{"id":3436,"date":"2005-10-01T14:40:25","date_gmt":"2005-10-01T14:40:25","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=3436"},"modified":"2023-02-14T14:40:35","modified_gmt":"2023-02-14T14:40:35","slug":"octobre-2005-la-nature-au-bord-des-reseaux","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/octobre-2005-la-nature-au-bord-des-reseaux\/","title":{"rendered":"Octobre 2005 – La nature au bord des r\u00e9seaux"},"content":{"rendered":"\n

\u00ab\u00a0Nature\u00a0\u00bb et \u00ab\u00a0r\u00e9seau\u00a0\u00bb, voil\u00e0 bien deux notions aux contours particuli\u00e8rement ind\u00e9termin\u00e9es. Deux notions interpr\u00e9tables semble-t-il ind\u00e9finiment, \u00e0 la fois concr\u00e8tes dans un sens mais tout autant abstraites ou utopiques dans d\u2019autres. Il est loisible face \u00e0 de tels d\u00e9ploiements d\u2019y rep\u00e9rer des conceptions du monde et tr\u00e8s certainement des id\u00e9ologies. Mais les ressemblances entre nature et r\u00e9seau semblent s\u2019arr\u00eater l\u00e0. Pourtant tr\u00e8s t\u00f4t, le territoire, la g\u00e9ographie d\u2019une part, le corps et le cerveau d\u2019autre part ont \u00e9t\u00e9 pens\u00e9s comme des r\u00e9seaux. Pierre Mussot dans Critique des r\u00e9seaux en \u00e9laborant une g\u00e9n\u00e9alogie de la notion de r\u00e9seau fait \u00e9tat de l\u2019identification du corps et du r\u00e9seau, mais \u00e9galement de l\u2019inversion entre mod\u00e8le et symbole du corps et du r\u00e9seau1<\/sup>\u00a0: \u00ab\u00a0Jusqu\u2019ici, le corps christique assurait dans sa fixit\u00e9 le passage entre l\u2019ici-bas et l\u2019au-del\u00e0\u00a0; d\u00e9sormais, c\u2019est le r\u00e9seau artificiel qui, dans ses flux et ses mailles, prend la place du corps christique, comme lieu de passage et de transition vers la soci\u00e9t\u00e9 future. Tout se passe comme si le r\u00e9seau artificiel se transformait de mod\u00e8le en symbole, alors que le corps naturel, de symbole devenait mod\u00e8le pour le r\u00e9seau. Il appert ainsi que lorsque le corps naturel joue le r\u00f4le de m\u00e9diateur symbolique, le r\u00e9seau technique lui sert de mod\u00e8le rationnel et, r\u00e9ciproquement, quand le r\u00e9seau artificiel prend la place de passeur symbolique, alors l\u2019organisme naturel devient son mod\u00e8le expressif\u00a0\u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Mais on ne saurait cependant identifier corps et nature, (ni nature et territoire) et encore moins ici le corps dans sa r\u00e9versibilit\u00e9 avec le r\u00e9seau qui n\u2019en est qu\u2019une exemplification particuli\u00e8re. La \u00ab nature \u00bb, c\u2019est ce qui \u00e9tait l\u00e0 \u00ab avant \u00bb et ce qui perdurera \u00ab apr\u00e8s \u00bb. Apr\u00e8s quoi ? Apr\u00e8s l\u2019\u00ab humain \u00bb auquel il faut peut-\u00eatre \u00e9tendre toute forme de vie. Le r\u00e9seau n\u2019est donc qu\u2019une repr\u00e9sentation propre \u00e0 l\u2019humain, croyance certes mais aussi syst\u00e8me, op\u00e9rativit\u00e9 technique qui d\u00e9veloppe sa propre autonomie. <\/p>\n\n\n\n

Du point de vue des r\u00e9seaux, (c\u2019est-\u00e0-dire du point de vue de la construction et de la pens\u00e9e des r\u00e9seaux), la nature n\u2019existe pas, sauf comme un mod\u00e8le provisoire restreint au corps et au cerveau. Mais \u00e0 l\u2019inverse, du point de vue de la \u00ab nature \u00bb, les r\u00e9seaux existent-ils ? En \u00e9non\u00e7ant plus haut que le r\u00e9seau n\u2019est qu\u2019une repr\u00e9sentation propre \u00e0 l\u2019humain, je suppose que la nature n\u2019a que faire d\u2019une repr\u00e9sentation de cette sorte, ni d\u2019aucune repr\u00e9sentation d\u2019ailleurs. Cela ne nous emp\u00eache pas nous, \u00ab humains \u00bb de voir la nature comme productrice de r\u00e9seaux \u00e0 travers de multiples exemples, qui vont des r\u00e9seaux fluviaux aux r\u00e9seaux neuronaux par exemple. Voil\u00e0, probablement un d\u00e9tour quelque peu \u00e9trange qui oppose une conscience des r\u00e9seaux perceptible par l\u2019humain \u00e0 une conscience de la nature qui lui \u00e9chappe, conscience hypoth\u00e9tique et incertaine, insondable ? Cette curiosit\u00e9 ou cette bizarrerie me semble n\u00e9cessaire pour penser \u00ab la nature au bord des r\u00e9seaux \u00bb, autrement dit nature et conscience sans r\u00e9duire cette opposition \u00e0 la vision t\u00e9l\u00e9ologique qui voit l\u2019aboutissement d\u2019une conscience de la nature dans la conscience humaine.<\/p>\n\n\n\n

Encore moins sauf comme une repr\u00e9sentation et une configuration technique \u00e9ph\u00e9m\u00e8res propres \u00e0 une forme vivante qu\u2019elle a pu engendrer (peut-\u00eatre comme un simple accident). Or, c\u2019est pr\u00e9cis\u00e9ment l\u2019accident qui fait prendre conscience \u00e0 l\u2019humain que la nature et les r\u00e9seaux s\u2019ignorent. L\u2019hypoth\u00e8se sera donc ici que l\u2019accident est le lieu de rencontre entre nature et r\u00e9seaux.<\/p>\n\n\n\n

****<\/p>\n\n\n\n

\u00ab La nature au bord des r\u00e9seaux \u00bb se pr\u00e9sente donc comme un sc\u00e9nario \u00ab artistique \u00bb en trois temps : 1) la r\u00e9gulation, 2) l\u2019accident, 3) la survivance. Autrement dit, il s\u2019agira de trois rapports possibles de l\u2019\u0153uvre d\u2019art contemporain \u00e0 la \u00ab nature \u00bb, au paysage et aux r\u00e9seaux qui correspondent \u00e0 trois r\u00e9alisations artistiques : <\/p>\n\n\n\n

1)\u00a0Telegarden<\/em>\u00a0de Ken Goldberg (1995 \u2013 2004)\u00a0<\/p>\n\n\n\n

2)\u00a034 secondes pour 3400 bio-robots<\/em>\u00a0de\u00a0Bernard Guelton\u00a0(1994)\u00a0<\/p>\n\n\n\n

3)\u00a0Brennen und gehen<\/em>2<\/sup>\u00a0de\u00a0Lois Weinberger\u00a0(1993 \u2013 1997)\u00a0<\/p>\n\n\n\n

Les notions de nature, de paysage et de r\u00e9seau utilis\u00e9s ici sont tr\u00e8s larges. La nature doit \u00eatre comprise comme l\u2019environnement terrestre permettant la survie et le d\u00e9veloppement des syst\u00e8mes vivants organiques. La v\u00e9g\u00e9tation spontan\u00e9e ou implant\u00e9e ainsi que \u00ab le paysage \u00bb en constituent des aspects sensibles et visibles. Le \u00ab r\u00e9seau \u00bb, est \u00e0 la fois la fois la multiplication et l\u2019interconnexion des r\u00e9seaux de communication (des corps et de l\u2019information) qui se reconduit dans l\u2019une de ses formes les plus \u00e9labor\u00e9es : le r\u00e9seau internet. <\/p>\n\n\n\n

Si le rapport de l\u2019homme \u00e0 la nature est un rapport construit de plus en plus complexe, certaines repr\u00e9sentations artistiques contemporaines font appara\u00eetre de fa\u00e7on flagrante la complexit\u00e9 et la dynamique de cette construction. Au c\u0153ur de cette construction et de cette complexit\u00e9, il y a : l\u2019instrumentalisation de la nature, l\u2019autonomie du d\u00e9veloppement technique, l\u2019enchev\u00eatrement des r\u00e9seaux et (\u2026) l\u2019accident. Il y a l\u2019accident subit, rep\u00e9rable, m\u00e9diatisable, (certainement le moins dangereux), mais \u00e9galement son envers d\u2019une efficacit\u00e9 particuli\u00e8rement redoutable, la destruction invisible, progressive. Entre l\u2019accident subit et la destruction invisible, progressive, il y a \u00ab la survivance \u00bb. <\/p>\n\n\n\n

Il s\u2019agira donc d\u2019une forme d\u2019all\u00e9gorie dans laquelle la r\u00e9gulation, l\u2019accident et la survivance ont tous lieux \u00ab presque \u00bb au m\u00eame moment. Cela veut dire qu\u2019\u00e0 l\u2019image d\u2019une all\u00e9gorie, il s\u2019agit d\u2019une image en trois temps symptomatique de notre rapport \u00e0 la nature, mais que les \u0153uvres convoqu\u00e9es ici pour cette all\u00e9gorie se sont d\u00e9velopp\u00e9es en parall\u00e8le, en toute ind\u00e9pendance.<\/p>\n\n\n\n

Entre l\u2019hyper-r\u00e9gulation des r\u00e9seaux et la survivance, il y a donc l\u2019accident. Pourquoi\u00a0? Parce que \u00ab\u00a0le d\u00e9ploiement des techniques contemporaines\u00a0: leur d\u00e9bordement et leur puissance ne peuvent (plus seulement)3<\/sup>\u00a0\u00eatre abord\u00e9s en termes de r\u00e9gulation mais de d\u00e9ferlement\u00a0\u00bb4<\/sup>\u00a0et ajouterais-je parce que ce d\u00e9ferlement in\u00e9vitablement suppose une d\u00e9r\u00e9gulation brutale, une catastrophe. Mais c\u2019est aussi, d\u2019une autre fa\u00e7on, parce que, t\u00f4t ou tard, dans l\u2019aveuglement technique, la conscience du milieu naturel, n\u2019advient plus d\u00e9sormais qu\u2019\u00e0 travers l\u2019accident. A travers ces exemples, la nature et le \u00ab\u00a0paysage\u00a0\u00bb plut\u00f4t que d\u2019\u00eatre \u00ab\u00a0repr\u00e9sent\u00e9e\u00a0\u00bb sont triplement \u00ab\u00a0activ\u00e9s\u00a0\u00bb\u00a0: 1)\u00a0enti\u00e8rement contr\u00f4l\u00e9s, 2)\u00a0profond\u00e9ment d\u00e9r\u00e9gl\u00e9s, 3)\u00a0partiellement r\u00e9g\u00e9n\u00e9r\u00e9s ou r\u00e9orient\u00e9s.<\/p>\n\n\n\n

\"\"<\/figure>\n\n\n\n

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\u00ab\u00a0Nature\u00a0\u00bb et \u00ab\u00a0r\u00e9seau\u00a0\u00bb, voil\u00e0 bien deux notions aux contours particuli\u00e8rement ind\u00e9termin\u00e9es. Deux notions interpr\u00e9tables semble-t-il ind\u00e9finiment, \u00e0 la fois concr\u00e8tes dans un sens mais tout autant abstraites ou utopiques dans d\u2019autres. Il est loisible face \u00e0 de tels d\u00e9ploiements d\u2019y rep\u00e9rer des conceptions du monde et tr\u00e8s certainement des id\u00e9ologies. Mais les ressemblances entre nature … Continued<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[5],"tags":[208],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/3436"}],"collection":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=3436"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/3436\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":3439,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/3436\/revisions\/3439"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=3436"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=3436"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=3436"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}