{"id":2148,"date":"2013-10-01T17:05:51","date_gmt":"2013-10-01T17:05:51","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=2148"},"modified":"2022-12-03T17:06:04","modified_gmt":"2022-12-03T17:06:04","slug":"octobre-2013-presentation","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/octobre-2013-presentation\/","title":{"rendered":"Octobre 2013 – Pr\u00e9sentation"},"content":{"rendered":"\n

Une nouvelle g\u00e9ographie de la ville \u00e9merge prenant en compte les multiples \u00e9l\u00e9ments composant ses paysages : densification de l\u2019architecture \u00e0 la verticale ; am\u00e9nagement de places destin\u00e9es \u00e0 la fl\u00e2nerie, \u00e0 la c\u00e9l\u00e9bration, et aux \u00e9changes ; extension 24\/7 de l\u2019activit\u00e9 dans les grands centres urbains ; rationalisation de la circulation automobile et pi\u00e9tonne ; d\u00e9veloppement de nouveaux mat\u00e9riaux permettant d\u2019\u00e9largir consid\u00e9rablement le spectre des interventions ; et par-dessus tout, un d\u00e9sir de r\u00e9appropriation de la ville. Toute une nouvelle \u00e9conomie (Florida 2002, Schreuder 2012) se greffe \u00e0 ce besoin de r\u00e9am\u00e9nagements de ces villes qui ne dorment jamais.<\/p>\n\n\n\n

Dans ce nouveau paysage urbain, la lumi\u00e8re est appel\u00e9e \u00e0 jouer un r\u00f4le d\u00e9terminant : illumination, invitation \u00e0 la c\u00e9l\u00e9bration, vecteur d\u2019information, appel \u00e0 la connectivit\u00e9, lieu d\u2019expression, et bien d\u2019autres fonctions que nous proposons d\u2019explorer dans le cadre de ce colloque.<\/p>\n\n\n\n

Au cours des derni\u00e8res d\u00e9cennies, les variations esth\u00e9tiques et les innovations techniques accordant une place centrale \u00e0 la lumi\u00e8re ont contribu\u00e9 \u00e0 un important renouvellement de l\u2019am\u00e9nagement urbain qui se veut plastique et reconfigurable en fonction des p\u00e9riodes de la journ\u00e9e et des initiatives d\u2019artistes et de designers d\u2019\u00e9v\u00e9nements. En parall\u00e8le, dans presque toutes les grandes villes, on observe que de nombreux lieux sont revisit\u00e9s ou r\u00e9investis par les citadins, jeunes et moins jeunes, souhaitant maintenir un lien de connectivit\u00e9 via l\u2019espace physique. Visant \u00e0 donner un \u00e9lan, une pulsation, et une touche \u00e0 des quartiers d\u00e9laiss\u00e9s en dehors des heures de travail, ils y d\u00e9veloppent des initiatives provoquant une exp\u00e9rience de la ville comme lieu de rencontre, sc\u00e8ne de spectacle ou d\u2019intervention.<\/p>\n\n\n\n

Les lumi\u00e8res de la ville rejoignent cinq grandes fonctions, interconnect\u00e9s, qui lancent de nouveaux d\u00e9fis et de nouvelles fa\u00e7ons d\u2019occuper et d\u2019habiter la ville.<\/p>\n\n\n\n

Monuments des nouvelles cit\u00e9s radieuses : r\u00e9v\u00e9lation<\/h2>\n\n\n\n

Les grandes tours illumin\u00e9es, ces lanternes urbaines modernes, auraient jet\u00e9 dans l\u2019ombre nombre de monuments de l\u2019architecture ancienne et du d\u00e9cor urbain, tels que colonnes, arcs, murs, ponts, qui n\u2019\u00e9mettent pas de lumi\u00e8re et qui se perdraient dans la nuit noire, si, d\u00e8s les ann\u00e9es 1950, des concepteurs de la lumi\u00e8re (Leenhard, Garett, Chassy-Poulay, etc.) n\u2019avaient pris soin de revaloriser ce patrimoine construit, en am\u00e9nageant des projections et en cr\u00e9ant diverses mises en sc\u00e8ne, ou plut\u00f4t mises en lumi\u00e8re. Il ne s\u2019agit plus simplement d\u2019\u00e9clairer abondamment ces b\u00e2timents en les ornant de guirlandes de lumi\u00e8res \u00e9lectriques dispos\u00e9es sur leur fa\u00e7ade, ce qui se pratiquait d\u00e9j\u00e0 lors de grands \u00e9v\u00e9nements et d\u2019expositions universelles depuis celle tenue \u00e0 Paris en 1900, notamment au Palais de l\u2019\u00e9lectricit\u00e9 (Paquot, 2000). Le d\u00e9fi est plut\u00f4t de sc\u00e9nographier et de dramatiser des \u00e9difices ou des vestiges faisant l\u2019objet de visites touristiques assidues le jour, mais d\u00e9sert\u00e9s la nuit. Projections, d\u00e9coupes, magnifications, jeux d\u2019ombres et de couleurs permettent de r\u00e9v\u00e9ler la richesse de l\u2019architecture, de souligner, voire d\u2019accentuer certains d\u00e9tails et de raviver le pass\u00e9 historique des lieux (Roussely 2003). Ces animations nocturnes retiennent et guident le visiteur-spectateur dans des parcours, ou l\u2019orientent vers des places o\u00f9 les projections se prolongent en son et lumi\u00e8re.<\/p>\n\n\n\n

Lumi\u00e8re et am\u00e9nagement urbain\u00a0: c\u00e9l\u00e9bration<\/h2>\n\n\n\n

De nombreuses villes tablent maintenant sur des installations lumineuses pour animer des secteurs de la ville d\u00e9laiss\u00e9s le soir, ou pour cr\u00e9er des places de rassemblement o\u00f9 citadins et visiteurs peuvent fl\u00e2ner et d\u00e9couvrir une autre fa\u00e7on d\u2019habiter la ville dont on a beaucoup critiqu\u00e9 la d\u00e9shumanisation. Festivals de lumi\u00e8re, sons et lumi\u00e8re, projections, nocturnales, nuit blanche, quartiers de spectacles, light shows, moulins \u00e0 images jusqu\u2019aux feux d\u2019artifice, fontaines et jeux d\u2019eau remis aux go\u00fbts du jour, se succ\u00e8dent et donnent lieu \u00e0 d\u2019importantes recherches sur la revitalisation nocturne de zones urbaines. Toute une industrie se d\u00e9veloppe en parall\u00e8le, g\u00e9n\u00e9rant de multiples innovations technologiques et de nouvelles formes d\u2019art int\u00e9grant design, arts visuels, musique et arts m\u00e9diatiques.<\/p>\n\n\n\n

Du mur rideau \u00e0 l\u2019\u00e9cran urbain\u00a0: animation<\/h2>\n\n\n\n

Le mur rideau, cette grande fa\u00e7ade vitr\u00e9e th\u00e9oris\u00e9 par Gropius d\u00e8s 1911, a progressivement verticalis\u00e9 le ph\u00e9nom\u00e8ne de l\u2019illumination de la ville, les gratte-ciels devenant eux-m\u00eames de grandes torches lumineuses la nuit. Phares \u00e9tincelants dans le noir, ces grandes tours \u00e9lev\u00e9es pour gagner de l\u2019espace sur le ciel et pour rehausser le prestige de leurs promoteurs, se sont progressivement \u00e9teintes, d\u2019abord avec la crise de l\u2019\u00e9nergie en 1973, puis pour r\u00e9pondre aux pr\u00e9occupations \u00e9cologiques de plus en plus pressantes, recr\u00e9ant, en version urbaine nocturne, une for\u00eat de profils fantomatiques. Ainsi, plusieurs embl\u00e8mes de la modernit\u00e9 et certains \u00e9difices \u00e0 la facture d\u00e9su\u00e8te ou banale sont recycl\u00e9s en sc\u00e8ne de projections et rivalisent avec des architectures con\u00e7ues pour \u00eatre interactives.\u00a0 Investis par les artistes, ces grands murs se transforment en surfaces adaptatives, qu\u2019on nomme d\u00e9sormais\u00a0media fa\u00e7ades<\/em>\u00a0(Struppek),\u00a0urban screens,\u00a0media architecture<\/em>(Tscherteu),\u00a0media wall<\/em>(Hall),\u00a0responsive architecture<\/em>\u00a0(Bullivant).\u00a0 La lumi\u00e8re ne sert plus ici \u00e0 illuminer le monument ou l\u2019\u00e9difice devenu \u00e9cran. Incorpor\u00e9e dans des projections, elle cr\u00e9e des fa\u00e7ades narratives ou spectaculaires devant concurrencer, dans une \u00e9conomie de l\u2019attention (Simon), \u00a0avec l\u2019affichage publicitaire d\u00e9j\u00e0 bien install\u00e9 sur les axes commer\u00e7ants anim\u00e9s la nuit.<\/p>\n\n\n\n

De la fa\u00e7ade \u00e0 l\u2019interface : connexion<\/h2>\n\n\n\n

Les progr\u00e8s des technologies du multim\u00e9dia pouvant dor\u00e9navant affronter les intemp\u00e9ries et le grand froid\u00a0; le perfectionnement des technologies des communications combinant le virtuel et le physique, le local et la distance\u00a0; la multiplication des \u00e9v\u00e9nements publics\u00a0; l\u2019\u00e9mergence de la notion de flux comme paradigme (Chatonsky) ; le d\u00e9veloppement fulgurant des m\u00e9dia sociaux\u00a0; le nomadisme urbain ou le s\u00e9dentarisme branch\u00e9, \u00eatre chez soi partout avec le portable (Virilio)\u00a0; et le d\u00e9sir polymorphe de se regrouper et d\u2019\u00e9changer sur la place publique ont r\u00e9cemment conduit \u00e0 consid\u00e9rer des b\u00e2timents comme supports et partenaires d\u2019\u00e9changes qui s\u2019y projettent y prenant litt\u00e9ralement le dessus.\u00a0 Ces \u00e9difices, immenses portevoix et nouveaux v\u00e9hicules d\u2019\u00e9changes et de d\u00e9bats pouvant se d\u00e9rouler \u00e0 distance, \u00e9rigent \u00e0 la verticale l\u2019art de la conversation et favorisent les connexions. L\u2019architecture int\u00e8gre alors l\u2019espace m\u00e9diatique et devient une plateforme de socialisation (Fatah 2012), ou la sc\u00e8ne d\u2019interactions sociales, de rencontres et de performances ludiques (Fatah 2010). L\u2019architecture traditionnellement fixe et durable devient fluctuante, au rythme des flux d\u2019informations, d\u2019images et de messages qui y d\u00e9filent, provenant d\u2019individus, de groupes, reli\u00e9s par les m\u00e9dias sociaux et par ces immenses \u00e9crans d\u2019affichage que deviennent les \u00e9difices.<\/p>\n\n\n\n

Lumi\u00e8res et po\u00e9sie urbaine\u00a0: repr\u00e9sentation<\/h2>\n\n\n\n

Peintres, po\u00e8tes, photographes et cin\u00e9astes ont c\u00e9l\u00e9br\u00e9 depuis des si\u00e8cles les paysages nocturnes pour le myst\u00e8re ou l\u2019envo\u00fbtement qu\u2019ils sugg\u00e8rent. Certains ont d\u00e9peint les lumi\u00e8res de la ville pour restituer un milieu de vie palpitant et inspirant ou, au contraire, sugg\u00e9rer un symbole de perdition et d\u2019isolement. Les artistes \u00e9voquent en cela un sentiment ambivalent tr\u00e8s largement r\u00e9pandu. En effet, l\u2019\u00e9clairage permet de faire reculer la nuit, de mater toujours un peu plus cette part d\u2019inconnu et d\u2019incontr\u00f4l\u00e9 que repr\u00e9sente la noirceur. Et en cela l\u2019\u00e9clairage \u00e9veille et entretient une fascination paradoxale : la lumi\u00e8re qui fait p\u00e2lir la nuit noire la d\u00e9signe \u00e0 la fois comme effrayante et ensorcelante. Les repr\u00e9sentations nocturnes de la ville rappellent combien le d\u00e9sir de transparence qui porte ultimement l\u2019effort et le plaisir de l\u2019illumination, alimente, en parall\u00e8le, un attrait irr\u00e9sistible du noir. M\u00eame les \u0153uvres illustrant des moments nocturnes jubilatoires tr\u00e8s illumin\u00e9s restent des \u00e9loges de la nuit. Certaines villes semblent d\u2019ailleurs n\u2019avoir \u00e9t\u00e9 con\u00e7ues que pour la nuit, Las Vegas par exemple. D\u2019autres perdent leur charme \u00e0 la lev\u00e9e du jour. Plusieurs \u0153uvres embl\u00e9matiques, litt\u00e9raires, iconiques ou cin\u00e9matographiques ayant contribu\u00e9 \u00e0 cr\u00e9er un registre et \u00e0 consacrer certains types de ville seront examin\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

Le dossier pr\u00e9sent\u00e9 ici recoupe, illustre et relance toutes les questions soulev\u00e9es par cette mise en lumi\u00e8re.  Cette th\u00e9matique sera reprise sur diverses plateformes. Nous souhaitons donc engager un dialogue avec les lecteurs int\u00e9ress\u00e9s par le sujet et qui pourront, nous l\u2019esp\u00e9rons, prolonger et alimenter le sujet. Bonne lecture.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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