{"id":2241,"date":"2013-05-01T21:21:34","date_gmt":"2013-05-01T21:21:34","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=2241"},"modified":"2022-12-08T21:22:08","modified_gmt":"2022-12-08T21:22:08","slug":"mai-2013-texture-le-son-matiere-du-corps","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/mai-2013-texture-le-son-matiere-du-corps\/","title":{"rendered":"Mai 2013 – Texture: le son mati\u00e8re du corps"},"content":{"rendered":"\n

1er<\/sup>\u00a0PARTIE DU DOSSIER<\/strong><\/h2>\n\n\n\n

La pulsation organique du son : une logique de composition pour la sc\u00e8ne actuelle<\/h2>\n\n\n\n

Pr\u00e9lude<\/h2>\n\n\n\n

La sc\u00e8ne actuelle vit un passage d\u00e9terminant concernant un d\u00e9placement du point de vue sur les arts, en particulier les arts vivants, qui met en jeu de nouveaux mod\u00e8les (ou strat\u00e9gies) au niveau de la composition du dispositif sc\u00e9nique. Cette rupture investit la relation que les formes performatives entretiennent avec les technologies. En partant de cette consid\u00e9ration, on discutera ici un aspect particulier en interrogeant la d\u00e9finition de\u00a0soundscape\u00a0<\/em>et la mani\u00e8re dont elle se profile sur la sc\u00e8ne contemporaine1<\/sup><\/a>, en mettant en \u00e9vidence les points d\u2019interrelation avec le domaine des installations visuelles.
De ces observations d\u00e9coulent les fils de mon argumentation qui sont au centre de la r\u00e9flexion sur la notion de\u00a0corps sonore<\/em>. Mes consid\u00e9rations s\u2019articulent en deux axes : d\u2019un c\u00f4t\u00e9 le\u00a0corps comme son<\/em>, c\u2019est-\u00e0-dire le corps consid\u00e9r\u00e9 dans sa mat\u00e9rialit\u00e9 et sur laquelle on peut intervenir en la manipulant. De l\u2019autre c\u00f4t\u00e9 la dimension du\u00a0corps comme producteur du son<\/em>, une dimension tr\u00e8s particuli\u00e8re de la sc\u00e8ne contemporaine qui consid\u00e8re le plateau comme un instrument o\u00f9 se d\u00e9finit la manifestation audible de la relation que le mouvement et, \u00e0 la limite, la voix instituent avec les syst\u00e8mes de captation technologique \u00e0 tous les niveaux. Dans ce cadre, bien entendu, il n\u2019y a aucun renvoi \u00e0 la dimension\u00a0anthropomorphique\u00a0<\/em>: il n\u2019est pas question de reconstruire, sous forme sonore, le corps du performeur, mais plut\u00f4t de d\u00e9finir un\u00a0soundscape<\/em>\u00a0\u2013 un paysage acoustique \u2013 \u00e0 partir de son d\u00e9placement dans l\u2019espace sc\u00e9nique.
\u00c0 ces niveaux, interroger la notion de\u00a0corps sonore<\/em>\u00a0signifie p\u00e9n\u00e9trer dans la mati\u00e8re du son et, en m\u00eame temps, dans celle du corps. On parle alors d\u2019une forme\u00a0mol\u00e9culaire<\/em>\u00a0du corps et du son qui sont en r\u00e9sonance entre eux. Il y a l\u00e0 une sorte de tension interne aux mat\u00e9riaux, qui permet \u00e0 la forme du corps et du son d\u2019\u00eatre en changement. Ces aspects s\u2019entrelacent sur la sc\u00e8ne actuelle en permettant quelques consid\u00e9rations pr\u00e9liminaires\u00a0:<\/p>\n\n\n\n

\u2022 L\u2019attention port\u00e9e \u00e0 la composition sonore de la sc\u00e8ne a contribu\u00e9 \u00e0 remettre au centre de la discussion la puissance <\/em>dramaturgique du son. Cela correspond \u00e0 affirmer que les arts vivants et la composition chor\u00e9graphique en majeure partie \u2013 dans leurs manifestations les plus diff\u00e9rentes \u2013 ont \u00e9labor\u00e9 une pens\u00e9e sonore<\/em> autonome qui d\u00e9borde le cadre de la musique pour <\/em>la sc\u00e8ne, en tra\u00e7ant une histoire possible \u2013 encore toute \u00e0 \u00e9crire \u2013 qui postule une sc\u00e8ne sonore du corps<\/em>2<\/sup><\/a>.<\/p>\n\n\n\n

\u2022 Ce processus a conduit le performeur \u00e0 consid\u00e9rer le potentiel sonore du corps comme une mati\u00e8re de travail et de composition. D\u00e8s l\u00e0, une nouvelle sensibilit\u00e9 s\u2019organise, en mettant en jeu des sonorit\u00e9s organiques qui r\u00e9pondent \u00e0 un processus d\u2019\u00e9coute de soi. L\u2019anatomie devient alors un instrument de composition sonore de la sc\u00e8ne : la respiration, le battement cardiaque en tant qu\u2019unit\u00e9 rythmique de base ;<\/p>\n\n\n\n

\u2022 Cette attention a d\u00e9termin\u00e9 une r\u00e9organisation de la perception du performeur et, en corr\u00e9lat, de la composition du geste. Avec cette consid\u00e9ration, j\u2019affirme que l\u2019intervention des technologies \u2013 \u00e0 tous les niveaux o\u00f9 elles se manifestent sur la sc\u00e8ne chor\u00e9graphique \u2013 implique une red\u00e9finition de la g\u00e9ographie sensoriale<\/em> du corps en mouvement \u00e9tendant, gr\u00e2ce au feedback sonore, la conscience des processus physiologiques d\u2019organisation interne du mouvement par rapport \u00e0 la composition du geste. Cela signifie que le corps contr\u00f4le le dispositif de la sc\u00e8ne, organise et dispose les architectures visuelles et sonores ;<\/p>\n\n\n\n

\u2022 Ces consid\u00e9rations, dans le cadre plus large de mes r\u00e9flexions, sont \u00e0 inscrire dans un contexte qui met en relief plusieurs formes d\u2019intersections entre les arts. Plus pr\u00e9cis\u00e9ment, je renvoie \u00e0 un croisement des mod\u00e8les entre les installations audiovisuelles et la sc\u00e8ne, en menant \u2013 dans les les meilleurs des cas \u2013 \u00e0 une v\u00e9ritable hybridation. \u00c0 titre d\u2019exemple, je citerai la formation fran\u00e7aise Cellule d\u2019intervention Metamkine ou la collaboration entre Cindy Van Acker et Mika Vainio\/Pan Sonic, celle de Ryoji Ikeda et Dumb Type, de Ginette Laurin avec Martin Messier ou de Myriam Gourfink avec Kasper T. Toeplitz3<\/sup><\/a>. Ces collaborations se focalisent sur un point : une nouvelle composition du dispositif l\u2019assure d\u2019\u00eatre immersif<\/em>, en v\u00e9hiculant une esth\u00e9tique in\u00e9dite que j\u2019appelle provisoirement une logique de la latence,<\/em> capable d\u2019induire des sensations d\u00e9termin\u00e9es aux spectateurs.<\/p>\n\n\n\n

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