{"id":3829,"date":"2002-01-01T19:18:41","date_gmt":"2002-01-01T19:18:41","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=3829"},"modified":"2023-02-21T19:18:53","modified_gmt":"2023-02-21T19:18:53","slug":"janvier-2002-de-la-critique-dans-les-arts-numeriques-lexpologie-au-service-dune-pensee-de-la-mediation","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/janvier-2002-de-la-critique-dans-les-arts-numeriques-lexpologie-au-service-dune-pensee-de-la-mediation\/","title":{"rendered":"Janvier 2002 – De la critique dans les arts num\u00e9riques : l’expologie au service d’une pens\u00e9e de la m\u00e9diation"},"content":{"rendered":"\n

Les arts num\u00e9riques sont en manque de reconnaissance, parce qu’en manque de discours. Mais que fait donc la critique\u00a0?<\/strong>\u00a0Cruellement silencieuse, \u00e9tonnamment absente, \u00e9l\u00e9gamment excus\u00e9e, plus rarement d\u00e9nonc\u00e9e. Edmond Couchot s’y risque cependant, r\u00e9guli\u00e8rement, avec conviction.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

Dans son article \u00ab\u00a0La critique face \u00e0 l’art num\u00e9rique : une introduction \u00e0 la question\u00a0\u00bb, publi\u00e9 r\u00e9cemment dans\u00a0L’\u0153uvre d’art et la critique<\/em>1<\/sup>, il se risque \u00e0 avancer le fait que l’art interactif \u00ab\u00a0tend \u00e0 d\u00e9poss\u00e9der la critique de sa fonction de m\u00e9diation\u00a0\u00bb, (apr\u00e8s avoir d\u00e9fini cette derni\u00e8re comme essence et but de la critique d’art depuis le XIX\u00e8me si\u00e8cle).\u00a0<\/p>\n\n\n\n

En s’appuyant sur l’analyse des nouvelles relations entre l’artiste et son public, induites par les nouvelles formes, technologies et proc\u00e9d\u00e9s de cr\u00e9ation, il nous montre comment, selon lui,\u00a0\u00ab\u00a0la mission de m\u00e9diation attribu\u00e9e par la modernit\u00e9 au critique d’art devient inop\u00e9rante\u00a0\u00bb dans le cadre des arts num\u00e9riques<\/strong>.\u00bb<\/p>\n\n\n\n

L’expologie (la science de l’exposition) nous apporte cependant des \u00e9l\u00e9ments susceptibles d’\u00e9clairer bien diff\u00e9remment la place nouvelle de la m\u00e9diation dans les arts num\u00e9riques, en d\u00e9finissant l’origine du silence critique comme la r\u00e9sultante d’une erreur d’appr\u00e9ciation de la fonction de m\u00e9diation, et non comme la cons\u00e9quence de son hypoth\u00e9tique disparition.<\/p>\n\n\n\n

Edmond Couchot analyse avec pertinence le mode op\u00e9ratoire des arts num\u00e9riques, et le passage d’une \u00ab\u00a0esth\u00e9tique de la participation \u00e0 une esth\u00e9tique de l’interactivit\u00e9\u00a0\u00bb qui \u00ab\u00a0change en profondeur les relations entre l’\u0153uvre, l’auteur et le spectateur\u00a0\u00bb.2<\/sup>\u00a0<\/p>\n\n\n\n

Ce point est essentiel, et nous nous accordons avec l’auteur lorsqu’il avance que ces nouvelles formes d’expression \u00ab tend[ent] \u00e0 refonder, d’une certaine fa\u00e7on, les relations internes de la triade oeuvre, artiste, public \u00bb. En effet, la n\u00e9cessaire participation du spectateur, qui le rend spectateur-auteur de l’\u0153uvre, charg\u00e9 d’une responsabilit\u00e9 dans le processus d’ach\u00e8vement de l’\u0153uvre, modifie les r\u00f4les et les fonctions attribu\u00e9es \u00e0 chacune des parties. L’\u00e9mergence de nouvelles formes d’actions-cr\u00e9atrices conduisent \u00e0 une n\u00e9cessaire red\u00e9finition des r\u00f4les dans le processus cr\u00e9ateur. <\/p>\n\n\n\n

Ce n’est donc pas sur cette redistribution et cette mutation des fonctions que nous ne suivrons pas avec Couchot, mais sur ce qu’il en d\u00e9duit. \u00ab\u00a0Ces notions elles-m\u00eames [nous dit-il, se r\u00e9f\u00e9rant \u00e0 la triade oeuvre-artiste-public-], dans leur acception classique, deviennent obsol\u00e8tes dans une logique de l’interactivit\u00e9. L’interactivit\u00e9 fait dispara\u00eetre, ou tend \u00e0 faire dispara\u00eetre les barri\u00e8res qui s\u00e9parent et sp\u00e9cifient les trois \u00e9l\u00e9ments de la triade ; elle modifie et d\u00e9place leurs fonctions, ou leur mode d’\u00eatre particulier ; elle les rend perm\u00e9ables les uns aux autres ; elle les hybrident. Il en r\u00e9sulte que la mission de m\u00e9diation attribu\u00e9e \u00e0 la critique devient inop\u00e9rante\u00a0\u00bb.\u00a0Oui, elle modifie, d\u00e9place, hybride aussi, dans une certaine mesure. Non, elle ne fait pas dispara\u00eetre, elle ne rend pas perm\u00e9able les uns aux autres, les trois \u00e9l\u00e9ments de la triade<\/strong>.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

Et c’est justement dans cette erreur d’appr\u00e9ciation des artistes comme de la critique, qui ferait s’illusionner sur une quelconque suffisance de l’art num\u00e9rique, sur une technologie envisag\u00e9e, pens\u00e9e comme m\u00e9diatrice, que r\u00e9side l’effacement de la critique et le silence qui entoure la cr\u00e9ation num\u00e9rique.\u00a0Mais la technique n’est pas \u00e0 elle m\u00eame sa propre m\u00e9diation<\/strong><\/em>. C’est en pensant ainsi la dilution de la fonction de m\u00e9diation dans la technologie et en consid\u00e9rant \u00e0 tort que la technique contient et assure sa propre m\u00e9diation, que les arts num\u00e9riques r\u00e9duisent la critique au silence. Et c’est en ne se pensant pas suffisamment comme un \u00e9l\u00e9ment de m\u00e9diation que la critique se dissout elle m\u00eame dans l’art num\u00e9rique.<\/p>\n\n\n\n

\"\"<\/figure>\n\n\n\n

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Les arts num\u00e9riques sont en manque de reconnaissance, parce qu’en manque de discours. Mais que fait donc la critique\u00a0?\u00a0Cruellement silencieuse, \u00e9tonnamment absente, \u00e9l\u00e9gamment excus\u00e9e, plus rarement d\u00e9nonc\u00e9e. Edmond Couchot s’y risque cependant, r\u00e9guli\u00e8rement, avec conviction.\u00a0 Dans son article \u00ab\u00a0La critique face \u00e0 l’art num\u00e9rique : une introduction \u00e0 la question\u00a0\u00bb, publi\u00e9 r\u00e9cemment dans\u00a0L’\u0153uvre d’art et … Continued<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[5],"tags":[205],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/3829"}],"collection":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=3829"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/3829\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":3832,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/3829\/revisions\/3832"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=3829"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=3829"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=3829"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}