{"id":3456,"date":"2005-04-01T15:14:16","date_gmt":"2005-04-01T15:14:16","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=3456"},"modified":"2023-02-14T15:14:26","modified_gmt":"2023-02-14T15:14:26","slug":"avril-2005-remanences-de-bertrand-r-pitt","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/avril-2005-remanences-de-bertrand-r-pitt\/","title":{"rendered":"Avril 2005 – R\u00e9manences<\/i>\u00a0de Bertrand R. Pitt"},"content":{"rendered":"\n

\u00ab D’un corps r\u00e9el, qui \u00e9tait l\u00e0, sont parties des radiations qui viennent me toucher, moi qui suis ici; peu importe la dur\u00e9e de la transmission; la photo de l’\u00eatre disparu vient me toucher comme les rayons diff\u00e9r\u00e9s d’une \u00e9toile. \u00bb (Roland Barthes :\u00a0La chambre claire<\/em>. Extrait tir\u00e9 du communiqu\u00e9 de l’exposition.)<\/p>\n\n\n\n

A priori le spectateur est plac\u00e9 dans un face \u00e0 face sans pr\u00e9tention avec l’\u0153uvre, un grand \u00e9cran au format 16:9 reposant directement sur le plancher de la salle d’exposition, aux dimensions modestes, de la Maison de la culture du Plateau-Mont-Royal. \u00c0 l’\u00e9cran, se d\u00e9ploie en boucle deux s\u00e9quences vid\u00e9ographiques de quelques 11 minutes chacune. D\u00e8s les toutes premi\u00e8res secondes, on sent qu’il s’agit d’une travers\u00e9e de l’image allant du souvenir flou mais r\u00e9confortant des gestes et sons du quotidien aux fines pulsations de mati\u00e8res fluides et abstraites desquelles un temps symbolique se manifeste. Le d\u00e9roulement des s\u00e9quences est lent sans \u00eatre ralenti, soyeux, souple, cr\u00e9ant par les ruissellements et les masses\u00a0aqualumineuses<\/em>\u00a0une harmonie discr\u00e8te mais vigoureuse, aid\u00e9 en cela par une trame sonore des plus suaves, ponctu\u00e9e par les hauteurs, les rythmes, les textures, les encha\u00eenements et les transitions \u00e9mergentes. Ici la trame sonore joue plus exactement le r\u00f4le d’un \u00e9piderme impuls\u00e9, le visuel stimulant les variations audibles affluant dans l’espace. Une suite d’ondes vari\u00e9es et de variations d’ondes s’entrem\u00ealant finement. Bertrand R. Pitt estime certainement la minutie, car il fusionne les mati\u00e8res visuelles et sonores comme un v\u00e9ritable ing\u00e9nieur alchimiste.<\/p>\n\n\n\n

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Images extraites de la bande vid\u00e9o\u00a0R\u00e9manences<\/em>. Bertrand R. Pitt, 2005.<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Images extraites de la bande vid\u00e9o\u00a0R\u00e9manences<\/em>. Bertrand R. Pitt, 2005.<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Images extraites de la bande vid\u00e9o\u00a0R\u00e9manences<\/em>. Bertrand R. Pitt, 2005.<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Des profils humains parfois apparaissent, se d\u00e9voilent, aussit\u00f4t br\u00fbl\u00e9s par une mise au n\u00e9gatif contrast\u00e9e ou contin\u00fbment fondus vers d’autres images, g\u00e9n\u00e9rant de nouveaux d\u00e9ploiements vibratoires. Ce jeu chatoyant de m\u00e9tamorphoses coruscantes n’est jamais vide, il ne c\u00e8de pas \u00e0 la puret\u00e9 esth\u00e9tique, au contraire, notre perception s’en alimente constamment jusqu’\u00e0 ce que s’installe une douce \u00e9motion, doubl\u00e9e du d\u00e9sir d’avancer encore plus avant dans cet univers m\u00e9taphoris\u00e9 par une danse plastique de formes, de couleurs et de luminosit\u00e9s teint\u00e9e de ressouvenances dilu\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

R\u00e9manences<\/em> appelle le silence, car l’impr\u00e9gnation cumulative de ses effets nous apaise irr\u00e9m\u00e9diablement. Une fois cet \u00e9tat d’apaisement atteint, nous go\u00fbtons tout \u00e0 loisir l’irisation des couleurs, le passage des clairs-obscurs, les ondes tactiles, abordant cette plage audiovisuelle comme un magma \u00e9lectronique bienfaisant. Nous sommes \u00e0 la fois le producteur et le produit de la rencontre avec l’oeuvre. Ce n’est pas rien.<\/p>\n\n\n\n

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Images extraites de la bande vid\u00e9o\u00a0R\u00e9manences<\/em>. Bertrand R. Pitt, 2005.<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Images extraites de la bande vid\u00e9o\u00a0R\u00e9manences<\/em>. Bertrand R. Pitt, 2005.<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Images extraites de la bande vid\u00e9o\u00a0R\u00e9manences<\/em>. Bertrand R. Pitt, 2005.<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

L’\u0153uvre offre ainsi un caract\u00e8re spectaculaire au sens propre du terme, c’est \u00e0 dire qui parle \u00e0 l’imagination par les yeux et les oreilles, et ce, bien au-del\u00e0 de l’\u00e9clat st\u00e9rile d’une vaine excitation sensorielle. On dit de la r\u00e9manence visuelle qu’elle est le ph\u00e9nom\u00e8ne par lequel la sensation visuelle subsiste apr\u00e8s la disparition de l’excitation objective. Des r\u00e9manences existent aussi pour tous les autres sens. Le processus de l’effacement, de la perte ou de la subconscience conduit \u00e0 la cr\u00e9ation de l’intimit\u00e9, saisissable par le cumul interrelationnel des \u00e9vanescences entre les \u00eatres, les choses et les sens. Hors de cette aire diffuse et irraisonnable, il n’y aurait que du r\u00e9el sans fondement.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

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