{"id":3801,"date":"2002-02-01T18:58:07","date_gmt":"2002-02-01T18:58:07","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=3801"},"modified":"2023-02-21T18:58:17","modified_gmt":"2023-02-21T18:58:17","slug":"fevrier-2002-le-parrain-de-lart-et-de-la-technologie-un-entretien-avec-billy-kluver-du-groupe-e-a-t-experiments-in-art-and-technology","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/fevrier-2002-le-parrain-de-lart-et-de-la-technologie-un-entretien-avec-billy-kluver-du-groupe-e-a-t-experiments-in-art-and-technology\/","title":{"rendered":"F\u00e9vrier 2002 – Le Parrain de l’art et de la technologie: un entretien avec Billy Kluver du groupe E.A.T. (Experiments in Art and Technology<\/i>)"},"content":{"rendered":"\n
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Un entretien r\u00e9alis\u00e9 par Garnet Hertz, paru initialement en anglais sur\u00a0Coretext\u00a0et intitul\u00e9\u00a0:\u00a0The Godfather of Art and Technology: An Interview with Billy Kluver of E.A.T.\u00a0L\u2019entretien a eu lieu le 19 avril 1995.<\/p>\n\n\n\n

Ayant connu des changements rapides, le vingti\u00e8me si\u00e8cle a \u00e9t\u00e9 t\u00e9moin d’un certain nombre de rencontres entre la technologie et l’art. L’\u00e2ge de la machine introduisit, en effet, plusieurs alternatives aux mat\u00e9riaux et aux concepts de la fabrique artistique.<\/p>\n\n\n\n

Toutefois, l’histoire de la technologie et de l’art prit un tournant significatif durant les ann\u00e9es 1960. Face au gouffre grandissant entre ces derniers, plusieurs artistes ont senti le besoin de connecter ces deux domaines divergents. Dans une tentative de r\u00e9unir les techniciens et les artistes, \u00ab Experiments in Art and Technology \u00bb voit le jour en 1966.<\/p>\n\n\n\n

E.A.T., tel qu’on d\u00e9signait alors l\u2019organisme, avait pour mission de cr\u00e9er des liens entre les ing\u00e9nieurs et les artistes sur la base de projets communs. Pour la premi\u00e8re fois, le vide apparemment impossible \u00e0 combler entre l’ing\u00e9nierie et l’art \u00e9tait enjamb\u00e9. \u00c0 la t\u00eate de ce mouvement on retrouvait l’ing\u00e9nieur Billy Kluver, docteur en ing\u00e9nierie \u00e9lectrique, \u00e9galement impliqu\u00e9 sur la sc\u00e8ne de l’art contemporain.<\/p>\n\n\n\n

Pour reconstituer l\u2019histoire de E.A.T. et du mouvement \u00ab art et technologie \u00bb, j’ai retrac\u00e9 Billy Kluver \u00e0 New York. Toujours \u00e0 la direction de E.A.T. apr\u00e8s trente ans, il a bien voulu me faire partager ses souvenirs, ses id\u00e9es, ses objectifs.<\/p>\n\n\n\n

Garnet Hertz<\/strong>: Quelles \u00e9taient les id\u00e9es et les objectifs \u00e0 l’origine de la fondation de E.A.T.\u00a0?<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Billy Kluver: L’objectif de d\u00e9part \u00e9tait de fournir de nouveaux mat\u00e9riaux aux artistes dans une perspective technologique. Il s\u2019est produit chez moi un changement de vision \u00e0 la suite d\u2019une exp\u00e9rience\u00a0: je travaillais avec Tinguely, en 1960, \u00e0 construire la machine qui s\u2019autod\u00e9truirait dans le cadre d’un projet pour le Jardin du MoMA (\u00ab\u00a0Hommage \u00e0 New York\u00a0\u00bb). \u00c0 cette \u00e9poque j’ai employ\u00e9 – ou plut\u00f4t forc\u00e9 – plusieurs de mes coll\u00e8gues des\u00a0laboratoires Bell \u00e0 collaborer \u00e0 ce projet.<\/p>\n\n\n\n

Fort de cette exp\u00e9rience, j’ai r\u00e9alis\u00e9 que les ing\u00e9nieurs pouvaient aider les artistes; les ing\u00e9nieurs pouvaient devenir eux-m\u00eames une ressource pour les artistes. \u00c0 la suite de cet \u00e9v\u00e9nement, j’ai \u00e9t\u00e9 litt\u00e9ralement assailli par une multitude d’artistes de New York comme Andy Warhol, Robert Rauschenberg, Jasper Johns, et bien d\u2019autres. Robert Whitman et Rauschenberg mirent de l\u2019avant l’id\u00e9e d\u2019une collaboration d’\u00e9gal \u00e0 \u00e9gal entre les artistes et les ing\u00e9nieurs. Une telle collaboration aurait pour effet de produire quelque chose que ni l\u2019un ni l\u2019autre n\u2019aurait pu envisag\u00e9 s\u00e9par\u00e9ment. Ce fut l\u2019assise de tout le mouvement et le syst\u00e8me s’est d\u00e9velopp\u00e9 \u00e0 partir de l\u00e0.<\/p>\n\n\n\n

On a d\u00fb faire beaucoup de \u00ab propagande \u00bb parce que dans les ann\u00e9es 1960 l\u2019\u00e9cart entre l’art et l’ing\u00e9nierie \u00e9tait un immense canyon. Nous comprenions qu’il nous fallait recruter des ing\u00e9nieurs, c’\u00e9tait la barri\u00e8re qu’il nous fallait franchir.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019id\u00e9e s’est r\u00e9pandue \u00e0 travers tout les \u00c9tats-Unis en moins d’une ann\u00e9e ou deux. Alors, lorsqu’un artiste appelait en disant \u00ab J’ai tel probl\u00e8me \u00bb quelqu’un de notre \u00e9quipe s\u2019aff\u00e9rait \u00e0 d\u00e9busquer l’aide d’un ing\u00e9nieur. Aussi simplement que \u00e7a.<\/p>\n\n\n\n

De plus, d\u00e8s le d\u00e9part nous avons organis\u00e9 de grands projets. Le premier \u00e0 \u00eatre r\u00e9alis\u00e9 fut bien s\u00fbr NINE EVENINGS<\/em> en 1966, duquel E.A.T. provient en fait. La principale br\u00e8che provoqu\u00e9e par NINE EVENINGS<\/em> fut l\u2019envergure. Tout New York y \u00e9tait. Pratiquement tous les artistes de New York ont aid\u00e9 \u00e0 sa r\u00e9alisation et environ 10 000 spectateurs y ont assist\u00e9. Depuis, nous avons initi\u00e9s 40 \u00e0 50 projets, le dernier ayant eu lieu l’\u00e9t\u00e9 dernier au Northern Greenland (ndlr.: l\u2019ann\u00e9e de r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 cet article est 1995).<\/p>\n\n\n\n

Donc, ce sont les deux axes d’op\u00e9ration de E.A.T. : jumeler des savoir-faire et cr\u00e9er des projets.<\/p>\n\n\n\n

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