{"id":1841,"date":"2014-09-01T21:13:05","date_gmt":"2014-09-01T21:13:05","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=1841"},"modified":"2022-11-30T21:13:23","modified_gmt":"2022-11-30T21:13:23","slug":"septembre-2014-les-particules-elementaires-du-geste-formes-de-cognition-sonore-conversation-avec-isabelle-van-grimde-corps-secrets","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/septembre-2014-les-particules-elementaires-du-geste-formes-de-cognition-sonore-conversation-avec-isabelle-van-grimde-corps-secrets\/","title":{"rendered":"Septembre 2014 – Les particules \u00e9l\u00e9mentaires du geste: formes de cognition sonore – Conversation avec Isabelle Van Grimde | Corps secrets"},"content":{"rendered":"\n
Votre pratique chor\u00e9graphique questionne les particules \u00e9l\u00e9mentaires du geste, les intensit\u00e9s du corps. Cette logique r\u00e9sonne d\u00e9j\u00e0 dans le titre de la pi\u00e8ce\u00a0Pour quatre corps et mille parts ins\u00e9parables (2000),\u00a0elle est explor\u00e9e dans\u00a0Les Chemins de traverse III, IV et V (2006-2006)\u00a0et elle revient dans d\u2019autres \u0153uvres. Quelle est votre approche dans la composition du mouvement ? Quel est le r\u00f4le de la perception dans votre vision de la chor\u00e9graphie?\u00a0<\/strong><\/p>\n\n\n\n Comme je l\u2019ai d\u00e9j\u00e0 soulign\u00e9 dans un livre r\u00e9cent sur mon travail1<\/sup><\/a> je construis mon langage chor\u00e9graphique selon un mod\u00e8le g\u00e9n\u00e9tique. Je d\u00e9construis et reconstruis sans arr\u00eat le mat\u00e9riel, je cr\u00e9e des hybrides : je revisite certains gestes ou mouvements qui proviennent d\u2019une pi\u00e8ce pr\u00e9c\u00e9dente en leur attribuant une nouvelle perception, une autre orientation et en les associant \u00e0 des \u00e9l\u00e9ments in\u00e9dits, ce qui cr\u00e9e une sorte d\u2019\u00e9volution organique. D\u2019une pi\u00e8ce \u00e0 l\u2019autre, j\u2019ensemence le travail d’\u00e9l\u00e9ments neufs et, quand il y a de nouveaux interpr\u00e8tes, de nouvelles consciences s’ajoutent ou se greffent \u00e0 la pi\u00e8ce, selon un processus distinct qui r\u00e9pond aux directives du chor\u00e9graphe ou int\u00e8gre de la mati\u00e8re gestuelle.<\/p>\n\n\n\n Le corps \u2013 tant dans sa qualit\u00e9 de mati\u00e8re premi\u00e8re, de mat\u00e9riau mall\u00e9able, que de corps pensant, sensible et int\u00e9rieur \u2013 est au c\u0153ur de mon travail de cr\u00e9ation. Pour approfondir ce sujet fascinant, j\u2019ai entam\u00e9 en 2004 une recherche sur la perception du corps intitul\u00e9e Le corps en question(s) <\/em>qui est l\u2019un des fondements chor\u00e9graphiques des projets courants de la compagnie. Cette d\u00e9marche m\u2019a permise d\u2019approfondir ma perception du corps dansant en la confrontant \u00e0 celle de sp\u00e9cialistes d\u2019autres disciplines (artistes, scientifiques, philosophes et \u00e9crivains), par le biais d\u2019entrevues sur la perception du corps humain r\u00e9alis\u00e9 dans cinq pays diff\u00e9rents. Elles ont cr\u00e9\u00e9 un foisonnement d\u2019images et d\u2019id\u00e9es desquelles a \u00e9merg\u00e9 un \u00ab autre corps \u00bb dans mon travail chor\u00e9graphique : cette recherche sur les multiples dimensions du corps (physique, m\u00e9canique, sensorielle, \u00e9motionnelle, historique, sensorielle, etc.) m\u2019am\u00e8ne \u00e0 travailler le corps de fa\u00e7on beaucoup plus visc\u00e9rale, primitive et sensible. C\u2019est presque comme si je d\u00e9couvrais, \u00e0 travers tous ces t\u00e9moignages sur le corps, un langage qui touche justement au-del\u00e0 des mots : un langage du corps d\u2019avant le langage parl\u00e9 et qui fait que l\u2019on est capable de se comprendre mutuellement de mani\u00e8re instantan\u00e9e avant de s\u2019expliquer par les mots. <\/p>\n\n\n\n Dans cette logique chor\u00e9graphique, je trouve que la d\u00e9composition de la forme du corps passe par un travail sur les articulations et les plans horizontaux, du bassin en particulier. \u00c0 ce propos, vous parlez du\u00a0corps primal\u00a0et d\u2019un travail d\u00e9cisif de la colonne vert\u00e9brale par rapport au sol. Pouvez-vous donner plus de d\u00e9tails, en prenant comme exemples\u00a0Bodies to Bodies (2008-2009), Le corps en question(s) (2012)\u00a0et\u00a0Les gestes (2011-2013)?\u00a0<\/strong><\/p>\n\n\n\n Bodies to Bodies<\/em>, Le corps en question(s)<\/em> et Les gestes<\/em> sont tout trois cr\u00e9\u00e9s \u00e0 partir du corpus chor\u00e9graphique issu de mes entrevues sur le corps. Deux visions du corps ont \u00e9merg\u00e9 de ces explorations. D\u2019abord, celle du corps primitif<\/em>, m\u00fb et lu par des parties de notre cerveau qui se perdent dans la nuit de l’\u00e9volution humaine, voire de l’\u00e9volution d’esp\u00e8ces ant\u00e9rieures. En studio, \u00e7a se traduit par une exploration de nouveaux points de d\u00e9part dans l’impulsion des mouvements et dans la trajectoire de ceux-ci \u00e0 travers le corps. C’est un corps segment\u00e9, reptilien, visc\u00e9ral, animal… Beaucoup de mouvements sont transpos\u00e9s au sol, cr\u00e9ant une tension entre la position debout et les positions au sol. Ce corps primitif, dont certains sens semblent comme raviv\u00e9s, donne au danseur une perception exacerb\u00e9e de son corps, ce qui a un impact sur sa fa\u00e7on d\u2019habiter le mouvement et sur sa relation \u00e0 l\u2019espace.<\/p>\n\n\n\n Paradoxalement, l\u2019autre vision issue de ces r\u00e9flexions est celle d\u2019un corps du futur<\/em>. Un corps propuls\u00e9 par un cerveau binaire, constamment reprogramm\u00e9 par un environnement technologique en pleine mutation. Cette tension entre corps du futur et corps primitif appara\u00eet d\u00e9j\u00e0 dans la cr\u00e9ation-exposition Le corps en question(s)<\/em> et est d\u00e9velopp\u00e9e dans Les gestes<\/em>. Comme si, justement, pour arriver \u00e0 exister dans ce nouvel environnement, l’\u00eatre humain doit puiser au plus profond de son corps des sensations, des forces et des impulsions ancestrales qui lui permettent de r\u00e9sister et de s’adapter.<\/p>\n\n\n\n Dans\u00a0Saetta (2003),Vortex (2006)\u00a0et\u00a0Les gestes (2011-2013)\u00a0pouvez-vous apporter\u00a0quelques pr\u00e9cisions\u00a0sur : la question de l\u2019\u00a0\u00ab\u00a0anatomie\u00a0\u00bb et son rapport avec l\u2019espace. Cette question de l\u2019anatomie, dans son \u00e9tymologie grecque (anatom\u00e8), renvoie \u00e0 des directions, des vecteurs, des forces qui tracent l\u2019espace. Dans ce sens, consid\u00e9rer l\u2019anatomie comme une strat\u00e9gie op\u00e9ratoire signifie vectorialiser l\u2019espace et multiplier les directions dans l\u2019organisation des vecteurs corporels. Comment concevez-vous la relation corps-espace dans vos pi\u00e8ces?<\/strong><\/p>\n\n\n\n