant Maria Lantin insiste sur le fait qu’il est pourtant tout a fait possible, voire n\u00e9cessaire, d’\u00e9noncer avec clart\u00e9 ses intentions pour identifier ses m\u00e9thodes. Leur r\u00e9flexion nous conduit \u00e0 interroger l’\u0153uvre elle-m\u00eame au c\u0153ur de la recherche-cr\u00e9ation : dans quelle mesure l’institution autorise-t-elle l’artiste-chercheur \u00e0 nommer clairement, ou disons plut\u00f4t \u00e0 nommer sans interdit son objet.<\/p>\n\n\n\n

Jean-Simon DesRochers s’exprime sans ambages : \u00ab comme cr\u00e9ateur dans le domaine litt\u00e9raire je ne cherche aucune r\u00e9ponse. Une \u0153uvre pose des questions\u2026 \u00bb. \u00ab La cr\u00e9ation, nous dit-il, est tendue entre deux p\u00f4les : entre un mysticisme complet et une peur du concept\u2026 une peur de tuer la poule aux \u0153ufs d’or, en lui donnant un nom. Mais il est possible d’essayer de d\u00e9finir quelques param\u00e8tres, auxquels l’\u0153uvre n’est pas r\u00e9ductible, qui peuvent cependant servir de territoire de consultation g\u00e9n\u00e9rale, d’\u00e9changes, de dialogues. (\u2026) Comme cr\u00e9ateurs nous avons une intuition\u2026 \u00ab\u00a0mais qu’est-ce que l’intuition?\u00a0\u00bb Et bien on peut en parler. En art on a peur d’en parler mais on peut cependant le faire sans l’invalider! \u00bb Jean-Simon DesRochers de poursuivre et d’affirmer, dans le sillon de Maria Lantin et Glenn Lowry, l’importance de la m\u00e9thode. Elle part de consid\u00e9rations subjectives pour d\u00e9velopper des discours, afin de g\u00e9n\u00e9rer des savoirs ou tout au moins un mouvement.<\/p>\n\n\n\n

Cette question est centrale pour Carlos Seina Caires, artiste-chercheur en art m\u00e9diatique en provenance du Portugal. \u00ab Comment transmettre l’exp\u00e9rience de la pratique comme connaissance?  Comment penser la pratique en tant que th\u00e9orie et la th\u00e9orie comme pratique? Comment probl\u00e9matiser et communiquer ce que l’on fait? \u00bb interroge encore Carlos Seina Caires. Car pour lui et pour son laboratoire de recherche le CITAR, la publication, qui est une des modalit\u00e9s de la transmission des connaissances aupr\u00e8s d’un public, n’est pas suffisante dans le contexte de la recherche-cr\u00e9ation en art : \u00ab Exposer les id\u00e9es par le texte est fondamental, mais le texte alors entendu au sens large et incluant les documents  cin\u00e9matographique, sonore, vid\u00e9ographique\u2026 \u00bb. Cette remarque renvoie \u00e0 nouveau \u00e0 questionner les outils de la recherche en art, ses modes de transmission et dialogue avec les r\u00e9flexions de Maria Lantin, Glenn Lowry et Jean-Simon Desrochers.<\/p>\n\n\n\n

Xavier Lambert, artiste, p\u00e9dagogue et chercheur  fran\u00e7ais propose, quant \u00e0 lui, une interdisciplinarit\u00e9 th\u00e9orique en \u00e9tablissant les lignes de partage entre la nature de la recherche dans la cr\u00e9ation artistique et celle dans la recherche-cr\u00e9ation. Selon lui, pour l’artiste, son art est toujours recherche, cependant l’art dans la recherche-cr\u00e9ation exige une distanciation, une capacit\u00e9 d’analyse des m\u00e9canismes mentaux, intellectuels, philosophiques. C’est cette capacit\u00e9 \u00e0 r\u00e9fl\u00e9chir la pratique cr\u00e9ative et ses processus et enfin \u00e0 les articuler avec des champs conceptuels qui sont en dehors de l’artistique, qui permet l’\u00e9laboration et la transmission des connaissances, constituant ainsi un apport pour la collectivit\u00e9. Jusqu’alors les entrevues questionnaient souvent les paradoxes inh\u00e9rents aux relations qu’entretiennent la recherche-cr\u00e9ation en institution et la recherche au sein de la pratique artistique en dehors de celle-ci.<\/p>\n\n\n\n

Emanuele Quinz demande au contraire, si l’\u00e9cole, n’est pas, finalement, le lieu privil\u00e9gi\u00e9 de la recherche-cr\u00e9ation, peut-\u00eatre m\u00eame le seul, o\u00f9 les conditions sont r\u00e9unies pour constituer un espace de libert\u00e9 et d’exp\u00e9rimentation. Le collectif comme modalit\u00e9 de travail et son effectivit\u00e9 dans son processus de chercheur, est au c\u0153ur de la r\u00e9flexion de Emanuele Quinz, commissaire, historien de l’art et professeur enseignant en France. Le collectif est envisag\u00e9, chez lui, en amont de la recherche et comme m\u00e9thode en soi, une m\u00e9thode non-d\u00e9terministe. C’est dans sa pratique de commissaire qu’il invite des artistes autour d’une probl\u00e9matique commune en vue de d\u00e9placer leurs habitudes et d’interroger leurs statuts. Le collectif, compar\u00e9 \u00e0 un ensemble polyphonique, a une fonction motrice au sein d’une pratique qui se constitue comme recherche, \u00e0 laquelle l’exposition donne corps. Dans son entrevue Emanuele Quinz donne des exemples de ce processus. <\/p>\n\n\n\n

Quant \u00e0 Aaron Sprecher, architecte et Fran\u00e7ois Leblanc, designer industriel, ils sont engag\u00e9s dans une recherche qui s’articule sur les relations de l’architecture et du design avec une th\u00e9orie en acte de l’information. Ils proposent de remplacer la notion de repr\u00e9sentation par celle de mod\u00e9lisation et la notion de m\u00e9thode par celle de protocole, o\u00f9 circulation, traitement, transformation de l’information constituent les trois \u00e9tapes r\u00e9currentes du processus de cr\u00e9ation. Cependant le protocole est toujours r\u00e9invent\u00e9 \u00e0 chaque nouveau projet o\u00f9 les technologies de l’information p\u00e9n\u00e8trent des dimensions de la mati\u00e8re qui seront au c\u0153ur de la r\u00e9flexion de leur laboratoire et de leurs projets.<\/p>\n\n\n\n

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