{"id":2002,"date":"2014-02-01T20:45:58","date_gmt":"2014-02-01T20:45:58","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=2002"},"modified":"2022-12-01T20:46:24","modified_gmt":"2022-12-01T20:46:24","slug":"fevrier-2014-le-monde-en-panascopie-avec-luc-courchesne","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/fevrier-2014-le-monde-en-panascopie-avec-luc-courchesne\/","title":{"rendered":"F\u00e9vrier 2014 – Le monde en panascopie avec Luc Courchesne"},"content":{"rendered":"\n

Pouvez-vous me dire comment est n\u00e9 le concept de la Satosph\u00e8re\u00a0? Il a fallu, je suppose, imaginer qu\u2019une technologie particuli\u00e8re puisse y \u00eatre utilis\u00e9e pour permettre les exp\u00e9riences qui y sont pratiqu\u00e9es\u00a0?\u00a0<\/strong><\/p>\n\n\n\n

La r\u00e9ponse longue est que la Satosph\u00e8re, comme les autres dispositifs d\u2019immersion sensorielle qui font aujourd\u2019hui leur apparition, est le fruit d\u2019un long processus de maturation qui remonte aux panoramas du 19e si\u00e8cle et bien avant. Plus pr\u00e8s de nous, ce sont les diaporamas multi-projecteurs de Charles et Ray Eames du d\u00e9but des ann\u00e9es 60 qui ont relanc\u00e9 l\u2019int\u00e9r\u00eat pour les dispositifs immersifs et multim\u00e9dia. Si la multiplication et l\u2019agrandissement des surfaces de projection ont grandement contribu\u00e9 d\u00e8s lors \u00e0 r\u00e9introduire l\u2019exp\u00e9rience immersive apr\u00e8s plusieurs d\u00e9cennies domin\u00e9es par l\u2019\u00e9cran rectangulaire du cin\u00e9ma, c\u2019est dans le\u00a0Pavillon du<\/em>\u00a0Labyrinthe<\/em>\u00a0et surtout dans le cyclorama du\u00a0Pavillon du t\u00e9l\u00e9phone<\/em>\u00a0\u00e0 Expo 67 \u00e0 Montr\u00e9al que les cr\u00e9ateurs de ma g\u00e9n\u00e9ration y ont \u00e9t\u00e9 expos\u00e9s pour la premi\u00e8re fois. Le d\u00e9veloppement des projecteurs vid\u00e9o depuis les ann\u00e9es 80 et surtout la conversion au num\u00e9rique dans les ann\u00e9es 90 ont permis par la suite l\u2019\u00e9closion de la photographie 360\u00b0 et d\u2019une foule d\u2019autres technologies de capture, de cr\u00e9ation 3D, de rendu sph\u00e9rique en\u00a0 temps-r\u00e9el, de projection et d\u2019interaction qui sont essentiels \u00e0 l\u2019exp\u00e9rience immersive.<\/p>\n\n\n\n

Into the Labyrinth<\/em>, Roman Kroitor, Colin Low & Hugh O’Connor, 1967, 21 mn<\/a><\/p>\n\n\n\n

Pour r\u00e9aliser la Satosph\u00e8re nous avons profit\u00e9 de toutes ces innovations et pouss\u00e9 encore plus loin en offrant un espace de projection sph\u00e9rique \u00e0 g\u00e9om\u00e9trie variable (360\u00b0 horizontalement\u00a0 x 180\u00b0, 210\u00b0 ou 230\u00b0 verticalement) ainsi qu\u2019un syst\u00e8me de sonorisation immersif unique au monde d\u00e9velopp\u00e9 en collaboration avec la firme californienne Meyer Sound. En parall\u00e8le, il nous a fallu d\u00e9velopper des m\u00e9thodes de cr\u00e9ation et de production de contenus audio-visuels adapt\u00e9es au dispositif pour en tirer le plein potentiel. La cr\u00e9ation et l\u2019animation en temps r\u00e9el de contenus visuels et sonores est une des caract\u00e9ristiques uniques \u00e0 la Satosph\u00e8re. Le dispositif et les m\u00e9thodes de cr\u00e9ation qui lui sont associ\u00e9s sont le r\u00e9sultat du travail des \u00e9quipes de recherche et de d\u00e9veloppement de la Soci\u00e9t\u00e9 des arts technologiques (SAT). Les syst\u00e8mes de projection multi-canaux, de tuilage, de rendu graphique et sonore en temps r\u00e9el, de rev\u00eatement de surfaces de projection, de mat\u00e9riaux d\u2019absorption acoustique et d\u2019une foule d\u2019autres innovation qui en font un instrument de cr\u00e9ation et de diffusion immersive parmi les plus \u00e9volu\u00e9s dans le monde.<\/p>\n\n\n\n

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Premiers d\u00f4mes<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Les premiers d\u00f4mes de la SAT \u00e9taient des structures gonflables de diverses tailles qui ont permis de mettre au point une premi\u00e8re g\u00e9n\u00e9ration de syst\u00e8mes de projection sph\u00e9riques et de sonorisation immersive. Ces d\u00e9veloppements exp\u00e9rimentaux ont \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9s dans le cadre du programme de recherche du M\u00e9talab \u00e0 partir de 2002 et ont abouti en 2006 \u00e0 la r\u00e9alisation d\u2019une premi\u00e8re version de la Satosph\u00e8re grand format qui fut utilis\u00e9e notamment \u00e0 l\u2019occasion des c\u00e9l\u00e9brations du 400e anniversaire de Qu\u00e9bec en 2008. Le projet d\u2019agrandissement de la SAT et d\u2019installation d\u2019un d\u00f4me permanent au 3e \u00e9tage a relanc\u00e9 le travail de d\u00e9veloppement qui a abouti \u00e0 la Satosph\u00e8re inaugur\u00e9e en 2011. Elle accueille depuis des cohortes de cr\u00e9ateurs et les publics d\u2019initi\u00e9s et de non initi\u00e9s qui peuvent appr\u00e9cier plus de 12 productions originales annuellement. <\/p>\n\n\n\n

Est-ce que la Satosph\u00e8re avait au d\u00e9part une orientation particuli\u00e8re pour un genre d\u2019\u0153uvres sp\u00e9cifiques\u00a0? Lors de notre derni\u00e8re rencontre dans le cadre de la projection du film-installation\u00a0Rouge M\u00e9kong<\/em>, vous sembliez me dire que pour vous la Satosph\u00e8re avait une connotation f\u00e9minine, qu\u2019entendez-vous par-l\u00e0\u00a0?\u00a0<\/strong><\/p>\n\n\n\n

L\u2019immersion, l\u2019interaction et la r\u00e9seautique sont au c\u0153ur des recherches et de la cr\u00e9ation \u00e0 la SAT. La Satosph\u00e8re et les syst\u00e8mes qui lui sont attach\u00e9s ont pour finalit\u00e9 de faire appara\u00eetre les formes singuli\u00e8res de l\u2019art qui y trouve son inspiration. En ce sens, l\u2019instrument est ouvert aux exp\u00e9riences de toutes sortes et c\u2019est ensemble que les artistes et les publics d\u00e9couvrent son esth\u00e9tique propre et ses applications. Le rapport \u00e0 l\u2019espace est tr\u00e8s particulier dans un environnement sph\u00e9rique comme la Satosph\u00e8re. On s\u2019y sent comme dans une matrice. Cet espace devient encore plus puissant lorsqu\u2019on y projette des mondes qui font oublier le d\u00f4me. C\u2019est tr\u00e8s proche de la vie, du mouvement, de l\u2019\u00e9ph\u00e9m\u00e8re, que j\u2019associe spontan\u00e9ment au f\u00e9minin.<\/p>\n\n\n\n

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Rouge M\u00e9kong<\/em>, Collectif, Lebovitz, 2013<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Rouge M\u00e9kong<\/em>, Collectif, Lebovitz, 2013<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Le caract\u00e8re immersif de la Satosph\u00e8re est particuli\u00e8rement impressionnant dans le cadre de films abstraits o\u00f9 des formes g\u00e9om\u00e9triques se multiplient et traversent l\u2019espace dans une illusion 3D remarquable comme on a pu le voir, notamment, dans les vid\u00e9os pr\u00e9sent\u00e9es dans le cadre du SAT FEST 2013. Dans ces \u0153uvres, l\u2019impression de matrice cesse de devenir protectrice et nous nous sentons agress\u00e9s par la mati\u00e8re comme par des mol\u00e9cules chassant des intrus avec une certaine violence perceptive. La Satosph\u00e8re peut soit ouvrir vers un espace cosmique zen, soit nous enfermer dans des espaces clos, comme \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur d\u2019un ventre ou d\u2019un cerveau. J\u2019imagine que cette polysensorialit\u00e9 a \u00e9t\u00e9 l\u2019un des premiers objectifs de ce projet.<\/strong>\u00a0<\/p>\n\n\n\n

La r\u00e9trospective annuelle SAT Fest est int\u00e9ressante puisqu\u2019elle propose plusieurs courtes \u0153uvres qui font la d\u00e9monstration de la polyvalence du m\u00e9dium. Chaque artiste invit\u00e9 \u00e0 produire une cr\u00e9ation destin\u00e9e au dispositif, s\u2019inspire de ce qu\u2019il a vu tout en tentant de trouver son expression propre et d\u2019explorer ce qui n\u2019a pas encore \u00e9t\u00e9 fait. Je suis toujours \u00e9tonn\u00e9 de faire l\u2019exp\u00e9rience de ce qu\u2019on y pr\u00e9sente. Ces courtes \u0153uvres, comme celles plus abouties qui constituent la programmation de la Satosph\u00e8re en cours d\u2019ann\u00e9e, font la d\u00e9monstration que, malgr\u00e9 ses origines lointaines au 19e si\u00e8cle, le m\u00e9dium immersif est encore \u00ab nouveau \u00bb et largement inexplor\u00e9. Dans la Satopsh\u00e8re, on s\u2019\u00e9loigne r\u00e9solument des logiques narratives du cin\u00e9ma pour entrer de plein pied dans le domaine de l\u2019exp\u00e9rience qui engage diff\u00e9remment le spectateur pour en faire un visiteur, un participant, et m\u00eame parfois un habitant de ce nouveau territoire qu\u2019est le cyberespace. La nature de cette exp\u00e9rience, ses aspects formels ou symboliques, sont propres au travail de chaque artiste. La Satosph\u00e8re est par ailleurs install\u00e9e \u00e0 l\u2019\u00e9tage que nous avons baptis\u00e9 le \u00ab sensorium \u00bb o\u00f9 se combinent les exp\u00e9riences audio-visuelles immersives du d\u00f4me et les exp\u00e9riences gastronomiques des chefs du Labo culinaire. Il est \u00e9tonnant de constater \u00e0 quel point les deux exp\u00e9riences se compl\u00e8tent et s\u2019enrichissent mutuellement.<\/p>\n\n\n\n

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SAT FEST, 2013<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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SAT FEST, 2013<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Les productions pr\u00e9sent\u00e9es tendent souvent vers un monde futur, voire m\u00eame futuriste, je pense \u00e0\u00a0Six mille Antenna<\/em>\u00a0de Johnny Ranger, par exemple. Est-ce la complexit\u00e9 technologique qui influen\u00e7ait les artistes \u00e0 explorer ces univers ? On dirait qu\u2019aujourd\u2019hui, la technologie \u00e9tant apprivois\u00e9e, les artistes explorent d\u2019autres univers comme Yann Minh qui, au contraire, explore les m\u00e9andres de la m\u00e9moire et de l\u2019histoire de la cyberculture, avec son projet\u00a0Noomuseum<\/em>\u00a0dans les r\u00e9cifs.\u00a0<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Je crois plut\u00f4t que c\u2019est l\u2019imaginaire des cr\u00e9ateurs qui d\u00e9finit les contenus et non le m\u00e9dium qui est le plus souvent mis au service des concepts et d\u00e9tourn\u00e9 de ses fonctions d\u2019origine. Six Mille Antennas<\/em> de Johnny Ranger est une oeuvre d\u2019auteur qui contraste par exemple avec Babel Orchestra<\/em> (Marcelle Hudon et Jean-Jacques Lem\u00eatre) qui ont pour leur part transform\u00e9 la Satosph\u00e8re en castelet ou des techniques d\u2019ombre et de lumi\u00e8re artisanales sont utilis\u00e9es avec des enregistrements de voix humaines pour cr\u00e9er un monde tout aussi singulier et fascinant.<\/p>\n\n\n\n

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Six Mille Antennas<\/em>, Johnny Ranger
Iron Workers Local 777<\/em>\u00a0(Fabrique M\u00e9tamorphosis) et\u00a0Babel Orchestra<\/em>\u00a0(Marcelle Hudon et Jean-Jacques Lem\u00eatre)<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Six Mille Antennas<\/em>, Johnny Ranger
Iron Workers Local 777<\/em>\u00a0(Fabrique M\u00e9tamorphosis) et\u00a0Babel Orchestra<\/em>\u00a0(Marcelle Hudon et Jean-Jacques Lem\u00eatre)<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Les installations performatives\u00a0Rouge M\u00e9kong<\/em>\u00a0(Collectif Lebovitz) et\u00a0Iron Workers Local 777<\/em>\u00a0(Fabrique M\u00e9tamorphosis) sont du m\u00eame ordre et montrent l\u2019extr\u00eame versatilit\u00e9 du m\u00e9dium. Elles contrastent formidablement avec les voyages sublimes au sein des formules math\u00e9matiques complexes de\u00a0Cahos & Order<\/em>\u00a0(Helmchen, Krass) ou encore avec le\u00a0Noomuseum<\/em>\u00a0de Yan Minh qui met en sc\u00e8ne des avatars vivant en temps r\u00e9el au sein de mondes construits par leur \u00ab\u00a0manipulateurs\u00a0\u00bb. Cette vari\u00e9t\u00e9 et cette diversit\u00e9 d\u2019expressions sont tr\u00e8s r\u00e9jouissantes. Dans la Satosph\u00e8re, nous ne sommes pas dans le futur mais bien dans l\u2019expression contemporaine de l\u2019imaginaire cr\u00e9atif qui dispose simplement d\u2019un nouveau moyen pour prendre forme.<\/p>\n\n\n\n

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Chaos & Order<\/em>\u00a0(Helmchen, Krass) et\u00a0Noomuseum<\/em>\u00a0de Yan Minh<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Chaos & Order<\/em>\u00a0(Helmchen, Krass) et\u00a0Noomuseum<\/em>\u00a0de Yan Minh<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Les productions pr\u00e9sent\u00e9es \u00e0 la Satosph\u00e8re d\u00e9montrent des possibilit\u00e9s interactives multiples command\u00e9es par des performances audio ou gestuelles qui interagissent sur l\u2019image et\/ou le son. Les dispositifs et interfaces se multipliant \u00e0 une vitesse d\u00e9sarmante, comment arrivez-vous \u00e0 g\u00e9rer toutes ces exp\u00e9rimentations, \u00e0 suivre ce d\u00e9ferlement de possibilit\u00e9s technologiques et \u00e0 les explorer autant dans la Satosph\u00e8re qu\u2019\u00e0 la SAT dans son ensemble\u00a0?\u00a0<\/strong><\/p>\n\n\n\n

On se lance dans l\u2019aventure une \u0153uvre \u00e0 la fois, en s\u2019appuyant sur ce que les artistes veulent accomplir et sur les moyens \u00e0 disposition. Deux appels \u00e0 projets annuellement permettent d\u2019inviter des artistes et des projets dans le programme de r\u00e9sidence de la SAT. Chaque \u0153uvre fait ainsi \u00e9voluer les moyens et les concepts artistiques propres au m\u00e9dium. Le programme de recherche de la SAT est fond\u00e9 sur trois grand axes: immersion, interaction et r\u00e9seautique. Les \u0153uvres sont le moteur des recherches et une d\u00e9monstration de leur utilit\u00e9. Nous croyons \u00e0 la SAT que toute d\u00e9marche artistique est une forme de recherche portant \u00e0 la fois sur les moyens (la forme) et sur l\u2019expression (les contenus). C\u2019est la mission fondamentale de la SAT de venir en appui \u00e0 cette d\u00e9marche de cr\u00e9ation artistique. La SAT tient sa force autant de ses liens avec l\u2019industrie, le monde acad\u00e9mique et les milieux de la cr\u00e9ation, que de son ind\u00e9pendance envers les logiques internes de chacun de ces milieux. Elle contribue ainsi \u00e0 faire \u00e9clater les cadres disciplinaires et sectoriels et \u00e0 faire vivre l\u2019id\u00e9e de transgression au profit de l\u2019exploration cr\u00e9ative du concept d\u2019exp\u00e9rience propre aux m\u00e9dias num\u00e9riques. <\/p>\n\n\n\n

Votre production r\u00e9alis\u00e9e, avec, dans et par le\u00a0Panoscope\u00a0annon\u00e7ait d\u00e9j\u00e0 cet int\u00e9r\u00eat pour une immersion totale, \u00e0 360\u00b0, telle que le d\u00f4me nous l\u2019offre. On observe, entre autres, que la dimension spatiale, le lieu, le point vue constituent l\u2019une de vos pr\u00e9occupations principales, comme on peut le voir dans l\u2019\u0153uvre Journal panoscopique en 2000, ou\u00a0Vous \u00eates ici<\/em>\u00a0en 2011 ou encore aujourd\u2019hui avec\u00a0The drawing Space<\/em>\u00a0(collaboration entre la SAT et le FACT), o\u00f9 vous semblez r\u00e9duire l\u2019espace m\u00eame virtuel en collaborant \u00e0 distance avec des artistes bas\u00e9s \u00e0 Liverpool. Ce projet innovateur de t\u00e9l\u00e9pr\u00e9sence immersive ouvre la voie vers de multiples possibilit\u00e9s. Pouvez-vous nous en en parler\u00a0?<\/strong>\u00a0<\/p>\n\n\n\n

Le rapport \u00e0 l\u2019espace, et ses effets sur la perception de soi et des autres sont au centre des enjeux des m\u00e9dias contemporains. Les artistes sont naturellement et obligatoirement attir\u00e9s vers ces enjeux et, chacun \u00e0 sa mani\u00e8re, amen\u00e9s \u00e0 en d\u00e9finir les termes. Ma d\u00e9marche est semblable \u00e0 celle des artistes contemporains qui embrassent les technologies pour explorer ces questions. Ces d\u00e9marches inspirent le programme de recherche de la SAT qui accompagne et parfois devance les besoins des artistes en cr\u00e9ant des plateformes de production et de diffusion qui ouvrent de nouveaux chantiers. Un de ces chantiers est celui de la t\u00e9l\u00e9pr\u00e9sence immersive. Son int\u00e9r\u00eat vient du fait qu\u2019il agr\u00e8ge les probl\u00e9matiques d\u2019immersion, d\u2019interaction et de r\u00e9seautique dans une exp\u00e9rience unifi\u00e9e d\u2019espace virtuel partag\u00e9. Le fait d\u2019y appara\u00eetre tel qu\u2019on est, en temps r\u00e9el, fait de cet espace une alternative \u00ab habitable \u00bb \u00e0 l\u2019espace physique qui nous est familier. Un tel d\u00e9veloppent ne peut \u00eatre le fruit que d\u2019une longue maturation technologique et d\u2019un effort collectif. On arrive cependant \u00e0 un stade d\u2019\u00e9volution qui permet d\u2019ouvrir le m\u00e9dium \u00e0 une nouvelle g\u00e9n\u00e9ration de cr\u00e9ateurs qui y trouveront un espace de cr\u00e9ation et d\u2019exp\u00e9rience encore vierge et totalement ouvert. Si le grand projet de construire ce nouvel espace de vie, de rencontre et d\u2019exp\u00e9rience est soutenable selon les exigences d\u00e9sormais incontournables du d\u00e9veloppement durable, il sera le principal territoire de cr\u00e9ation des g\u00e9n\u00e9rations \u00e0 venir. L\u2019\u00e9conomie de ceux qui viennent au monde aujourd\u2019hui sera radicalement diff\u00e9rente de celle qui nous connaissons. C\u2019est en pensant \u00e0 eux que nous \u00e9laborons ces concepts d\u2019espaces virtuels partag\u00e9s au sein desquels on pourra se t\u00e9l\u00e9porter.<\/p>\n\n\n\n

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