{"id":1847,"date":"2014-09-01T21:26:20","date_gmt":"2014-09-01T21:26:20","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=1847"},"modified":"2022-11-30T21:26:45","modified_gmt":"2022-11-30T21:26:45","slug":"septembre-2014-des-avatars-personnages-et-acteurs-virtuelsa-lintersection-cinema-interactivite-societe","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/septembre-2014-des-avatars-personnages-et-acteurs-virtuelsa-lintersection-cinema-interactivite-societe\/","title":{"rendered":"Septembre 2014 – Des \u00abAvatars, personnages et acteurs virtuels\u00bb \u00e0 l’intersection \u00abcin\u00e9ma \/ interactivit\u00e9 \/ soci\u00e9t\u00e9\u00bb"},"content":{"rendered":"\n
Cin\u00e9ma, interactivit\u00e9 et soci\u00e9t\u00e91<\/sup>\u00a0publi\u00e9 par l\u2019Universit\u00e9 de Poitiers & CNRS\/VDMC, regroupe vingt-deux auteurs artistes et th\u00e9oriciens. Outre l\u2019avant-propos d\u2019Alain Liedts qui dirige le bureau Van Dijk Management Consultant (VDMC) et l\u2019introduction du directeur de publication Jean-Marie Dallet, le livre comporte quatre th\u00e9matiques compl\u00e9mentaires qui traitent \u00a0de cin\u00e9ma, d\u2019interactivit\u00e9, d\u2019autres formes de cin\u00e9ma et de l\u2019esth\u00e9tique des informations.\u00a0<\/p>\n\n\n\n Pour sa part,\u00a0Avatars, personnages et acteurs virtuels2<\/sup>\u00a0de la collection Esth\u00e9tique aux Presses de l\u2019Universit\u00e9 du Qu\u00e9bec regroupe seize textes d\u2019artistes et de th\u00e9oriciens pr\u00e9occup\u00e9s par ces nouvelles entit\u00e9s cin\u00e9matographiques. Les deux premiers textes, sign\u00e9s par les co-directrices Ren\u00e9e Bourassa et Louise Poissant, offrent une synth\u00e8se des propos abord\u00e9s par les auteurs et proposent des indices pour d\u00e9pister les avatars et les acteurs dans les films cin\u00e9matographiques et dans les environnements interactifs.\u00a0<\/p>\n\n\n\n Si depuis les ann\u00e9es 1990, comme l\u2019avance Dallet, la programmation informatique bouleverse les modalit\u00e9s de l\u2019\u00e9criture, du dessin et du traitement des photos et des vid\u00e9os et par cons\u00e9quent tous les secteurs de la soci\u00e9t\u00e9, \u00ab ces sch\u00e8mes techniques n\u2019apparaissent pas ex nihilo, ils s\u2019inscrivent dans une histoire des techniques, c\u2019est-\u00e0-dire aussi dans une s\u00e9rie g\u00e9n\u00e9alogique. \u00bb (p. 11). Il nous rappelle aussi que, comme Guattari l\u2019avait d\u00e9j\u00e0 fait remarquer, l\u2019\u00e9mergence de ces g\u00e9n\u00e9alogies croise diverses forces cr\u00e9atrices \u00e0 l\u2019intersection de la science, de l\u2019art et de la soci\u00e9t\u00e9.<\/p>\n\n\n\n Le\u00a0livre\u00a0est divis\u00e9 en 4 chapitres:\u00a0 Le champ du cin\u00e9ma a \u00e9t\u00e9 circonscrit selon un double mythe, il a ainsi \u00e9t\u00e9 per\u00e7u \u00e0 la fois comme moyen de repr\u00e9sentation et de figuration du monde, mais aussi comme source d\u2019\u00e9motions et d\u2019affects \u00e9prouv\u00e9s imm\u00e9diatement ou ult\u00e9rieurement apr\u00e8s la reception d\u2019une \u0153uvre. Aujourd\u2019hui on observe une certaine r\u00e9sistance face aux \u0153uvres cin\u00e9matographiques interactives. Comme le faisait remarquer Jacques Aumont, le cin\u00e9ma traditionnel se rapproche du spectacle th\u00e9\u00e2tral car l\u2019effet du film sur le spectateur passe par les affects. Cette action comporte la possibilit\u00e9 d\u2019une r\u00e9action qui peut \u00eatre tr\u00e8s vari\u00e9e selon l\u2019individualit\u00e9 de chacun. Selon ce point de vue, ce serait donc la nature m\u00eame du cin\u00e9ma qui emp\u00eacherait l\u2019adh\u00e9sion \u00e0 l\u2019interactivit\u00e9, peut-\u00eatre parce que la temporalit\u00e9 du cin\u00e9ma r\u00e9pond d\u2019un autre registre que celui r\u00e9git par l\u2019intelligence artificielle utilis\u00e9e dans les \u0153uvres interactives ? (p. 43).<\/p>\n\n\n\n Suite \u00e0 cette hypoth\u00e8se, le lecteur, la lectrice sont convi\u00e9s \u00e0 explorer la topologie du cin\u00e9ma, les implications sociales de l\u2019interactivit\u00e9 et les registres de l\u2019h\u00e9t\u00e9rotopie cin\u00e9matographique, ainsi que ce que Perron appelle \u00ab la sempiternelle attraction du cin\u00e9ma interactif \u00bb. Les avenues pour aborder ces questions sont multiples. Chaque dispositif, rappelle Louise Poissant, valorise des dispositions diff\u00e9rentes entre les r\u00f4les d\u2019auteur, les cameraperson et l\u2019editor, dans le croisement d\u2019un espace physique et virtuel par l\u2019interm\u00e9diaire d\u2019une connexion r\u00e9seau. <\/p>\n\n\n\n Si, d\u2019une part, les perspectives d\u00e9velopp\u00e9es par tous les th\u00e9oriciens mettent en contexte de tr\u00e8s importants croisements entre le cin\u00e9ma, son ontologie, son image, ses techniques mais aussi sa forme et ses transgressions, d\u2019autre part, les textes de tous les artistes, notamment les pionniers du domaine, constituent des t\u00e9moignages fondamentaux. Ainsi, parmi les pionniers, l\u2019australien Jeffrey Shaw,\u00a0 le fran\u00e7ais Jean-Louis Boissier, le japonais Masaki Fujihata et le canadien Luc Courchesne constituent des figures de proue en mati\u00e8re d\u2019image cin\u00e9matographique interactive.<\/p>\n\n\n\n Pour nourrir la r\u00e9flexion, il est int\u00e9ressant de mettre en relief le constat formul\u00e9 par Jean-Marie Dallet qui nous rappelle \u00e0 quel point le changement de paradigme en cours est important. En effet,<\/p>\n\n\n\n [\u2026] c\u2019est la subjectivit\u00e9 qui est en train de muter dans ce monde o\u00f9 l\u2019objet technique s\u2019hybride \u00e0 un corps dont la machine peut multiplier \u00e0 l\u2019infinit les art\u00e9facts. S\u2019il ne faut pas dramatiser la relation intime qui unit l\u2019homme \u00e0 la technique, qui m\u00eale la m\u00e9canosph\u00e8re \u00e0 la biosph\u00e8re, cela questionne n\u00e9anmoins sur les processus de fusion et de diff\u00e9rentiation [\u2026] sur l\u2019instrumentalisation de la pens\u00e9e par des applications interactives qui construisent du spectacle plus que du r\u00e9cit et qui forcent l\u2019homme \u00e0 l\u2019usage d\u2019un alphabet binaire alternant le oui et le non. (p. 23)<\/p>\n\n\n\n Comme le propose Ren\u00e9e Bourassa (p. 1-10), \u00a0si les avatars, les personnages et les acteurs virtuels prolif\u00e8rent au cin\u00e9ma et dans les environnements interactifs, ils n\u2019en suscitent pas moins de nombreuses interrogations, nous expose Louise Poissant (p. 11-30). Co-directrices du\u00a0livre, ces auteures dessinent tant le territoire de leurs nombreuses manifestations que la port\u00e9e de leur m\u00e9diatisation dans le champ de la signification culturelle.<\/p>\n\n\n\n En plus des textes inauguraux des codirectrices, le livre pr\u00e9sente dans l\u2019ordre des articles des artistes et des th\u00e9oriciens suivants : Derrick de Kerckhove, Gr\u00e9gory Chatonsky, Samuel Bianchini, Bertrand Gervais et Paule Mackrous, Louise Boisclair, Yannick Bressan, Charles Perraton, Maude Bonenfant, Gabrielle Tr\u00e9panier-Jobin, Carl Therrien, Dominic Arsenault, Fanny Georges, Kora Van den Bulcke et Thomas Soetens. <\/p>\n\n\n\n Cette nouvelle humanit\u00e9 (p. 11), tel que Louise Poissant qualifie la communaut\u00e9 d\u2019avatars et de personnages vituels, se retrouve tant dans le cin\u00e9ma hollywoodien, le jeu-vid\u00e9o que dans l\u2019art num\u00e9rique d\u2019une mani\u00e8re si r\u00e9aliste que l\u2019acteur vivant et l\u2019acteur virtuel peuvent souvent \u00eatre confondus par le spectateur ou l\u2019utilisateur. Louise Poissant \u00e9tablit \u00ab quatre fa\u00e7ons d\u2019examiner un m\u00eame ph\u00e9nom\u00e8ne \u00bb : la coordination (des combinaisons interactives), la projection (s\u2019identifier, se d\u00e9doubler et redoubler), la performation (selon le n\u00e9ologisme de Samuel Bianchini) et l\u2019immersion (li\u00e9e \u00e0 la notion de suspension of disbelief de Samuel Taylor Coleridge, 1817) (p. 21- 26).<\/p>\n\n\n\n Cette typologie des fonctions des avatars, acteurs et personnages virtuels en cours dans leur environnement topologique diversifi\u00e9 se nourrit entre autres des puissances du faux et d\u2019une inqui\u00e9tante \u00e9tranget\u00e9, comme les d\u00e9veloppe Ren\u00e9e Bourassa. En conjuguant les puissances du faux et la mesure de l\u2019Uncanny Valley de Masahiro Mori, Bourassa propose d\u2019explorer la capacit\u00e9 de vraisemblance ou de v\u00e9ridicit\u00e9 que rec\u00e8le le cin\u00e9ma et ses excroissances. Mais faire trop vrai peut parfois aussi sonner faux : \u00ab En se projetant dans ces \u00eatres artificiels, n\u2019est-ce pas l\u2019ultime tentative pour \u00e9chapper \u00e0 la finitude, o\u00f9 est \u00e0 l\u2019oeuvre non pas une qu\u00eate de v\u00e9rit\u00e9, mais bien une exacerbation des puissances du faux ? \u00bb (p. 49).<\/p>\n\n\n\n Ce leurre ou cette tromperie que nous contribuons \u00e0 activer par l\u2019interm\u00e9diaire des dispositifs n\u2019en participe pas moins \u00e0 ce sentiment d\u2019appropriation qui nous transforme, jusqu\u2019\u00e0 une certaine limite, en \u00ab d\u00e9miurge \u00bb avec tous les effets de pr\u00e9sence qui alimentent cette impression. Derrick de Kerckhove voit dans ce monde \u00e9largi dans lequel nous vivons l\u2019\u00e9mergence d\u2019une nouvelle nature humaine qu\u2019il nomme personne-monde<\/em> : <\/p>\n\n\n\n Je suppose que la prochaine manifestation ou forme de l\u2019humain sera la \u201cpersonne- monde\u201d. Cela veut dire que chacun de nous contiendra le monde entier dans sa pens\u00e9e et vivra ou survivra en cons\u00e9quence. Ce n\u2019est qu\u2019\u00e0 ce moment de maturation technopsychologique que l\u2019\u00e9cologie deviendra non pas une mais la priorit\u00e9. Et elle devra de toute n\u00e9cessit\u00e9 prioriser le social et son bien-\u00eatre. (p. 63)<\/p>\n\n\n\n Il n\u2019en demeure pas moins que ce ph\u00e9nom\u00e8ne n\u2019est pas nouveau m\u00eame si la discussion qui le nourrit \u00e9volue constamment. Comme le rappelle Louise Poissant, depuis la caverne de Platon, les ombres prennent de nouvelles formes au gr\u00e9 des techniques et des technologies que l\u2019\u00eatre humain d\u00e9veloppe. Ainsi les fonctions de coordination, de projection, de performation et d\u2019immersion dans le domaine des jeux vid\u00e9os et sur Internet mais aussi dans l\u2019art interactif et immersif favorisent la nouvelle posture chez les utilisateurs ainsi que divers types d\u2019action-r\u00e9action. Pour ces raisons et d\u2019autres qui restent \u00e0 d\u00e9couvrir, la lecture de ce livre est aussi diversifi\u00e9e qu\u2019int\u00e9ressante d\u2019autant plus que la fronti\u00e8re entre entit\u00e9 humaine et technologique devient de plus en plus poreuse.<\/p>\n\n\n\n \u2013 Cin\u00e9ma, interactivit\u00e9 et soci\u00e9t\u00e9<\/em>, sous la direction de Jean-Marie Dallet, Poitiers, Universit\u00e9 de Poitiers & CNRS\/VDMC, 2013, 421 p.<\/p>\n\n\n\n \u2013 Avatars, personnages et acteurs virtuels<\/em>, sous la direction de Ren\u00e9e Bourassa et Louise Poissant, Qu\u00e9bec, coll. \u00abEsth\u00e9tique\u00bb, Presses de l\u2019Universit\u00e9 du Qu\u00e9bec, 2013, 333 p.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Cin\u00e9ma, interactivit\u00e9 et soci\u00e9t\u00e91\u00a0publi\u00e9 par l\u2019Universit\u00e9 de Poitiers & CNRS\/VDMC, regroupe vingt-deux auteurs artistes et th\u00e9oriciens. 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1- Aux limites du cin\u00e9ma avec Jacques Aumont, Victor Burgin, Bernard Perron, Louise Poissant et Bernard Steigler
2- Histoires d\u2019interactivit\u00e9 avec Samuel Bianchini, Jean-Louis Boissier, Luc Courchesne, Anne-Marie-Duguet et Jean-Paul Fourmentraux
3- Des formes d\u2019un autre cin\u00e9ma avec Jean-Claude Bustros, Jim Campbell, Julien Maire, Jeffrey Shaw, Steina Vasulka, Gwenola Wagon
4- Une esth\u00e9tique des informations avec Bertrand Augereau, Yves Bernard, Masaki Fujihata, George Legrady, Yannick Pri\u00e9 & Vincent Puig, Fr\u00e9f\u00e9ric Curien & Jean-Marie Dallet\u00a0<\/p>\n\n\n\nAvatars, personnages et acteurs virtuels<\/h2>\n\n\n\n
Bibliographie<\/h2>\n\n\n\n