{"id":1716,"date":"2015-03-01T19:47:04","date_gmt":"2015-03-01T19:47:04","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=1716"},"modified":"2022-11-25T19:47:24","modified_gmt":"2022-11-25T19:47:24","slug":"mars-2015-methodologie-et-partage-du-savoir-six-entrevues-video","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/mars-2015-methodologie-et-partage-du-savoir-six-entrevues-video\/","title":{"rendered":"Mars 2015 – M\u00e9thodologie et partage du savoir\u00a0: Six entrevues-vid\u00e9o"},"content":{"rendered":"\n
Le terme de recherche-cr\u00e9ation dans le domaine des arts doit probablement son existence \u00e0 l’\u00e9mergence des arts m\u00e9diatiques. Le terme d’artiste-chercheur est quant \u00e0 lui un pl\u00e9onasme. Cependant la condensation historique impos\u00e9e par le d\u00e9veloppement exponentiel des technologies num\u00e9riques depuis une quarantaine d’ann\u00e9es, r\u00e9actualise cette notion. L’\u0153uvre d’art est un syst\u00e8me complexe, concr\u00e9tion de savoirs inextricablement th\u00e9oriques et techniques, constellation o\u00f9 se m\u00ealent connaissances sensibles, technologiques, scientifiques, philosophiques, po\u00e9tiques, spirituelles… Si un seul de ces facteurs subit des changements c’est l’ensemble du syst\u00e8me qui doit se r\u00e9-inventer. Or l’acc\u00e9l\u00e9ration des mutations technologiques a boulevers\u00e9 effectivement l’\u00e9cosyst\u00e8me de l’art et de ses productions. Pour les artistes qui s’engagent dans les arts m\u00e9diatiques, l’interdisciplinarit\u00e9 s’impose et avec elle, la plupart du temps, les collaborations. Cet aspect collaboratif est un d\u00e9fi lanc\u00e9 \u00e0 l’artiste impliquant la plupart du temps la mise en commun des moyens de production dans des laboratoires ou centres de recherche, la n\u00e9cessit\u00e9 de mettre en partage et de transmettre les questions et connaissances d\u00e9velopp\u00e9es et parfois le besoin de th\u00e9oriser une partie de sa recherche. Ces conditions sont inh\u00e9rentes \u00e0 la d\u00e9marche de l\u2019artiste-chercheur. Il ne faudrait pourtant pas ignorer l’\u00e9cart des probl\u00e9matiques qui se posent aux artistes ind\u00e9pendants au regard des artistes travaillant dans des institutions acad\u00e9miques. Cependant l’un et l’autre, aussi bien dans les centres d’artistes que dans les laboratoires universitaires partagent des questionnements, des d\u00e9finitions, des m\u00e9thodes, des proc\u00e9d\u00e9s, processus et proc\u00e9dures. Un des questionnements r\u00e9currents dans ces entrevues est celui de la m\u00e9thode versus la m\u00e9thodologie. La m\u00e9thode est un outil capital pour la r\u00e9alisation du projet : que ce soit pour le chercheur, pour l’\u00e9quipe, pour les subventionneurs. La m\u00e9thodologie est le cadre a priori<\/em> ou le retour r\u00e9flexif sur les m\u00e9thodes employ\u00e9es. Elle est la condition de toutes les disciplines de recherche. Qu’en est-il de la m\u00e9thodologie dans la recherche-cr\u00e9ation en art? <\/p>\n\n\n\n En tout dix-huit entrevues ont \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9es aupr\u00e8s de vingt deux chercheurs internationaux1<\/sup>\u00a0\u00e0 l’occasion d\u2019une rencontre sur le th\u00e8me\u00a0La recherche-cr\u00e9ation, territoire d’innovation m\u00e9thodologique<\/em>2<\/sup>\u00a0qui a eut lieu \u00e0 Montr\u00e9al. Tous sont force de proposition. Les chercheurs3<\/sup>, ont accept\u00e9 de r\u00e9pondre \u00e0 des questions simplement formul\u00e9es sur la d\u00e9finition du terme de recherche-cr\u00e9ation, sur sa distinction d’avec la cr\u00e9ation, sur la diff\u00e9rence entre m\u00e9thode et m\u00e9thodologie de recherche, sur la m\u00e9thodologie versus l’\u00e9pist\u00e9mologie de recherche\u2026 La dur\u00e9e de chaque entretien se limite \u00e0 une dizaine de minutes et afin de pouvoir b\u00e9n\u00e9ficier de l’originalit\u00e9 des points de vue de chaque participant, ce sont approximativement les m\u00eames questions qui leur ont \u00e9t\u00e9 pos\u00e9es. Six entrevues sont publi\u00e9es dans cette parution, les autres feront l\u2019objet de publication dans des num\u00e9ros ult\u00e9rieurs.<\/p>\n\n\n\n Dans son entretien\u00a0Jean-Paul Fourmentraux\u00a0observe, \u00e0 la fa\u00e7on d’un ethnographe nous dit-il, les effets que l’incursion de la recherche industrielle et technologique peuvent avoir sur le statut de l’artiste et de l’\u0153uvre, sur les tensions que peuvent produire ces enjeux parfois contradictoires au sein de la cr\u00e9ation. Dans ce contexte, son int\u00e9r\u00eat porte sur le processus d’\u00e9laboration de l’\u0153uvre, sur sa gen\u00e8se, au moment o\u00f9 elle n’est ni encore \u0153uvre ni tout \u00e0 fait recherche. Il \u00e9voque aussi les raisons institutionnelles et politiques du clivage, en France, entre la cr\u00e9ation et la recherche, questionnant le trait d’union entre ces deux mots.\u00a0Emmanuel Mah\u00e9\u00a0quant \u00e0 lui, voit la tribologie, la science du frottement, comme mod\u00e8le pour une collaboration interdisciplinaire. Il envisage le frottement entre les pratiques comme condition n\u00e9cessaire \u00e0 la production de projet de recherche-cr\u00e9ation et il en fait sa m\u00e9thode. Il transforme ainsi la contrainte en force pour r\u00e9soudre les in\u00e9vitables n\u0153uds qui apparaissent au cours des projets interdisciplinaires. L’artiste\u00a0Jean-Marie Dallet\u00a0est habit\u00e9 par une seule et unique question, nous dit-il, articul\u00e9e autour de l’agr\u00e9gat conceptuel m\u00e9moire-espace-temps. Il nourrit d’abord cette question, comme on nourrit un animal, lors de ses nombreuses formations en g\u00e9ologie, en art et en sciences humaines. Certaines notions d\u00e9velopp\u00e9es en g\u00e9ologie par exemple lui permettent de concevoir des g\u00e9om\u00e9tries mentales qui donneront et prendront forme dans son travail d’artiste et d’auteur, et dans ce grand projet collaboratif\u00a0Sky Memory Project, qu’il m\u00e8ne avec toute une \u00e9quipe.<\/p>\n\n\n\n Comment l’artiste d\u00e9finit-il cette diff\u00e9rence entre recherche-cr\u00e9ation et cr\u00e9ation? Pour Serge Cardinal la recherche-cr\u00e9ation se distingue de la cr\u00e9ation, en ce qu’elle met tout en \u0153uvre pour probl\u00e9matiser une question. Il utilise tous les mat\u00e9riaux, les techniques, les figures de son art, le cin\u00e9ma, afin d’explorer cette question, qui peut elle-m\u00eame provenir d’un tout autre champ. Cette d\u00e9marche qu’il d\u00e9plie tout au long de son entrevue, est, pr\u00e9cise-t-il, sa contribution de praticien aux d\u00e9veloppements des connaissances en milieu universitaire.\u00a0
Une des pierres d’achoppement de la recherche-cr\u00e9ation se situe dans la notion de\u00a0m\u00e9thodologie<\/em>. Ainsi que l’\u00e9nonce\u00a0Sally Jane Norman, dans son entretien, la m\u00e9thodologique d\u00e9note une conscience et une r\u00e9flexivit\u00e9 des termes employ\u00e9s pour formuler les questions de base de la recherche en cours et constitue l’\u00e9thique du chercheur. Cependant le discours sur la m\u00e9thode est souvent envisag\u00e9 par l’artiste-chercheur comme \u00e9tant normatif et, par l\u00e0 m\u00eame, mettant en danger la singularit\u00e9 de son processus de production. C’est cette tension et ce p\u00e9ril que l’on entend dans les entrevues de\u00a0Serge Cardinal\u00a0et\u00a0Jean-Marie Van der Maren. Jean-Marie Van der Maren insiste sur la diff\u00e9rence entre m\u00e9thodes et m\u00e9thodologie, consid\u00e9rant celle-ci comme dogmatique. En revanche l’identification r\u00e9trospective des m\u00e9thodes en fin de projet lui semble tr\u00e8s importante, car ce qui se joue selon lui en recherche-cr\u00e9ation c’est la transf\u00e9rabilit\u00e9 des m\u00e9thodes identifi\u00e9es vers certains m\u00e9tiers dans le domaine des sciences sociales et des th\u00e9rapies par exemple.\u00a0<\/p>\n\n\n\n