{"id":3865,"date":"2001-10-01T19:50:54","date_gmt":"2001-10-01T19:50:54","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=3865"},"modified":"2023-02-21T19:51:11","modified_gmt":"2023-02-21T19:51:11","slug":"octobre-2001-art-et-theorie-de-linformation-dans-loeuvre-dabraham-moles-1920-1992","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/octobre-2001-art-et-theorie-de-linformation-dans-loeuvre-dabraham-moles-1920-1992\/","title":{"rendered":"Octobre 2001 – Art et th\u00e9orie de l’information dans l\u2019\u0153uvre d’Abraham MOLES (1920-1992)"},"content":{"rendered":"\n

1. Le mod\u00e8le : La th\u00e9orie scientifique de l’information<\/h2>\n\n\n\n

Le point d’ancrage de la th\u00e9orie esth\u00e9tique d’Abraham Moles \u00e9tait la th\u00e9orie scientifique de l’information. Une th\u00e9orie \u00e9labor\u00e9e essentiellement par Claude Elwood Shannon et Warren Weaver (ing\u00e9nieurs math\u00e9maticiens am\u00e9ricains) dans les ann\u00e9es 1940 – The Mathematical Theory of Communication<\/em>, 1949 – et m\u00eame d\u00e8s 1928 par Ralph Hartley, ing\u00e9nieur \u00e9lectricien.<\/p>\n\n\n\n

\u00c0 ses origines, cette th\u00e9orie porte sur la mesure quantitative des signaux v\u00e9hicul\u00e9s par un syst\u00e8me de t\u00e9l\u00e9communication. Dans cette th\u00e9orie, l’ing\u00e9nieur parle d\u2019une \u00abquantit\u00e9 d’information\u00bb proportionnelle \u00e0 l’impr\u00e9visibilit\u00e9 du signal re\u00e7u par un syst\u00e8me en une unit\u00e9 de temps donn\u00e9e, sachant qu’une information sera d’autant plus impr\u00e9visible pour le r\u00e9cepteur qu’elle manifestera plus de complexit\u00e9 dans sa forme (sa structure).<\/p>\n\n\n\n

2. L’esth\u00e9tique informationnelle<\/h2>\n\n\n\n

Elle repose sur l’id\u00e9e que toute oeuvre d’art ou toute \u00abexpression artistique\u00bb (sens plus extensif selon A. Moles) peut \u00eatre consid\u00e9r\u00e9e comme un message qui se transmet entre un individu cr\u00e9ateur (ou un groupe), g\u00e9n\u00e9ralement appel\u00e9 l’artiste, et un autre individu (ou groupe social) qui en est le r\u00e9cepteur. Le \u00abmessage\u00bb se transmet par l’interm\u00e9diaire d’un \u00abcanal\u00bb de transmission : le syst\u00e8me des sensations visuelles ou auditives par exemple.<\/p>\n\n\n\n

La th\u00e9orie de la transmission des signaux, en physique, sert donc d\u2019amorce \u00e0 cette r\u00e9flexion sur l’art, de mod\u00e8le initial de formalisation pour penser la relation perceptuelle entre l’objet cr\u00e9\u00e9 et le sujet percevant.<\/p>\n\n\n\n

\u00c0 ce mod\u00e8le de la th\u00e9orie de l’information sont inh\u00e9rentes des propri\u00e9t\u00e9s statistiques fond\u00e9es sur la th\u00e9orie math\u00e9matique des probabilit\u00e9s : l’impr\u00e9visibilit\u00e9 du message est li\u00e9e \u00e0 la probabilit\u00e9 (faible ou forte) d’apparition des \u00e9l\u00e9ments du message. Une forte probabilit\u00e9 d’apparition des donn\u00e9es d’information \u00e9quivaut \u00e0 une information quasi nulle, et inversement une faible probabilit\u00e9 \u00e9quivaut \u00e0 une tr\u00e8s forte information pour le r\u00e9cepteur. Ces notions peuvent se comprendre m\u00eame de mani\u00e8re intuitive.<\/p>\n\n\n\n

Cette th\u00e9orie des probabilit\u00e9s faible ou forte se comprend plus ais\u00e9ment \u00e0 l\u2019aide d\u2019un jeu de cartes. On donne l\u2019exemple d\u2019un jeu contenant 4 piques, 2 c\u0153urs, 1 carreau et 1 tr\u00e8fle. Les probabilit\u00e9s de tirer l\u2019une ou l\u2019autre carte diff\u00e8rent selon leur nombre respectif dans le jeu. Dans le sch\u00e9ma ci-dessous, on quantifie la relation entre les probabilit\u00e9s et l\u2019information n\u00e9cessaire pour \u00absortir une carte\u00bb. Les conditions de sortie sont plus \u00e9lev\u00e9es pour les cartes uniques et, d\u00e8s lors, exigent une plus grande quantit\u00e9 d\u2019informations conditionnelles.<\/p>\n\n\n\n

\"\"<\/figure>\n\n\n\n

3. La mesure en esth\u00e9tique et le refus de la \u00ab forme pure \u00bb en art<\/h2>\n\n\n\n

A \u2013<\/strong><\/p>\n\n\n\n

La th\u00e8se centrale de l’esth\u00e9tique informationnelle, c’est donc qu’il est possible de mesurer, de quantifier (de fa\u00e7on essentiellement statistique), les ph\u00e9nom\u00e8nes esth\u00e9tiques de toute nature.<\/p>\n\n\n\n

Cette mod\u00e9lisation a pour cons\u00e9quence que les formes artistiques ne sont pas des donn\u00e9es imm\u00e9diates de la conscience perceptive, mais qu’elles peuvent \u00eatre d\u00e9compos\u00e9es en \u00e9l\u00e9ments simples (plus simples que la totalit\u00e9 du message re\u00e7u), en vertu du mod\u00e8le \u00e9metteur r\u00e9cepteur de la th\u00e9orie de l’information.<\/p>\n\n\n\n

B \u2013<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Abraham Moles en d\u00e9duit une d\u00e9finition du beau, ind\u00e9pendante de crit\u00e8res absolus, en particulier de crit\u00e8res m\u00e9taphysiques, au profit d’une caract\u00e9risation statistique : la beaut\u00e9 est li\u00e9e \u00e0 des propri\u00e9t\u00e9s statistiques, d\u00e9montrables statistiquement, susceptibles en outre de contr\u00f4le exp\u00e9rimental, qui appartiennent \u00e0 la relation existant entre le message artistique et le r\u00e9cepteur du message en question. Elle n’est plus, a priori<\/em>, consid\u00e9r\u00e9e en tant que valeur transcendante (celle des philosophies classiques depuis Platon).<\/p>\n\n\n\n

La th\u00e9orie informationnelle de la perception esth\u00e9tique repose, par cons\u00e9quent, sur un point de vue (ou une \u00ab prise de position \u00bb) objectiviste concernant l’\u00e9valuation des ph\u00e9nom\u00e8nes esth\u00e9tiques, en vertu de quoi la notion de beaut\u00e9 est, en quelque sorte, \u00abmise entre parenth\u00e8ses\u00bb au profit de l’id\u00e9e d\u2019une quantit\u00e9 mesurable de nouveaut\u00e9 perceptuelle.<\/p>\n\n\n\n

\"\"<\/figure>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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