{"id":3016,"date":"2009-05-01T18:44:41","date_gmt":"2009-05-01T18:44:41","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=3016"},"modified":"2023-02-13T17:56:31","modified_gmt":"2023-02-13T17:56:31","slug":"mai-2009-compte-rendu-de-lintelligence-collective-pour-une-anthropologie-du-cyberspace-de-pierre-levy","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/mai-2009-compte-rendu-de-lintelligence-collective-pour-une-anthropologie-du-cyberspace-de-pierre-levy\/","title":{"rendered":"Mai 2009 – Compte rendu de\u00a0L\u2019intelligence collective<\/i>, pour une anthropologie du cyberspace, de Pierre L\u00e9vy"},"content":{"rendered":"\n

Cet ouvrage visionnaire1<\/sup> m\u00e9rite une attention particuli\u00e8re. Les notions qui y sont abord\u00e9es sont plus pertinentes que jamais, comme si Pierre L\u00e9vy avait pr\u00e9dit l\u2019\u00e2ge technologique du Web 2.0. D\u2019ailleurs, Henry Jenkins consacre, dans son livre Fans, Bloggers, and Gamers<\/em> (2006, p. 134), un chapitre entier \u00e0 la proposition centrale de Pierre L\u00e9vy : l\u2019intelligence collective<\/em>. \u00c9galement, le lecteur constatera que L\u00e9vy exprime un grand optimisme \u00e0 l\u2019endroit de la race humaine, allant m\u00eame jusqu\u2019\u00e0 r\u00e9cup\u00e9rer le r\u00e9cit biblique de Sodome<\/em> et Gomorrhe<\/em> afin de proposer une interpr\u00e9tation sur l\u2019\u00e9thique et la place immanente du \u00ab juste \u00bb dans notre soci\u00e9t\u00e9. Le compte rendu qui suit tentera de capter l\u2019esprit g\u00e9n\u00e9ral du propos v\u00e9hicul\u00e9 par L\u00e9vy, qui constitue notre int\u00e9r\u00eat premier dans le cadre d\u2019une analyse g\u00e9n\u00e9rale de la cyberculture.<\/p>\n\n\n\n

\"\"<\/figure>\n\n\n\n

L\u2019ouvrage est divis\u00e9 en deux parties qui comptent en tout quinze chapitres. La premi\u00e8re partie propose une vue d\u2019ensemble qui m\u00e9canise l\u2019ing\u00e9nierie du lien social sous plusieurs aspects : \u00e9thique, \u00e9conomique, technologique, politique et esth\u00e9tique. La deuxi\u00e8me partie s\u2019int\u00e9resse aux diff\u00e9rents espaces anthropologiques qui ont jalonn\u00e9 l\u2019histoire humaine, c\u2019est-\u00e0-dire : la Terre, le Territoire, la Marchandise et le Savoir. L\u00e9vy appuie son argumentation en pr\u00e9cisant sa pens\u00e9e sur le concept d\u2019\u00ab intelligence collective \u00bb<\/em>. Clarifions tout de suite comment l\u2019auteur d\u00e9finit ce concept : \u00ab C\u2019est une intelligence partout distribu\u00e9e, sans cesse valoris\u00e9e, coordonn\u00e9e en temps r\u00e9el, qui aboutit \u00e0 une mobilisation effective des comp\u00e9tences \u00bb <\/em>(p. 29). On ne peut s\u2019emp\u00eacher de penser \u00e0 l\u2019usage que nous faisons d\u2019Internet. Les communaut\u00e9s se resserrent et se rapprochent les unes des autres en cr\u00e9ant une m\u00e9gacommunaut\u00e9 globale dont le partage des savoirs est le moteur essentiel. Reprise par Jenkins en parlant des communaut\u00e9s de fans, L\u00e9vy nous livre cette br\u00e8ve explication : \u00ab Personne ne sait tout, tout le monde sait quelque chose, tout le savoir est dans l\u2019humanit\u00e9 \u00bb <\/em>(p. 29). Pour l\u2019auteur, le but ultime de cette intelligence est la mise en commun des comp\u00e9tences pour une meilleure compr\u00e9hension de l\u2019humain : \u00ab Ce projet convoque un nouvel humanisme qui inclut et \u00e9largit le \u2018connais-toi toi-m\u00eame\u2019 vers un \u2018apprenons \u00e0 nous conna\u00eetre pour penser ensemble\u2019 <\/em>[\u2026] \u00bb <\/em>(p. 33). Les outils Web qui permettent aux utilisateurs de contribuer au contenu des sites qu\u2019ils visitent (Web 2.0) \u2013 pensons \u00e0 Wikip\u00e9dia \u2013 rendent bien compte de cette tendance au partage globalis\u00e9, et maintenant mondialis\u00e9, des connaissances.<\/p>\n\n\n\n

Avant d\u2019aborder les diff\u00e9rents types d\u2019espaces qui ont men\u00e9, au fil de l\u2019histoire, \u00e0 celui du savoir, L\u00e9vy explique quels sont les enjeux et les implications de l\u2019intelligence collective <\/em>et comment l\u2019humain int\u00e8gre ce principe dans sa propre vie afin de produire des liens sociaux : \u00ab Que reste-t-il lorsque l\u2019on a m\u00e9canis\u00e9 l\u2019agriculture, l\u2019industrie et les op\u00e9rations sur les messages ? L\u2019\u00e9conomie tournera \u2013 tourne d\u00e9j\u00e0 \u2013 autour de l\u2019irr\u00e9ductible : la production de lien social, le \u2018relationnel\u2019 \u00bb <\/em>(p. 43). L\u2019enrichissement de l\u2019humain devrait \u00eatre le but ultime poursuivi par la production de biens et de services (p. 43), souligne L\u00e9vy. Toutefois, il ne faut pas confondre l\u2019humain et l\u2019individu. Pour lui, la perfection des comp\u00e9tences individuelles devrait servir l\u2019accomplissement des liens sociaux et l\u2019ach\u00e8vement d\u2019un id\u00e9al repr\u00e9sent\u00e9 par l\u2019intelligence collective : \u00ab <\/em>[N]ous plaidons ici pour que l\u2019intelligence collective s\u2019impose comme le produit fini par excellence. L\u2019intelligence collective : source et but des autres richesses<\/em> [\u2026] \u00bb <\/em>(p. 47). <\/p>\n\n\n\n

La structure de l\u2019ouvrage invite le lecteur \u00e0 explorer les multiples implications l\u2019intelligence collective. Par exemple, L\u00e9vy aborde le concept du \u00ab mol\u00e9culaire au molaire \u00bb (p. 50). L\u2019intelligence collective organise la vie \u00e0 l\u2019\u00e9chelle microscopique, subordonne la cellule et sa fonction pour le bien de l\u2019organisme qui l\u2019accueille et pour lequel elle travaille. Ainsi, L\u00e9vy partage ses r\u00e9flexions sur la mati\u00e8re et les structures chimiques qui la constituent. Il classe \u00ab  les techniques pour la ma\u00eetrise de la mati\u00e8re en trois grandes cat\u00e9gories : m\u00e9caniques <\/em>[outils, armes, etc.], chaudes <\/em>[cuisine, poterie, etc.] et froides <\/em>[cristallographie, chimie des surfaces, etc.] \u00bb<\/em> (p. 53). L\u00e9vy retient \u00e9galement l\u2019attention lorsqu\u2019il aborde \u00ab les techniques de contr\u00f4le des messages \u00bb<\/em> (p. 55), \u00e0 savoir comment le flux d\u2019information est trait\u00e9 et en quoi la r\u00e9ception de ce flux d\u00e9pend du contexte performatif et des mat\u00e9riaux qui servent sa transmission. Par exemple, une pi\u00e8ce de th\u00e9\u00e2tre ou m\u00eame une danse ne se r\u00e9p\u00e9tera jamais \u00ab exactement \u00bb deux fois. L\u00e9vy nomme ces techniques de transmission par le terme \u00ab somatique \u00bb. En revanche, les technologies m\u00e9diatiques fixent, manifestement, le message sur un support physique pour favoriser une plus longue dur\u00e9e de vie \u00ab dans le temps et dans l\u2019espace \u00bb<\/em> (p. 55). Les techniques num\u00e9riques, quant \u00e0 elles, manipulent constamment l\u2019information. La structure s\u00e9miologique de cette derni\u00e8re est d\u00e9cloisonn\u00e9e, puis r\u00e9agenc\u00e9e selon le contexte : \u00ab <\/em>[L]e num\u00e9rique hantait le m\u00e9dia depuis toujours. Car le num\u00e9rique est l\u2019absolu du montage, le montage portant sur les plus infimes fragments du message, une disponibilit\u00e9 ind\u00e9finie et sans cesse r\u00e9ouverte \u00e0 la combinaison, au mixage, au r\u00e9ordonnancement des signes \u00bb <\/em>(p. 57). <\/p>\n\n\n\n

Le principal int\u00e9r\u00eat de cette partie concerne la mani\u00e8re avec laquelle devraient \u00eatre utilis\u00e9es, selon L\u00e9vy, les technologies communicationnelles. En effet, la d\u00e9mocratisation des outils num\u00e9riques devrait permettre au plus grand nombre d\u2019acc\u00e9der au cyberspace<\/em>, et ainsi contribuer au devenir de la communaut\u00e9 imm\u00e9diate et \u00e0 l\u2019atteinte d\u2019un \u00ab \u00eatre ensemble \u00bb plus harmonieux : \u00ab Le <\/em>cyberspace pourrait devenir un milieu d\u2019exploration des probl\u00e8mes, <\/em>[\u2026], de prise de d\u00e9cision collective et d\u2019\u00e9valuation des r\u00e9sultats <\/em>au plus proche des communaut\u00e9s concern\u00e9es \u00bb <\/em>(p. 67). La mise en commun des ressources et des comp\u00e9tences dans le cyberspace<\/em> am\u00e9liore non seulement l\u2019efficacit\u00e9 op\u00e9rationnelle du groupe, mais \u00e9galement sa vitesse de production. On le constate de plus en plus, entre autres, dans la culture des fans qui b\u00e9n\u00e9ficie grandement des r\u00e9cents progr\u00e8s dans le domaine des communications. En effet, Internet est l\u2019outil id\u00e9al pour la transmission rapide d\u2019informations utiles \u00e0 la communaut\u00e9 des fans, mais surtout pour cr\u00e9er et maintenir des liens sociaux qui d\u00e9passent d\u00e9sormais les fronti\u00e8res nationales. \u00c0 cet \u00e9gard encore, Internet sert ind\u00e9niablement l\u2019intelligence du groupe en constituant notamment un rouage de ce que L\u00e9vy appelle \u00ab l\u2019ing\u00e9nierie du lien social \u00bb : \u00ab <\/em>[L]e collectif intelligent travaille autant que possible ses vitesses d\u2019apprentissage, augmente ses capacit\u00e9s de r\u00e9organisation, r\u00e9duit ses d\u00e9lais d\u2019innovation, multiplie ses puissances d\u2019invention. Un groupe plus intelligent est aussi un groupe plus rapide \u00bb <\/em>(p. 85).<\/p>\n\n\n\n

La deuxi\u00e8me partie de l\u2019ouvrage traite sp\u00e9cifiquement des quatre espaces mentionn\u00e9s pr\u00e9c\u00e9demment. L\u00e9vy les appelle \u00ab espaces anthropologiques \u00bb. Ils sont non hi\u00e9rarchis\u00e9s et interagissent les uns avec les autres de mani\u00e8re non exclusive. L\u2019\u00e9l\u00e9ment le plus important \u00e0 retenir est que, pour L\u00e9vy, ces espaces sont habit\u00e9s par l\u2019humain et sont remplis de significations (p. 141). \u00ab Les quatre espaces anthropologiques sont <\/em>structurants. [I]ls contiennent ou organisent eux-m\u00eames un grand nombre d\u2019espaces diff\u00e9rents \u00bb <\/em>(p. 143). Les trois premiers constituent \u00e9galement des espaces mat\u00e9riels, mais dans lesquels l\u2019humain agit comme une d\u00e9termination affective. \u00ab Les \u00eatres humains n\u2019habitent donc pas seulement dans l\u2019espace physique <\/em>[\u2026], ils vivent aussi et simultan\u00e9ment dans des espaces affectifs <\/em>[\u2026] \u00bb <\/em>(p. 142). L\u2019humain commence par se mouvoir sur la Terre et s\u2019organise petit \u00e0 petit en un groupe tout en lui attribuant un Territoire bien d\u00e9limit\u00e9 qu\u2019il prot\u00e9gera. Puis, viendra le moment de transiger avec les autres groupes \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur de son propre territoire, et cela, par le biais de Marchandises. Soulignons que ce dernier espace subordonne les pr\u00e9c\u00e9dents. Le syst\u00e8me qui g\u00e8re l\u2019\u00e9change des marchandises dicte ses exigences aux diff\u00e9rents acteurs et subordonne les espaces qui lui permettent d\u2019exister : la Terre et le Territoire. Cependant, les fronti\u00e8res territoriales ne sont plus, m\u00eame si les territoires politiques continuent d\u2019exister : \u00ab Lorsque l\u2019Espace des marchandises prend son autonomie par rapport au Territoire, il n\u2019abolit pas purement et simplement les espaces pr\u00e9c\u00e9dents, mais se les subordonne, il les organise selon ses propres fins \u00bb <\/em>(p. 136). <\/p>\n\n\n\n

Pour terminer ce compte rendu, nous porterons notre attention sur l\u2019espace des savoirs. \u00c9videmment, les savoir se d\u00e9territorialisent peu \u00e0 peu depuis l\u2019arriv\u00e9e de l\u2019\u00e9criture, et cela est encore plus probant depuis l\u2019apparition du cyberspace<\/em>, espace encyclop\u00e9dique par excellence, intangible et partout, tel un flux omniscient et en constante d\u00e9sincarnation, d\u2019un ordinateur \u00e0 l\u2019autre, d\u2019un pays \u00e0 l\u2019autre, d\u2019un satellite \u00e0 l\u2019autre, etc. Le mot cyberspace<\/em> appara\u00eet pour la premi\u00e8re fois dans un roman de science-fiction de William Gibson (Neuromancien<\/em>, 1984). Il s\u2019agit d\u2019un \u00ab lieu \u00bb de rencontre, \u00ab de navigation dans la connaissance et de relation sociale <\/em>[\u2026] \u00bb <\/em>(p. 119). L\u2019int\u00e9r\u00eat du consommateur moyen pour ce nouvel espace \u00e0 occuper se comprend ais\u00e9ment. L\u2019individualisme anonyme encourag\u00e9 de mani\u00e8re implicite par la nouvelle \u00e9conomie de march\u00e9 mondial se voit contrebalanc\u00e9 par l\u2019utilisation massive d\u2019un outil de communication accessible \u00e0 tous qui incite l\u2019utilisateur \u00e0 participer et \u00e0 s\u2019impliquer dans la production et la diffusion de messages. Jusqu\u2019\u00e0 pr\u00e9sent isol\u00e9, l\u2019individu retrouve d\u00e9sormais le groupe et le monde entier, et cela, d\u2019une certaine mani\u00e8re gr\u00e2ce au cyberspace<\/em>. <\/p>\n\n\n\n

L\u00e9vy formule ses r\u00e9flexions sur l\u2019intelligence collective tout au long de la deuxi\u00e8me partie, et plus pr\u00e9cis\u00e9ment sur le r\u00f4le qu\u2019elle joue dans les diff\u00e9rents espaces anthropologiques qui ont forg\u00e9 l\u2019homme moderne et la civilisation actuelle. Il y aborde en outre les questions de l\u2019identit\u00e9 (p. 149), de la s\u00e9miotique (la signification et le signe en usage dans les espaces) (p. 160), des figures d\u2019espace et de temps ainsi que des instruments de navigation (les mythes, les statistiques, la cin\u00e9carte<\/em>) (p. 178). La notion de cin\u00e9carte <\/em>est particuli\u00e8rement int\u00e9ressante, car elle ajoute \u00e0 la compr\u00e9hension de l\u2019espace anthropologique. La cin\u00e9carte <\/em>permet \u00e0 l\u2019utilisateur du collectif de se mouvoir dans la toile informationnelle, une toile qui se modifie toutefois constamment selon les al\u00e9as du syst\u00e8me. Il n\u2019y a donc pas de structure fixe. Le tout est \u00e9ph\u00e9m\u00e8re, car les parties \u00e9voluent s\u00e9par\u00e9ment en interaction les unes avec les autres : la structure, les utilisateurs et les messages. La cin\u00e9carte<\/em>, c\u2019est \u00ab la cartographie de l\u2019Espace du savoir \u00bb <\/em>(p. 183). \u00ab Un intellectuel collectif se livre \u00e0 des navigations dans un univers informationnel mouvant : une cin\u00e9carte \u00e9merge de cette interaction \u00bb <\/em>(p. 183).<\/p>\n\n\n\n

Aussi, le collectif intelligent n\u2019est d\u00e9sormais plus ferm\u00e9 sur lui-m\u00eame et d\u00e9pendant de moyens limit\u00e9s pour la survie du savoir. Alors que l\u2019homme archa\u00efque \u00e9tait soumis \u00e0 la volont\u00e9 des a\u00een\u00e9s pour la transmission des connaissances de la tribu, l\u2019homme moderne b\u00e9n\u00e9ficie maintenant de l\u2019informatique non seulement pour l\u2019archivage, mais aussi pour l\u2019organisation des savoirs. L\u00e9vy nomme ce nouveau mode d\u2019organisation cognitive dans l\u2019espace anthropologique du savoir par le terme cosmop\u00e9die<\/em>. Il explique qu\u2019elle est la principale diff\u00e9rence avec le terme encyclop\u00e9die <\/em>et pourquoi le terme cosmop\u00e9die<\/em> est pr\u00e9f\u00e9rable, selon lui: \u00ab Encyclop\u00e9die signifie \u2018cercle des connaissances\u2019<\/em> (p. 203) [\u2026]. Pourquoi dire la somme organis\u00e9e des connaissances par le cosmos et non plus par le cercle ? Plut\u00f4t qu\u2019\u00e0 un texte \u00e0 <\/em>une seule dimension, ou m\u00eame \u00e0 un <\/em>r\u00e9seau hypertextuel, nous avons affaire \u00e0 un <\/em>espace multidimensionnel de repr\u00e9sentations dynamiques et interactives \u00bb <\/em>(p. 204). L\u00e9vy pr\u00e9cise ensuite que le monde des communications actuel regorge de mani\u00e8res diff\u00e9rentes d\u2019exprimer le signifi\u00e9<\/em> autres que la forme linguistique : \u00ab image fixe, image anim\u00e9e, son, simulations interactives, cartes interactives, <\/em>[etc.] \u00bb <\/em>(p. 204). <\/p>\n\n\n\n

Cet ouvrage demeure extr\u00eamement actuel et pertinent pour celui qui veut approfondir sa r\u00e9flexion sur l\u2019impact actuel des technologies num\u00e9riques dans notre quotidien. Toutes les sph\u00e8res du social \u2013 professionnelle, personnelle et familiale \u2013 doivent se mettre au diapason des commodit\u00e9s pratiques et fonctionnalistes qu\u2019engendrent ces nouvelles mani\u00e8res de faire conjugu\u00e9es au \u00ab num\u00e9rique \u00bb (t\u00e9l\u00e9phonie cellulaire, Internet, messagerie \u00e9lectronique, etc.). Les productions culturelles b\u00e9n\u00e9ficient grandement de ces outils. En effet, il est maintenant concevable pour le consommateur d\u2019explorer les objets culturels de son choix, et cela, encore plus intens\u00e9ment qu\u2019il ne l\u2019\u00e9tait possible avec les technologies analogiques. La culture des fans en est un exemple probant. \u00c0 une certaine \u00e9poque \u2013 pr\u00e9-Internet, les fans communiquaient entre eux par courrier postal via des listes disponibles dans les publications de fan-club. Alors que maintenant, gr\u00e2ce \u00e0 l\u2019utilisation accrue d\u2019Internet, non seulement les membres de la communaut\u00e9 gagnent en vitesse dans leurs temps de r\u00e9ponse, mais l\u2019information s\u2019accumule beaucoup plus rapidement n\u00e9cessitant une gestion plus \u00e9troite des contenus, rendue possible au moyen d\u2019ordinateurs de plus en plus performants. Ce qui permet, cons\u00e9quemment, le stockage de diff\u00e9rents types de fichiers \u2013 photos, vid\u00e9o et audio \u2013 class\u00e9s selon l\u2019usage qu\u2019en font les membres (fanfiction, fanart, fanfilm, <\/em>etc.). \u00c0 cet \u00e9gard, la notion de cosmop\u00e9die<\/em> s\u2019applique tr\u00e8s bien au contexte technologique actuel qui favorise l\u2019accumulation de contenus diversifi\u00e9s.<\/p>\n\n\n\n

Pour conclure, l\u2019int\u00e9r\u00eat suscit\u00e9 par cet ouvrage r\u00e9side essentiellement dans les propositions d\u00e9crites dans ce compte rendu, c\u2019est-\u00e0-dire l\u2019espace du savoir et l\u2019intelligence collective<\/em>. L\u2019\u00e9mergence d\u2019Internet et son utilisation massive ne sont pas \u00e9trang\u00e8res \u00e0 l\u2019\u00e9laboration de ces concepts par L\u00e9vy, car l\u2019habitation du cyberspace<\/em> oblige d\u00e9finitivement la red\u00e9finition de nos pr\u00e9suppos\u00e9s mill\u00e9naires sur l\u2019organisation encyclop\u00e9dique (biblioth\u00e8que traditionnelle, supports physiques, etc.). Dans le cyberspace<\/em>, l\u2019information est virtuelle, car l\u2019information elle-m\u00eame est intangible et peut \u00eatre manipul\u00e9e par des milliers d\u2019utilisateurs \u00e0 la fois. Gr\u00e2ce au Web, la pens\u00e9e peut se mat\u00e9rialiser et se d\u00e9mat\u00e9rialiser pour une meilleure transmission. Ainsi, l\u2019espace du savoir est \u00ab un pont entre les trois espaces pr\u00e9c\u00e9dents : il fait communiquer la Terre, le Territoire et la Marchandise \u00bb <\/em>(p. 228). Soyez toutefois avis\u00e9 que, Pierre L\u00e9vy \u00e9tant philosophe de formation, la lecture de l\u2019ouvrage pourrait s\u2019av\u00e9rer exigeante par moment. En effet, l\u2019impression g\u00e9n\u00e9rale que nous retenons est que L\u00e9vy semble vouloir proposer un mode d\u2019emploi concret pour comprendre le cyberspace<\/em> \u2013 soulignons l\u2019intelligence collective<\/em>, la cin\u00e9carte<\/em> et la cosmop\u00e9die<\/em> \u2013 tout en s\u2019enlisant toutefois dans une rh\u00e9torique abstraite. Pour lecteur averti.<\/p>\n\n\n\n

Notes<\/h2>\n\n\n\n

[1] Pierre L\u00e9vy, L\u2019intelligence collective, pour une anthropologie du cyberspace<\/em>, La D\u00e9couverte, coll. \u00abPoche\u00bb, 1997, 246 p. <\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Cet ouvrage visionnaire1 m\u00e9rite une attention particuli\u00e8re. Les notions qui y sont abord\u00e9es sont plus pertinentes que jamais, comme si Pierre L\u00e9vy avait pr\u00e9dit l\u2019\u00e2ge technologique du Web 2.0. D\u2019ailleurs, Henry Jenkins consacre, dans son livre Fans, Bloggers, and Gamers (2006, p. 134), un chapitre entier \u00e0 la proposition centrale de Pierre L\u00e9vy : l\u2019intelligence collective. \u00c9galement, le lecteur … Continued<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[37],"tags":[160],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/3016"}],"collection":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=3016"}],"version-history":[{"count":7,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/3016\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":3364,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/3016\/revisions\/3364"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=3016"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=3016"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=3016"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}