{"id":3584,"date":"2003-12-01T14:50:25","date_gmt":"2003-12-01T14:50:25","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=3584"},"modified":"2023-02-20T14:50:35","modified_gmt":"2023-02-20T14:50:35","slug":"decembre-2003-mythographies-web-fabrications-didentites","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/decembre-2003-mythographies-web-fabrications-didentites\/","title":{"rendered":"D\u00e9cembre 2003 – Mythographies web : fabrications d\u2019identit\u00e9s"},"content":{"rendered":"\n
L\u2019art hyperm\u00e9diatique est propice \u00e0 la diffusion de leurres de toutes sortes : personnalit\u00e9s multiples et troubles, march\u00e9 du corps, journaux intimes o\u00f9 fiction et r\u00e9alit\u00e9 s\u2019entrecroisent. \u00c0 l\u2019\u00e8re du sujet tragique, tiraill\u00e9 entre les multiples investigations du soi, le Web appara\u00eet comme un lieu o\u00f9 les identit\u00e9s sont plus que jamais dynamiques et variables, identit\u00e9s des sujets mais aussi des supports et des genres. C\u2019est le r\u00e8gne de la mythographie, \u00e9criture visuelle ou litt\u00e9raire de la projection fantasmatique d\u2019un sujet permettant de multiplier ses extensions identitaires, o\u00f9 les propositions sont subversives et permettent une red\u00e9finition critique de nos certitudes.<\/p>\n\n\n\n
Rappelons qu\u2019une portion importante des productions d\u2019art m\u00e9diatique int\u00e8gre un aspect d\u2019autorepr\u00e9sentation, r\u00e9elle ou fictive. Que ce soit par l\u2019obsession de l\u2019autoportrait ou par la construction d\u2019un alter ego fictionnel, les repr\u00e9sentations v\u00e9hicul\u00e9es par les arts m\u00e9diatiques instituent cette relation particuli\u00e8re avec le spectateur qui le renvoie \u00e0 sa propre condition de sujet existentiel mais aussi, \u00e0 son statut de sujet culturel. <\/p>\n\n\n\n
Une des hypoth\u00e8ses parmi les plus int\u00e9ressantes de r\u00e9vision de la perspective psychanalytique est celle accordant au \u201c conflit narcissique \u201d (c.a.d les tensions et rivalit\u00e9s entre l\u2019ego et la repr\u00e9sentation que celui-ci se fabrique de lui-m\u00eame) une dimension aussi importante que celle que Freud reconnaissait au \u201c conflit oedipien \u201d1<\/sup>. Dans une soci\u00e9t\u00e9 r\u00e9gie par une morale rigide, il \u00e9tait coh\u00e9rent de penser les conflits psychiques en fonction de la r\u00e9pression de d\u00e9sirs. Mais, les grands changements survenus dans nos rep\u00e8res identificatoires au cours du si\u00e8cle dernier ne pouvaient demeurer sans cons\u00e9quence.\u00a0<\/p>\n\n\n\n Comme l\u2019image de soi se d\u00e9veloppe dans un contexte social qui v\u00e9hicule des mod\u00e8les et des types conventionn\u00e9s, cette image \u00e9voluera n\u00e9cessairement selon le contexte. N\u2019est-il pas alors plausible de penser la perte de rep\u00e8res identificatoires comme si\u00e8ge d\u2019une nouvelle inqui\u00e9tude dont t\u00e9moignerait certaines oeuvres hyperm\u00e9diatiques? <\/p>\n\n\n\n Le sujet coupable c\u00e8de la place \u00e0 un sujet tragique, habit\u00e9 par un malaise existentiel, par des probl\u00e8mes d\u2019accomplissement et d\u2019image de soi, qu\u2019il tentera de transcender par la mise en repr\u00e9sentation de ses identit\u00e9s variables.<\/p>\n\n\n\n Les diff\u00e9rents projets de mise en repr\u00e9sentation de soi qui prolif\u00e8rent sur le Web (par exemple ceux de\u00a0JenniCAM\u00a0et de\u00a0Natasha Merit) en sont des exemples \u00e9loquents. Mise en sc\u00e8ne continue de l\u2019image de l\u2019artiste et de son intimit\u00e9, ces \u0153uvres t\u00e9moignent autant de la fascination de l\u2019artiste pour sa propre image que de celle du spectateur pour le personnage hyperm\u00e9diatique. Mythographies narcissiques qui agissent \u00e0 la fois comme outil d\u2019investigation et de projection de soi.<\/p>\n\n\n\n