{"id":2086,"date":"2013-12-01T16:00:23","date_gmt":"2013-12-01T16:00:23","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=2086"},"modified":"2022-12-03T16:00:34","modified_gmt":"2022-12-03T16:00:34","slug":"decembre-2013-fragments-archeologiques","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/decembre-2013-fragments-archeologiques\/","title":{"rendered":"D\u00e9cembre 2013 &#8211; Fragments arch\u00e9ologiques"},"content":{"rendered":"\n<p>Sous forme d\u2019extraits de journal de bord, les \u00e9crits suivants exposent divers temps forts des \u00e9tapes pr\u00e9paratoires th\u00e9oriques, technologiques et pratiques. Cette posture ph\u00e9nom\u00e9nologique d\u2019\u00e9criture \u00e0 la premi\u00e8re personne s\u2019apparente \u00e0 l\u2019approche favoris\u00e9e par Claire Petitmengin dans un article intitul\u00e9 \u00ab\u00a0L\u2019\u00e9naction comme exp\u00e9rience v\u00e9cue\u00a0\u00bb. Elle s\u2019interroge sur la pertinence du point de vue en \u00ab\u00a0premi\u00e8re personne\u00a0\u00bb en regard de la th\u00e9orie de l\u2019\u00e9naction de Varela (2006, 29-30). Pour Petitmengin, il ne fait aucun doute que la nouvelle g\u00e9n\u00e9ration de chercheurs gagnera \u00e0 lever \u00ab\u00a0l\u2019interdit qui emp\u00eachait jusqu\u2019\u00e0 pr\u00e9sent le chercheur de faire r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 l\u2019exp\u00e9rience v\u00e9cue, et \u00e0 former une nouvelle g\u00e9n\u00e9ration de chercheurs experts dans les techniques d\u2019investigation en premi\u00e8re personne\u00a0\u00bb (p.\u00a092).\u00a0<br>Tout d\u2019abord, bon nombre de discussions par skype portent sur des notions philosophiques de Deleuze, dans la foul\u00e9e de Leibniz et de Foucault, puis sur les notions du corps architectural d\u2019Arakawa et Gins.<\/p>\n\n\n\n<h2 class=\"wp-block-heading\">Autour de concepts leibniziens par Gilles Deleuze<\/h2>\n\n\n\n<figure class=\"wp-block-image aligncenter size-full\"><img loading=\"lazy\" decoding=\"async\" width=\"700\" height=\"525\" src=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/12\/bo1.jpeg\" alt=\"\" class=\"wp-image-2087\" srcset=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/12\/bo1.jpeg 700w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/12\/bo1-300x225.jpeg 300w\" sizes=\"(max-width: 700px) 100vw, 700px\" \/><figcaption class=\"wp-element-caption\">D\u00f4me, 22 octobre 2012, photo Nathaniel Stern<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n<p>\u2022\u00a0\u00c9change Skype, le 31 mars 2012.\u00a0<br>La discussion s\u2019inspire de notre lecture pr\u00e9paratoire des chapitres \u00ab\u00a0La perception dans les plis\u00a0\u00bb et \u00ab\u00a0Les deux \u00e9tages\u00a0\u00bb de l\u2019ouvrage\u00a0<em>Le Pli. Leibniz et le baroque<\/em>\u00a0de Gilles Deleuze (1988). Nos \u00e9changes portent sur son approche des concepts leibniziens du XVIIe si\u00e8cle tels que monade, force primitive et force d\u00e9rivative\u2026 Une notion fait saillance pour moi\u00a0: le vinculum. Ce terme latin, qui marque un retour aux sources, \u00e9voque une \u00ab\u00a0paroi r\u00e9fl\u00e9chissante\u00a0\u00bb (p. 150), une membrane, une fronti\u00e8re. Pr\u00e8s de quatre si\u00e8cles plus tard, quel sens prendra le terme vinculum dans le contexte de la membrane semi-sph\u00e9rique de la SATosph\u00e8re?<\/p>\n\n\n\n<figure class=\"wp-block-image aligncenter size-full\"><img loading=\"lazy\" decoding=\"async\" width=\"700\" height=\"269\" src=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/12\/bo2.jpeg\" alt=\"\" class=\"wp-image-2088\" srcset=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/12\/bo2.jpeg 700w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/12\/bo2-300x115.jpeg 300w\" sizes=\"(max-width: 700px) 100vw, 700px\" \/><figcaption class=\"wp-element-caption\">D\u00f4me, photo SAT<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n<p>Pour Deleuze&nbsp;: \u00ab&nbsp;le vinculum traite ses variables dans un effet de foule et non dans leur Individualit\u00e9&nbsp;: d\u2019o\u00f9 le passage de l\u2019optique \u00e0 l\u2019acoustique, ou du miroir individuel \u00e0 l\u2019\u00e9cho collectif, les effets de murmure et de grouillement renvoyant \u00e0 ce nouveau registre acoustique&nbsp;\u00bb (p.&nbsp;150-151). Cet effet de foule qui subsume l\u2019individualit\u00e9 annonce non seulement le croisement des techniques reli\u00e9es \u00e0 la sensori-motricit\u00e9 et \u00e0 la perception, mais la contamination positive des individualit\u00e9s dans un registre collectif. En outre Deleuze rel\u00e8ve d\u2019autres caract\u00e9ristiques du vinculum sur le plan m\u00e9taphysique&nbsp;: \u00ab&nbsp;N\u2019op\u00e9rant que sur les \u00e2mes, le vinculum op\u00e8re donc pourtant un va-et-vient de l\u2019\u00e2me au corps et des corps aux \u00e2mes (d\u2019o\u00f9 les empi\u00e8tements perp\u00e9tuels des deux \u00e9tages)&nbsp;\u00bb (p. 162-163). Ces deux \u00e9tages \u00e9voquent m\u00e9taphoriquement la rencontre de l\u2019individuel et du collectif. D\u2019un point de vue architectural, le d\u00f4me domine le b\u00e2timent auquel on acc\u00e8de par un escalier reliant les trois \u00e9tages. Le groupe poursuit la discussion beaucoup plus substantielle que ces br\u00e8ves \u00e9vocations.&nbsp;<\/p>\n\n\n\n<p>\u2022&nbsp;Le lendemain, j\u2019inscris ceci au babillard \u00e9lectronique:&nbsp;<br><em>Actually in transition from&nbsp;my phase relation\/non-relation to immersion in the emergence.&nbsp;Cette expression, plus exactement \u00ab relation of-nonrelation \u00bb, de Brian Massumi (2011) \u00e9claire le processus de transformation en cours. En effet, la discussion de notions th\u00e9oriques en vue d\u2019un atelier cr\u00e9ation du style Immersion-\u00c9mergence ne va pas de soi. D\u2019une part, le cumul de tensions cr\u00e9e un mouvement de forces qui rencontre de la r\u00e9sistance. De l\u2019autre, les textes philosophiques sugg\u00e9r\u00e9s sont denses et complets en eux-m\u00eames. Comment tisser des passerelles avec la recherche-cr\u00e9ation en germination?&nbsp;<\/em><\/p>\n\n\n\n<p>Curieusement la discussion, qui entrem\u00eale divers niveaux plus personnels, permet d\u2019\u00e9largir les horizons de l\u2019espace cr\u00e9atif. Alors que je ne me sentais pas encore connect\u00e9e \u00e0 la d\u00e9marche, paradoxalement les efforts personnels et collectifs pour tirer des lignes de sens cr\u00e9ent un sentiment global de relation qui succ\u00e8de \u00e0 mon \u00e9tat pr\u00e9c\u00e9dent de non-relation. Cet \u00e9tat de situation trouve un \u00e9cho int\u00e9ressant et \u00e9clairant dans cette affirmation de Massumi&nbsp;: \u00ab&nbsp;The paradox of relation can be summed in the term relation-of-nonrelation. Elements contributing to an occurrence come into relation when they come into effect, and they come into effect in excess overthemselves&nbsp;\u00bb (2011, p. 20). Ainsi l\u2019\u00e9nergie v\u00e9hicul\u00e9e par le choc des id\u00e9es occasionne un certain exc\u00e8s, qui suscite une reconfiguration des \u00e9l\u00e9ments, entra\u00eene des avanc\u00e9es du sens et, \u00e0 des instants pr\u00e9cis, des r\u00e9sonances f\u00e9condes. Ces saillances, qui flottent dans l\u2019entre-deux un certain temps, se fraient une entr\u00e9e vers notre pr\u00e9gnance, telle une affordance \u00e9chelonn\u00e9e sur des mois. La lecture suivante en vue de la prochaine discussion poussera l\u2019exploration plus loin.<\/p>\n\n\n\n<h2 class=\"wp-block-heading\">Discussion autour de concepts foucaldiens par Gilles Deleuze<\/h2>\n\n\n\n<figure class=\"wp-block-embed aligncenter is-type-video is-provider-vimeo wp-block-embed-vimeo wp-embed-aspect-16-9 wp-has-aspect-ratio\"><div class=\"wp-block-embed__wrapper\">\n<iframe loading=\"lazy\" title=\"Into the Midst | Immersion \u2652 Emergent Video 2\" src=\"https:\/\/player.vimeo.com\/video\/52698550?h=b5302eeb6c&amp;dnt=1&amp;app_id=122963\" width=\"500\" height=\"281\" frameborder=\"0\" allow=\"autoplay; fullscreen; picture-in-picture\" allowfullscreen><\/iframe>\n<\/div><figcaption class=\"wp-element-caption\">Into the Midst | Immersion \u2248 Emergent,\u00a0<em>safe\/cold<\/em>, single channel video, 45sec. By\u00a0Hannah Buck (2012). Video courtesy of the Artist<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n<p>\u2022&nbsp;\u00c9change Skype, le 14 avril 2012.&nbsp;<br>Cette fois-ci le partage porte sur le&nbsp;<em>Foucault<\/em>&nbsp;de Deleuze (2004), notamment les chapitres&nbsp;: \u00ab&nbsp;Les strat\u00e9gies ou le non-stratifi\u00e9&nbsp;: la pens\u00e9e du dehors (Pouvoir)&nbsp;\u00bb et \u00ab&nbsp;Les plissements ou le dedans de la pens\u00e9e (Subjectivation)&nbsp;\u00bb (p. 77 \u00e0 130). Le brassage d\u2019id\u00e9es amorce pour ma part une r\u00e9flexion interminable.&nbsp;<\/p>\n\n\n\n<p><em>Que signifie le dedans? Que signifie le dehors? Comment les d\u00e9finir, les distinguer et les relier? Le dehors existe par rapport \u00e0 quel dedans et vice versa? En outre, qu\u2019est-ce qui est int\u00e9rieur, qu\u2019est-ce qui est ext\u00e9rieur? Dans cette perspective, le vinculum ne correspond-il pas \u00e0 une interface?&nbsp;<\/em><em>On tente tant bien que mal, en tout cas pour ma part, d\u2019articuler la dualit\u00e9 int\u00e9rieur-ext\u00e9rieur. Peut-\u00eatre pouvons-nous proc\u00e9der avec les \u00e9nonc\u00e9s et les visibilit\u00e9s, comme le sugg\u00e8re Foucault. Articuler des points de passage entre parler et voir. Articuler des strat\u00e9gies et des strates. Suivre la progression des forces dans l\u2019aperception des formes. Les voir appara\u00eetre et dispara\u00eetre ou se dissoudre.&nbsp;<\/em><\/p>\n\n\n\n<p>Que propose Deleuze?&nbsp;<br>\u00ab&nbsp;Il faut distinguer l\u2019ext\u00e9riorit\u00e9 et le dehors. L\u2019ext\u00e9riorit\u00e9 est encore une forme, comme dans \u201cL\u2019arch\u00e9ologie du savoir\u201d, et m\u00eame deux formes ext\u00e9rieures l\u2019une \u00e0 l\u2019autre, puisque le savoir est fait de ces deux milieux, lumi\u00e8re et langage, voir et parler. Mais le dehors concerne la force&nbsp;: si la force est toujours en rapport avec d\u2019autres forces, les forces renvoient n\u00e9cessairement \u00e0 un dehors irr\u00e9ductible, qui n\u2019a m\u00eame plus de forme, fait de distances ind\u00e9composables par lesquelles une force agit sur une autre ou est agie par une autre&nbsp;\u00bb (p. 92). Au bout du compte ressurgit la r\u00e9sistance que l\u2019interp\u00e9n\u00e9tration des forces humaines et non humaines traverse, que l\u2019angle de choc r\u00e9oriente ou que les non-rencontres, ces champs parall\u00e8les, laissent errer sans langage commun ni adh\u00e9sion. Il en r\u00e9sulte des fluctuations \u00e9nerg\u00e9tiques et sensibles qui dessinent leur propre diagramme en tant que technique d\u2019existence (Massumi, 2011, p. 87-104) vivante et vivifiante.<\/p>\n\n\n\n<p>\u2022&nbsp;Le 15 avril, j\u2019inscris sur le babillard ce qui suit dans un anglais approximatif:&nbsp;<br><em>If inside is the nest, outside the flesh, what\u2019s in between? Flesh as chiasm, nest as a space of germination. Inside or interior? When inside, we are physically in there, when interior, it could be inside of anything or anybody. When outside, we are elsewhere, in a different space, at the same time still being inside ourselves. But we might be inside, if connected when and where the actualization of the virtual happens. Between the nest and the flesh, there might be a window, a floor or a dome. What if? When in process, the dome covers and filters. When we look at it, we see apparitions in the void, detached from the ground, as the stars in the sky, writing or drawing. Inside the dome is not the opposite of outside, it is a nest virtually fed by chiasm. But is it?<\/em><em>&nbsp;We see folds and in them other folds, as an accumulation of strates. But to see them, we must unfold the first one and so on. When looking from inside to the exterior, forces seem to move the vinculum. Inside is a point of being from where outside is the other side of a frontier.<\/em><\/p>\n\n\n\n<p>Pour entrer dans l\u2019entit\u00e9 mat\u00e9rielle et architecturale du d\u00f4me, il suffit d\u2019\u00e9carter une draperie noire. D\u00e8s lors on est physiquement \u00ab&nbsp;dedans&nbsp;\u00bb cet espace, c\u2019est-\u00e0-dire \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur d\u2019un lieu semi-sph\u00e9rique concave, d\u2019environ 13 m de hauteur et 18 m de diam\u00e8tre, o\u00f9 huit projecteurs et 157 haut-parleurs servent d\u2019interfaces. Ce qui constitue le \u00ab&nbsp;dehors&nbsp;\u00bb englobe le reste du b\u00e2timent, se prolonge dans le quartier environnant, l\u2019ancien \u00abRed Light\u00bb devenu le Quartier des spectacles. Il se rendra m\u00eame jusqu\u2019au SenseLab \u00e0 l\u2019universit\u00e9 Concordia, en passant par le gymnase et divers endroits o\u00f9 de petits groupes cuisineront, croch\u00e8teront et teindront la corde, o\u00f9 l\u2019on enregistrera le son, captera l\u2019image et orchestrera la production.&nbsp;<\/p>\n\n\n\n<p>D\u2019autres discussions par Skype auront lieu \u00e0 une fr\u00e9quence de deux par mois, de plus en plus orient\u00e9es vers les besoins mat\u00e9riels et logistiques. D\u00e9j\u00e0 en janvier, un atelier sur le logiciel Spin est offert par la SAT pour nous familiariser avec les principaux param\u00e8tres technologiques \u00e0 ma\u00eetriser par les plus technologues d\u2019entre nous. Enfin, les chercheurs, artistes et sp\u00e9cialistes de partout au monde rejoignent ceux qui habitent Montr\u00e9al.&nbsp;<\/p>\n\n\n\n<h2 class=\"wp-block-heading\">Pr\u00e9paratifs pratiques<\/h2>\n\n\n\n<figure class=\"wp-block-embed aligncenter is-type-video is-provider-vimeo wp-block-embed-vimeo wp-embed-aspect-16-9 wp-has-aspect-ratio\"><div class=\"wp-block-embed__wrapper\">\n<iframe loading=\"lazy\" title=\"Into the Midst | Immersion \u2652 Emergent Video 1\" src=\"https:\/\/player.vimeo.com\/video\/52698549?h=ab8b9723c4&amp;dnt=1&amp;app_id=122963\" width=\"500\" height=\"281\" frameborder=\"0\" allow=\"autoplay; fullscreen; picture-in-picture\" allowfullscreen><\/iframe>\n<\/div><figcaption class=\"wp-element-caption\">Into the Midst | Immersion \u2248 Emergent\u00a0<em>arm\/crane<\/em>,\u00a0single channel video, 1min. By Hannah Buck (2012). Video courtesy of the Artist<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n<p>\u2022&nbsp;Au SenseLab, Universit\u00e9 Concordia, le mardi 16 octobre&nbsp;<em>:<\/em>&nbsp;premi\u00e8re rencontre \u00ab&nbsp;officielle&nbsp;\u00bb.<br>Erin nous invite \u00e0 pr\u00e9senter une autre personne du groupe, agr\u00e9able mani\u00e8re de casser la glace, puisque certains ne se sont jamais rencontr\u00e9s \u00ab&nbsp;en personne&nbsp;\u00bb. Ensuite, elle initie un exercice collectif de crochet qui, en plus de tisser une toile g\u00e9ante en fil blanc, favorise les points de contact. Le soir, on cuisine en rouge chez Erin et Brian. Nathaniel partage avec nous son art de cr\u00e9er des images avec un num\u00e9riseur. Je tente de capter les contrastes poivre et sel de la chevelure de Brian, auxquels l\u2019intensit\u00e9 lumineuse ajoute divers coloris. Ce sera un punctum de voir toutes ces images num\u00e9ris\u00e9es sur les parois du d\u00f4me.<\/p>\n\n\n\n<figure class=\"wp-block-image aligncenter size-full\"><img loading=\"lazy\" decoding=\"async\" width=\"450\" height=\"700\" src=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/12\/bo3.jpeg\" alt=\"\" class=\"wp-image-2089\" srcset=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/12\/bo3.jpeg 450w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/12\/bo3-193x300.jpeg 193w\" sizes=\"(max-width: 450px) 100vw, 450px\" \/><figcaption class=\"wp-element-caption\">Chevelure num\u00e9ris\u00e9e par Louise Boisclair, 16 octobre 2012, photo Nathaniel Stern<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n<p>Par la suite on croch\u00e8te et enregistre son et image \u00e0 la SAT, \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur, \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur, dans les environs ou dans des extensions spatiales dans la ville. Ces micro\u00e9v\u00e9nements deviendront les\u00a0 mat\u00e9riaux constitutifs de l\u2019\u00e9v\u00e9nement public du 22. En d\u00e9finitive, la session de crochet de ce mardi matin inaugure les conditions favorisant l\u2019\u00e9mergence de l\u2019immersion. Ainsi la nidification prend forme alors qu\u2019une toile crochet\u00e9e et des supports mobiles ou architecturaux servent de substrat concret et m\u00e9taphorique. Des captations visuelles, sonores et gustatives s\u2019encha\u00eenent au mouvement libre ou improvis\u00e9, filtr\u00e9 par l\u2019appareillage technologique. Les bulles vivantes se fr\u00f4lent, se frottent, se touchent. Elles se contactent ou se fuient, s\u2019\u00e9loignent ou se retrouvent, avant de se perdre \u00e0 nouveau.\u00a0<\/p>\n\n\n\n<h2 class=\"wp-block-heading\">Les derniers pr\u00e9paratifs<\/h2>\n\n\n\n<figure class=\"wp-block-embed aligncenter is-type-video is-provider-vimeo wp-block-embed-vimeo wp-embed-aspect-16-9 wp-has-aspect-ratio\"><div class=\"wp-block-embed__wrapper\">\n<iframe loading=\"lazy\" title=\"&#039;Into the Midst&#039; at SAT : video courtesy of Hannah Buck\" src=\"https:\/\/player.vimeo.com\/video\/51940584?h=6c7f77482c&amp;dnt=1&amp;app_id=122963\" width=\"500\" height=\"281\" frameborder=\"0\" allow=\"autoplay; fullscreen; picture-in-picture\" allowfullscreen><\/iframe>\n<\/div><figcaption class=\"wp-element-caption\">&lsquo;Into the Midst&rsquo; at SAT\u00a0:\u00a0<em>\u00a0fall\/move<\/em>, single channel video, 1min 25sec. By\u00a0Hannah Buck (2012). Video courtesy of the Artist<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n<p>\u2022&nbsp;\u00c0 la SAT, le jeudi 18 (extraits).&nbsp;<br><em>Les abeilles butinent. On passe du dedans du d\u00f4me au reste de l\u2019\u00e9tage et du b\u00e2timent. Andrew entreprend l\u2019enregistrement des sons. Patrick travaille le traitement d\u2019une image de framboises. O\u00f9 trouver un lieu sans parasites sonores? On arr\u00eate notre choix \u00e0 un mini local au sous-sol. Il me demande de participer \u00e0 l\u2019enregistrement comme \u00e0 plusieurs autres participants. La joie du jeu me gagne. Je suis dedans! Nos instruments s\u2019accordent. Accroupie devant le micro, je plonge dans cette immersion participative sonore enregistr\u00e9e. De l\u2019int\u00e9rieur \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur, \u00e7a donne cette ritournelle, moins les modulations des vocalises&nbsp;:&nbsp;<\/em><\/p>\n\n\n\n<p>Je cours, j\u2019ac\/cours, IM\/MER\/SION \u00c9\/MER\/GEN\/TE, \u00c9\/MER\/GEN\/CE IM\/MER\/SI\/VE. Je cherche et je trouve \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur, \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur. Je cours, j\u2019accours, bis, bis.<\/p>\n\n\n\n<p><em>Totalement immerg\u00e9e dans l\u2019improvisation, je scande les syllabes, en passant d\u2019une octave \u00e0 l\u2019autre. \u00c7a y est&nbsp;: d\u00e9j\u00e0 fini! C\u2019est le tour des autres. Plus tard, Andrew m\u2019explique. En somme, le traitement sonore qu\u2019il effectuera avec les \u00ab&nbsp;patchs&nbsp;\u00bb permettra de redistribuer de fa\u00e7on al\u00e9atoire les extraits sonores res\u00e9quenc\u00e9s. Ils alimentent la performance visuelle et corporelle \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur du d\u00f4me.<\/em><\/p>\n\n\n\n<p>\u2022\u00a0Vers 11\u00a0h\u00a045\u00a0: mise en commun avec Erin, \u00e0 la SAT.<br>J\u2019extrais certains passages de mes notes en esp\u00e9rant qu\u2019elles soient fid\u00e8les \u00e0 la parole \u00e9chang\u00e9e.\u00a0<br>Erin expose que\u00a0:<\/p>\n\n\n\n<p><em>\u2026le processus de performance dans l\u2019espace met au d\u00e9fi l\u2019id\u00e9e qu\u2019investir un environnement peut g\u00e9n\u00e9rer un \u00e9v\u00e9nement<\/em><br><em>\u2026le mouvement \u00e0 travers divers aspects de l\u2019architecture cr\u00e9e un \u00ab\u00a0landing site\u00a0\u00bb (Arakawa and Gins, 2002) ou un site de sensibilisation de la conscience<\/em><br><em>\u2026Il s\u2019agit de voir comment les forces viennent \u00e0 s\u2019assembler pour activer un complexe d\u2019affects<\/em><br><em>\u2026All kind of decisions contribute\u00a0: material, technological, movement, etc.<\/em><br><em>Puis, Brian pr\u00e9cise\u00a0:<\/em><br><em>\u2026 It becomes a complex of tendancies with dominant ones and crochet, movement serve as anchors\u00a0<\/em><br><em>Une participante souligne l\u2019anxi\u00e9t\u00e9 que cela soul\u00e8ve, des \u00ab\u00a0pressions sans contenu\u00a0\u00bb<\/em><br><em>\u2026C\u2019est une abstraction vivante qui alimente un \u00e9v\u00e9nement\u00a0\u00a0<\/em><br><em>Un autre rappelle la tradition Fluxus, les happenings, les param\u00e8tres g\u00e9n\u00e9raux et les attracteurs chaotiques.<\/em><br><em>Erin souligne l\u2019arri\u00e8re-plan ambiant du d\u00f4me: le SenseLab, le parc, les sessions de cooking, de mouvement, de teinture, les prises de son, les captures d\u2019image et leurs interrelations, etc.\u00a0<\/em><br><em>\u00c0 ce moment jaillit dans mon esprit la m\u00e9taphore d\u2019un megad\u00f4me, une sorte de d\u00f4me avec des tentacules qui rattachent les espaces contributifs. J\u2019explique\u00a0: Dome as such, but also as an attractor, an apparatus, a sort of vinculum, with its connections with the Web and many other spatial sites and the traces left in images, sounds, movement, cooking, etc. So it becomes a megadome as an hyper-sign.\u00a0<\/em><br><em>Erin r\u00e9sume\u00a0: it\u2019s a dome effect. En terminant, elle souhaite que la recherche-cr\u00e9ation se transforme en une sorte de machine cr\u00e9atrice de collaboration future.<\/em><\/p>\n\n\n\n<p>Durant le lunch, Mahasti me demande de dessiner un mandala&nbsp;: serait-il possible d\u2019\u00e9crire les noms de tous les participants? J\u2019ex\u00e9cute un croquis avec les pr\u00e9noms entrelac\u00e9s \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur d\u2019un cercle. Je comprendrai plus tard, que l\u2019\u00e9criture multiple et diversifi\u00e9e dans ce cercle anticipait \u00e0 sa mani\u00e8re l\u2019enti\u00e8ret\u00e9 de l\u2019\u00e9v\u00e9nement en progr\u00e8s. Une heure plus tard de retour au d\u00f4me, je commence un encha\u00eenement de tai chi auquel \u00c9mily se joint. Nous apercevons l\u2019ombre de nos mouvements sur les parois. Plus tard cet apr\u00e8s-midi, quelques-uns d\u2019entre nous assistent au cours d\u2019Erin \u00e0 Concordia sur la lecture du \u201cCorps sans organes\u201d de Deleuze et Guattari (1980). C\u2019est alors que la&nbsp;<em>gestalt<\/em>&nbsp;de l\u2019\u00e9criture \u00e9v\u00e9nementielle surgit. L\u2019\u00e9criture est non seulement le m\u00e9dia que j\u2019utilise pour tenter de rendre l\u2019exp\u00e9rience de cette recherche-cr\u00e9ation, elle est le liant g\u00e9n\u00e9rique qui relie le pictural, le scripturaire et le calligraphique, ainsi que le chor\u00e9graphique, le sonore et le gustatif, autant d\u2019aspects sensoriels mobilis\u00e9s par les micro\u00e9v\u00e9nements et m\u00e9diatis\u00e9s par l\u2019appareillage num\u00e9rique.&nbsp;<\/p>\n\n\n\n<p>Quel serait le corps sans organes de la recherche-cr\u00e9ation du SATd\u00f4me?&nbsp;<br>Un corps \u00e0 la fois sensible et abstrait, qui se forme et se d\u00e9forme avec les forces en pr\u00e9sence, humaines et non humaines, naturelles et artificielles. Une pratique, un set de pratiques, divers seuils avec une infinit\u00e9 de points d\u2019entr\u00e9e et de sortie. Un champ vibratoire qui passe, d\u00e9passe et repasse. Il se transforme, se m\u00e9diatise et se m\u00e9tabolise. La pratique de l\u2019\u00e9criture exp\u00e9rientielle, c\u2019est une navigation dans le flux qui respire, inspire et expire par le biais de m\u00e9dias rassembl\u00e9s par le m\u00e9tam\u00e9dia num\u00e9rique. La calligraphie d\u00e9borde des voyelles et des consonnes et inclut tous les codes que le num\u00e9rique rend compatibles dans le registre humain-mat\u00e9riel-machinique. Ce type d\u2019\u00e9criture fait fl\u00e8che de tout bois. Tel un corps sans organes, \u00ab the internal organization of your work become visible \u00bb, comme le souligne Erin. Ici le travail collectif est v\u00e9cu singuli\u00e8rement.<\/p>\n\n\n\n<p>\u2022&nbsp;\u00c0 la SAT, le vendredi&nbsp;19, en avant-midi.<br>Je demande au technicien si le centre de la photo ou de l\u2019image correspond au centre du d\u00f4me quand on regarde vers le haut&nbsp;: oui, r\u00e9pond-il. D\u00e8s lors, on peut grossir ou r\u00e9duire, approcher ou \u00e9loigner, monter ou descendre, les images et les sons diffus\u00e9s. On anime l\u2019espace de diffusion de telle sorte que l\u2019image qui tourne donne l\u2019illusion que c\u2019est le plancher qui bouge vers la gauche ou vers la droite, vers le bas ou vers le haut. Il en ressort une dynamique de distorsions perceptuelles sur le plan esth\u00e9sique.<\/p>\n\n\n\n<p>\u2022&nbsp;En apr\u00e8s-midi.<br>Zila anime une s\u00e9ance de mouvement. Comme je n\u2019ai pas particip\u00e9 aux exercices en gymnase, je compte sur ma pratique de tai-chi pour me fondre dans l\u2019improvisation. Cette r\u00e9p\u00e9tition \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur du d\u00f4me proc\u00e8de avec la suggestion de mots cl\u00e9s. Ils ont tous un lien de pr\u00e8s ou de loin avec la qualit\u00e9 du rapport \u00e0 l\u2019espace, celui du lieu, celui du corps, celui des autres. Ils favorisent tant le contact et l\u2019\u00e9coute qu\u2019un certain mim\u00e9tisme. De m\u00eame les sons enregistr\u00e9s rythment l\u2019allure, certains plus mordants, d\u2019autres plus suggestifs. Quelques-uns nous entra\u00eenent, d\u2019autres nous freinent, nous \u00e9l\u00e8vent ou nous enracinent. Curieusement, cet exercice nous fait momentan\u00e9ment perdre le sens de la vision en hauteur du d\u00f4me. Nous tentons, telle une course \u00e0 obstacles, de nous rencontrer ou de nous \u00e9viter, de nous toucher ou de nous abandonner. Nous construisons une relation dyadique, triadique ou en petit groupe. S\u2019ensuivent apparition et disparition, frottement et fr\u00f4lement, acc\u00e9l\u00e9ration et d\u00e9c\u00e9l\u00e9ration. Des \u00e9l\u00e9ments mat\u00e9riels, feuilles m\u00e9talliques, coussins, boudins, etc. pars\u00e8ment le sol et provoquent des bifurcations ou encore nous invitent \u00e0 plonger dans les creux. Avec la vitesse, je perds la sensation de l\u2019ext\u00e9rieur, avec le ralenti, je gagne celle de l\u2019air et des masses corporelles que je touche ou qui me touchent. Lors de cet exercice, le d\u00f4me n\u2019appara\u00eet pas dans toutes ses possibilit\u00e9s. On sent plus ou moins ses effets d\u2019oppression ou de lib\u00e9ration, dans la mesure o\u00f9 la composition de certaines images semble rabaisser le plafond pr\u00e8s de nous, au contraire le sur\u00e9lever.&nbsp;<\/p>\n\n\n\n<p>Pour boucler les deux jours, nous allons boire et manger. Le lendemain a lieu une rencontre de pr\u00e9production. Le dimanche, nous nous retrouvons chez Marie-Pier pour un repas communautaire o\u00f9 Andrew poursuit ses enregistrements sonores. Nous avons tous h\u00e2te au lendemain, certains plus appr\u00e9hensifs que d\u2019autres, pour voir et vivre ce qui \u00e9mergera de l\u2019\u00e9v\u00e9nement public.<\/p>\n\n\n\n<h2 class=\"wp-block-heading\">L\u2019\u00c9v\u00e9nement \u00ab\u00a0Ceci n\u2019est pas un spectacle\u00a0\u00bb, 22 octobre 2012, de 17 h \u00e0 19 h.<\/h2>\n\n\n\n<p>\u2022\u00a0Durant la journ\u00e9e du 22 octobre 2012<br>Toute la journ\u00e9e, les professionnels de la technologie et du d\u00e9roulement de la soir\u00e9e s\u2019affairent pour que fusionnent images fixes, images mouvement, s\u00e9quences sonores, projection vid\u00e9o et distribution al\u00e9atoire. Un exercice de crochet s\u2019enclenche afin de maquiller l\u2019escalier et de capturer les visiteurs dans une immense toile qui tisse leur mont\u00e9e jusqu\u2019au d\u00f4me. Le rouge domine. On sent une certaine fr\u00e9n\u00e9sie dans l\u2019air. La technologie va-t-elle fonctionner comme on l\u2019esp\u00e8re? En naviguant, on cherche dans l\u2019espace son espace, le lien avec l\u2019espace du lieu et avec celui des autres.<\/p>\n\n\n\n<figure class=\"wp-block-image aligncenter size-full\"><img loading=\"lazy\" decoding=\"async\" width=\"700\" height=\"525\" src=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/12\/bo4.jpeg\" alt=\"\" class=\"wp-image-2090\" srcset=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/12\/bo4.jpeg 700w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/12\/bo4-300x225.jpeg 300w\" sizes=\"(max-width: 700px) 100vw, 700px\" \/><figcaption class=\"wp-element-caption\">D\u00f4me, 22 octobre 2012, photo Nathaniel Stern<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n<p>Peu \u00e0 peu les visiteurs montent le majestueux escalier, \u00e0 l\u2019aff\u00fbt de ce qui n\u2019est pas un spectacle. Certains de nous vont \u00e0 la qu\u00eate de visiteurs dans le quartier. Dans le hall au troisi\u00e8me \u00e9tage, les invit\u00e9s trouvent des petites bouch\u00e9es \u00e0 savourer, rouges \u00e9galement. Une fois la draperie \u00e9cart\u00e9e, ils s\u2019immergent dans le\u00a0d\u00f4me, curieux et intrigu\u00e9s de l\u2019animation audiovisuelle, sculpturale et chor\u00e9graphique en cours. On dirait tout \u00e0 la fois une installation, une performance, un happening. L\u00e0 une toile d\u2019araign\u00e9e crochet\u00e9e sert de canevas relationnel, attractif des corps en d\u00e9placement et en qu\u00eate de sens. Dessus, \u00e0 gauche, \u00e0 droite, tout autour, les images \u00e9voluent de concert avec les s\u00e9quences sonores. Plus ou moins de clart\u00e9 ressort du chromatisme diffus\u00e9 sur le vinculum: le clair-obscur jaillissant et changeant nous englobe. La poly\u00e9criture du corps sans organes\u00a0s\u2019ex\u00e9cute. Certains visiteurs entrent dans le mouvement collectif. D\u2019autres s\u2019assoient ou s\u2019\u00e9tendent sur les boudins pr\u00e8s des parois ou au centre, selon leur inclinaison. De la succession de micro\u00e9v\u00e9nements, le macro\u00e9v\u00e9nement \u00e9mergent nous rassemble. Gr\u00e2ce aux experts, la technique fonctionne, les corps se meuvent dans l\u2019espace au rythme des sons et des images.\u00a0<\/p>\n\n\n\n<p><em>Je cours, j\u2019ac\/cours, IM\/MER\/SION \u00c9\/MER\/GEN\/TE, \u00c9\/MER\/GEN\/CE IM\/MER\/SI\/VE.<\/em><\/p>\n\n\n\n<p>Certaines images mouvement attirent notre regard vers la haute portion de la semi-sph\u00e8re ou au contraire troublent ou bouchent notre vision. Notre perception est tour \u00e0 tour, \u00e9claircie, assombrie, interpell\u00e9e par la cin\u00e9tique paradoxale. \u00c0 un moment, au sol la t\u00eate sur un boudin pour contempler les images, quelqu\u2019un demande&nbsp;: how do you like it? C\u2019est Annette. Je suis vraiment happ\u00e9e par la contemplation du dessus, de cette concavit\u00e9 anim\u00e9e de sons et d\u2019images qui se rapprochent et s\u2019\u00e9loignent, s\u2019encha\u00eenent dans une succession d\u2019apparition-disparition. Le d\u00f4me devient une sorte de mandala humain-machinique aux parois d\u2019ombres et de lumi\u00e8res, gorg\u00e9es de formes et de figures. L\u2019\u00e9criture multiforme nous encercle dans un espace habit\u00e9 en constante mouvance. Tout un vocabulaire relationnel et interactionnel s\u2019improvise et s\u2019\u00e9labore dans l\u2019enti\u00e8ret\u00e9 du corps sans organes, sous nos yeux et dans nos oreilles, au bout de nos doigts et \u00e0 travers nos papilles. Brian et d\u2019autres \u00e0 sa suite se prom\u00e8nent lentement avec le projecteur \u00e0 piles portatives, qui diffuse sur le sol des extraits de \u00ab&nbsp;Architectural Body \u00bb d\u2019Arakawa et Gins (traduits en plusieurs langues par les abeilles du SenseLab).<\/p>\n\n\n\n<h2 class=\"wp-block-heading\">Apr\u00e8s-coup, le 14 janvier 2013<\/h2>\n\n\n\n<p>INFLEXIONS, Into the Midst, a SenseLab event, 2012.<\/p>\n\n\n\n<p>Au bout du compte, les forces d\u00e9ploy\u00e9es par tous les participants durant les pr\u00e9paratifs ont contribu\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9v\u00e9nement collectif public. M\u00eame si l\u2019attention portait davantage sur l\u2019aspect processuel, il n\u2019en demeure pas moins que l\u2019\u00e9v\u00e9nement public a servi de vecteur d\u2019effort et d\u2019\u00e9nergie et d\u2019attracteur de r\u00e9sultats insoup\u00e7onn\u00e9s. Depuis, au risque de les m\u00e9sinterpr\u00e9ter, je m\u00e9tabolise davantage les notions conceptuelles au sein de l\u2019exp\u00e9rience cr\u00e9ative, lors de l\u2019actualisation des ramifications virtuelles.&nbsp;<\/p>\n\n\n\n<p>La compr\u00e9hension des notions s\u2019enracine dans l\u2019engagement corporel et l\u2019interpr\u00e9tation b\u00e9n\u00e9ficie de r\u00e9sonances provenant de divers \u00ab&nbsp;sites d\u2019atterrissage&nbsp;\u00bb (Arakawa et Gins, 2002) avec lesquels j\u2019entre en contact ou je vois d\u2019autres entrer en contact. Ces saillances dans l\u2019entre-deux se fraient une entr\u00e9e vers notre pr\u00e9gnance, telle une affordance \u00e9chelonn\u00e9e dans le devenir. Ainsi, les verbes \u00e9couter et sentir, projeter et toucher, voir et go\u00fbter renouvellent leur force \u00e9vocative. \u00c9couter pour moduler, saisir, interpr\u00e9ter. Sentir pour capter, bouger, \u00e9valuer. Projeter pour imaginer, planifier, manifester. Toucher, pour contacter, atteindre, signifier.&nbsp;<\/p>\n\n\n\n<p>Chacun des micro\u00e9v\u00e9nements constitutifs du m\u00e9gad\u00f4me et de l\u2019\u00e9v\u00e9nement du 22 octobre \u00e0 la SAT a nourri notre perception de fa\u00e7on singuli\u00e8re, en l\u2019\u00e9largissant sous son seuil habituel. De nouveaux comportements perceptuels ont \u00e9merg\u00e9 de cette immersion appareill\u00e9e. Ainsi chaque image r\u00e9alis\u00e9e provient d\u2019un processus crois\u00e9 multiple. Chaque son entendu traduit une intensit\u00e9 r\u00e9verb\u00e9r\u00e9e sur des surfaces polyvalentes. Chaque saveur d\u00e9gust\u00e9e porte les propri\u00e9t\u00e9s du r\u00e8gne v\u00e9g\u00e9tal, min\u00e9ral ou animal et de leurs vibrations chromatiques. Qui plus est, leur traduction en mots, telle une synesth\u00e9sie signifiante, ajoute une couche de s\u00e9dimentation \u00e0 la qu\u00eate de signification.&nbsp;<\/p>\n\n\n\n<p>En somme, le d\u00f4me attire et contient des manifestations vibratoires des corps avec ou sans organes (Deleuze et Guattari). Par la m\u00e9diation technologique, il figure et forme des entit\u00e9s qui composent un r\u00e9cit in\u00e9dit, dont la description demeure difficile. \u00c0 son contact, le Je singulier et collectif se fragilise, tandis que la perception se complexifie et s\u2019aiguise. De l\u2019\u00e9v\u00e9nement culminant du 22 octobre \u00e9merge un jeu de forces aux ramifications multiples. La technologie, gr\u00e2ce aux experts et aux discussions pr\u00e9paratoires qui ont permis de l\u2019infl\u00e9chir, se met au service d\u2019un corps perceptif augment\u00e9 le temps d\u2019une cr\u00e9ation collective, suivie apr\u00e8s-coup de re-cr\u00e9ation singuli\u00e8re.<\/p>\n\n\n\n<p><em>Montr\u00e9al, 14 janvier-25 mars 2013.<\/em><\/p>\n\n\n\n<h2 class=\"has-medium-font-size wp-block-heading\">Bibliographie<\/h2>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">\u2013 Arakawa, Sh\u016bsaku et Madeline Gins, <em>Architectural Body<\/em>, Tuscaloosa, Alabama University Press, 2002, 102 p.<\/p>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">\u2013 Deleuze, Gilles, \u00a0\u00ab\u00a0La perception dans les plis\u00a0\u00bb et \u00ab\u00a0Les deux \u00e9tages\u00a0\u00bb, dans <em>Le Pli. Leibniz et le baroque<\/em>, coll. \u00ab\u00a0Critique\u00a0\u00bb, Paris, \u00c9ditions de Minuit, 1988, p. 113-164.<\/p>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">\u2013 Deleuze, Gilles, \u00ab\u00a0Les strat\u00e9gies ou le non-stratifi\u00e9\u00a0: la pens\u00e9e du dehors (Pouvoir)\u00a0\u00bb et \u00ab\u00a0Les plissements ou le dedans de la pens\u00e9e (Subjectivation)\u00a0\u00bb, dans <em>Foucault<\/em>, coll. \u00ab\u00a0Reprise\u00a0\u00bb, Paris, Editions de Minuit, 2004, p. 77-130.<\/p>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">\u2013 Deleuze, Gilles et F\u00e9lix Guattari, \u00ab\u00a028 novembre 1947 \u2013 Comment se faire un corps sans organes ?\u00bb, dans <em>Capitalisme et schizophr\u00e9nie 2. Milles Plateaux<\/em>, coll. \u00ab\u00a0Critique\u00a0\u00bb, Paris, \u00c9ditions de Minuit, 1980, p. 185-204.\u00a0<\/p>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">\u2013 Manning, Erin<em>, Dancing the Constraint.<\/em>\u00a0Montr\u00e9al.\u00a0Manuscrit, 2012. <\/p>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">\u2013 Massumi, Brian,\u00a0<em>Semblance and Event. Activist Philosophy and The Occurent Arts<\/em>, Cambridge, MIT Press, coll. \u00ab\u00a0Technologies of Lived Abstraction\u00a0\u00bb, 2011, 210 p.\u00a0<\/p>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">\u2013 Petitmengin, Claire,<em> L&rsquo;exp\u00e9rience intuitive<\/em>, Paris, L\u2019Harmattan, 2011, 384 p.<\/p>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">\u2013 Petitmengin, Claire, \u00ab\u00a0L\u2019\u00e9naction comme exp\u00e9rience v\u00e9cue\u00a0\u00bb,\u00a0<em>Intellectica1<\/em>, n<sup>o<\/sup> 43, St-Denis, 2006, p. 85-92.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"<p>Sous forme d\u2019extraits de journal de bord, les \u00e9crits suivants exposent divers temps forts des \u00e9tapes pr\u00e9paratoires th\u00e9oriques, technologiques et pratiques. 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