{"id":3543,"date":"2004-03-01T16:21:05","date_gmt":"2004-03-01T16:21:05","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=3543"},"modified":"2023-02-14T16:21:15","modified_gmt":"2023-02-14T16:21:15","slug":"mars-2004-autoportrait-cybernetique-de-lhumanite-ou-la-promenade-de-guykayser-dans-le-monde-ordinaire","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/mars-2004-autoportrait-cybernetique-de-lhumanite-ou-la-promenade-de-guykayser-dans-le-monde-ordinaire\/","title":{"rendered":"Mars 2004 – Autoportrait cybern\u00e9tique de l\u2019humanit\u00e9. Ou la promenade de Guykayser dans le monde ordinaire"},"content":{"rendered":"\n

Que de reproches ont \u00e9t\u00e9 adress\u00e9s \u00e0 l\u2019\u00e9cran de l\u2019ordinateur\u00a0: trop plat, trop froid, trop dur, a-t-on dit et r\u00e9p\u00e9t\u00e9 d\u2019un air toujours un peu d\u00e9pit\u00e9, le corps en butte contre la machine. \u00ab\u00a0Soit\u00a0\u00bb, s\u2019est probablement dit le plasticien fran\u00e7ais Guykayser, longtemps enferm\u00e9 dans son atelier \u00e0 se tremper les mains dans la couleur pour en tirer des formes. Lorsqu\u2019il a d\u00e9cid\u00e9 de cr\u00e9er pour l\u2019\u00e9cran \u00e9lectronique et m\u00eame pour le Web, il s\u2019est bien vite rendu compte qu\u2019il ne pourrait plus se servir de ses mains comme avant. Mais une fois sorti de son atelier, il a aussi bien vu qu\u2019il disposait maintenant d\u2019un outil lui permettant de prolonger \u00e0 l\u2019infini les rencontres faites au gr\u00e9 de ses promenades. Sachant l\u2019espace cybern\u00e9tique immat\u00e9riel, inodore et d\u00e9centr\u00e9, Guykayser n\u2019a pas essay\u00e9 d\u2019y recr\u00e9er de la mati\u00e8re ou d\u2019y d\u00e9finir un centre. Il s\u2019est astreint \u00e0 l\u2019ordinaire et a r\u00e9ussi \u00e0 donner au Web une voix humaine (http:\/\/guykayser.autoportrait.com).<\/p>\n\n\n\n

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Image de Guykaiser<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Tresnay, Nevers, Nannay. Trois villes ou villages de France visit\u00e9s par Guykayser. Trois territoires locaux d\u00e9plac\u00e9s sur le Web et dans lesquels tout internaute peut aujourd\u2019hui se promener (www.autoportrait.com). Tresnay d\u2019abord, o\u00f9 le tracteur de l\u2019artiste a pris son envol (http:\/\/lenvoldutracteur.autoportrait.com). Un village ordinaire o\u00f9 des gens ordinaires disent des paroles ordinaires. \u00c0 Kayser venu au devant d\u2019eux, ils ont parl\u00e9 d\u2019objets tir\u00e9s du centre de leur vie. L\u2019artiste a laiss\u00e9 intacts les objets porteurs d\u2019histoires, mais a capt\u00e9 les paroles n\u00e9es de la rencontre et en a fait la mati\u00e8re premi\u00e8re d\u2019un objet \u00e0 fa\u00e7onner. Paroles vives, mouvantes, vibrantes d\u2019\u00e9motion et de m\u00e9moire, il les a taill\u00e9es comme il aurait taill\u00e9 le bois, le verre, l\u2019acrylique ou le m\u00e9tal. De chacune, il a fait ressortir la brillance, le creux, l\u2019\u00e9clat, les sachant tout aussi banales dans leur quotidiennet\u00e9 qu\u2019intemporelles dans leur essence. Toutes, il les a ensuite assembl\u00e9es, leur entre-tissant images et mouvements, cherchant la forme r\u00e9v\u00e9latrice du territoire o\u00f9 elles sont n\u00e9es. D\u2019\u00e9ph\u00e9m\u00e8re et labile, la parole des gens de Tresnay a ainsi pris une forme plastique intemporelle. Propre \u00e0 un territoire local, elle migre aujourd\u2019hui sur le Web, comme celle des gens de Nevers (http:\/\/letageredenevers.autoportrait.com) et de Nannay (http:\/\/nannay.autoportrait.com). Ou comme celle, depuis peu, des gens de la ville de Qu\u00e9bec.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

Je te donne ma parole<\/em>\u00a0(www.chambreblanche.qc.ca\/projets\/guykayser\/maparole\/) est le plus r\u00e9cent des objets-r\u00e9cits de Guykayser. D\u00e9velopp\u00e9 au cours d\u2019une r\u00e9sidence \u00e0 la\u00a0Chambre blanche<\/em>\u00a0(17 janvier au 20 f\u00e9vrier 2004),\u00a0Je te donne ma parole<\/em>\u00a0prolonge la promenade sur le territoire de la ville de Qu\u00e9bec, qui rejoint ainsi Tresnay, Nevers et Nannay sur le r\u00e9seau. L\u2019objet-r\u00e9cit\u00a0Je te donne ma parole<\/em>\u00a0reprend les m\u00eames \u00e9l\u00e9ments que les pr\u00e9c\u00e9dents\u00a0: collecte de paroles vives, taille et tissage de ces paroles, auxquelles sont entrem\u00eal\u00e9es des images du territoire o\u00f9 elles sont n\u00e9es, mise en forme et d\u00e9placement de l\u2019objet-r\u00e9cit sur le Web, o\u00f9 tous et chacun peuvent d\u00e9sormais se projeter dans un nouveau territoire de voix humaines. Comme les objets-r\u00e9cits pr\u00e9c\u00e9dents,\u00a0Je te donne ma parole<\/em>\u00a0met en \u0153uvre un processus interactif assez simple qui ne requiert, en apparence, qu\u2019un investissement minime de la part de l\u2019internaute\u00a0: choisir parmi le nombre et donner un ordre \u00e0 un ensemble semble \u00eatre ses seules actions possibles. Pourtant, pour peu qu\u2019il pr\u00eate attention \u00e0 ce qu\u2019il voit et entend, il aura bient\u00f4t l\u2019impression d\u2019appartenir au paysage cybern\u00e9tique.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

\u00c0 l\u2019\u00e9cran de Je te donne ma parole<\/em>, tout au bas, une communaut\u00e9 humaine d\u00e9file sur fond de paysage hivernal. Seul ou en groupe, hommes et femmes ne sont que silhouettes blanches anonymes. Elles figurent des existants, mais ne leur donne ni nom ni visage. \u00c0 l\u2019internaute de choisir qui il veut entendre. Un choix simple confirm\u00e9 par la souris extrait du pluriel une ou plusieurs silhouettes et leur donne un contexte plus pr\u00e9cis : une rue, un carrefour, un parc\u2026 La silhouette devient personnage, ombre chinoise sur paysage urbain. Ombre creuse en apparence, elle est emplie de paroles qui couleront dans l\u2019ordre donn\u00e9 par l\u2019internaute. Une histoire est alors donn\u00e9e \u00e0 entendre, offerte en partage. Br\u00e8ve et toujours ordinaire, elle est enti\u00e8rement charri\u00e9e par la voix. Une voix troublante d\u2019humanit\u00e9, mais priv\u00e9e de corps, sinon du mien, internaute. Et c\u2019est l\u00e0 o\u00f9 l\u2019\u00e9change initi\u00e9 par Guykayser se prolonge. La parole recueillie et mise en forme \u00e0 Qu\u00e9bec, puis grav\u00e9e sur le r\u00e9seau m\u2019est donn\u00e9e, enti\u00e8re, \u00e9trangement immortelle, et en m\u00eame temps m\u2019est donn\u00e9 la possibilit\u00e9 d\u2019investir physiquement cette parole en me projetant sur l\u2019ombre chinoise. \u00ab Je te donne ma parole \u00bb, disent en ch\u0153ur les ombres peuplant le paysage de Qu\u00e9bec. Moi, en \u00e9change, o\u00f9 que je sois, je leur donne mon corps. <\/p>\n\n\n\n

\u00ab Autoportrait collectif \u00bb, dit Guykayser de chacun des objets-r\u00e9cits qu\u2019il a d\u00e9pos\u00e9 sur le Web depuis qu\u2019il est sorti de son atelier. Comme s\u2019il oubliait que ces objets-r\u00e9cits \u00e9taient des rendus sonores et visuels de ce qu\u2019il avait vu et entendu au cours de ses promenades. Comme s\u2019il voulait croire qu\u2019entre les gens de Tresnay, Nevers, Nannay ou Qu\u00e9bec et les internautes, la rencontre \u00e9tait imm\u00e9diate, sans m\u00e9diation. Et dans une certaine mesure, il a raison. La voix des gens de Tresnay, Nevers, Nannay et Qu\u00e9bec a la puret\u00e9 de celles qui peuplent notre quotidien. Elle semble nous \u00eatre donn\u00e9e comme elle a \u00e9t\u00e9 entendue et recueillie. Se promenant dans L\u2019Envol du tracteur<\/em>, L\u2019\u00c9tag\u00e8re de Nevers<\/em>, Nannayxt\u00e9rieur<\/em> ou Je te donne ma parole<\/em>, on aura bien plus l\u2019impression d\u2019\u00e9couter des gens se conter que de d\u00e9couvrir le travail hyperm\u00e9dia d\u2019un plasticien. On se prendra \u00e0 rire des mots entendus, on se d\u00e9couvrira touch\u00e9 par des paroles inattendues. D\u2019une facilit\u00e9 surprenante, on entre dans une conversation ordinaire, de celles que l\u2019on tient tous les jours et que l\u2019on reprendra encore demain, mais avec des gens que nous ne connaissons pas et qui habitent des territoires \u00e9loign\u00e9s. Je te donne ma parole <\/em>(en \u00e9change de ton corps) nous invite \u00e0 entrer encore plus avant dans une conversation qui nous plonge au c\u0153ur de l\u2019humanit\u00e9. <\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Que de reproches ont \u00e9t\u00e9 adress\u00e9s \u00e0 l\u2019\u00e9cran de l\u2019ordinateur\u00a0: trop plat, trop froid, trop dur, a-t-on dit et r\u00e9p\u00e9t\u00e9 d\u2019un air toujours un peu d\u00e9pit\u00e9, le corps en butte contre la machine. \u00ab\u00a0Soit\u00a0\u00bb, s\u2019est probablement dit le plasticien fran\u00e7ais Guykayser, longtemps enferm\u00e9 dans son atelier \u00e0 se tremper les mains dans la couleur pour … Continued<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[9],"tags":[204],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/3543"}],"collection":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=3543"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/3543\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":3546,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/3543\/revisions\/3546"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=3543"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=3543"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=3543"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}