{"id":1853,"date":"2014-09-01T21:35:46","date_gmt":"2014-09-01T21:35:46","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=1853"},"modified":"2022-11-30T21:36:01","modified_gmt":"2022-11-30T21:36:01","slug":"septembre-2014-le-videographe-vers-une-incertaine-continuite","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/septembre-2014-le-videographe-vers-une-incertaine-continuite\/","title":{"rendered":"Septembre 2014 – Le Vid\u00e9ographe, vers une incertaine continuit\u00e9"},"content":{"rendered":"\n

Si l\u2019on passe la porte du 4550 rue Garnier \u00e0 Montr\u00e9al aujourd\u2019hui, nous nous trouvons bien loin de l\u2019effervescence r\u00e9gnant, 40 ann\u00e9es plus t\u00f4t, au 1604 de la rue Saint-Denis. Certes, le d\u00e9cor et le contexte ont chang\u00e9, l\u2019utopie ambiante et la r\u00e9alit\u00e9 \u00e9conomique aussi, mais le\u00a0Vid\u00e9ographe\u00a0est toujours pr\u00e9sent, et est toujours ancr\u00e9 dans le paysage artistique montr\u00e9alais. Ce lourd bateau, ayant chavir\u00e9 \u00e0 plusieurs reprises au cours des ann\u00e9es, tente aujourd\u2019hui de retrouver son cap, \u00e0 l\u2019heure o\u00f9 les derni\u00e8res technologies ont affol\u00e9 les boussoles et ont sem\u00e9 le doute quant \u00e0 la direction \u00e0 emprunter. Nous proposons de retourner en arri\u00e8re, de comprendre les conditions de cr\u00e9ation de cette structure, de son essor \u00e0 ses moments les plus sombres, jusqu\u2019\u00e0 aujourd\u2019hui, en \u00e9tudiant les perspectives qui s\u2019ouvrent devant elle.<\/p>\n\n\n\n

Des pr\u00e9dispositions politiques et culturelles stimulantes<\/h2>\n\n\n\n

\u00c0 la suite du rapport de la Commission Massey en 1951, recommandant la cr\u00e9ation d\u2019une institution f\u00e9d\u00e9rale afin de r\u00e9pondre au d\u00e9veloppement culturel national, le Conseil des Arts du Canada ouvrira ses portes en 1956. Cette nouvelle entit\u00e9, encore balbutiante, va tr\u00e8s rapidement encourager les artistes \u00e0 se rassembler en collectif afin de centraliser les subventions qu\u2019elle accorde au milieu de l\u2019art. De nombreux centres, apparus \u00e0 l\u2019aube des ann\u00e9es 70 b\u00e9n\u00e9ficieront des aides accord\u00e9es par le Conseil, jusqu\u2019au milieu de la d\u00e9cennie, lorsque ce dernier d\u00e9cidera de geler les fonds distribu\u00e9s aux seuls organismes incorpor\u00e9s afin de limiter la prolif\u00e9ration grandissante de ces structures. Si certes la politique f\u00e9d\u00e9rale a \u00e9t\u00e9 un stimulant important pour inciter la cr\u00e9ation de regroupements, il n\u2019en reste pas moins que c\u2019est avant tout l\u2019aventure d\u2019une poign\u00e9e de cr\u00e9ateurs, anim\u00e9e d\u2019un id\u00e9al commun autour des promesses port\u00e9es par la bande magn\u00e9tique. Le Vid\u00e9ographe trouve ses racines dans l\u2019exp\u00e9rience du Groupe de Recherches Sociales, men\u00e9 par des cin\u00e9astes et producteurs issus de l\u2019Office National du Film. Bien que les projets de ce groupe soient souvent rapproch\u00e9s de l\u2019exp\u00e9rience Challenge for Change<\/em> \/ Soci\u00e9t\u00e9 Nouvelle car nombreux sont ceux ayant collabor\u00e9 aux diff\u00e9rents programmes, le Groupe de Recherches Sociales se d\u00e9marque par une approche plus ind\u00e9pendante et un d\u00e9tachement des commandites de bases. Fernand Dansereau est charg\u00e9 par le Minist\u00e8re F\u00e9d\u00e9ral du Travail de filmer la ville de Saint-J\u00e9r\u00f4me pour \u00ab observer comment se comportent les hommes et les institutions en p\u00e9riode de changements socio-\u00e9conomiques acc\u00e9l\u00e9r\u00e9s \u00bb. Une fois sur le terrain, et se rendant compte de la situation d\u00e9grad\u00e9e des travailleurs, Dansereau livre un travail immersif de r\u00e9flexion gr\u00e2ce au m\u00e9dium. On se sert de la cam\u00e9ra pour mat\u00e9rialiser les probl\u00e8mes rencontr\u00e9s par la communaut\u00e9, et lui donner les moyens de r\u00e9fl\u00e9chir par elle-m\u00eame \u00e0 la r\u00e9solution de ces conflits. S\u2019en suivra un travail important d\u2019accompagnement des films produits par le Groupe, en suivant le chemin des animateurs de l\u2019Office National du Film, afin de sensibiliser diff\u00e9rentes populations \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9 des changements \u00e9conomiques de la fin des ann\u00e9es 60. En parall\u00e8le, le projet visionnaire de Challenge for Change<\/em> et de son pendant francophone Soci\u00e9t\u00e9 Nouvelle, a renouvel\u00e9 le rapport des documentaristes et de leur public, en red\u00e9finissant leur rapport aux sujets : <\/p>\n\n\n\n

(\u2026) les cin\u00e9astes ont senti les limites de leur action, partag\u00e9s entre le d\u00e9sir de sensibiliser le public \u00e0 une certaine r\u00e9alit\u00e9 et la n\u00e9cessit\u00e9 de sugg\u00e9rer des moyens pratiques de changement \u00e0 cette mis\u00e8re, sinon de s\u2019impliquer : ils se sont sentis coinc\u00e9s entre leur statut de cin\u00e9astes et de citoyens. (Marsolais 1997 : 123)<\/p>\n\n\n\n

Dans l\u2019exp\u00e9rience de Challenge for Change<\/em>, la place du cin\u00e9aste est davantage occup\u00e9e par les \u00ab acteurs \u00bb de l\u2019\u0153uvre. Dans le film VTR St-Jacques<\/em> de Bonnie Sherr Klein (1969), une cam\u00e9ra vid\u00e9o est introduite dans un milieu d\u00e9favoris\u00e9, celui du quartier Saint-Jacques de Montr\u00e9al. Les citoyens utilisent eux-m\u00eames ce m\u00e9dium pour donner la parole \u00e0 une population marginalis\u00e9e, en proie avec d\u2019importants probl\u00e8mes socio\u00e9conomiques. Le film final est ensuite diffus\u00e9 \u00e0 cette m\u00eame communaut\u00e9 afin d\u2019en extraire les probl\u00e9matiques et de soulever des d\u00e9bats et des r\u00e9flexions afin de les r\u00e9soudre.<\/p>\n\n\n\n

En cette p\u00e9riode de grands changements dans la soci\u00e9t\u00e9 qu\u00e9b\u00e9coise, les groupes communautaires ont trouv\u00e9 les moyens de faire entendre leurs voix, gr\u00e2ce \u00e0 l\u2019entremise de ce nouveau m\u00e9dium qu\u2019est la vid\u00e9o. L\u2019arriv\u00e9e sur le territoire provincial de la cam\u00e9ra vid\u00e9o Portapak<\/em> permettra la cr\u00e9ation du Vid\u00e9ographe, dans le but d\u2019offrir aux diff\u00e9rentes populations un outil d\u2019expression \u00e0 la hauteur de leurs revendications sociales.<\/p>\n\n\n\n

La Portapak, outil de d\u00e9mocratisation par excellence<\/h2>\n\n\n\n

Commercialis\u00e9e par la firme japonaise Sony en 1965, la premi\u00e8re cam\u00e9ra vid\u00e9o nomm\u00e9e Portapak<\/em> appara\u00eet sur le march\u00e9 am\u00e9ricain deux ann\u00e9es plus tard. Elle y trouve un foyer propice \u00e0 la r\u00e9flexion des possibilit\u00e9s qu\u2019elle offre alors. De nombreux praticiens explorent les caract\u00e9ristiques nouvelles de la vid\u00e9o, \u00e0 l\u2019image de l\u2019un des artistes les plus prolifiques du moment, Nam June Paik, qui se joue des fluctuations magn\u00e9tiques de la bande gr\u00e2ce \u00e0 des circuits \u00e9lectromagn\u00e9tiques dans l\u2019\u0153uvre Demagnetizer<\/em>. Autour de la Portapak \u00e9merge un v\u00e9ritable engouement pour son faible co\u00fbt et l\u2019enregistrement du son synchrone. En 1969, Robert Forget, du Groupe de Recherches Sociales, d\u00e9couvre cet outil et propose \u00e0 l\u2019Office National du Film d\u2019en faire l\u2019acquisition. Tout d\u2019abord r\u00e9ticente, l\u2019institution accepte d\u2019exp\u00e9rimenter la Portapak<\/em> afin de poursuivre le mandat de Challenge for Change<\/em>, dont les co\u00fbts devenaient trop importants. Au-del\u00e0 de ce programme, Forget voit en la cam\u00e9ra vid\u00e9o un nouveau moyen de stimuler la cr\u00e9ation \u00e9mergente :<\/p>\n\n\n\n

Le projet pilote Vid\u00e9ographe a remport\u00e9 un grand succ\u00e8s. Des locaux lou\u00e9s dans le centre de Montr\u00e9al sont utilis\u00e9s comme centre de production et salle de visionnement. Il s’agissait de permettre \u00e0 des jeunes, qui n’auraient pas eu normalement acc\u00e8s aux techniques du cin\u00e9ma, de s’exprimer \u00e0 l’aide du ruban magn\u00e9toscopique. Vingt-six \u0153uvres ont ainsi \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9es et pr\u00e9sent\u00e9es.  (Office National du Film 1972 : 10) <\/p>\n\n\n\n

Les d\u00e9buts du Vid\u00e9ographe sont tr\u00e8s prometteurs ; ouvert 24 heures sur 24, le centre met \u00e0 la disposition \u00e0 ceux porteurs d\u2019un projet, qu\u2019ils soient professionnels ou amateurs, une diversit\u00e9 d\u2019\u00e9quipement et un service de distribution alternatif. Des cam\u00e9ras vid\u00e9os peuvent \u00eatre emprunt\u00e9es, des espaces de montage sont disponibles, avec la possibilit\u00e9 d\u2019utiliser l\u2019\u00e9ditom\u00e8tre<\/em>, une invention locale permettant une synchronisation du son et de l\u2019image.<\/p>\n\n\n\n

Toutes ces exp\u00e9rimentations vont de pair avec les possibilit\u00e9s de c\u00e2blodiffusion qui font r\u00eaver les praticiens d\u2019alors. La vid\u00e9o, par son essence primaire, permet d\u2019offrir la parole \u00e0 des communaut\u00e9s en mal de repr\u00e9sentation, et la t\u00e9l\u00e9vision, m\u00e9dia en forte croissance au Qu\u00e9bec \u00e0 ce moment-l\u00e0, propose un terreau fertile pour la diffusion de ces \u0153uvres. Les premi\u00e8res tentatives de t\u00e9l\u00e9vision communautaire ont \u00e9t\u00e9 men\u00e9es \u00e0 Normandin, au Saguenay, afin de permettre \u00e0 la population locale de pr\u00e9senter elle-m\u00eame des \u00e9missions sur les ondes pour une dur\u00e9e pr\u00e9cise. Le Vid\u00e9ographe poussera cette d\u00e9marche plus loin en instaurant un syst\u00e8me pr\u00e9curseur de la \u00ab vid\u00e9o \u00e0 la demande \u00bb avec l\u2019exp\u00e9rience de la S\u00e9lectovision en 1972. \u00c0 Beloeil, Mont-Laurier et Gatineau, les abonn\u00e9s de la cha\u00eene BHMO ont un choix de 81 vid\u00e9ogrammes propos\u00e9 par le centre. \u00c0 l\u2019aide d\u2019un simple appel \u00e0 un standard t\u00e9l\u00e9phonique, ils peuvent voter pour la vid\u00e9o de leur choix ; celle r\u00e9coltant le plus de voix au bout des dix jours du projet sera diffus\u00e9e sur les ondes. Bien que cette exp\u00e9rience fut un succ\u00e8s \u00e0 court terme, la S\u00e9lectovision imposa une limite au mandat du Vid\u00e9ographe ; n\u00e9cessitant d\u2019\u00eatre men\u00e9 dans une zone ayant un acc\u00e8s au c\u00e2ble, elle exclut les populations en marge des grandes villes, et le langage herm\u00e9tique de certaines productions eut raison d\u2019un d\u00e9sint\u00e9r\u00eat de la part des communaut\u00e9s. Se dissociant de l\u2019Office National du Film \u00e0 la suite des \u00e9v\u00e9nements d\u2019Octobre, en partie d\u00fb \u00e0 des d\u00e9saccords artistiques et une ligne \u00e9ditoriale \u00ab de gauche \u00bb oppos\u00e9e \u00e0 l\u2019institution f\u00e9d\u00e9rale, le Vid\u00e9ographe s\u2019incorpore en 1973, et devient un lieu de passage important pour les vid\u00e9astes revendicateurs, autant qu\u2019exp\u00e9rimentateurs.<\/p>\n\n\n\n

Le passage difficile des ann\u00e9es 80<\/h2>\n\n\n\n

En 1975, il appara\u00eet aux yeux de la direction du Vid\u00e9ographe que l\u2019utopie fondatrice du centre ne s\u2019est pas av\u00e9r\u00e9e concluante. Ayant initialement pour but d\u2019encourager la population a prendre en main ses probl\u00e8mes et de d\u00e9velopper le sens artistique des nouvelles g\u00e9n\u00e9rations gr\u00e2ce au m\u00e9dium vid\u00e9ographique, l\u2019id\u00e9al du centre doit reconna\u00eetre que le public touch\u00e9 fait toujours partie d\u2019une certaine classe ais\u00e9e. Apr\u00e8s plusieurs coupes budg\u00e9taires dues en grande partie \u00e0 une scission entre Ottawa et Qu\u00e9bec, les t\u00e9l\u00e9visions communautaires et les regroupements ne sont plus subventionn\u00e9s. Oblig\u00e9 de fermer ses portes de 1976 \u00e0 1977, le Vid\u00e9ographe s\u2019oriente alors vers une \u00e9conomie plus lucrative\u00a0: la distribution. Apr\u00e8s le r\u00e9f\u00e9rendum de 1980 et les espoirs d\u00e9chus port\u00e9s par le Parti Qu\u00e9b\u00e9cois, l\u2019id\u00e9ologie d\u2019un changement soci\u00e9tal prend du recul et laisse place \u00e0 la vague n\u00e9olib\u00e9rale am\u00e9ricaine, for\u00e7ant d\u00e9sormais les organismes culturels \u00e0 r\u00e9pondre \u00e0 certaines exigences. Ces derniers se sont multipli\u00e9s au cours des derni\u00e8res ann\u00e9es, et les structures subventionnaires imposent alors aux centres autog\u00e9r\u00e9s de s\u2019administrer comme toute entreprise. Le milieu de la vid\u00e9o est alors en pleine effervescence, comme en t\u00e9moigne l\u2019\u00e9v\u00e9nement\u00a0Vid\u00e9o 84<\/em>, organis\u00e9 \u00e0 Montr\u00e9al. \u00c0 travers, les diverses exp\u00e9riences propos\u00e9es par des artistes venus de nombreux pays, la diversit\u00e9 et la disparition des fronti\u00e8res du m\u00e9dium sont palpables, et annoncent d\u00e9j\u00e0 la future tendance de la bande magn\u00e9tique. On y m\u00e9lange th\u00e9\u00e2tre, installation, performance. La vid\u00e9o, utilis\u00e9e auparavant comme outil de revendication sociale se m\u00e9lange d\u00e9sormais \u00e0 l\u2019expression artistique la plus pure, et la plus provocatrice parfois, s\u2019imposant comme l\u2019outil subversif par excellence. Les luttes des genres, du f\u00e9minisme, des minorit\u00e9s empoignent les cam\u00e9ras portables pour donner corps et voix \u00e0 leurs maux, et tenter d\u2019occuper une place sur les ondes t\u00e9l\u00e9visuelles. Le Vid\u00e9ographe, malgr\u00e9 les remous politiques, tient bon la barre et s\u2019instaure comme un v\u00e9ritable lieu cr\u00e9atif de la communaut\u00e9 d\u2019artistes, de la part de ceux orient\u00e9s autant par l\u2019exp\u00e9rimentation que par la revendication.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

Le renouvellement des ann\u00e9es 90 et 2000<\/h2>\n\n\n\n

Jusque dans les ann\u00e9es 90, la bande magn\u00e9tique reste un outil de choix pour le grand public et pour les vid\u00e9astes en qu\u00eate de grande libert\u00e9 mat\u00e9rielle. Bien s\u00fbr se pose toujours le probl\u00e8me de la diffusion, de l\u2019herm\u00e9tisme de certaines vid\u00e9os produites par le Vid\u00e9ographe, emp\u00eachant une v\u00e9ritable distribution t\u00e9l\u00e9visuelle (comme le d\u00e9montre l\u2019exp\u00e9rience de Kal\u00e9idoscope, un programme de court m\u00e9trage vid\u00e9o compos\u00e9 par le Vid\u00e9ographe). En 1995, le monde de l\u2019audiovisuel est secou\u00e9 par une nouvelle venue sur le march\u00e9, fruit d\u2019un consortium entre les fabricants japonais de mat\u00e9riel de prise de vue\u00a0: la DV, ou\u00a0Digital Video<\/em>. Le num\u00e9rique fait son apparition dans les mains des praticiens, le m\u00e9tier se transforme, informatisant une bonne partie de la cha\u00eene de production. Dans ce contexte, le Vid\u00e9ographe se renouvelle en faisant l\u2019acquisition de cam\u00e9ras num\u00e9riques, jusqu\u2019\u00e0 la HD au d\u00e9but des ann\u00e9es 2000, pour r\u00e9pondre aux besoins des vid\u00e9astes. Mais ces innovations eurent lieu dans des sph\u00e8res bien loin des consid\u00e9rations artistiques, et les industriels tentent aujourd\u2019hui de d\u00e9mocratiser le mat\u00e9riel audiovisuel afin de toucher une plus grande partie de la population. Il y a-t-il encore un r\u00e9el besoin de fournir des \u00e9quipements, qui sont d\u00e9sormais accessibles \u00e0 faible co\u00fbt sur le march\u00e9\u00a0? Les m\u00e9tiers de la postproduction s\u2019\u00e9tant progressivement install\u00e9s derri\u00e8re les ordinateurs, il est possible aujourd\u2019hui de monter un film gr\u00e2ce \u00e0 des logiciels sp\u00e9cialis\u00e9s, mais accessibles au grand public (Final Cut<\/em>\u00a0Pro). De m\u00eame pour le p\u00f4le Distribution du Vid\u00e9ographe\u00a0; Internet a modifi\u00e9 le rapport \u00e0 la diffusion des films et permet aujourd\u2019hui de se passer des interm\u00e9diaires que sont les distributeurs gr\u00e2ce \u00e0 des sites sp\u00e9cialis\u00e9s. Dans ce contexte, il est donc une t\u00e2che ardue de vouloir miser sur la capacit\u00e9 de distribution des \u0153uvres ind\u00e9pendantes, tout en op\u00e9rant un travail d\u2019archive des vid\u00e9ogrammes accumul\u00e9s depuis des ann\u00e9es. Mais le Vid\u00e9ographe a d\u00e9velopp\u00e9, \u00e0 partir de la moiti\u00e9 des ann\u00e9es 2000, le projet de catalogue en ligne pr\u00e9curseur\u00a0\u00a0Vith\u00e8que, permettant un acc\u00e8s web \u00e0 la quasi-totalit\u00e9 de la collection du centre, dans l\u2019objectif d\u2019offrir une diffusion aux \u0153uvres d\u2019hier et d\u2019aujourd\u2019hui. Se placer au service des artistes a toujours \u00e9t\u00e9, certes, la ligne majeure dans le mandat du centre, mais elle est aujourd\u2019hui compromise, entre une transformation du m\u00e9tier et des champs d\u2019action, ainsi que des restrictions de plus en plus draconiennes des subventionneurs et de l\u2019obligation de g\u00e9n\u00e9rer des revenus autonomes pour p\u00e9renniser son activit\u00e9. Le mod\u00e8le des centres autog\u00e9r\u00e9s, dont le Vid\u00e9ographe reste un fier repr\u00e9sentant, ne peut servir sa communaut\u00e9 de la m\u00eame fa\u00e7on dont il en avait \u00e9t\u00e9 question dans les ann\u00e9es 70\u00a0; il serait peut-\u00eatre int\u00e9ressant d\u2019envisager de nouveaux mod\u00e8les, en fusionnant diff\u00e9rents centres proposant les m\u00eames services de production ou de distribution, afin d\u2019\u00e9viter une dispersion trop grande du peu d\u2019aide accord\u00e9e \u00e0 la cr\u00e9ation ind\u00e9pendante. Mais ces organismes sont le fruit d\u2019un travail de nombreuses ann\u00e9es, de l\u2019investissement de personnes passionn\u00e9es, qui auront encore du mal \u00e0 voir leur prog\u00e9niture se fondre dans de nouvelles structures. Le Vid\u00e9ographe, pour pouvoir esp\u00e9rer redresser \u00e0 nouveau la barre, devra prendre en consid\u00e9ration ces questions et remettre en cause son ontologie pour r\u00e9pondre au mieux aux nouvelles exigences de la r\u00e9alit\u00e9 de la communaut\u00e9 artistique.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Si l\u2019on passe la porte du 4550 rue Garnier \u00e0 Montr\u00e9al aujourd\u2019hui, nous nous trouvons bien loin de l\u2019effervescence r\u00e9gnant, 40 ann\u00e9es plus t\u00f4t, au 1604 de la rue Saint-Denis. Certes, le d\u00e9cor et le contexte ont chang\u00e9, l\u2019utopie ambiante et la r\u00e9alit\u00e9 \u00e9conomique aussi, mais le\u00a0Vid\u00e9ographe\u00a0est toujours pr\u00e9sent, et est toujours ancr\u00e9 dans le … Continued<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[1],"tags":[101],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1853"}],"collection":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=1853"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1853\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":1855,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/1853\/revisions\/1855"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=1853"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=1853"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=1853"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}