{"id":3346,"date":"2006-10-01T17:44:27","date_gmt":"2006-10-01T17:44:27","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=3346"},"modified":"2023-02-13T17:44:38","modified_gmt":"2023-02-13T17:44:38","slug":"octobre-2006-loeuvre-dart-portee-disparue-au-lieu-de-son-evenement-meme","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/octobre-2006-loeuvre-dart-portee-disparue-au-lieu-de-son-evenement-meme\/","title":{"rendered":"Octobre 2006 – L’\u0153uvre d\u2019art port\u00e9e disparue au lieu de son \u00e9v\u00e9nement m\u00eame"},"content":{"rendered":"\n

On sait que les compositeurs de l\u2019\u00e2ge classique oeuvraient dans un syst\u00e8me qui leur \u00e9tait impos\u00e9 et qui se pr\u00e9sentait pourtant comme \u00ab naturel \u00bb. De mani\u00e8re g\u00e9n\u00e9rale, alors que l\u2019art de l\u2019\u00e2ge classique, repose sur le respect de canons fix\u00e9s par la tradition, l\u2019art de l\u2019\u00e2ge moderne n\u2019a de cesse d\u2019inventer ses mod\u00e8les en se projetant vers le futur, et non \u00e0 les rechercher dans l\u2019imitation des anciens. Cette lib\u00e9ration a cependant son prix, elle peut conduire \u00e0 une forme de solipsisme, risque auquel les compositeurs ont cherch\u00e9 \u00e0 r\u00e9pondre en introduisant dans la musique les probl\u00e9matiques du hasard et de la d\u00e9termination, de la n\u00e9cessit\u00e9 et de la contingence ainsi qu\u2019une interrogation tr\u00e8s pouss\u00e9e sur ce qui constitue une \u0153uvre comme ouverte ou ferm\u00e9e, fixe ou variable. L\u2019\u0153uvre semble partag\u00e9e entre deux polarit\u00e9s : celle de la norme et celle de l\u2019\u00e9cart, celle du contr\u00f4le et celle de la libert\u00e9 : dans la musique cela se traduit par une volont\u00e9 de ma\u00eetrise absolue de l\u2019\u0153uvre d\u2019un c\u00f4t\u00e9, ou au contraire par une extr\u00eame ind\u00e9termination, qui laisse une place importante \u00e0 l\u2019interpr\u00e8te, au hasard, \u00e0 l\u2019al\u00e9a. On aper\u00e7oit ici une probl\u00e9matique fondamentale de notre temps, et qui est au c\u0153ur m\u00eame du paradigme des r\u00e9seaux, en m\u00eame temps qu\u2019elle traverse l\u2019art de l\u2019\u00e2ge moderne et contemporain : c\u2019est la question du contr\u00f4le et de la libert\u00e9, du contr\u00f4le et de la libre circulation. Il semble, qu\u2019avec les r\u00e9seaux num\u00e9riques, et l\u2019essor incontr\u00f4l\u00e9 des technologies, cette question n\u2019en finisse pas de se poser avec encore plus d\u2019insistance \u00e0 l\u2019art de notre temps.<\/p>\n\n\n\n

Un autre couple accompagne la modernit\u00e9 (il s\u2019annonce d\u00e9j\u00e0 avec l\u2019av\u00e8nement du baroque) et semble se prolonger dans l\u2019art de notre temps, c\u2019est le probl\u00e8me de l\u2019\u00e9quilibre, ou du choix entre une esth\u00e9tique de la surcharge et de l\u2019ornement, et une esth\u00e9tique de la r\u00e9duction minimaliste, ce fameux less is more<\/em> que l\u2019architecte Ludwig Mies <\/strong>Van Der Roh avait plac\u00e9 en exergue au programme du fonctionnalisme analytique des d\u00e9buts du si\u00e8cle dernier. <\/p>\n\n\n\n

Ce probl\u00e8me est en effet pos\u00e9 avec d\u2019autant plus d\u2019acuit\u00e9 que la modernit\u00e9, c\u2019est la fin des r\u00e8gles et des conventions qui permettaient de contenir l\u2019\u0153uvre \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur de certaines limites formelles d\u2019expression, limites qui lui ouvraient paradoxalement les conditions m\u00eames de sa reconnaissance et de sa lisibilit\u00e9. Avec la fin des r\u00e8gles, des codes et des conventions, c\u2019est alors, en m\u00eame temps que l\u2019affirmation de l\u2019autonomie de l\u2019art, le risque du solipsisme qui menace, et, en effet, la modernit\u00e9 aura \u00e9t\u00e9 ce grand malentendu entre l\u2019art et ses publics (qui fera dire \u00e0 Baudelaire que \u00ab\u00a0le monde roule sur des malentendus\u00a0\u00bb).<\/p>\n\n\n\n

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