Pendant des mill\u00e9naires, seule la lumi\u00e8re du syst\u00e8me solaire \u00e9clairait la terre. En fonction de cet \u00e9clairage naturel, les premiers \u00eatre vivants ont du adopter une vie diurne jusqu\u2019\u00e0 la domestication du feu, il y a environ 800 000 ans1<\/sup>. Le feu aura ainsi permis un contr\u00f4le sur le visible d\u2019une dur\u00e9e qui pouvait exc\u00e9der celle du cycle solaire. Il faudra pourtant attendre jusqu\u2019en 1879 afin que l\u2019\u00e9lectricit\u00e9 entre dans les foyers gr\u00e2ce \u00e0 Thomas Edison. Comme le souligne Divina Frau-Meigs, \u00ab\u00a0[a]vec l\u2019\u00e9lectricit\u00e9, pour la premi\u00e8re fois, la lumi\u00e8re est radicalement s\u00e9par\u00e9e du feu\u00a0: la flamme faillible de la bougie le c\u00e8de \u00e0 la fiabilit\u00e9 de la commutation contr\u00f4l\u00e9e par la volont\u00e9 humaine\u00a0\u00bb2<\/sup>\u00a0\u00a0\u00a0\u00a0<\/p>\n\n\n\n \u00c9nergie vibratoire, la lumi\u00e8re est \u00e0 la fois une onde \u00e9lectromagn\u00e9tique ondulatoire et un corps compos\u00e9 de photons. Son spectre de rayonnements visibles par l\u2019\u0153il humain s\u2019\u00e9tend de 380 \u00e0 780 nanom\u00e8tres. En dessous de 380 logent les ultraviolets, tandis qu\u2019au-dessus de 780 se retrouvent les rayons infrarouges. Comme tous l\u2019exp\u00e9rimentent un jour, la lumi\u00e8re qui traverse un cristal se d\u00e9compose en un continuum de couleurs. Autre ph\u00e9nom\u00e8ne chromatique, l\u2019arc-en-ciel rend visible le spectre continu de la lumi\u00e8re du ciel quand le soleil brille pendant la pluie. Enfin, qui n\u2019a pas tent\u00e9 un jour ensoleill\u00e9 de placer une loupe entre la source solaire et une feuille de papier, pour apercevoir le papier prendre feu.<\/p>\n\n\n\n Clin d\u2019oeil \u00e0 la com\u00e9die dramatique am\u00e9ricaine\u00a0City Lights<\/em>\u00a0de Charles Chaplin (1931) par le choix de son titre, le colloque\u00a0Lumi\u00e8res de la ville<\/em>3<\/sup>\u00a0met en vedette le corps ondulatoire de la lumi\u00e8re dans l\u2019espace monumental et urbain que divers courants artistiques mettent en forme. \u00ab\u00a0Dans ce nouveau paysage urbain, la lumi\u00e8re est appel\u00e9e \u00e0 jouer un r\u00f4le d\u00e9terminant : illumination, invitation \u00e0 la c\u00e9l\u00e9bration, vecteur d’information, appel \u00e0 la connectivit\u00e9, lieu d’expression, et bien d’autres fonctions \u00bb4<\/sup>. Autour de cinq sous th\u00e8mes, les artistes et chercheurs internationaux th\u00e9orisent la composition et le contexte de leurs oeuvres d\u2019art ainsi que les courants esth\u00e9tiques auxquels elles s\u2019associent.<\/p>\n\n\n\n Dans le sous-th\u00e8me Lumi\u00e8re et am\u00e9nagement urbain: c\u00e9l\u00e9bration<\/em>, les artistes Yann Kersal\u00e9 et Tania Ruiz exposent leur reconfiguration de l\u2019architecture dans la ville, soit l\u2019espace terrestre et aquatique pour le premier, une gare ferrovi\u00e8re pour la seconde, en ciselant distinctement et singuli\u00e8rement ce mat\u00e9riau immaterial<\/em>. S\u2019ils ont un point commun, c\u2019est l\u2019am\u00e9nagement d\u2019un lieu \u00e0 valeur artistique. Ainsi Yann Kersal\u00e9 am\u00e9nage la luminosit\u00e9 dans l\u2019ambiance naturelle tandis que Tania Ruinz joue avec les inversions du temps et de la vitesse.<\/p>\n\n\n\nYann Kersal\u00e9\u00a0: sculpter la lumi\u00e8re<\/h2>\n\n\n\n