{"id":3566,"date":"2004-01-01T16:46:04","date_gmt":"2004-01-01T16:46:04","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=3566"},"modified":"2023-02-14T16:46:12","modified_gmt":"2023-02-14T16:46:12","slug":"janvier-2004-octopus-une-installation-video-interactive-de-philomene-longpre","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/janvier-2004-octopus-une-installation-video-interactive-de-philomene-longpre\/","title":{"rendered":"Janvier 2004 – Octopus<\/i>\u00a0: Une installation vid\u00e9o interactive de Philom\u00e8ne Longpr\u00e9"},"content":{"rendered":"\n
L\u2019espace nous donne corps. Il nous dresse \u00e0 la verticale, nous \u00e9tend contre l\u2019horizon, module nos gestes et m\u00eame nos pens\u00e9es ou sentiments. Nous l\u2019imaginons vide, alors qu\u2019il est charg\u00e9 et contraignant. Nous le pensons g\u00e9ographique, social, national, \u00e9conomique, relationnel, culturel, virtuel ou spirituel, alors qu\u2019il est tout cela \u00e0 la fois. Composite et li\u00e9 au temps, l\u2019espace est une dimension d\u00e9terminante de notre relation au monde. Depuis longtemps, l\u2019espace constitue l\u2019objet des recherches plastiques et esth\u00e9tiques de Philom\u00e8ne Longpr\u00e9. <\/p>\n\n\n\n
Jeune artiste, Philom\u00e8ne Longpr\u00e9 s\u2019int\u00e9ressait \u00e0 ses espaces int\u00e9rieurs, cherchait \u00e0 leur donner formes et couleurs pour les rendre visibles. Tr\u00e8s vite, elle r\u00e9alisa que ses espaces int\u00e9rieurs d\u00e9bordaient sur l\u2019ext\u00e9rieur. Elle les suivit jusqu\u2019en Asie. L\u00e0, dans ces pays o\u00f9 le nombre se fait multitudes, elle red\u00e9couvrit l\u2019espace par le manque et l\u2019encombrement. Surcharg\u00e9 et surpeupl\u00e9, l\u2019espace physique rapetissait autour d\u2019elle, la contraignant \u00e0 resserrer ses mouvements contre son corps. Devenue particule \u00e9l\u00e9mentaire au sein de l\u2019innombrable, Philom\u00e8ne Longpr\u00e9 se sentait emport\u00e9e par des courants omnidirectionnels ; le mouvement des autres r\u00e9sonnait en elle et devenait la source de ses propres mouvements. Pour redevenir sujet de ses mouvements, il lui fallait d\u2019abord int\u00e9grer ceux des autres. Et conqu\u00e9rir, \u00e0 m\u00eame l\u2019espace qui la contraignait, un autre espace. Un espace dans lequel elle serait, \u00e0 nouveau, libre de ses mouvements. Dans un environnement charg\u00e9 de dieux, cet espace pouvait se construire entre le ciel et la terre. Il serait aussi infini que le ciel, mais se d\u00e9finirait sur terre. <\/p>\n\n\n\n
Inscrite au programme d\u2019art \u00e9lectronique de l\u2019Universit\u00e9 Concordia d\u00e8s son retour d\u2019Asie, Philom\u00e8ne Longpr\u00e9 poursuit ses recherches avec des moyens nouveaux et une conception renouvel\u00e9e de l\u2019espace. Employant l\u2019image vid\u00e9o, le langage num\u00e9rique et ses possibilit\u00e9s interactives, l\u2019environnement d\u2019intervention et le corps humain, elle cr\u00e9e des lieux d\u2019exp\u00e9riences au sein desquels l\u2019\u00eatre humain, soumis aux r\u00e8gles d\u2019un espace physique contraignant, devra conqu\u00e9rir son espace propre. Ouvrant l\u2019espace cr\u00e9\u00e9 sur son environnement imm\u00e9diat, Philom\u00e8ne Longpr\u00e9 joue des fronti\u00e8res entre imaginaire et r\u00e9alit\u00e9, espace virtuel et espace physique. Elle construit des espaces h\u00e9t\u00e9rog\u00e8nes dans lesquels le mouvement est continu. <\/p>\n\n\n\n
Dans\u00a0Plato\u2019s cavern<\/em>\u00a0(2000), Philom\u00e8ne Longpr\u00e9 observe un individu osciller entre le d\u00e9sir de quitter ses lieux d\u2019origines, contraignants, et la crainte d\u2019ainsi dispara\u00eetre. Dans\u00a0Cycle<\/em>\u00a0(2001), l\u2019individu trace son orbite entre espace collectif et espace singulier en suivant un mouvement cyclique. Dans\u00a0Passage\u00a0<\/em>(2002), il marche vers son espace propre, emportant avec lui, bagages int\u00e9rieurs, ses lieux d\u2019origines. Et enfin, dans\u00a0Silence inexistant<\/em>\u00a0(2002), Philom\u00e8ne Longpr\u00e9 cr\u00e9\u00e9 un espace quotidien tellement contraignant qu\u2019il ne peut qu\u2019\u00eatre source de douleurs pour l\u2019individu incapable, malgr\u00e9 ses efforts, d\u2019y trouver le silence recherch\u00e9. Dans chacune de ses installations vid\u00e9o, Philom\u00e8ne Longpr\u00e9 fait de la conqu\u00eate de l\u2019espace un enjeu individuel. L\u2019enjeu est renouvel\u00e9 dans Octopus, o\u00f9 la conqu\u00eate est compromise de fa\u00e7on involontaire par la communaut\u00e9.\u00a0<\/p>\n\n\n\n