{"id":3720,"date":"2003-02-01T17:02:44","date_gmt":"2003-02-01T17:02:44","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=3720"},"modified":"2023-02-20T17:02:54","modified_gmt":"2023-02-20T17:02:54","slug":"fevrier-2003-le-texte-et-la-machine","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/fevrier-2003-le-texte-et-la-machine\/","title":{"rendered":"F\u00e9vrier 2003 – Le texte et la machine"},"content":{"rendered":"\n

Article sous licence :\u00a0GNU\u00a0General Public License<\/em><\/p>\n\n\n\n

Je crois que l’ordinateur et de mani\u00e8re plus g\u00e9n\u00e9rale les technologies de l’information, transforment de fa\u00e7on radicale notre rapport au monde et \u00e0 nous m\u00eame. C’est m\u00eame devenu un lieu commun de dire cela aujourd’hui, c’est devenu un truisme. Paradoxalement, mesurer l’importance et les cons\u00e9quences de ces changements est loin d’\u00eatre simple, cela ouvre m\u00eame de nombreux champs d’investigations et de r\u00e9flexions qui depuis environ 60 ans font l’objet de recherches de plus en plus diversifi\u00e9es dans des domaines toujours plus \u00e9tendus. Je pense, \u00e0 l’instar de Pierre Levy que l’outil informatique est une d\u00e9couverte au moins aussi importante dans l’histoire de l’humanit\u00e9 que celle de l’\u00e9criture ; elle en est probablement m\u00eame la continuit\u00e9, en poursuivant le processus d’hominisation de l’homme1,2<\/sup><\/p>\n\n\n\n

J’aimerais par ce texte explorer de mani\u00e8re tout \u00e0 fait personnelle la naissance de l’outil informatique du point de vue du texte et de l’\u00e9criture. Je ne pr\u00e9tends pas ici \u00e0 un essai exhaustif sur le sujet mais seulement \u00e0 rassembler quelques r\u00e9flexions et notes de lectures qui m’apparaissent pertinentes. Selon le proc\u00e9d\u00e9 d’une pens\u00e9e analogique, je souhaiterais former un ensemble coh\u00e9rent de r\u00e9flexions et d’id\u00e9es dans la continuit\u00e9 de ce qui \u00e0 mon sens me parait trop peu questionn\u00e9 actuellement mais non pas moins important, c’est \u00e0 dire le probl\u00e8me de l’\u00e9criture en regard de l’outil informatique et la fa\u00e7on dont \u00e0 mon avis celui-ci transforme et remet en question de multiples mani\u00e8res la notion m\u00eame de texte.<\/p>\n\n\n\n

L’\u00e9criture, le code, le texte<\/h2>\n\n\n\n

L’\u00e9criture est la premi\u00e8re technologie d’enregistrement de la parole; constitu\u00e9e de symboles, d’images ou de signes, elle est un syst\u00e8me, un code mis en place afin de pouvoir garder trace du langage parl\u00e9. De ce point de vue, l’\u00e9criture est un code, certes relativement souple, qui \u00ab\u00a0encode\u00a0\u00bb la r\u00e9alit\u00e9 et tout \u00e0 la fois en transforme et en remod\u00e8le la perception. Un des tous premiers syst\u00e8mes d’\u00e9criture que l’on ai retrouv\u00e9 est l’\u00e9criture \u00e0 noeuds, syst\u00e8me \u00ab\u00a0d’inscription\u00a0\u00bb mn\u00e9motechnique et synth\u00e9tique. On en a d\u00e9couvert des traces au P\u00e9rou dans les tombeaux Incas, par exemple. Ce sont des paquets de noeuds et de fils attach\u00e9s de couleurs diff\u00e9rentes ou semblables, plac\u00e9s de mani\u00e8re \u00e0 obtenir un grand nombre de significations. Ces \u00ab\u00a0quippus\u00a0\u00bb servaient \u00e0 enregistrer les comptes, la chronologie; il \u00e9tait possible \u00e9galement de s’en servir comme d’un moyen de calcul. On retrouve cette forme ancestrale d’\u00e9criture partout dans le monde et jusqu’au milieu du vingti\u00e8me si\u00e8cle, dans certaines r\u00e9gions elle \u00e9tait encore utilis\u00e9e par les ouvriers afin de comptabiliser leurs journ\u00e9es de travail3<\/sup>.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

L’\u00e9criture dans son essence appara\u00eet alors comme un syst\u00e8me de diff\u00e9rences. (J. Derrida et Saussure)4<\/sup><\/p>\n\n\n\n

Le codage binaire a \u00e9t\u00e9 utilis\u00e9 sous une forme symbolique tr\u00e8s t\u00f4t, en chine, avec le syst\u00e8me divinatoire du Yi-King. Le Yi-King est un ensemble de 64 hexagrammes constitu\u00e9s d’une collection d’images symboliques repr\u00e9sentatives d’un certain ordre de l’univers et \u00e9tait utilis\u00e9 pour proc\u00e9der \u00e0 diverses interpr\u00e9tations divinatoires. Ces images symboliques r\u00e9sultent de l’assemblage et de la combinatoire de traits pleins et de traits bris\u00e9s repr\u00e9sentant les deux \u00e9tats essentiels par lesquels chaque \u00eatre et chaque chose sont appel\u00e9s \u00e0 se mouvoir et \u00e0 se transformer. Mais c’est le philosophe anglais Francis Bacon (1561-1626) qui fait de ce principe binaire un syst\u00e8me \u00e0 part enti\u00e8re afin de pouvoir transmettre des messages de mani\u00e8re rapide et s\u00fbre5<\/sup>. Dans ce sens le \u00ab\u00a0code\u00a0\u00bb, l’acte de coder un message serait en somme la transcription de celui-ci dans une langue \u00ab\u00a0non-naturelle\u00a0\u00bb.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

Mais le mot de code se d\u00e9robe \u00e0 mesure qu’on souhaite en saisir le sens. A l’origine du mot, nous trouvons le codex, c’est \u00e0 dire la planchette, le recueil; nous avons \u00e9galement le code juridique qui est l’ensemble des lois qui r\u00e9gissent une soci\u00e9t\u00e9, signification qui n’est pas sans rappeler la programmation puisqu’elle-m\u00eame est r\u00e9gie par une syntaxe, un ensemble de r\u00e8gles auxquelles on ne peut d\u00e9roger d’aucune mani\u00e8re sous peine de \u00ab\u00a0planter\u00a0\u00bb le programme. Nous avons \u00e9galement le code vestimentaire ou le code g\u00e9n\u00e9tique. Le code serait en quelque sorte un moyen de conservation et de transmission d’informations, un support de significations non sp\u00e9cifiquement humain. <\/p>\n\n\n\n

L’\u00e9criture pourrait \u00eatre une sorte de code plus souple o\u00f9 le sens est tiss\u00e9 de diff\u00e9rentes mani\u00e8res : les lettres avec les lettres une \u00e0 une ou par grappes, les mots ensembles pour former des phrases et les phrases tiss\u00e9es les unes aux autres, interagissant les unes avec les autres au cours de la lecture, nouant liens de sens et de significations afin de former le texte. On utilise l’expression \u00ab\u00a0le fil de la lecture\u00a0\u00bb ou \u00ab\u00a0au fil du texte\u00a0\u00bb pour parler de cet \u00e9cheveau du sens qui prend forme au moment du \u00ab\u00a0d\u00e9chiffrement\u00a0\u00bb. Le texte est une trame de significations, dont les fils se croisent et s’entrecroisent entre les lettres elles-m\u00eames, les mots, les sons, dans le texte et entre le texte et le lecteur. Le mot texte vient du terme latin \u00ab\u00a0texere\u00a0\u00bb qui signifie tisser. <\/p>\n\n\n\n

Une autre d\u00e9finition du mot peut \u00eatre : un nombre fini de signes discrets choisis dans un ensemble fini de signes (Florian Cramer).<\/p>\n\n\n\n

\"\"<\/figure>\n\n\n\n

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