{"id":3408,"date":"2006-03-01T18:33:33","date_gmt":"2006-03-01T18:33:33","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=3408"},"modified":"2023-02-13T18:33:41","modified_gmt":"2023-02-13T18:33:41","slug":"mars-2006-les-reproductions-doeuvres-dart-sur-les-sites-internet-de-musees","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/mars-2006-les-reproductions-doeuvres-dart-sur-les-sites-internet-de-musees\/","title":{"rendered":"Mars 2006 – Les reproductions d\u2019\u0153uvres d\u2019art sur les sites Internet de mus\u00e9es"},"content":{"rendered":"\n

Internet est d\u2019abord, et c\u2019est historiquement sa vocation premi\u00e8re, un espace documentaire, dans lequel sont associ\u00e9s des textes, des images et des sons, \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur d\u2019un m\u00eame site ou entre plusieurs sites distincts, selon une organisation particuli\u00e8re appel\u00e9e\u00a0hypertextuelle<\/em>. Parmi les innombrables pages consultables sur Internet, les mus\u00e9es proposent depuis une dizaine d\u2019ann\u00e9es environ1<\/sup>\u00a0une pr\u00e9sentation de leurs collections. Le Conseil International des Mus\u00e9es (ICOM)2<\/sup>\u00a0a cr\u00e9\u00e9 il y a trois ans un nom de domaine en\u00a0.museum<\/em>\u00a0qui fait office de label pour les mus\u00e9es, et qui accueille actuellement 724 membres3<\/sup>. Cependant, un recensement approximatif des sites Internet de mus\u00e9es dans le monde, tous mus\u00e9es confondus, r\u00e9alis\u00e9 \u00e0 partir d\u2019un fichier \u00e9tabli par la Direction des Mus\u00e9es de France \u2013 et comportant aussi des organismes en rapport avec les mus\u00e9es\u00a0: associations, bases de donn\u00e9es, etc. \u2013 d\u00e9nombre 1\u00a0690 sites. Rapport\u00e9 aux seuls mus\u00e9es recens\u00e9s en France en 20014<\/sup>, soit 1\u00a0124, ce chiffre para\u00eet bien en de\u00e7\u00e0 de la r\u00e9alit\u00e9. Confront\u00e9, d\u2019autre part, aux statistiques de fr\u00e9quentation de ces sites (le Mus\u00e9e du Louvre annonce, pour l\u2019ann\u00e9e 2003, 6 millions de visites5<\/sup>\u00a0de son site Internet), on mesure, qu\u2019on le d\u00e9plore ou non, l\u2019importance acquise par la consultation des sites de mus\u00e9es au cours de ces derni\u00e8res ann\u00e9es, favoris\u00e9e par l\u2019\u00e9quipement acc\u00e9l\u00e9r\u00e9 du public et par le d\u00e9veloppement des r\u00e9seaux num\u00e9riques \u00e0 haut d\u00e9bit.<\/p>\n\n\n\n

Ces sites constituent ce que certains appellent \u00ab mus\u00e9e virtuel \u00bb, notion trop floue et que nous pr\u00e9ciserons plus loin, dont on a souvent soulign\u00e9 la proximit\u00e9 avec le Mus\u00e9e Imaginaire <\/em>d\u2019Andr\u00e9 Malraux. Les images y entretiennent des relations complexes entre elles, avec les textes qui sont pr\u00e9sent\u00e9s conjointement, et avec un ensemble ind\u00e9termin\u00e9 d\u2019images de toute nature avec lesquelles elles sont mises sur un m\u00eame plan. Ces relations peuvent \u00eatre interrog\u00e9es par de multiples champs disciplinaires (sociologie, s\u00e9miotique visuelle, sciences cognitives, ethnologie etc.). Dans celui de l\u2019historien de l\u2019art, ces images, dans la mesure o\u00f9 elles sont des reproductions et non des originaux, se tiennent de prime abord \u00e0 distance de lui, qui peut \u00e0 loisir les consulter comme documents <\/em>dont la qualit\u00e9 et la disponibilit\u00e9 sont particuli\u00e8rement appr\u00e9ciables. Mais peut-il se d\u00e9sint\u00e9resser des modes d\u2019apparition des images sur Internet, qui engagent, par des rapprochements nouveaux \u2013 que le livre d\u2019art n\u2019\u00e9tait pas en mesure d\u2019instaurer \u2013 de nouvelles connaissances des \u0153uvres, proches \u00e0 bien des \u00e9gards de celles que voulait cr\u00e9er le Mus\u00e9e Imaginaire ? Si l\u2019historien de l\u2019art pouvait jusqu\u2019alors ignorer la construction tr\u00e8s personnelle de Malraux, voire la consid\u00e9rer avec d\u00e9dain, il ne semble plus pouvoir \u00e9chapper \u00e0 la diss\u00e9mination<\/em> des images des \u0153uvres d\u2019art sur les r\u00e9seaux, dans un mouvement d\u2019ensemble auquel contribuent les mus\u00e9es eux-m\u00eames, bien que ces institutions tentent de contr\u00f4ler ce ph\u00e9nom\u00e8ne dans lequel les reproductions s\u2019accrochent \u00e0 toutes les autres images, d\u2019une mani\u00e8re al\u00e9atoire et r\u00e9ticulaire qui engage de nouvelles significations.<\/p>\n\n\n\n

Parmi toutes les informations disponibles sur un site Internet de mus\u00e9e, nous nous int\u00e9resserons \u00e0 la pr\u00e9sentation des reproductions d\u2019\u0153uvres (et d\u2019objets arch\u00e9ologiques), sous le rapport de leur environnement culturel (les textes qui accompagnent ces images) et institutionnel (le mus\u00e9e dans son rapport \u00e0 ces images), afin de faire appara\u00eetre les discours qui sont produits \u00e0 travers cette pr\u00e9sentation. Toutes ces questions engageraient de longs d\u00e9veloppements6<\/sup>; nous nous bornerons \u00e0 pr\u00e9senter ici quelques-uns des modes de pr\u00e9sentation de ces reproductions. Les sites des mus\u00e9es d\u2019art contemporain posent des probl\u00e8mes particuliers (conservation d\u2019\u0153uvres complexes qui associent plusieurs m\u00e9dias, enregistrement des performances), aussi bien que les cr\u00e9ations artistiques num\u00e9riques sp\u00e9cifiquement destin\u00e9es \u00e0 \u00eatre expos\u00e9es sur Internet, ou\u00a0Net-art<\/em>, et dont la conservation a d\u00e9j\u00e0 commenc\u00e97<\/sup>. Malgr\u00e9 le caract\u00e8re r\u00e9cent de ce ph\u00e9nom\u00e8ne, il convient de s\u2019interroger sur les implications \u00e9pist\u00e9mologiques et historiographiques dans le champ de l\u2019histoire de l\u2019art et du patrimoine.<\/p>\n\n\n\n

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