{"id":2037,"date":"2014-02-01T21:32:57","date_gmt":"2014-02-01T21:32:57","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=2037"},"modified":"2022-12-01T21:33:13","modified_gmt":"2022-12-01T21:33:13","slug":"fevrier-2014-interactif-implicite-performatif-eprouve-le-corps-explore","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/fevrier-2014-interactif-implicite-performatif-eprouve-le-corps-explore\/","title":{"rendered":"F\u00e9vrier 2014 – Interactif, implicite, performatif, \u00e9prouv\u00e9, le corps explor\u00e9"},"content":{"rendered":"\n

Dans\u00a0Always More Than One<\/em>, Erin Manning\u00a0croise philosophie ou mouvement de pens\u00e9e, chor\u00e9graphie ou mouvement du corps, art et autisme. De son c\u00f4t\u00e9, avec\u00a0Interactive Art and Embodiment\u00a0: The Implicit Body as Performance<\/em>, Nathaniel Stern\u00a0propose de consid\u00e9rer le corps implicite dans sa triple relation de mouvement, sensation et pens\u00e9e lors de l\u2019appropriation interactive. Quant au collectif,\u00a0Personnage virtuel et corps performatif. Effets de pr\u00e9sence,<\/em>\u00a0dirig\u00e9 par Ren\u00e9e Bourassa et Louise Poissant, quinze artistes et th\u00e9oriciens explorent, chacun, chacune, sous un angle singulier, diverses facettes du corps performatif et du personnage virtuel. Pour sa part, dans\u00a0L\u2019insistance du regard sur le corps \u00e9prouv\u00e9. Pathos et contre-pathos,<\/em>\u00a0\u00c9l\u00e8ne Tremblay examine les notions de pathos et contre-pathos \u00e0 travers l\u2019insistance du regard sur le corps \u00e9prouv\u00e9. Chaque auteur-e arrime son analyse \u00e0 la th\u00e9orie philosophique, m\u00e9diatique ou ph\u00e9nom\u00e9nologique selon l\u2019approche singuli\u00e8re ou multiple qu\u2019ils ou elles adoptent pour cheminer avec le corpus s\u00e9lectionn\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Always\u00a0More Than One<\/em>. Individuation\u2019s Dance<\/em>\u00a0(Erin Manning)<\/h2>\n\n\n\n

Dans une perspective d\u2019exploration au plus pr\u00e8s du \u00ab corps chor\u00e9graphi\u00e9 <\/em>\u00bb, la question de l\u2019unit\u00e9, qui renvoie \u00e0 l\u2019ensemble et \u00e0 l\u2019unit\u00e9 ou \u00e0 diverses unit\u00e9s interreli\u00e9es, sert de fil rouge au d\u00e9ploiement de la pens\u00e9e-mouvement de Manning, \u00e0 travers ce qu\u2019elle nomme, en sous-titre de son ouvrage, la danse de l\u2019invidividuation (Individuation\u2019s dance). Dans le pr\u00e9lude qu\u2019il signe, Massumi convoque diverses notions des Daniel Stern, Whitehead, Deleuze, Guattari, Simondon, m\u00eame Kant et Bertrand Russel pour d\u00e9velopper et agencer divers aspects compl\u00e9mentaires de l\u2019un (one) et de plusieurs (many), voire de \u00ab toujours plus qu\u2019un \u00bb. <\/p>\n\n\n\n

Manning d\u00e9veloppe son argumentation dans huit chapitres, cinq interludes et un coda qui nous am\u00e8neront tour \u00e0 tour \u00e0 visiter des dimensions singuli\u00e8res de la perception d\u2019ensemble qui sous-tend la perception organis\u00e9e et cat\u00e9goris\u00e9e, soit un mode autistique d\u2019appr\u00e9hender le monde avant m\u00eame de le d\u00e9cliner en sujet-objet ou en cat\u00e9gories. Cette m\u00e9thode d\u2019approcher et de traduire le r\u00e9el dans un chevauchement de pens\u00e9e-sensation-mouvement poursuit le travail pr\u00e9sent\u00e9 dans son ouvrage de 2009, intitul\u00e9\u00a0Relationscape Movement, Art, Philosophy<\/em>, au MIT Press, dont on peut consulter une recension dans Arch\u00e9e par ce\u00a0lien.<\/p>\n\n\n\n

Quelques termes descripteurs fondent la base de cet ouvrage dont les suivants (en anglais) \u2013 Individuation, Collusions, Life (A), Feeling, Life, Body as Society, Transindividuation, Affect, Collective Individuation, The Outside, The Body<\/em> \u2013  sont d\u00e9velopp\u00e9s tel un glossaire d\u2019inflexions (pp. 16-30) qui enrichit et oriente la lecture subs\u00e9quente. Ces notions articul\u00e9es selon la pens\u00e9e des auteurs o\u00f9 elles sont puis\u00e9es et aliment\u00e9es, Manning les r\u00e9articule de nouveau, les diff\u00e8re, les ajourne, les fait d\u00e9vier. Elle les infl\u00e9chit selon le voisinage ou la proximit\u00e9 que le \u00ab mouvement-pens\u00e9e \u00bb entretient avec les \u00e9l\u00e9ments artistiques du corpus s\u00e9lectionn\u00e9. Le lecteur, la lectrice, plongera donc dans diverses \u0153uvres artistiques, que ce soit celle plus politique d\u2019Ari Folman, Waltz with Bashir,<\/em> 2008; plus chor\u00e9graphique de William Forsythe, White Bonny Castle, The Defender, part 2, Scattered Crowd<\/em>; plus autistique de Bracha Ettinger, Autistwork no 2,<\/em> 1993; plus cartographique de Fernand Deligny, Line of drift<\/em>, 1967 ainsi que des cr\u00e9ations plus texturales de Manning elle-m\u00eame, Folds to Infinity,<\/em> 2006, Volumetrics<\/em>, 2009, Slow Clothes<\/em>, 2008.<\/p>\n\n\n\n

\"\"<\/figure>\n\n\n\n

Interactive Art and Embodiment\u00a0: The Implicit Body as Performance<\/em>\u00a0(Nathaniel Stern)<\/h2>\n\n\n\n

Pour sa part, l\u2019ouvrage de l\u2019artiste-enseignant-chercheur Nathaniel Stern constitue une refonte de sa th\u00e8se de doctorat qu\u2019il a auparavant r\u00e9sum\u00e9e dans un article intitul\u00e9 : \u00ab The Implicit Body as Performance: Analyzing Interactive Art. <\/em>\u00bb, publi\u00e9 dans le Leonardo Journal of Art, Science and Technology<\/em> (MIT Press). Vol 44, No 3 (2011): 233-238. Globalement, la th\u00e8se est la suivante : au lieu de s\u2019en tenir \u00e0 la vision, \u00e0 la structure et \u00e0 la signification, Stern propose de recentrer l\u2019int\u00e9r\u00eat sur le \u00ab corps en relation <\/em>\u00bb. Il con\u00e7oit l\u2019interaction en tant que performance et la mani\u00e8re d\u2019\u00eatre en tant que mani\u00e8re d\u2019\u00ab \u00eatre avec \u00bb<\/em>. Dans un cadre de travail sur le corps implicite<\/em> au sein de l\u2019installation interactive, il propose une approche qui r\u00e9unit quatre volets: la recherche et le processus artistique, la description de l\u2019\u0153uvre d\u2019art, l\u2019interactivit\u00e9 et la relationalit\u00e9. Selon lui, les deux derniers volets propres \u00e0 l\u2019exp\u00e9rience interactive doivent faire l\u2019objet d\u2019un examen d\u00e9taill\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Cette prescription, Stern la met \u00e0 l\u2019\u00e9preuve dans son ouvrage. Compos\u00e9 de huit chapitres dont le huiti\u00e8me introduit un texte \u00e0 para\u00eetre sur le WEB seulement, il met la table d\u00e8s la premi\u00e8re page :<\/p>\n\n\n\n

\u00ab When we move and think and feel, we are, of course, a body. This body is constantly changing, in and through its ongoing relationships. This body is a dynamic form, full of potential. It is not \u201ca body,\u201d as thing, but<\/em> embodiment as incipient activity. Embodiment is a continuously emergent and active relation. It is our materialization and articulation, both as they occur, and about to occur. Embodiment is moving-thinking-feeling, it is the body\u2019s potential to vary, it is the body\u2019s relations to the outside. And embodiment, I contend, is what is staged in the best interactive art<\/em>. \u00bb (Stern, 2013, 2) <\/p>\n\n\n\n

Lui-m\u00eame artiste sp\u00e9cialiste de l\u2019art interactif, sa r\u00e9flexion philosophique, aussi stimulante que novatrice, est ancr\u00e9e dans le corps implicite, c\u2019est-\u00e0-dire ce corps qui vit et d\u00e9borde le corps v\u00e9cu, notion renvoyant au corps pens\u00e9. Stern invite la recherche \u00e0 consid\u00e9rer bien davantage les forces et les champs en puissance dans le corps, alors que la corpor\u00e9it\u00e9 est en \u00ab per-formance <\/em>\u00bb, ici-maintenant, au sein de l\u2019installation interactive. L\u2019incorporation s\u2019accompagne donc de la m\u00e9tabolisation d\u2019informations sensorielles issues du milieu d\u2019immersion, sorte de s\u00e9miose corporelle pr\u00e9-signifiante. Elle s\u2019apparente au sens dynamique que lui donne Stern: <\/p>\n\n\n\n

\u00ab The conception of a continuous embodiment, however, allows us to rethink bodies as formed through how we move in, and relate to, our surroundings. Embodiment, I contend, is not a pre-formed thing, but incipient and per-formed.<\/em> \u00bb (Stern, 2013, 12).<\/p>\n\n\n\n

Ainsi, la corpor\u00e9it\u00e9, dans sa dynamique, n\u2019est pas une chose pr\u00e9-form\u00e9e, mais per-form\u00e9e, insiste Stern; elle n\u2019est pas constitu\u00e9e, elle se constitue. Continuellement en action, la corpor\u00e9it\u00e9 \u00e9volue de fa\u00e7on dynamique au fil de l\u2019incorporation, elle n\u2019est jamais fig\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n

Tout au long de cet ouvrage, le lecteur, la lectrice rencontrera de nombreux artistes de l\u2019art interactif et immersif, ce qui a le b\u00e9n\u00e9fice non seulement d\u2019illustrer le propos de Stern, mais bien davantage d\u2019incarner sa r\u00e9flexion philosophique dans une encyclop\u00e9die d\u2019art interactif encore en train d\u2019\u00e9voluer. Graduellement, au fil des chapitres, Stern joue avec les th\u00e8mes performatifs suivants: 1- \u00ab Digital is as Digital does <\/em>\u00bb; 2- \u00ab The Implicit Body as Performance <\/em>\u00bb; 3- \u00ab A Critical Framework for Interactive Art <\/em>\u00bb, 4- \u00ab Body-Langage <\/em>\u00bb ; 5- \u00ab Social Anatomies <\/em>\u00bb; 6- \u00ab Flesh-Space <\/em>\u00bb; 7- \u00ab Implicating Art Works <\/em>\u00bb et 8- \u00ab In production \u00bb<\/em>. Ce livre d\u2019une grande importance rend compte d\u2019une vision actuelle non seulement artistique, mais \u00ab spectatorielle \u00bb du corps, assist\u00e9 ou outill\u00e9 technologiquement, comme on l\u2019est de plus en plus m\u00eame dans notre vie quotidienne. Bien plus que le corps performant, c\u2019est toujours et encore le \u00ab corps implicite \u00bb qui sert de fil rouge pour explorer l\u2019art interactif.<\/p>\n\n\n\n

\"\"<\/figure>\n\n\n\n

Personnage virtuel et corps performatif. Effets de pr\u00e9sence<\/em>\u00a0(dir. R. Bourassa et L. Poissant)<\/h2>\n\n\n\n

Dans le contexte actuel, les arts de la sc\u00e8ne ou de l\u2019\u00e9cran, les \u0153uvres d\u2019art et le monde de l\u2019animation font l\u2019objet, depuis les derni\u00e8res d\u00e9cennies, d\u2019innovations et de transformations \u00e0 forte teneur de technologie num\u00e9rique. Que ce soit par le biais de la synth\u00e8se num\u00e9rique, de la capture de mouvement ou de corps, des interfaces visibles ou camoufl\u00e9es ou tout simplement de la r\u00e9union par le m\u00e9tam\u00e9dia num\u00e9rique des m\u00e9dias autrefois plus sp\u00e9cifiques, le corps \u00ab performatif \u00bb \u2013 celui des performeurs professionnels (danseurs, acteurs, mod\u00e8les etc.) ou des spectateurs en posture de performer d\u2019une mani\u00e8re ou d\u2019une autre \u2013 passe \u00e0 l\u2019avant plan. Et comme le constate Ren\u00e9e Bourassa, \u00ab [le] personnage virtuel devient cet \u00eatre ind\u00e9termin\u00e9 qui habite l\u2019univers mental du spectateur et dont le sens n\u2019est jamais fig\u00e9 \u00bb. (p. 5)<\/p>\n\n\n\n

De multiple fa\u00e7ons, les personnages virtuels et les corps performatifs colorent la qualit\u00e9 esth\u00e9tique du rapport spectatoriel de \u00ab [p]r\u00e9sence, effets de pr\u00e9sence et sens de la pr\u00e9sence \u00bb (p. 15). Comme l\u2019avance Louise Poissant, peut-\u00eatre en \u00e9cho \u00e0 l\u2019\u00eatre ind\u00e9termin\u00e9 cit\u00e9 auparavant :<\/p>\n\n\n\n

\u00ab La notion de pr\u00e9sence qui se d\u00e9gage de ces r\u00e9flexions sur les effets et le sens de la pr\u00e9sence reste assez ind\u00e9termin\u00e9. [\u2026] Ce sentiment d\u2019\u00eatre l\u00e0 [de l\u2019acteur virtuel] concerne aussi le spectateur bien que cette dimension fasse l\u2019objet d\u2019un paradoxe puisque son adh\u00e9sion \u00e0 la sc\u00e8ne lui fait oublier sa propre existence confondue avec ce qui d\u00e9roule devant lui. Mais en m\u00eame temps, cette captation compl\u00e8te de l\u2019attention repr\u00e9sente bien l\u2019une des exp\u00e9riences les plus intenses du sentiment de la pr\u00e9sence. \u00bb (p. 42).<\/p>\n\n\n\n

Compos\u00e9 de trois parties, 1) Intelligence artificielle, personnages de synth\u00e8se et robotique, 2) Corps performatif et capture de mouvement et 3) Arts de la sc\u00e8ne, l\u2019ouvrage r\u00e9unit les textes des auteurs suivants : (1) Edmond Couchot, Ren\u00e9e Bourassa, Jocelyne Kiss, Matthieu J. Guitton et Fran\u00e7ois Giard, Zaven Par\u00e9, Louise Boisclair, (2) Marc Boucher, Enrico Pitozzi, Martine \u00c9poque et Denis Poulin, Normand Macy, (3) Marc Boucher, Liviu Despinescu, Yannick Bressan, Sylvain Duguay et Edwige Perrot. Avec la lecture de ces textes fort int\u00e9ressants dans le contexte du corps performatif, la notion de personnage et de son incorporation m\u00e9diatique \u00e9volue. Peut-\u00eatre pouvons-nous \u00ab situer la d\u00e9finition du personnage, tout support confondu incluant le num\u00e9rique, sur un continuum dont les trois p\u00f4les dominants seraient 1) la psychologie et la caract\u00e9risation du personnage humain d\u00e9crit dans le roman et incarn\u00e9 par l\u2019acteur au th\u00e9\u00e2tre, 2) l\u2019acteur-personnage montr\u00e9 en situation au cin\u00e9ma et transform\u00e9 en figure plastique, type ou st\u00e9r\u00e9otype par les arts visuels et 3) la cr\u00e9ation d\u2019\u00eatres de synth\u00e8se avec le m\u00e9tam\u00e9dia num\u00e9rique. \u00bb (Boisclair, p. 154). Au bout du compte, le lecteur, la lectrice, d\u00e9couvrira au fil des pages, de multiples pistes de r\u00e9ponse aux innombrables questions que posent le personnage virtuel, le corps performatif, leur pr\u00e9sence, leurs effets de pr\u00e9sence et le sens de la pr\u00e9sence qui \u00e9mane de leur fr\u00e9quentation.<\/p>\n\n\n\n

\"\"<\/figure>\n\n\n\n

L\u2019insistance du regard sur le corps \u00e9prouv\u00e9. Pathos et contre-pathos (<\/em>\u00c9l\u00e8ne Tremblay)<\/h2>\n\n\n\n

Que ressent-on face au corps \u00e9prouv\u00e9 et \u00e0 l\u2019insistance du regard qui s\u2019y porte? Dans son livre, \u00c9l\u00e8ne Tremblay, elle-m\u00eame photographe et vid\u00e9aste, interroge les conditions ou les strat\u00e9gies qu\u2019il importe de cr\u00e9er si l\u2019on veut favoriser, chez le spectateur, l\u2019exp\u00e9rience de l\u2019empathie par le simulacre m\u00e9diatique que repr\u00e9sente l\u2019image fixe ou mobile.  Elle traque son objet de recherche en explorant le regard insistant que les m\u00e9diations photographiques ou vid\u00e9ographiques portent sur le corps, mais pas n\u2019importe lequel, le corps \u00ab \u00e9prouv\u00e9<\/em> \u00bb. Tout au long de son ouvrage, on sent cette insistance du regard, ne serait-ce que, mais pas seulement, son propre regard sur son objet, plus conceptuel, du pathos et du contre-pathos et son incarnation,  plus artistique, dans les \u0153uvres de Donigan Cumming, de Gillian Wearing, de Sam Taylor-Wood.<\/p>\n\n\n\n

\u00c9l\u00e8ne Tremblay \u00e9tudie l\u2019espace intersubjectif entre l\u2019\u0153uvre et le spectateur, dans cet entre-deux o\u00f9 \u00e9volue l\u2019exp\u00e9rience du ph\u00e9nom\u00e8ne de l\u2019empathie. Pour ce faire, elle puise dans les th\u00e9ories s\u00e9miotiques telle la diffusion thymique de Jacques Fontanille, la cat\u00e9gorisation des types perceptifs de Jocelyne Lupien, mais aussi dans les contributions rh\u00e9toriques de Perelman et d\u2019Obrechts-Tyteca, sans oublier la typologie de l\u2019intensit\u00e9 du regard d\u00e9velopp\u00e9e par Pierre Ouellet, etc. Elle retiendra aussi la notion du \u00ab pathos raisonnable <\/em>\u00bb chez Herman Parret. L\u2019auteure r\u00e9ussit, au b\u00e9n\u00e9fice du lecteur et de la lectrice, \u00e0 \u00ab mettre en lumi\u00e8re l\u2019emploi combin\u00e9 de strat\u00e9gies path\u00e9miques et contre-path\u00e9miques qui, dans ces \u0153uvres, sugg\u00e8re un ethos \u00e9nonciatif ambivalent r\u00e9v\u00e9lant le rapport au pathos de l\u2019artiste et du spectateur dans un contexte postmoderne et posthumaniste. \u00bb (p. 27) Il faudra, pour ce faire, cheminer dans les sentiers de l\u2019empathie, \u00e0 la sympathie, voire jusqu\u2019\u00e0 la piti\u00e9 et aborder le lieu commun de l\u2019iconographie du corps \u00e9prouv\u00e9.  Il en r\u00e9sulte la r\u00e9ception du pathos entre distance et ironie, entre empathie et distanciation. Ainsi Tremblay en viendra \u00e0 proposer un mod\u00e8le d\u2019analyse du mouvement pathos\/contre-pathos. <\/p>\n\n\n\n

\u00c0 la suite d\u2019une s\u00e9rie de questions, dont la question fondatrice \u00ab Pourquoi un regard insistant \u00bb, apparaissent des pistes de r\u00e9ponse, qu\u2019il s\u2019agisse d\u2019intensifier l\u2019effet de pr\u00e9sence d\u2019autrui repr\u00e9sent\u00e9, ou de capter une qualit\u00e9 d\u2019attention \u00ab affective \u00bb de la part du spectateur (p. 124).  Avec l\u2019ouvrage de Tremblay, on entre dans l\u2019univers du pathos et de son avers, le contre-pathos, non pas dans une logique binaire d\u2019opposition mais plut\u00f4t dans un croisement des p\u00f4les extr\u00eames, pour mieux saisir le ph\u00e9nom\u00e8ne de saisissement et de dessaisissement, d\u2019adh\u00e9rence et de distanciation que ces \u0153uvres sur le regard insistant et leurs effets rh\u00e9toriques nous am\u00e8nent \u00e0 consid\u00e9rer \u00ab entre croyance et doute, entre empathie et dissociation \u00bb (p. 129). Notre posture spectatorielle du corps \u00e9prouv\u00e9 en ressort enrichie et augment\u00e9e, n\u00e9anmoins plus critique dans ce jeu entre exp\u00e9rience \u00e9thique et exp\u00e9rience esth\u00e9tique.<\/p>\n\n\n\n

\"\"<\/figure>\n\n\n\n

Bibliographie<\/h2>\n\n\n\n

\u2013 Bourassa, Ren\u00e9e et Louise Poissant,\u00a0Personnage virtuel et corps performatif. Effets de pr\u00e9sence,\u00a0<\/em>Qu\u00e9bec, PUQ, coll. \u00ab\u00a0Esth\u00e9tique\u00a0\u00bb, 2013, 355 p.<\/p>\n\n\n\n

\u2013 Manning,\u00a0Erin, Always More Than One. Individuation’s Dance<\/em>, Durham et Londres, Duke Univertity Press, 2013, 296 p.<\/p>\n\n\n\n

\u2013 Stern,\u00a0Nathaniel, Interactive Art and Embodiment\u00a0: The Implicit Body as\u00a0Performance<\/em>, Gylphi Limited, 2013,\u00a0304\u00a0p.<\/p>\n\n\n\n

\u2013 Tremblay,\u00a0\u00c9l\u00e8ne, L\u2019insistance du regard sur le corps \u00e9prouv\u00e9. Pathos et<\/em>\u00a0contre-pathos,\u00a0<\/em>Udine, Forum, coll. \u00ab Cinethesis14 Collection d’\u00e9tude cin\u00e9matographiques\u00bb, 2013, 139 p.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Dans\u00a0Always More Than One, Erin Manning\u00a0croise philosophie ou mouvement de pens\u00e9e, chor\u00e9graphie ou mouvement du corps, art et autisme. De son c\u00f4t\u00e9, avec\u00a0Interactive Art and Embodiment\u00a0: The Implicit Body as Performance, Nathaniel Stern\u00a0propose de consid\u00e9rer le corps implicite dans sa triple relation de mouvement, sensation et pens\u00e9e lors de l\u2019appropriation interactive. Quant au collectif,\u00a0Personnage virtuel … Continued<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[1],"tags":[24],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/2037"}],"collection":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=2037"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/2037\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":2043,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/2037\/revisions\/2043"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=2037"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=2037"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=2037"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}